Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Jean-Baptiste DJEBBARI, secrétaire d'État aux transports, bonjour à vous.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être ce matin sur LCI en direct. Vous avez déjà participé à des manifestations, Jean-Baptiste DJEBBARI ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, j'ai déjà participé à des rassemblements, notamment des rassemblements, celui du 11 janvier 2015, de mémoire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous avez déjà manifesté dans des défilés ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je n'ai pas participé…
ELIZABETH MARTICHOUX
Jamais.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je n'ai pas participé à des manifestations syndicales, pour le dire comme ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous pose la question parce que c'est vrai que quand on participe à des manifestations, on voit à peu près comment ça se passe, et hier, ces images de l'infirmière interpellée sans ménagement, aux Invalides, pour outrage et jet de projectiles sur les forces de l'ordre, elle avait lancé des pierres, provoque beaucoup d'émotion sur les réseaux sociaux. Est-ce que les forces de l'ordre ont fait du zèle ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois que le problème c'est qu'on commente effectivement des bouts de vidéo sur une journée, qui finalement ne disait pas que cela, qui marquait la manifestation, des revendications des soignants, et dans laquelle se sont infiltrés à la fois des casseurs, 200 casseurs, et de la violence, et on finit par commenter la vidéo de Farida, qui effectivement a jeté des projectiles, ce qui est fautif, qui est même pénal, sur les forces de l'ordre, et on finit par commenter effectivement cette violence-là et l'arrestation. Et je crois que c'est ça aussi un peu un des problèmes, un des maux de nos sociétés, c'est qu'il faut peut-être dézoomer, il y a aussi eu des beaux moments dans la manifestation hier, notamment avec des CRS qui ont applaudi des soignants, et réciproquement, parce que je crois ces deux corps importants de la société, à ce moment-là, se sont marqués un respect mutuel. Donc, vous voyez, moi je trouve dommage que, le jour d'après, on commente cet événement qui ne reflète pas et qui ne résume pas l'ensemble de la manifestation ou de…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça ne nécessite pas d'être commenté pour vous ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Si, mais comme un événement qui ne résume pas l'information. Vous voyez, j'ai l'impression que parfois on résume les informations à la violence. Il ne s'est pas passé que des violences hier, il y a eu des violences condamnables, y compris la violence de cette personne, qui est condamnable, et il faut le dire, elle a une blouse blanche, certes, mais sa violence vis-à-vis des forces de l'ordre est condamnable, il faut le dire, mais je crois que cette vidéo-là, comme d'ailleurs beaucoup de capsules vidéo de 15 ou 20 secondes, ne reflète pas, ne résume pas, des informations, et notamment des situations des environnements. On a l'impression parfois de vivre dans un État où règne le désordre, dans un État où effectivement les violences s'exercent de "parts et d'autres", c'est l'impression que ça donne, je crois que ça ne correspond pas à la réalité, et il faut parfois peut-être savoir ralentir et se décentrer de l'actualité immédiate ou de ce qui en est résumé.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais aussi ne pas passer à côté de questions qui peuvent se poser, il y a l'image de cette arrestation, il y a les Black Blocs, qui "dénaturent" la manifestation des soignants, et puis il y a les bandes qui s'affrontent en pleine rue à Dijon, ça ne vous interroge pas sur l'autorité de l'État ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais alors ça, pour le coup, c'est une autre question. Vous me demandez de commenter un épiphonème, ou un événement…
ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous demande si l'autorité de l'État est un sujet, est-ce que les forces de l'ordre ont fait du zèle au moment de cette arrestation, est-ce que par ailleurs elles ne sont pas trop absentes, bref, est-ce qu'il y a aujourd'hui un sujet d'autorité de l'État ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
La France est un pays d'ordre et de liberté, d'ordre et de liberté, et l'ordre, l'ordre républicain, c'est effectivement sanctionner toutes les violences, toutes les violences illégitimes. Donc oui, et ça le discours de l'État, de ce gouvernement, a été parfaitement limpide et constant depuis le début de ces mises en cause, si vous parlez du prétendu zèle de la police, l'État a toujours dit, ce gouvernement a toujours dit que les actes fautifs, quels qu'ils soient, sont punis, sont sanctionnés, sont investigués, et c'est la réalité de notre État de droit, mais ça ne doit pas renverser le stigmate, si vous voulez, ça doit pas effacer des violences sociales, des violences d'individus, qui. Deviendraient légitimes.
