Texte intégral
Marc FAUVELLE
Bonjour Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Ministre chargé de la Ville et du Logement. Dans quelques heures cet après-midi Edouard PHILIPPE donnera donc la feuille de route du déconfinement. On va savoir ce qui nous attend à partir de lundi. Est-ce qu'il y a un peu d'angoisse, un peu de fébrilité, au moment d'appuyer sur le bouton ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, il y a surtout beaucoup de concentration, énormément de travail, un gouvernement qui est à la tâche autour du Premier ministre, et je crois vraiment beaucoup de responsabilité. Et d'ailleurs une responsabilité commune, parce que je pense que tous les Français ont bien conscience que si on veut réussir cette étape, c'est ensemble qu'on y arrivera, on a tous un rôle clé évidemment à jouer dans cette nouvelle phase qui est le déconfinement.
MARC FAUVELLE
Parmi toutes les mesures annoncées depuis 2 mois par le gouvernement, il y a eu la prolongation de la trêve des expulsions pour les locataires. Cette première prolongation s'achève à la fin du mois, les expulsions peuvent donc reprendre théoriquement à partir du 1er juin. Est-ce que le gouvernement va prolonger cette trêve ?
JULIEN DENORMANDIE
Oui, je vous le confirme. Je vous l'annonce ce matin, on va décaler la trêve hivernale jusqu'en juillet, ce qui veut dire qu'il n'y aura pas d'expulsion locative, ce qui veut dire également qu'on permettra la poursuite de la mise à l'abri de toutes celles et ceux qui en ont besoin. Je crois que c'est une décision qui était importante, parce qu'évidemment personne ne peut accepter que dans cette période sanitaire, il puisse y avoir des personnes expulsées de leur logement.
MARC FAUVELLE
Pardon, jusqu'à fin juillet ?
JULIEN DENORMANDIE
Jusqu'en juillet. La date précise, le jour précis est discuté cet après-midi au Parlement, avec des parlementaires qui sont très engagés sur le sujet, donc ce sera jusqu'en juillet, avec une date précise qui sera discutée dans la journée au Parlement, notamment via des parlementaires de la majorité, que je salue et qui sont très engagés.
MARC FAUVELLE
Ça veut dire, Julien DENORMANDIE, pardon de vous couper la parole, ça veut dire que toutes les procédures d'expulsion qui sont en cours, ne s'appliqueront pas, qu'elles sont gelées.
JULIEN DENORMANDIE
C'est exactement ça. Plus précisément ça veut dire que je donnerai instruction de ne jamais employer la force policière pour procéder aux expulsions, ce qui veut dire que concrètement il n'y aura pas d'expulsion qui puisse être effectuée, c'est ce qu'on appelle la fin des expulsions locatives. Et vous savez, chaque année c'est près de 15 000 familles qui sont expulsées de leur logement, c'est des drames, de véritables drames, et dans cette période sanitaire, dans cette période si complexe, je crois que c'était très important de pouvoir décaler à nouveau cette trêve hivernale et empêcher toute expulsion locative.
MARC FAUVELLE
Alors, pas d'expulsion jusqu'au mois de juillet, on va connaître la date précise aujourd'hui, sachant que de toute façon elles sont interdites, ça c'est la loi ordinaire à partir du 1er novembre de chaque année, pendant l'hiver, est-ce qu'on peut imaginer, si la situation se poursuit, qu'il n'y ait aucune expulsion cette année, une année blanche sur les expulsions ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien écoutez, on verra. Je crois que personne ne peut dire quelle sera la situation du pays au mois de juillet, parce que c'est une situation qui évidemment évolue très rapidement avec cette pandémie. Mais en tout cas, ce que je peux dire, c'est que, vous savez, normalement les expulsions locatives, elles reprennent à partir de la fin du mois de mars. Dès le début, vraiment dès le début de l'épidémie, on a tout de suite décalé cette trêve hivernale. Et comme cette épidémie continue, on décale à nouveau cette trêve hivernale. Et je crois que c'est un des éléments de réponse de protection des Français qui est très important, et évidemment on est là pour faire en sorte que, à cette période sanitaire ne soient pas ajoutés des drames familiaux, des drames humains, parce que beaucoup de nos concitoyens malheureusement sont parfois dans une situation de détresse, et nous sommes là pour les accompagner, leur trouver des solutions et les protéger évidemment.
MARC FAUVELLE
Julien DENORMANDIE, combien de sans-abri ont pu être hébergés depuis le début du confinement, et surtout qu'est-ce qui se passe pour eux à partir de lundi ?
JULIEN DENORMANDIE
Hier soir il y avait 180 000 personnes, je dis bien 180 000, le chiffre est très important, 180 000 personnes qui ont été mises à l'abri par les services de l'Etat et les associations. Depuis le début du confinement…
MARC FAUVELLE
Pardon, mais en temps normal c'est combien ?
JULIEN DENORMANDIE
Juste avant le confinement, ou plutôt depuis le confinement, on a ouvert 20 000 places. Donc en temps normal c'est 160 000 et depuis le début du confinement on a ouvert 20 000 places. Et concrètement, comment on a fait. ? Il fallait mettre à l'abri de manière très rapide, et donc pour se faire on a réquisitionné des chambres d'hôtels, on a réquisitionné des milliers de chambres d'hôtels. On a beaucoup travaillé avec les hôteliers que je salue, qui traversent une période difficile, et donc depuis le début du confinement c'est 20 000 places qui ont été ouvertes.
MARC FAUVELLE
Places qui resteront ouvertes avec la sortie du confinement ?
JULIEN DENORMANDIE
Evidemment. A partir du moment où vous êtes dans un décalage de la trêve hivernale, ça veut bien dire que l'intention est de n'avoir jamais des remises à la rue pendant cette période que nous traversons, et qui est là aussi dans un souci de protection des publics les plus fragiles.
MARC FAUVELLE
Un dernier mot, Julien DENORMANDIE, au début du confinement vous aviez lancé une opération avec Airbnb pour loger les soignants gratuitement, pour leur permettre notamment de dormir plus près de leur lieu de travail, plus près des hôpitaux, est-ce que ça va continuer ça aussi ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, ça on verra avec Airbnb, pour l'instant ça continue. Au moment où je vous parle c'est près de 10 000 logements qui ont été proposés par des propriétaires. C'est des milliers de soignants, beaucoup d'infirmiers, d'infirmières, de travailleurs sociaux qui en ont bénéficié. Je crois que c'était important, Airbnb l'a fait, a répondu à mon appel, l'a d'ailleurs dupliqué depuis dans 12 pays pour montrer que c'est une initiative française qui a fait des petits à l'étranger. Et d'autres plateformes l'ont fait, comme Particulier à particulier. Donc c'est de belles initiatives, c'est une solidarité, une solidarité qui ne doit pas être victime du Covid 19 et je crois qu'effectivement ça fait partie des solidarités qui doivent pouvoir continuer. Elle dépend bien évidemment des plateformes et surtout des propriétaires de ces appartements.
MARC FAUVELLE
Merci à vous Julien DENORMANDIE, qui prolonge donc, vous nous l'avez annoncé il y a quelques instants, la trêve hivernale, qui n'est plus du tout hivernale d'ailleurs, des expulsions jusqu'au mois de juillet. Merci à vous, ministre de la Ville et du Logement.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mai 2020