Interview de M. Franck Riester, ministre de la culture, à France 2 le 20 mai 2020, sur les conséquences de la crise sanitaire sur le monde de la culture notamment les spectacles vivants.

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Média : France 2

Texte intégral

MARC FAUVELLE 
Bonjour Franck RIESTER. 

FRANCK RIESTER
 Bonjour Marc FAUVELLE.

 MARC FAUVELLE  
Vous êtes le ministre d'un secteur quasiment à l'arrêt, festivals, théâtres, musées, cinémas ne savent toujours pas de quoi demain sera fait exactement, on va en parler avec vous jusqu'à 9h00, mais je voudrais d'abord vous faire entendre ou réentendre une petite phrase qu'Emmanuel MACRON a prononcé à vos côtés, il y a quelques jours, c'était au moment d'un dialogue justement avec les personnalités de la culture. Il a fait référence à Robinson CRUSOE au moment de son naufrage et le chef de l'Etat a eu cette formule empruntée à l'essayiste Simon LEYS. 

Extrait Emmanuel MACRON. 

MARC FAUVELLE 
Voilà du fromage, du jambon, alors nous aussi faisons comme Robinson, soyons très concrets, est-ce que la culture sera le dernier secteur qui va se déconfiner en France ? 

FRANCK RIESTER 
Ecoutez, je ne le souhaite pas parce que nous avons besoin de la culture. La culture n'est pas accessoire, elle est essentielle, on l'a vu pendant le confinement où nos compatriotes ont tenu notamment parce qu'ils ont lu, parce qu'ils ont été sur les réseaux sociaux pour avoir accès à des concerts, avoir accès à des spectacles, avoir accès à des émissions, avoir accès à des films de cinéma. Ils se sont cultivés. Le ministère de la Culture a mis en place une plateforme culture chez nous, qui a eu un succès considérable mettant en avant toutes les offres culturelles en ligne et on est convaincu, nous sommes convaincus avec le président de la République, avec le gouvernement que la culture va permettre à nos compatriotes aussi de rebondir, de se relancer, de sortir de la crise. et c'est la raison pour laquelle le président de la  République a été très clair en envoyer un message très fort de soutien à la culture en leur disant bien évidemment nous serons à vos côtés pour vous  protéger, c'est ce qui a été décidé avec l'année blanche pour l'intermittence, qui est unique au monde cette volonté de protéger  celles et ceux qui sont le ciment de la culture dans notre pays, c'est-à-dire les artistes, les techniciens du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant qui ont besoin de ces  protections pour ensuite créer et se produire. 

MARC FAUVELLE  
Pourquoi peut-on assister aujourd'hui à une messe mais pas un concert par exemple ? 

FRANCK RIESTER 
 C'est une question très délicate qui nécessite beaucoup de calme et beaucoup de sérieux, beaucoup d'informations, notamment d'informations scientifiques.  Nous avons pris la décision de déconfiner progressivement parce que nous avons besoin de retrouver une vie normale, parce que nous avons besoin de vivre avec le virus et j'espère à terme vivre surtout sans le virus, enfin en tout cas dans un premier temps vivre avec le virus et de le faire. Progressivement en respectant des normes de protection sanitaire parce que si on se déconfine trop vite, on prend le risque que tous les efforts qui ont été faits pendant 2 mois seraient remis en cause et de pouvoir en fonction du risque avéré ou pas, des mesures en capacité d'être mises en oeuvre ou pas, d'aller progressivement vers un déconfinement le plus large possible. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre a souhaité que toutes les 3 semaines faire un point, faire un point de des résultats du déconfinement, de voir quelle est l'évolution de l'épidémie et en fonction de ça, d'aller plus loin dans le déconfinement. Ce rendez-vous, c'est le conseil de défense de cette fin de semaine où un certain nombre de sujets vont être abordés et notamment le fait de savoir si on peut aller plus loin dans le déconfinement pour la culture, pour les salles de spectacle, pour les salles de cinéma. Les salles de cinéma, on travaille sur une réouverture à partir du 1er juillet ou début juillet, pour les salles de spectacle on essaie de se dire que peut-être pouvons-nous commencer à rouvrir progressivement à partir de juin les salles de spectacles, ce n'est pas décidé, mais c'est des scénarii sur lesquels nous travaillons. 