ELIZABETH MARTICHOUX
Je comprends bien, vous faites la balance. Est-ce que vous êtes inquiet du climat ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais je crois que la peur, l'inquiétude, est mauvaise conseillère en politique, toujours, et que… Voyez, le problème social en France, ou si on parle par exemple du problème des jeunes de banlieue, avec qui j'ai eu l'occasion de discuter encore dimanche dernier aux Invalides à l'occasion de la manifestation pour Adama TRAORE, quand vous parlez à ces jeunes, ils vous parlent peut-être un peu de leur rapport à la police, ils vous parlent beaucoup de discriminations qu'ils subissent, à l'école, dans l'emploi, dans la recherche de leur logement, donc la solution elle n'est pas dans le fait de rétablir, ou d'établir un nouvel équilibre avec la police, même si effectivement c'est souhaitable que chacun vive en concorde, la solution elle est dans le fait de répondre sur le plan économique et social à tous ces sujets, à rétablir une sécurité dans les quartiers, qui parfois ne le vivent plus comme ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est un enjeu considérable. Pardon Jean-Baptiste DJEBBARI, est-ce que vous ne vous aveuglez pas, est-ce qu'en trouvant des excuses, ou des justifications, est-ce que vous ne refusez pas d'affronter une question qui est posée aujourd'hui par une partie de la population française, qui est sa relation avec les forces de l'ordre ? Rapidement, parce qu'on ne va pas non plus y passer la nuit, mais comme vous ne répondez pas vraiment à la question.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais… d'abord, moi je suis né à Melun, en région parisienne, où j'ai vécu…
ELIZABETH MARTICHOUX
Dans le sud de la Seine-et-Marne.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le sud de la Seine-et-Marne, donc je vois à peu près bien ce que ça veut dire de vivre en banlieue, de connaître cette vie-là, je vois à peu près bien, et j'ai un nom kabyle, donc il se trouve que, voyez, les discriminations sur le nom j'ai une petite idée de ce que ça peut vouloir dire, parce que même avec un prénom catholique et un nom kabyle je les ai vécues, donc moi je ne m'aveugle pas, je pense que je comprends parfaitement ce qui se passe, mais je dis juste que, résumer le mal-être d'un jeune à sa relation avec la police, c'est complètement, pour le coup, s'aveugler sur la réalité de ces quartiers difficiles, dans lesquels la réponse est tout autant l'école, la sécurité, les réponses économiques et sociales, que peut-être retrouver une relation apaisée…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous trouvez que le débat aujourd'hui, ça résume, on résume comme ça ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je trouve que, oui, parfois il y a un mot d'autres un peu rapide qui consiste à dire, il y a un problème entre les jeunes, catégorisés dans leur ensemble, notamment les jeunes issus de l'immigration, pour le dire directement, et la police, je crois que ça ne correspond pas, ça ne résume pas, le problème de ces jeunes en particulier.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous êtes favorable aux statistiques ethniques, débat relancé par Sibeth NDIAYE, votre collègue au gouvernement ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, enfin moi je n'y suis pas favorable parce que je crois que ces discriminations, contrairement à ce que dit Marine LE PEN, elles sont bien établies, elles sont établies scientifiquement, sociologiquement, par des enquêtes, y compris d'ailleurs des enquêtes sur les origines ethniques, c'est très encadré, mais on sait parfaitement, en France, que des populations, notamment des populations d'immigration subsaharienne, maghrébine, sont les victimes de discriminations parfaitement établies.