Texte intégral
Q - Bonsoir Jean-Baptiste Lemoyne.
R - Bonsoir !
Q - Merci d'être en direct dans RTL-Soir. On entendait un sentiment de peur, d'incompréhension, d'être délaissé par le gouvernement, c'est ce que disait Jules à l'instant. Qu'est-ce que vous pouvez répondre à Jules et aux personnes qui sont dans la même situation que lui ce soir ?
R - Alors, déjà, point général, je peux vous assurer, vraiment, tout le monde est sur le pont, H24, que ce soit les équipes du centre de crise et de soutien du Quai d'Orsay, que ce soit effectivement les équipes dans les consulats, les ambassades. Et s'agissant du cas de Jules, je veux préciser : hier soir, nous avons obtenu des autorités péruviennes, justement, un vol. Un vol a pu ramener 270 Français. Et je comprends, de l'intervention de Jules, que lui, il n'est pas à Lima, mais à Cuzco et justement, nous avons délégué des crédits à notre ambassade pour qu'elle organise l'acheminement depuis Cuzco jusqu'à Lima, et un autre vol va arriver.
Et donc au quotidien, voyez, là je viens de raccrocher il y a cinq minutes, j'étais avec Jean-Yves Le Drian, avec Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d'Etat aux transports. Nous faisons cette coordination quotidienne, heure par heure, notamment avec Air France, avec les compagnies, pour pouvoir justement mettre en place des plans de vol et ramener à la maison les Français qui étaient en train de faire du tourisme ou dans des déplacements d'affaires.
Et je veux dire qu'il y a des résultats. Vendredi dernier, ils étaient 130 000 à être bloqués hors de France. Ce soir, au moment où je vous parle, 60 000 d'entre eux ont pu regagner la France. Il en reste 70 000. Et donc, nous allons continuer ce travail de coordination, de mise en place, avec les compagnies aériennes, de liaisons pour les acheminer sur Paris.
C'est un travail qui est complexe parce que parfois, il y a des pays où, effectivement, cela a été dit par le témoignage, qui ferment leurs frontières. Donc, il y a tout un travail de négociation politique qui se fait. Mais je veux leur dire que nous sommes là, nous continuerons à l'être. Et donc, tout au long des prochains jours, on va continuer. Ce soir, par exemple, il y a un vol qui part pour les Philippines. Il y avait là mille Français dans une situation difficile, eh bien, demain, ils pourront repartir pour la France.
Donc, voilà, c'est un travail vraiment incessant, et je veux le dire : on ne les oublie pas, et non seulement ça, mais on travaille à proposer des solutions, des solutions de vol aérien.
Q - Ce chiffre est important et vous nous révélez : il reste 70 000 Français à rapatrier contre 130 000 vendredi. Donc effectivement, ça avance. Quels sont les pays avec lesquels vous rencontrez le plus de difficultés aujourd'hui ?
R - Dans le dialogue politique, les choses se passent bien et il y a de la compréhension de la part de nos homologues au sein des gouvernements étrangers. Mais parfois, c'est la géographie qui rend les choses compliquées. Lorsque vous avez des pays particulièrement éloignés, je pense, par exemple, à des situations au Népal. Donc là, on travaille pour rapatrier nos compatriotes sur l'Inde, puis de l'Inde, à les acheminer sur la France. Avec un très bon travail qui se fait non seulement avec Air France, mais aussi avec Qatar Airways, je veux également les saluer parce qu'ils nous aident beaucoup sur la partie Asie-Océanie.
Et puis il y a l'Amérique latine, qui, effectivement, reste un endroit où nous avons encore, au moment où je vous parle, environ 25 000 Français concernés. Et là, nous travaillons aussi en Européens, avec les Espagnols par exemple. Nous avons activé ce que l'on appelle le mécanisme européen de protection civile qui nous permet de pouvoir monter ensemble des vols pour prendre en compte les citoyens européens, français, espagnols et autres. Quelque part, l'union doit aussi faire la force et c'est à cette échelle-là, aussi, que l'on travaille.
Q - 25 000 Français encore en Amérique latine. C'est la région du monde où il y en a le plus aujourd'hui, ou il y a d'autres régions où la densité est plus importante ?
R - Au moment où je vous parle, effectivement, c'est la région où il y a le plus de Français, suivie par la zone Afrique/Océan Indien, puis Asie/Océanie. Donc voilà, on est à l'oeuvre. Et je veux dire, parce que certains parfois se retrouvent dans des situations précaires en termes d'hébergement, parce que les gouvernements ont demandé à leurs hôtels de fermer. Eh bien, dans ces cas-là, nous avons mis en place, grâce à un mécénat de compétences et à l'engagement des accueils France à l'étranger, un site Internet. Je vous donne l'adresse, pour qu'à travers vos ondes, les Français l'aient : c'est www.sosuntoit.fr , et cela permet aux Français qui résident à l'étranger de façon longue et qui ont des capacités pour héberger nos compatriotes, de se manifester ; et à l'inverse, pour les touristes ou les hommes et femmes d'affaires de passage, qui ont un problème d'hébergement, également, de se manifester et de trouver des solutions.
