Interview de Mme Sibeth Ndiaye, secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement, à Sud Radio le 5 juin 2020, sur l'évolution du coronavirus, la polémique au sujet de l'hydroxychloroquine et les manifestations contre les violences policières.

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Intervenant(s) : 
  • Sibeth Ndiaye - Secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement

Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER 
Bonjour Sibeth NDIAYE. 

SIBETH NDIAYE 
Bonjour. 

PATRICK ROGER 
On va parler des nouvelles manifestations de la semaine dans un instant, mais avant cela la phase 2 aussi du déconfinement, le bilan un petit peu, en quelque sorte. Est-ce que les régions orange vont bientôt repasser au vert, comme le réclament certains et notamment Anne HIDALGO par exemple, à Paris ? 

SIBETH NDIAYE 
Je suis toujours très étonnée quand des responsables politiques réclament le fait que telle région passe du orange au rouge, pardon, passe du rouge au vert à l'époque, et maintenant du orange au vert, c'est un peu comme si c'était les responsables politiques qui décidaient de la circulation du virus. En fait, il y a des indicateurs sanitaires, qui sont connus, qui sont transparents, et c'est eux qui déterminent les seuils de vigilance, donc on a partagé très largement, lors de la conférence de presse du Premier ministre, quels étaient ces indicateurs, quels étaient leurs seuils de vigilance, donc, ce n'est pas moi, et ce n'est pas Anne HIDALGO, qui allons décider du basculement de la région Ile-de-France du orange au vert, ce seront les indicateurs sanitaires et eux seuls. 

PATRICK ROGER 
Et pour l'instant, ces indicateurs ? 

SIBETH NDIAYE 
Alors, c'est beaucoup trop tôt pour le dire, le déconfinement, dans sa phase 2, il a commencé il y a deux jours, donc il faut laisser du temps au temps, et c'est vrai qu'on a de l'impatience quand on fait de la politique parce qu'on voudrait que, d'un coup d'un seul, on bascule d'un monde à un autre, mais en fait la vie du virus, et sa temporalité, ce n'est pas celle de la politique. 

PATRICK ROGER 
Et donc il y aura une décision quand, à peu près, vous ne savez pas ? 

SIBETH NDIAYE 
Alors, on se reverra, et on refera le point, à la fin du mois de juin, avant la date limite du 22 juin qu'on a donnée pour cette seconde phase, nous ferons à nouveau un bilan avec les indicateurs sanitaires et le Conseil scientifique, et nous déciderons, en fonction de ces indicateurs, de la suite. 

PATRICK ROGER 
Oui, parce que l'école aussi, Jean-Michel BLANQUER, le ministre, parle de souplesse, mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement, parce que 80% d'ouvertures pour l'instant, et environ seulement 20% d'élèves, les enseignants doivent retourner dans les établissements ? 

SIBETH NDIAYE 
Evidemment nous souhaitons que le maximum d'enseignants puisse être présents, évidemment il faut aussi que leur sécurité sanitaire soit garantie, certains présentent des fragilités vis-à-vis du Covid-19, ou vivent avec des personnes qui présentent des fragilités, il est hors de question de les mettre en danger, de toute évidence. Mais ce que je constate, c'est que certaines mairies ont sur-interprété le protocole sanitaire, vous avez des endroits où vous avez des classes avec 5 élèves, avec 10 élèves, alors que nous savons que nous pouvons aller jusqu'à la quinzaine, donc, ce que nous souhaitons, c'est que les mairies qui n'ont pas encore ouvert leurs écoles, puissent le faire le plus rapidement possible, il y en a très peu désormais, par rapport à l'ensemble des écoles, mais il faut qu'elles le fassent, et celle qui le font, mais avec un excès de prudence, puissent le faire dans le cadre du protocole sanitaire, pas plus, pas moins. 

PATRICK ROGER 
Et les profs aussi, parce qu'il n'y a que 50% à peu près des profs qui retournent dans les écoles, est-ce qu'ils doivent retourner un petit peu plus aussi ? 

SIBETH NDIAYE 
Alors, ça remonte progressivement, mais c'est ce que je vous disais au début, on ne va pas les mettre en danger, évidemment on est très respectueux de leur santé et des fragilités éventuelles qui peuvent être les leurs, mais évidemment, dès qu'ils le peuvent, il faut qu'ils puissent revenir, sachant que de toute façon, lorsque ils sont à leur domicile, ils effectuent du travail en distanciel, puisque les élèves qui ne viennent pas à l'école doivent toujours continuer à avoir le service public de l'éducation. 