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est suffisamment bien mesuré, on n'a pas besoin de mesurer le réel par des statistiques ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On a besoin de changer le réel, et j'ai l'impression qu'on sait assez bien mesurer dans les quartiers, ce que disait Julien DENORMANDIE était parfaitement juste, on sait parfaitement mesurer ces discriminations, maintenant il faut les combattre, et la politique c'est l'art de faire, c'est l'art de dire, c'est l'art d'établir, mais c'est surtout l'art de faire, et il faut faire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous faites partie d'un gouvernement de somnambules, vous savez ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ah bon ! Expliquez-moi ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ce qu'a dit Marine LE PEN hier, elle a profité de, l'occasion si je puis dire, en tout cas de l'actualité à Dijon, pour aller sur place dénoncer un gouvernement de somnambules, un pays en voie de déconstruction. Bon, elle a fait son boulot d'opposante vous diriez ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois qu'elle fait surtout son boulot de division, elle sape, Marine LE PEN, l'unité de la France depuis beaucoup d'années, beaucoup trop d'années, sans jamais apporter de solution crédible, on l'a très peu entendue pendant cette crise, on l'a beaucoup entendue dire d'énormités, il n'y aurait pas de discriminations à l'égard de certaines populations en France, ce qui est, on en a parlé, est complètement incorrect. Elle a été très peu dans la proposition, beaucoup dans la caricature, beaucoup dans l'outrance. Et d'ailleurs, elle ne sait plus vraiment où elle habite Marine LE PEN, quand on regarde son rapport au gaullisme, à sa figure paternelle, à ce qu'elle peut proposer pour la France. Quand on regarde concrètement ce qu'est l'Europe aujourd'hui, ses crises, ses problèmes, et les réponses qu'elle apporte, je crois qu'elle est complètement décalée de la réalité de ce monde et que ça finira par se voir, j'en suis persuadé.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous en avez subi, vous, des discriminations, vous évoquiez votre nom kabyle ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, j'ai vu ce que ça voulait dire effectivement de se présenter comme Monsieur DJEBBARI, ou de se présenter comme Jean-Baptiste DJEBBARI en physique, Monsieur DJEBBARI au téléphone ce n'est pas pareil que Jean-Baptiste DJEBBARI en physique, je l'ai vécu, mes frères et mes soeurs l'ont vécu, et c'est une réalité en France, c'est une réalité en France, et c'était il y a 20 ans, il y a 25 ans. Alors, on s'en sort parce que l'école de la France elle permet ça, elle permet l'égalité des chances, et c'est une réalité que dire cela, que quand en France on a de la volonté, de l'énergie…
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle permet relativement…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, relativement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que vous dites à l'instant que c'est un frein aussi.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui… moi, vous savez, c'est un des projets sur lequel le président de la République m'a convaincu de le rejoindre, quand il a eu ces paroles très fortes sur l'école républicaine, sur l'égalité des chances, c'est un des objets de son programme présidentiel qui m'a beaucoup séduit, et je pense que c'est d'ailleurs…
ELIZABETH MARTICHOUX
Beaucoup sont déçus, beaucoup sont déçus de l'action qui a été menée.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je ne crois pas. Je crois que quand on a fait ce qu'on a fait sur les écoles primaires, sur les..., quand on a divisé par deux le nombre d'élèves, je crois que c'est vraiment une réponse d'endiguement de ces discriminations à la racine, c'est extrêmement important, et d'ailleurs je crois que ça donne déjà des résultats, donc je, bon j'entends la critique politique, mais je crois que ce n'est pas une réalité pour le coup.
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que Marine LE PEN, pour finir, elle dit « il n'y a pas de discrimination en France. »
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois qu'elle s'aveugle sur ce qu'est réellement la France, elle devrait plus voyager et moins, comment dire, discourir, Marine LE PEN, et plus découvrir la France et les Français, et leurs difficultés.