RENAUD DELY 
Les premières annonces, Franck RIESTER, concernant le secteur de la culture, elles ont mis un peu de temps à venir, vous évoquiez le plan intermittent, il a fallu attendre le début du mois de mai, beaucoup d'acteurs, certains acteurs de la culture, des artistes, vous ont reproché à vous personnellement d'avoir été peut-être trop discret, trop silencieux. 

FRANCK RIESTER 
Ecoutez, d'abord j'étais au travail avec les équipes du ministère que je salue, qui ont fait un travail remarquable malgré les difficultés et qui ont permis de tout de suite faire en sorte que toutes les mesures d'urgence qui ont été prises par le gouvernement soit accessibles aux acteurs de la culture. 

RENAUD DELY 
Est-ce que vous auriez dû parler davantage pour rassurer davantage ? 

FRANCK RIESTER 
Vous savez, on était dans un moment où la communication,  moi je veux bien avoir tous les procès de communication, on peut toujours mieux faire,  on peut toujours mieux communiquer, on peut toujours communiquer davantage, simplement le gouvernement communiquait sur ce qui était la  priorité de nos compatriotes, c'est comment faire pour se protéger du virus et comment gérer le confinement, quels sont les problématiques hospitalières, de santé et donc c'était là où on a voulu mettre l'accent en termes de  communication. Pour autant on est nous étions travail parce qu'au-delà de la communication, ce qui compte c'est l'action.  Quelles mesures pour protéger celles et ceux qui travaillent dans la culture ? Je vous ai parlé de l'année blanche jusqu'à fin août 2021 pour les intermittents du spectacle, mais c'est aussi toutes les mesures qui ont été prises et qui sont accessibles pour les gens de la culture, je pense aux prêts garantis par l'Etat, je pense au fonds de solidarité pour les indépendants et les artistes-auteurs. Je pense bien évidemment à l'accès au chômage partiel, je pense au report ou voire exonération de charges sociales, je pense, ou de cotisations sociales, je pense bien évidemment aux dispositifs spécifiques ont été mis en place par les opérateurs du ministère de la Culture, le CNC pour le cinéma, le CNL pour le livre, le Knapp pour tout ce qui concerne les arts plastiques ou encore bien également le Centre national de la musique pour la musique. Bref, on a essayé de tout de suite avoir des réponses pour que cette crise terrible qui touche et comme vous l'avez très bien rappelé, Marc FAUVELLE, particulièrement la culture, soit la moins dure possible.  

MARC FAUVELLE  
Il y a toujours un ministère de la Culture, les décisions se prennent pas uniquement à l'Elysée ? 

FRANCK RIESTER  
Non, mais attendez, que le président… on ne peut pas reprocher, on ne peut pas dire il y a des décisions qui se prennent à l'Elysée et l'autre côté comme j'ai parfois entendu certains, s'interroger si le président de la République soutient la culture ou pas. Le président de la République, il soutient la culture. 

MARC FAUVELLE 
Vous avez trouvé normal par exemple, Franck RIESTER, que la décision de la réouverture du Puy-du-Fou se fasse directement après une série d'échanges entre Philippe de VILLIERS et le chef de l'Etat ? 

FRANCK RIESTER 
Il y a toujours un président qui est déterminé à faire des arts et la culture, une priorité et c'est normal que le président de la République dise ce qu'il le ressent, et dise les choix forts qui sont faits par le gouvernement et par lui-même. Et en ce qui concerne le Puy-du-Fou… 

RENAUD DELY 
Le Puy-du-Fou, ça fait partie domaine réservé du président ? 

FRANCK RIESTER 
Non, non le Puy-du-Fou, c'est un complexe de loisirs important que nos compatriotes apprécient tout particulièrement, qui a un rôle économique et culturel dans en Vendée et donc c'est évidemment un sujet de préoccupation comme bien d'autres.  sera officialisée lors du Conseil de défense la réouverture du Puy-du-Fou dans le cadre, dont les modalités seront précisées et ma  conviction et je milite pour ça, c'est qu'on puisse en même temps rouvrir progressivement les salles de spectacle, les théâtres, pouvoir  réorganiser progressivement en étant responsable, en se précipitant pas, en respectant les normes sanitaires aussi  un certain nombre de concerts y compris en extérieur pour permettre que progressivement les artistes retrouvent leur public.  

