Texte intégral
Q - Bonjour Jean-Baptiste Lemoyne, vous êtes secrétaire d'Etat en charge du tourisme. Merci d'être avec nous en direct ce matin. Evidemment, beaucoup de questions à vous poser. On va commencer par un secteur qui souffre particulièrement : les cafés, les restaurants ; pourquoi pas de décision avant le mois de juin ? Et quelles conditions vont-ils devoir remplir pour espérer pouvoir rouvrir, Monsieur le Ministre ?
R - Vous le voyez, nous sommes dans une reprise très progressive, on cherche à éviter les grands brassages de populations. C'est ce qui a guidé tous les principes qui ont été énoncés : rester dans ce cercle de cent kilomètres, etc.
S'agissant des cafés et des restaurants, rien n'aurait été pire que de leur donner une date trop tôt, qu'ils se réorganisent, qu'ils emploient des saisonniers, qu'ils reconstituent des stocks pour, ensuite, devoir décaler une telle date. Parce que nous avons besoin dans un premier temps de voir comment se déroule ce déconfinement à partir du 11 mai, on a besoin de quinze, vingt jours pour voir comment évolue le virus. C'est pourquoi le président de la République, lorsqu'il a reçu le secteur du tourisme vendredi dernier, a donné rendez-vous fin mai afin de donner le calendrier des activités touristiques et, notamment, de l'hôtellerie et de la restauration.
Q - Monsieur le Ministre, on a bien compris, effectivement, quinze, vingt jours afin de voir comment se comportent les Français et comment évolue l'épidémie avant de prendre une décision. C'est la même chose pour les plages, par exemple, aussi ? Parce qu'on a peu évoqué les plages, une décision sera-t-elle prise en juin ?
R - A propos des plages, elles n'ont pas été rouvertes là aussi dans cette logique d'éviter d'inciter des gens à enfreindre les principes qui ont été posés. Parce que l'on sait qu'une plage ouverte, c'est très attractif, cela peut pousser à se dire "je vais y aller, je vais faire au-delà des cent kilomètres", alors que non, ce n'est pas autorisé.
Donc, je crois que tout dépendra du civisme des Français, de la façon dont nous appliquons déjà les principes de ce déconfinement. Là aussi, rendez-vous est donné fin mai. Plus on fait d'efforts maintenant, plus il y aura la capacité à retrouver un certain nombre d'espaces dans lesquels nous apprécions de nous retrouver.
Q - Il faut respecter, effectivement, ces mesures, pas de relâchement, Edouard Philippe l'a précisé hier. Est-ce que, Jean-Baptiste Lemoyne, vous avez une visibilité sur la saison, sur l'été - évidemment, les Français se posent la question - et sur les modalités qui seront liées aux vacances ?
R - Là aussi, je vous renvoie à ce rendez-vous général de fin mai. Mais on voit bien, d'ores et déjà, que le tourisme va reprendre de manière concentrique. Dans un premier temps, cela va être de l'ultra-proximité. À partir du 11 mai, il sera possible de se déplacer au sein de son département, dans ce rayon de cent kilomètres autour de sa résidence. Un certain nombre de sites culturels, les petits musées, cela a été dit, dans les départements "verts", les parcs et jardins. Il y a donc une offre "nature et culture" qui va rouvrir en ultra-proximité. Cela va commencer par là.
Puis, ensuite, petit à petit, au fur et à mesure que l'on arrive à vaincre et à combattre cette épidémie, naturellement, l'offre ouverte sera plus large, la capacité à se déplacer sera plus grande. Mais tout cela dépend aussi de nos efforts d'aujourd'hui. Donc, pour avoir une saison estivale, qui ne sera de toutes les façons pas comme les autres, j'incite à ce que nous soyons encore le plus prudents possible, c'est ce qui nous garantira les jours heureux, je l'espère, demain.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, dernière question : est-ce que vous pouvez nous confirmer qu'à partir des grandes vacances, du mois de juillet, les Français vont pouvoir prendre des vacances qui ressembleront à celles qu'ils prennent chaque année ?
R - J'aimerais pouvoir vous dire oui. La réalité c'est que, on le sait, cet été, cette saison sera différente des autres, ne serait-ce que parce qu'un certain nombre de grands événements, rassemblant plus de cinq mille personnes, ne sont pas autorisés jusqu'à début septembre. Donc, on le voit bien, il y a des activités qui ne pourront pas se dérouler comme d'habitude.
Je crois qu'aujourd'hui l'appel va être à redécouvrir la France, redécouvrir ses terroirs, son patrimoine. Et je crois qu'il y a cette envie de France qui se manifeste chez les Français, ils vont vouloir être rassurés, réassurés avec un certain nombre de protocoles sanitaires chez les professionnels, et ils y travaillent d'arrache-pied, mais également, peut-être, de retourner dans des lieux où ils avaient des habitudes, où ils ont, en tous les cas, ce sentiment d'être en sécurité. Donc, cela va être une saison beaucoup plus orientée sur notre territoire, naturellement.
Q - Merci beaucoup Jean-Baptiste Lemoyne. On a bien compris : cet été sera une saison effectivement consacrée à nos territoires, à la France, et nos vacances ne ressembleront pas, vous l'avez dit, Monsieur le Ministre, à ce que nous avons l'habitude de connaître. Ce sera forcément des vacances différentes. Merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous ce matin.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 2020