PATRICK ROGER 
Vous avez dit tout à l'heure qu'il faut attendre les avis scientifiques, la prolongation de l'état d'urgence, cet été, est-ce que c'est vraiment envisagé par le gouvernement ou pas ? 

SIBETH NDIAYE 
Nous devons l'envisager, forcément, mais nous ne le déciderons que compte tenu des projections, des modélisations, que nous aurons sur la situation sanitaire, et donc il faut savoir raison garder et avancer très calmement, aujourd'hui l'état d'urgence il se poursuit jusqu'au 10 juillet, on évaluera la situation sanitaire… 

PATRICK ROGER 
Mais pourtant tout s'améliore quand même globalement, c'est ce que l'on voit, non, les indicateurs dans les hôpitaux, un peu partout, dans les urgences, ils ne voient plus de personnes, ou très peu, touchées par le Covid. 

SIBETH NDIAYE 
Mais, je ne vous dis pas le contraire, et j'en suis très heureuse, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les Français ils ont respecté les règles du confinement, puis du déconfinement, et que tous ensemble, avec les mesures qui ont été prises, on a su faire ralentir, voire même régresser complètement l'épidémie, mais moi je ne sais pas lire dans une boule de cristal, je ne sais pas vous dire l'avenir, je ne sais pas vous dire s'il y aura une seconde vague ou pas, et donc il faut qu'on soit attentif ensemble. 

PATRICK ROGER 
L'hydroxychloroquine, alors l'étude du Lancet, visiblement, est complètement remise en cause, trois des quatre auteurs, hier, reconnaissent que finalement c'est quasiment bidon, parce qu'ils n'ont pas eu de bonnes indications, l'OMS change d'attitude aussi. Est-ce qu'Olivier VERAN, le ministre, lui ne s'est toujours pas expliqué, pourquoi, est-ce qu'il doit s'expliquer ? 

SIBETH NDIAYE 
Alors, il faut bien retenir, là aussi dans cette affaire, que ce n'est pas une décision politique. Moi j'aimerais bien que sur l'hydroxychloroquine, on arrête de se le jeter à la figure, parce que, avant tout, ce sont des médecins et des scientifiques qui doivent évaluer si, oui ou non, un protocole médical, avec l'hydroxychloroquine, fonctionne sur la maladie liée au coronavirus, donc prenons là aussi les choses avec un peu de calme. Lorsque Olivier VERAN a fait le choix de suspendre les essais cliniques sur l'hydroxychloroquine, il s'était appuyé sur un avis de la Haute autorité de santé publique, qui elle-même s'était appuyée, non seulement sur l'étude du Lancet, mais également sur des études émanant du New England Journal of Médecine, donc une revue britannique, d'autres revues scientifiques, qui convergeaient vers l'idée qu'au fond on n'avait pas d'effet positif pour l'hydroxychloroquine, donc ce n'est pas… 

PATRICK ROGER 
Et l'OMS qui en avait rajouté aussi. 

SIBETH NDIAYE 
Et l'OMS en avait rajouté. 

PATRICK ROGER 
Oui, mais depuis ça a changé. 

SIBETH NDIAYE 
Oui, mais on doit s'appuyer à chaque fois sur des consensus scientifiques pour prendre des décisions, et c'est ce que nous avons fait lorsque nous avons suspendu l'hydroxychloroquine dans ces essais et dans sa prescription. Par ailleurs, par ailleurs, la semaine dernière Olivier VERAN avait écrit au Lancet en demandant à avoir un accès aux données brutes, puisqu'un doute dans la communauté scientifique internationale existait, on n'a pas encore eu de réponse sur cette demande, et donc on va tranquillement attendre l'avis de, et l'Agence nationale de sécurité du médicament, et de la Haute autorité de santé publique, pour voir comment nous devons, ou pas, reprendre les essais en France. Mais, vraiment, dépassionnons ce débat, dépassionnons-le. 

PATRICK ROGER 
Dépassionnons, en même temps ce sont aux politiques de trancher, donc Olivier VERAN va s'expliquer ou pas ? 

SIBETH NDIAYE 
Mais, les politiques ne peuvent trancher que…Olivier VERAN… 

PATRICK ROGER
 Non, mais là ils ont des avis. 