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle ne connaît pas les Français ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois que si elle dit ça…
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle prétend, au contraire, avoir un rapport au peuple beaucoup qui est plus connecté que vous.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois que quand on dit qu'il n'y a pas de discrimination en France, je crois que c'est effectivement faire preuve d'une grande méconnaissance de ce que sont les réalités très différentes des Français en France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, Jean-Baptiste DJEBBARI, pendant ce temps-là, Pékin annule des milliers de vols, il y a une résurgence du virus, les Chinois sont inquiets. D'abord, est-ce que vous avez des informations précises ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord Pékin n'a pas été touché par le virus comme Wuhan ou comme d'autres zones en Chine, c'est la raison pour laquelle les autorités de Pékin, sur certains quartiers, une trentaine de quartiers, ont décidé de mettre en place des mesures très strictes pour endiguer le virus, c'est-à-dire empêcher qu'il se propage dans la ville, qui est par ailleurs, comme vous le savez, très importante, avec beaucoup de circulation, donc ils ont raison de faire cela, et ça a un impact notamment sur les transports, puisqu'ils annulent 1 200 vols, et que ça freine en quelque sorte le redémarrage de l'économie mondiale, mais je crois que, dans cette crise, ce qui a été établi, c'est que l'Humanité a choisi, a préféré, protéger son prochain, au prix d'un coût économique qui est quand même majeur, mais je crois que les autorités chinoises ont raison de prendre ces précautions, quitte à ce que ça… effectivement la reprise de l'activité.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, parce que le trafic de transport de marchandises est affecté vers l'Europe, par cette décision, ou pas ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, pour le fret pas trop, les vols qui sont annulés sont essentiellement, à ma connaissance, des vols passagers, mais pour le fret on a… Vous savez, tous les ponts aériens qu'on a réussi à monter, on en a monté vers Shanghai, vers Pékin, parfois il a fallu passer par Séoul, tout ça a été assez compliqué et a demandé des négociations avec les autorités chinoises, c'est Jean Yves LE DRIAN qui les a tenues chez nous, et aujourd'hui nous avons une relation très fluide avec le Chinois, s'agissant des transports de passagers et du fret, mais le fret aujourd'hui passe aussi par la voie maritime, vous le savez, notamment l'approvisionnement des matériels sanitaires, donc nous ne sommes pas, de ce point de vue-là, en risque de pénurie…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'êtes pas inquiet. Vous revenez de 48 heures de Rome, où vous parliez des frontières avec vos homologues, mais alors justement quand on voit ce qui se passe en Chine, on n'a pas rouvert les frontières trop tôt, il ne va pas falloir les refermer ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ce que je comprends e la situation sanitaire, ce que m'en expliquent mes collègues, c'est qu'aujourd'hui le plus gros de l'épidémie, modulo quelques zones, en Amérique Latine, au Brésil, le plus gros de l'épidémie est derrière nous, mais il y a des résurgences, ce qu'on appelle des queues d'épidémie, avec des clusters qui peuvent réapparaître ici et là. Mais ce que je comprends aussi c'est que les capacités sanitaires, dans nos pays, permettent aujourd'hui de traiter ces clusters et d'arriver à endiguer la propagation, ou une deuxième propagation du virus, donc, dans ces conditions-là, il faut, un, s'assurer qu'on peut redémarrer l'économie, les déplacements, les transports, dans des bonnes conditions sanitaires, et puis traiter, au cas par cas, et endiguer très fortement la propagation du virus dans ces clusters qui ré-émergent.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors c'est vrai que les Européens ont rouvert un peu en ordre dispersé, à des dates différentes, d'accord, et puis des modalités différentes, par exemple la Grèce, qui soigne son tourisme, a invité, la semaine dernière, les voyageurs de pays hors Union européenne, je les cite, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Corée du Sud, Chine, de venir sur son territoire, donc on peut imaginer qu'il y a des Chinois qui arrivent en Grèce, et puis qui viennent en France.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, c'est complexe, mais c'est deux choses différentes, je pense que vous faites référence au fait que la Grèce a posé aussi des mesures de restriction sanitaire sur l'Ile-de-France qui était en zone rouge, donc il y a…
ELIZABETH MARTICHOUX