MARC FAUVELLE 
Donc si Valéry GISCARD-D'ESTAING veut rouvrir le parc Vulcania, il appelle directement Emmanuel MACRON plutôt que de passer par vous. 

FRANCK RIESTER  
Mais non, mais écoutez d'abord le parc du Puy-du-Fou n'est pas directement dans le giron du ministère de la Culture puisque les parcs à thèmes sont plutôt dans le giron du ministère du Tourisme et donc ce n'est pas, le ministère de la Culture… 

MARC FAUVELLE 
La culture n'est pas concernée et donc ils ne vont pas tous… 

FRANCK RIESTER 
Ce n'est pas ça, c'est que ce n'est pas moi directement qui est en charge du Puy-du-Fou, c'est Jean-Baptiste LEMOYNE en tant que secrétaire en charge du Tourisme. 

RENAUD DELY 
Ils ne vont pas tous rouvrir en même temps. Le Puy-du-Fou va rouvrir avant les autres, avant Vulcania ou le parc Astérix ou Eurodisney. 

FRANCK RIESTER 
Ecoutez ça, ce sont des décisions qui vont être prises en conseil de défense, je ne peux pas vous annoncer des choses qui n'ont pas été décidées. 

MARC FAUVELLE  
Donc après-demain. 

FRANCK RIESTER  
Ce qui est certain c'est que dans le champ qui est le mien pour le spectacle vivant, je milite pour que nous puissions progressivement retrouver des spectacles, des pièces de théâtre, des concerts en France, en ne brûlant pas les étapes, en y allant progressivement, en respectant les normes de sécurité qui ont été travaillées de pendant des semaines dans les instances spécifiques notamment le Conseil national des professions du spectacle, pour permettre la réouverture de ces lieux. 

MARC FAUVELLE  
Franck RIESTER, restez avec nous. 

MARC FAUVELLE 
Franck RIESTER, est-ce que vous irez dans les rues le 21 juin prochain chanter pour la Fête de la musique ?  

FRANCK RIESTER 
Je ne sais pas si ça sera dans les rues, je ne sais pas si je vais chanter mais je vais fêter la musique, oui. C'est important, tout particulièrement parce que la musique nous a apporté beaucoup dans cette crise, mais plus largement parce que nous sommes attachés à la musique. C'est un des arts les plus populaires, les plus appréciés de nos compatriotes et que nous sommes habitués à fêter le 21 juin. 

MARC FAUVELLE 
Il y aura des concerts ce jour-là ou pas ?  

FRANCK RIESTER 
Bien évidemment nous ne ferons pas à la Fête de la musique comme d'habitude. Quand j'ai dit que je souhaitais que la Fête de la musique se tienne, certains ont été caricaturaux en mettant des photos où on était dans les rues tous serrés comme des sardines, à moitié ivres. Ça peut être parfois la réalité de la Fête de la musique, ça ne sera pas cette Fête de la musique 2020 bien évidemment. Et donc on a fait des préconisations là aussi au Conseil de défense pour un certain nombre de propositions de modèle de Fête de la musique pour le printemps, en fonction de ce qu'on souhaite faire en matière de maîtrise de l'épidémie. Mais ce qui est certain, c'est qu'il faut fêter la musique. Est-ce que c'est dans un format très réduit uniquement depuis nos balcons ou en numérique ? Ou est-ce qu'on pourra aller plus loin avec quelques concerts organisés en lien avec les maires et les préfets dans les territoires et en respectant, bien sûr, toutes ces consignes ? Est-ce que c'est des événements phares qui mettront à l'honneur les musiciens, les artistes, les chanteurs de notre pays qui sont formidables ? C'est sûr que ça ne sera pas le même modèle que d'habitude. 

RENAUD DELY  
Vous avez évoqué, Franck RIESTER, le fait que vous travaillez sur la réouverture des cinémas à partir du début du mois de juillet. Les tournages, certains tournages ont d'ores et déjà repris.  Je crois que vous avez rencontré, vous avez discuté hier plutôt, par visioconférence avec le monde du cinéma d'un fonds, de la mise en oeuvre d'un fonds d'indemnisation. Quelle est la nature de ce fonds d'indemnisation ? Quel est son objet ? C'est de protéger justement le risque Covid ?