SIBETH NDIAYE 
Non mais, bien sûr, il a beau être médecin, et un très bon médecin neurologue, il n'est pas non plus en train de réaliser les essais thérapeutiques sur l'hydroxychloroquine lui-même, donc il faut avoir des retours du terrain, et c'est ce que nous attendons, et nous verrons, ensuite, en fonction des avis des autorités médicales. Mais vous savez, on a très souvent, trop souvent, reproché aux politiques de prendre des décisions sans queue ni tête, uniquement guidées par leur propre intérêt politique, et ce n'est pas ce que fait Olivier VERAN aujourd'hui. 

PATRICK ROGER 
Sibeth NDIAYE, venons-en maintenant au plan contre la crise économique. Alors il y a eu les annonces, hier, sur les aides pour l'apprentissage, 5 000 euros pour les mineurs, 8 000 pour les plus grands, pour les plus de 18 ans, les employeurs disent "oui, c'est bien, c'est une bonne chose, mais nous, ce qu'il nous faut c'est avant tout des chantiers notamment". Quand est-ce que le plan de relance global pour l'économie va être présenté ? 

SIBETH NDIAYE 
Alors ça je ne peux pas vous le dire parce que ce n'est pas une décision qui m'appartient, elle appartient au président de la République et au Premier ministre. Ce que je peux vous dire c'est que nous avons la volonté, d'abord, de consulter les organisations syndicales. On s'est donné une période courte, 15 jours, pour avoir des discussions sur la manière dont on pouvait construire ensemble, chacun en prenant ses responsabilités, une nouvelle donne pour l'emploi, et ça c'est déjà un premier pas, qui sera un pas important, parce que nous savons que la crise qui s'avance devant nous, c'est une crise qui sera terrible. On a vu les derniers chiffres sur notre économie, -11,4% de déficit, -11% de croissance, c'est des chiffres qu'on n'a jamais connus, ça fait mal au cœur parce que, en début d'année 2020, on partait plutôt sur de bons rails, on avait un faible déficit, on avait une belle croissance, on retrouvait le chemin de l'emploi, donc ça c'est difficile. Mais, on a pris un uppercut au foie, maintenant il faut aller de l'avant. Demain il faut qu'on puisse redonner confiance, des signaux de confiance aux entrepreneurs, et je comprends, moi, votre entrepreneur tout à l'heure qui disait "mais si je n'ai pas de contrat je ne m'en sors pas", pour avoir des contrats, pour le BTP notamment, il faut que la commande publique puisse repartir, donc là on a, dans une grande partie des municipalités, pu élire les maires, ceux qui étaient élus au premier tour, ça va être bientôt le cas pour ceux du second tour, et donc là on va pouvoir réamorcer la pompe. Et j'appelle aussi les collectivités locales à délivrer des permis de construire, pour que le BTP puisse aussi avoir les contrats dont il a besoin. 

PATRICK ROGER 
Et pas de date, pour l'instant, sur l'annonce, on verra dans les jours qui viennent. 

SIBETH NDIAYE 
Tout à fait. 

PATRICK ROGER 
Les manifestations contre les violences policières, de nouveaux appels pour demain, dans toute la France. L'acteur Omar SY qui lance une pétition, "réveillons-nous" dit-il, qu'est-ce que vous lui répondez ? 

SIBETH NDIAYE 
Je pense qu'il a raison, je ne partage pas tout de ce qu'il dit dans sa tribune, mais je pense qu'il a raison dans le sens où l'on parle là de racisme dans la police. Moi je ne crois pas que la police française soit raciste de manière organisée, qu'il puisse y avoir des individus qui sont racistes, ça existe, j'allais dire dans tous les corps sociaux de la République. Quand vous êtes noir, ou originaire d'une minorité ethnique, vous avez plus de difficultés à trouver un emploi, plus de difficultés à trouver un logement, et le cas échéant, peut-être que vous avez un rapport à la police qui est un peu modifié, en particulier dans certains quartiers. On ne va pas se voiler la face, c'est une réalité, mais je ne veux pas non plus laisser dire qu'il y aurait un racisme d'État organisé, parce que ce n'est pas vrai. Je suis une femme noire, je suis une femme noire qui fait de la politique, j'ai été étudiante en France, et je ne peux pas je ne peux pas laisser dire ça de mon pays. 

PATRICK ROGER 
Vous avez eu beaucoup d'obstacles sur votre chemin, parce que vous étiez noire Sibeth NDIAYE, ou pas ? 