Je ne faisais pas du tout allusion à ça, je faisais…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors moi j'y fais référence parce qu'en fait il y a souvent deux sujets qu'on confond, il y a le sujet des frontières et il y a le sujet des mesures de protection sanitaire sur des zones particulières, et là c'est tout à fait le cas avec la Grèce, par exemple, qui effectivement a rouvert ses frontières, dès lors qu'elle a pu établir que sur ces liaisons en particulier, et notamment avec certaines zones chinoises, il y avait équivalence de mesures sanitaires, et elle a pu poser des restrictions sanitaires, notamment sur l'Ile-de-France, qui était en zone rouge, de manière à éviter, de ce point de vue, la propagation du virus. Donc, ce que nous essayons de faire, c'est un peu complexe mais, à compter de lundi dernier, en zone intra-Schengen, le principe de libre circulation est rétabli, y compris d'ailleurs… pour le dire simplement, on peut circuler librement en Europe. A compter du 1er juillet, on va ouvrir un certain nombre de liaisons internationales, et ce que font les pays européens actuellement, c'était une des raisons de ma visite en Italie hier, c'est que les pays européens essaient de catégoriser les différents pays tiers pour voir leur niveau de protection sanitaire, un peu les zones vertes, orange, rouges, et devraient être en mesure de rouvrir, notamment au niveau de l'Union européenne, aux pays qui seraient catégorisés en zone verte, pour le dire comme ça. C'est ça que nous essayons de faire actuellement, ce n'est pas tout à fait évident et simple…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et là il y aura une uniformisation ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Nous recherchons effectivement une uniformisation des calendriers…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous cherchez, vous cherchez…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais ce n'est pas simple…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'avez pas trouvé.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, parce qu'il y a des pays qui sont plus affinitaires avec d'autres, on pense au Brésil par exemple, et vous avez vu que, d'ailleurs, y compris sur notre propre territoire, et les territoires d'Outre-mer, nous imposons des mesures différenciées, les personnes qui viennent de Guyane, de Mayotte, ont une quatorzaine à l'arrivée, et des mesures vont continuer, comme ça, à être mises en place. C'est complexe, cette situation, mais je pense que l'échelle européenne est une échelle pertinente pour à la fois coordonner la reprise économique, on en parlera peut-être un peu, et évidemment la bonne uniformité des mesures sanitaires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Juste pour répondre à ma question, et je voudrais qu'on aille très vite. Un Chinois qui arrive en Grèce, puisque c'est possible, est-ce qu'il peut venir, puisque les frontières sont rouvertes en Europe, c'est quand même une curiosité qu'on peut avoir, eh bien il peut arriver en France ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le principe c'est que jusqu'au 1er juillet, et notamment au niveau de l'Union européenne, les mêmes restrictions s'appliquent, c'est-à-dire que vous ne pouvez venir que pour motif impérieux, vous pouvez venir pour…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc en fait ce qu'a dit Athènes c'est pour après 1er juillet.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est pour après le 1er juillet, et c'est ça que nous essayons de mettre en oeuvre de façon coordonnée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quand les Européens arrivent à Roissy-Charles de Gaulle, ils sont testés ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Quand les Européens arrivent à Roissy-Charles de Gaulle ils sont, d'abord ils portent un masque, ils sont distanciés socialement dans l'aéroport, et quand ils arrivent à l'arrivée ils sont testés avec un thermomètre thermique…
ELIZABETH MARTICHOUX
On prend leur température, mais ils ne sont pas testés.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ils sont testés avec une caméra thermique, qui détecte effectivement s'ils ont une surchauffe de température, un surcroît de température, ils sont testés une deuxième fois s'ils sont positifs, et s'ils sont positifs ils sont orientés vers le service médical qui leur permet de se faire tester. J'ai fait ces parcours, à Rome d'ailleurs, et évidemment à Paris, je l'ai fait en gare, je l'ai fait en aéroport, et sincèrement, quand vous faites le parcours, c'est un parcours qui donne confiance, parce que la succession des mesures construit l'environnement sanitaire contrôlé, donc les personnes qui effectivement sont positives, ont la possibilité d'être testées, d'être encadrées médicalement, à l'arrivée à Paris.