Je le salue, c'est un bel élan de générosité qui se manifeste, et d'entraide parce que l'on a quasiment 6 000 offres comme cela, d'hébergement, qui ont été mises en ligne. Et cela apporte des solutions au quotidien pour des Français qui parfois se retrouvent dans des situations complexes.
Q - www.sosuntoit.fr : c'est important pour ceux qui nous écoutent à l'autre bout du monde, via internet. 70 000 Français qui restent à aller chercher pour les ramener chez eux, pour les ramener chez nous. Cela fait quand même beaucoup de monde, cela fait beaucoup d'avions. Cela peut prendre combien de temps ?
R - Je pense qu'on en a encore pour cinq-six jours à peu près. On voit qu'on a réussi ces derniers jours à en faire revenir environ 20 000 par jour. Mais plus on va avancer dans la semaine, plus on va faire face aussi à des situations complexes, à des pays qui parfois sont enclavés, pour lesquels il est compliqué de monter ces opérations. Donc, cela pourra prendre un peu de temps, mais par exemple on travaille pour des solutions dans le milieu de semaine, pour le Cambodge, pour le Costa Rica, pour de nombreux pays.
Ce que je veux dire, à travers vous, c'est que l'équipe de France diplomatique est mobilisée et elle est là pour apporter des réponses. Parfois, je le sais, c'est compliqué, parce que vous savez, nos consulats, nos ambassades sont appelés en même temps par des milliers et des milliers de personnes. Donc, forcément, quand on est dix, quinze, on fait du mieux qu'on peut, mais ce n'est pas évident d'arriver à joindre tout le monde.
Donc c'est important aussi de s'inscrire sur l'application Ariane, ce " fil d'Ariane ", qui permet aux Français à l'étranger, dans le pays où ils sont, de recevoir les informations en push de la part de nos postes, et qu'ils puissent du coup avoir tous les éléments pour organiser et faciliter leur retour au pays.
Q - Voilà, Ariane, et www.sosuntoit.fr . Encore deux petites questions. Il y a le stress de la situation évidemment pour ceux qui n'arrivent pas à rentrer. Il y a aussi la problématique économique, Jean-Baptiste Lemoyne. Certains ne s'en sortent plus économiquement. Que pouvez-vous faire pour celles et ceux qui n'ont plus d'argent et qui sont bloqués à des milliers de kilomètres de chez eux. Est-ce que, là encore, quelque chose est prévu ?
R - Alors je sais qu'un certain nombre de nos postes d'ores et déjà, parfois ont mis en place des systèmes d'aide d'urgence. Et donc, on essaie de traiter chacune des situations du mieux possible. Et très clairement, on est là pour faire le maximum.
Q - Y compris avec des moyens économiques, dans les cas les plus difficiles ?
R - Ça, c'est fait dans les cas les plus difficiles. Ce que je veux dire à nos compatriotes, c'est de réserver leur billet plutôt sur les sites des compagnies aériennes elles-mêmes. Parce que parfois, certains ont multiplié les achats de billets sur des plateformes, et après ont vu ces billets annulés, et hélas, ne sont pas encore remboursés de ces annulations. C'est important d'aller en direct vers les compagnies aériennes, de toujours suivre le site d'Air France notamment.
Q - A leur retour, ils sont testés tous ces Français qui rentrent, au Coronavirus, ou ils sont juste confinés directement chez eux, comme tout le monde ?
R - Il leur est demandé, naturellement, de se confiner, comme tous les Français, et de respecter tous les protocoles sanitaires. Et si des symptômes sont observés chez eux, qu'ils puissent, là aussi, suivre les protocoles sanitaires. Ils sont, je dirais, sous le même régime que tous les autres Français.
Q - Il reste donc 70 000 Français à rapatrier, Jean-Baptiste Lemoyne, si je vous ai bien compris et bien suivi, normalement à la fin de la semaine, tout sera réglé ?
R - Je vous ai parlé de cinq-six jours, voilà. Dans tous les cas, on fait le maximum pour les faire rentrer à la maison.
Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, d'avoir été en direct dans RTL-Soir, avec ces nouvelles plutôt rassurantes. Je rappelle le site www.sosuntoit.fr et l'application Ariane qui sont deux outils fondamentaux pour ceux qui nous écoutent loin de chez eux et qui tentent de rentrer. Merci beaucoup.
source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 2020