SIBETH NDIAYE 
Je pense que j'ai… vous savez quoi, je vais vous faire une confidence. La première fois que je me suis rendue compte que j'étais noire c'était en arrivant en France, avant je ne m'en étais jamais aperçu, je vivais dans un pays, qui était le Sénégal, où il y avait des noirs et des blancs, et où le sujet ne se posait pas de cette manière-là, en arrivant en France j'ai ressenti que j'étais différente, est-ce que pour autant je me suis sentie ostracisée, rejetée ? Non, ce n'est pas le cas, bien au contraire. 

PATRICK ROGER 
Oui, mais quand vous étiez au Sénégal, quand il y avait des blancs, vous sentiez qu'ils étaient différents aussi, eux-mêmes… non ? 

SIBETH NDIAYE 
Non… vous sentez la différence de couleur, elle est évidente, mais de là à dire que vous les rejetez, ce n'est pas du tout ce que moi j'ai ressenti, mais j'étais une enfant, je suis arrivée en France quand j'avais 15 ans. 

PATRICK ROGER 
Et là vous avez été victime de racisme ? 

SIBETH NDIAYE 
Oui, sous certaines formes, ça peut être la manière dont on vous interroge sur l'endroit où vous vivez. Moi, quand je suis arrivée en France, à l'école, enfin au lycée, on m'a demandé si j'avais l'électricité et si je vivais dans une case, mais c'est aussi une méconnaissance… 

PATRICK ROGER 
A l'école ? 

SIBETH NDIAYE 
A l'école - c'est aussi une méconnaissance de l'autre… 

PATRICK ROGER 
Pas les professeurs quand même ? 

SIBETH NDIAYE 
Bien sûr, mais de quoi ça témoigne ? Ça témoigne d'une méconnaissance. Le racisme il s'appuie d'abord sur la peur, c'est quand on ne connaît pas l'autre, quand on ne sait pas qui il est, et ça, évidemment, que nous devons, tout comme pour l'antisémitisme, le combattre, fermement, et je crois vraiment, quand j'entends Christophe CASTANER, qui a eu ces mots, je crois très forts, à l'Assemblée nationale et au Sénat, en disant "aucune faute ne doit demeurer impunie et ne demeurera impunie." C'est ce que nous devons faire parce que c'est l'important qu'il y ait de la confiance entre l'ensemble de la population française et sa police. 

PATRICK ROGER 
Est-ce que vous n'avez pas… oui, avec ce texte d'Omar SY qui, sur le fond vous dites je suis d'accord avec lui, mais après, évidemment, il y a des appels, des relais, avec des manifestations où beaucoup de revendications sont mélangées, est-ce que ce n'est pas dangereux ? Il y a des appels demain encore, des rassemblements dans toute la France, vous craignez… ? 

SIBETH NDIAYE 
Alors, il y a deux choses différentes dans la question que vous posez, la première c'est est-ce que c'est une bonne idée… 

PATRICK ROGER 
Parce que tout est mélangé ! 

SIBETH NDIAYE 
Est-ce que c'est une bonne idée que, en ce moment, alors que nous sommes encore dans la crise du coronavirus, il y ait des rassemblements avec des milliers de personnes ? Je vous avoue, je pense que ce n'est pas une bonne idée. Si on a interdit les rassemblements de plus de 5 000 personnes, dans toute la France, et sur la voie publique les rassemblements de plus de 10 personnes, c'est qu'il y a bien une raison. On voit dans ces manifestations, spontanées, ou organisées, sans autorisation, que tout le monde n'a pas de masque, mais en même temps, même quand on a un masque, et qu'on crie très fort, eh bien on peut avoir des postillons qui passent, donc d'un point de vue sanitaire ce n'est pas une bonne idée. Néanmoins, ce que ces manifestations révèlent, c'est qu'il y a un certain malaise, pour au moins une certaine partie des Français, donc ça on doit l'entendre, et on doit être capable d'y apporter une réponse. Mais vous savez, il ne faut pas oublier, la police c'est le corps de l'administration française qui est le plus contrôlé, c'est légitime qu'elle soit contrôlée parce qu'elle détient… 

PATRICK ROGER 
Mais, pour demain, vous appelez à l'interdiction totale de ces manifestations, de ces rassemblements ? 

SIBETH NDIAYE 
Je pense que ces manifestations, dans un contexte sanitaire, qui est le nôtre, elles ne devraient pas se tenir, elles ne devraient pas tenir. Il faut qu'on trouve, que ces gens qui ont envie de manifester, trouvent une autre manière d'exprimer ce besoin-là, parce que, il faut quand même ne pas oublier la situation sanitaire dans laquelle on est. 