ELIZABETH MARTICHOUX
Orly rouvre à la fin de la semaine prochaine.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le 26 juin, vendredi prochain…
ELIZABETH MARTICHOUX
Le 26 juin, tout sera prêt ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, tout sera prêt sur le plan opérationnel.
ELIZABETH MARTICHOUX
Tout sera prêt ? AIR FRANCE ne reprendra pas à Orly sa navette, qui dessert Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nice, Toulouse, sur ces destinations, les syndicats craignent que cette réorganisation du trafic domestique ne débouche sur des suppressions d'emplois.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est des choses qui sont absolument… il y a d'une part le plan de transformation d'AIR FRANCE, je fais très rapide, et il y a le fait qu'aujourd'hui à Roissy, vous avez une activité très réduite, c'est 15% de l'activité d'AIR FRANCE, c'est d'ailleurs concentré sur un grand terminal pour le dire simplement, donc aujourd'hui, et d'ailleurs les prévisions d'AIR FRANCE pour l'été, c'est 30% de trafic au mois de juillet, 40% de trafic au mois d'août…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour AIR FRANCE ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Pour AIR FRANCE seule.
ELIZABETH MARTICHOUX
30% du trafic cet été pour AIR FRANCE.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Et 40% au mois d'août, donc c'est une reprise très progressive. Et donc AIR FRANCE a décidé, et je pense que c'est sage, de n'opérer qu'à Roissy pendant tout l'été, tous les mois de juillet et août, et d'opérer sa filiale TRANSAVIA au départ d'Orly qui donc commencera ses vols, poursuivra ses vols, mais en tout cas, aura une augmentation substantielle de ses vols à compter du 26 juin au départ d'Orly.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, et non, les syndicats peuvent craindre une suppression d'emplois ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est un autre sujet…
ELIZABETH MARTICHOUX
Au vu de ce qui se passe. Mais est-ce que – vous avez mis 7 milliards pour AIR FRANCE – est-ce que c'est une garantie anti-suppressions d'emplois ou pas ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On a mis 7 milliards pour AIR FRANCE, c'est une garantie d'avoir sauvé des dizaines de milliers d'emplois. C'est la réalité…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous ne pouvez pas vous engager aujourd'hui pour dire, à terme, il n'y aura pas de suppressions d'emplois…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous savez, moi, je n'évite pas ce sujet-là, personne ne sait comment le trafic aérien va reprendre, ni vous, ni moi ne savons dire comment les Français, d'ailleurs, les Européens, vont re-voyager, est-ce qu'ils auront peur ou pas, est-ce qu'ils vont partir loin ou pas, personne ne sait dire ça, est-ce que c'est maintenant ou dans 3 mois ou dans 6 mois ou dans 1 an ; je pense que ça questionne chacun. Personne ne sait ça. Face à ça, AIR FRANCE et son PDG Ben SMITH a proposé un plan de transformation, notamment sur l'activité moyen-courrier, court courrier, domestique, ce plan, il va être présenté en conseil d'administration à la fin du mois, il va être présenté aux syndicats, il va être débattu, il se fera sans souffrance sociale, c'est un engagement, et il se fera de façon concertée et transparente avec les…
ELIZABETH MARTICHOUX
Sans souffrance sociale, je retiens cette formule, sans souffrance sociale…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais oui, sans souffrance sociale, mais je crois qu'on peut tout à fait transformer les entreprises, trouver des accords avec les syndicats, avec les salariés, pour préserver le maximum d'emplois partout où c'est possible sans souffrance sociale, avec des possibilités de mobilité, avec des plans de départs volontaires, quand c'est possible, je pense qu'on peut faire ça effectivement en transparence, en bonne intelligence et sans souffrance sociale.