PATRICK ROGER 
Sibeth NDIAYE, quand hier, dans une lettre relayée par France Inter, qui est une chaîne publique, l'écrivain Virginie DESPENTES affirme je ne me souviens pas avoir vu, jamais vu en 50 ans, un homme noir ministre, et pourtant, et pourtant il y a une liste, hommes et femmes, dont vous-même, quand même, ministre. Est-ce que ça ne ressemble pas à une fausse information pour un appel à manifester justement, voire à la haine, ce que vous dénoncez ? 

SIBETH NDIAYE 
Honnêtement, je ne vais pas me lancer dans des polémiques avec Virginie DESPENTES, dont je suis loin pour le coup… 

PATRICK ROGER 
Oui, mais quand même, là ! 

SIBETH NDIAYE 
Donc là je suis loin, assez loin, vraiment loin pour le coup, de partager les idées qu'elle développe, je trouve qu'elle est… enfin bon, bref, je ne ferai pas de commentaires, je ne veux pas rentrer dans la polémique. Je pense que, c'est un moment, qui est un moment où on a des tensions qui sont importantes, on a l'affaire George FLOYD aux États-Unis, qui sans doute exacerbe les choses, peut-être fait résonner des choses, même si je pense que les situations entre la France et les États-Unis… 

PATRICK ROGER 
On ne peut pas comparer. 

SIBETH NDIAYE 
Ne sont absolument pas comparables, ni du point de vue de l'histoire de nos deux pays, ni du point de vue du rapport à notre organisation sociale en fonction des origines des individus, donc je pense vraiment que c'est hors de propos de faire la comparaison, et je pense que, dans le contexte qu'on a, il faut rechercher l'apaisement. Tous ceux qui jettent de l'huile sur le feu, en ayant des propos outranciers, qui mentent sur ce qu'est la réalité de notre pays, parce que notre pays n'est pas un pays raciste, je le dis, et je le redis avec beaucoup de force, et je suis heureuse d'y vivre en tant que femme noire, mais oui, il y a des brebis galeuses, mais oui parce qu'il y a sans doute parfois du manque d'éducation, parfois il y a de la peur de l'autre, il existe du racisme en France, mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, et surtout dans nos forces de sécurité intérieure. 

PATRICK ROGER
 Le mot de la fin avec Cécile de MENIBUS. 

CECILE DE MENIBUS 
Hier Annie GENEVARD, qui est vice-présidente de l'Assemblée nationale, a dit à notre micro que vos prises de parole décrédibilisaient le gouvernement, qu'estce que vous avez envie de lui répondre ? 

SIBETH NDIAYE 
Ecoutez, honnêtement je n'ai pas envie de rentrer dans la polémique. Si j'ai bien compris, elle me reprochait d'avoir une réponse qui était honnêtement très loin d'être polémique pour savoir si les sénateurs étaient bien invités, ou pas, dans les déplacements ministériels. Dans un temps de coronavirus, où tout le monde a dû faire des erreurs pour s'organiser, sachant que, évidemment que, on n'a pas envie, dans les délégations ministérielles, d'avoir énormément de monde, avec des gens qui sont collés les uns contre les autres. Moi, tout à l'heure, je me déplace au Futuroscope de Poitiers, je vais dans un endroit où il y a des espaces extérieurs, je vais ensuite visiter… 

CECILE DE MENIBUS 
Il y aura des parlementaires de l'opposition ? 

SIBETH NDIAYE 
Oui, bien sûr, enfin en tout cas ils ont tous été invités, tous les parlementaires ont été invités, les députés, les sénateurs, quelle que soit leur couleur politique, je vais ensuite dans une hôtellerie de plein air, je vais visiter deux campings, on est dans une situation où on est à l'air libre, et donc on peut être relativement nombreux en respectant les distances de sécurité, mais quand vous faites un rendez-vous, puisque je me déplace avec Laurent PIETRASZEWSKI, à l'intérieur d'une salle fermée, parce que lui va rencontrer des organisations syndicales départementales, eh bien oui, vous n'êtes pas 150 à l'intérieur, donc il faut faire preuve de bon sens, et là, honnêtement, les petites polémiques politiciennes, qui honnêtement mais n'intéressent pas les Français, elles sont pas à la hauteur du débat politique en ce moment. 

PATRICK ROGER 
Merci Sibeth NDIAYE, porte-parole du gouvernement… 

SIBETH NDIAYE 
Merci à vous. 

PATRICK ROGER 
Etait l'invitée de Sud Radio ce matin. 


Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juin 2020