ELIZABETH MARTICHOUX
On a entendu la formule. Ce n'est pas une garantie "suppressions d'emplois", mais vous vous engagez à ce qu'il n'y ait pas de souffrance sociale. Question courte, réponse courte s'il vous plaît : pour améliorer le pouvoir d'achat des Français, Jean-Baptiste DJEBBARI, êtes-vous favorable à la gratuité des autoroutes cet été ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Réponse courte, non, parce que c'était une proposition de madame DELGA qui oublie une partie de la proposition…
ELIZABETH MARTICHOUX
La présidente de la région…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Occitanie. Les autoroutes, quand vous baissez les péages, vous devez le compenser, c'est la loi, c'est inscrit dans la loi, et donc compenser, c'est par l'impôt, c'est sur les contribuables, donc si madame DELGA essaye d'être populaire en Occitanie, ce que je comprends, elle devrait demander aux Français s'ils acceptent de voir leurs impôts augmenter pour payer sa politique de gratuité en Occitanie, je pense que les Français répondraient probablement avec un peu de scepticisme.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ah, il y a un sondage qui montre qu'ils sont massivement pour, ils trouvent que c'est démagogique d'un côté, mais ils sont massivement pour…
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, je ne doute pas que quand vous proposez la gratuité de n'importe quel service, vous êtes massivement populaire, ça, je n'en doute pas, mais moi, j'aime bien les débats qui sont posés clairement, et là, ce débat-là est tronqué, n'est pas posé clairement, donc elle aurait dû dire : est-ce que les Français veulent subventionner les déplacements et la politique de gratuité de madame DELGA…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc la réponse est non à la demande de madame DELGA. Est-ce que les trains de nuit vont repartir ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, à compter du week-end du 3, 4, 5 juillet, c'est 2 lignes qui vont rouvrir, vous savez, il y a la ligne qui va vers Gap-Briançon, et la ligne qui va vers Toulouse- Rodez-Latour-de-Carol, parce que les conditions sanitaires sont réunies, et c'est une bonne nouvelle pour les trains de nuit, et d'ailleurs, nous avons beaucoup d'ambition pour les trains de nuit en France, et c'est une discussion que j'ai pu avoir avec le président de la République, je partage ça avec lui, et nous allons dans les semaines qui viennent, dans les mois qui viennent, avoir une politique de promotion de trains de nuit et de redynamisation des trains de nuit.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et quand est-ce que vous allez aider, préciser votre aide à la SNCF, parce que le compteur tourne et les pertes aussi.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Deux choses, le compteur tourne, nous avons maintenant un peu près circonscrit le volume des pertes…
ELIZABETH MARTICHOUX
5 milliard ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Jean-Pierre FARANDOU parlait de 4 milliards, c'est plus 4 milliards que 5 milliards, il n'y a pas d'urgence, parce que la SNCF s'est refinancée en trésorerie, il n'y a pas d'urgence à agir dans les semaines qui viennent, d'ailleurs avec la garantie de l'État, mais l'État sera évidemment aux côtés de la SNCF, je rappelle quand même que chaque année, l'État, c'est 15 milliards d'euros sur les 35 milliards de chiffre d'affaires de la SNCF, donc l'État soutient la SNCF tous les ans, et pas seulement en période de crise, 115.000 salariés au chômage partiel à la SNCF comme ailleurs ; donc l'État a été extrêmement présent, 35 milliards de reprise de dette, donc vous voyez que l'État n'a pas à rougir sur l'action vis-à-vis de la SNCF, et l'État sera présent.
ELIZABETH MARTICHOUX
A la rentrée, vous préciserez ça à la rentrée, en septembre ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Même avant, parce que nous travaillons quasiment quotidiennement…
ELIZABETH MARTICHOUX
Même avant, c'est-à-dire ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'ici à la fin du mois, nous préciserons…
ELIZABETH MARTICHOUX
D'ici la fin du mois de juin, vous préciserez ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, parce qu'il y a des conseils d'administration et il y a…
ELIZABETH MARTICHOUX
Quel est le niveau de soutien ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Absolument. Et je le dis, l'État sera présent aux côtés de la SNCF, comme il le fait depuis 2017, et comme il le fait d'ailleurs tous les ans depuis de nombreuses années.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Jean-Baptiste DJEBBARI d'avoir été ce matin sur LCI.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2020