 FRANCK RIESTER 
Exactement. Pour que les tournages reprennent, il faut que les producteurs soient protégés s'il y a d'éventuels sinistres Covid. Parce que les assureurs aujourd'hui - on peut le regretter, on a essayé de trouver des solutions - ne peuvent pas ou ne veulent pas… 

RENAUD DELY 
Ils ne veulent pas ?  

FRANCK RIESTER 
C'est un peu les deux parce qu'ils ne peuvent pas se faire réassurer, eux, de leur côté, financer le risque Covid. Donc nous avons pris la décision, parce que c'est vital que nous reprenions les tournages parce qu'il y a des besoins pour la télévision, il y a des besoins pour le cinéma, de tourner de nouveau. Et pour cela, les producteurs ont besoin d'être sécurisés. Donc un fonds a été annoncé par le président de la République sur la proposition que je lui ai faite de créer un fonds de 50 millions d'euros qui permettra d'indemniser les producteurs en cas de sinistre Covid. Et donc grâce à ça, les producteurs vont pouvoir recommencer à tourner, sachant qu'ils ont travaillé aussi dans le cadre de la branche professionnelle production, sur les modalités sanitaires de reprise des tournages.  

RENAUD DELY 
Concrètement si quelqu'un tombe malade pendant un tournage et donc que le tournage doit s'arrêter pour des raisons sanitaires, c'est ce fonds qui indemnisera et les producteurs ?  

FRANCK RIESTER 
Exactement.  

RENAUD DELY 
Comment sera-t-il abondé ? Vous annoncez 50 millions. 

FRANCK RIESTER 
50 millions d'euros par l'Etat et on travaille avec les régions pour que certaines régions, qui le peuvent ou le souhaitent, puissent abonder ce fonds pour notamment inciter les tournages dans leur région. 

MARC FAUVELLE 
Quand les théâtres et les cinémas, Franck RIESTER, vont pouvoir rouvrir leurs portes dans quelques jours, on l'espère, ou quelques semaines, quelle sera la règle pour les spectateurs ?  

FRANCK RIESTER 
Alors c'est un des éléments dont on va avoir la réponse du Conseil de défense. 

MARC FAUVELLE 
Il faudra laisser des fauteuils vides comme dans le métro ? 

FRANCK RIESTER 
Il y aura évidemment la question de la gestion des flux pour ne pas que les flux se croisent de trop. C'est la distanciation physique, et si la distanciation physique pour X raison ne peut pas être suffisante, c'est le port du masque qui devra être obligatoire. Et ça ces modalités-là, elles ont été très bien travaillées pour les salles de cinéma. Il y a eu un vote en CHSCT - c'est un comité hygiène et sécurité de la filière - pour ensuite être transmis au Ministère de la Santé. Le Ministère de la Santé étudie les conditions de reprise des salles de cinéma, on l'espère, début juillet. Et tout ça sera définie dans ce cahier de reprise d'activité, on va dire. 

MARC FAUVELLE 
On pourra encore venir en famille se faire une toile par exemple ou on sera dispersé dans la salle ?  

FRANCK RIESTER 
Alors c'est une des questions. Aujourd'hui les salles de cinéma préconisent plutôt de réduire le nombre de personnes dans les salles, c'est-à-dire en gros d'avoir une réduction en pourcentage des jauges sans forcément qu'il y ait une séparation physique stricto-sensu de tout le monde. 

MARC FAUVELLE 
On pourrait rester groupé au moment du film.

 FRANCK RIESTER 
Par exemple. Mais vous savez, quand vous venez à quatre dans un cinéma, vous êtes à quatre dans la voiture, c'est un peu aberrant d'aller dire : par contre dans la salle de cinéma, vous vous espacés de deux fauteuils, alors qu'ils étaient dans la voiture ensemble non-espacés. Mais par contre si vous n'êtes pas espacé, peut-être qu'il faudra que vous portiez le masque en revanche. Ça par contre, c'est peut-être indispensable. 

MARC FAUVELLE 
Une des pistes, c'est ça. Les groupes portent des masques et ceux qui sont… 

FRANCK RIESTER 
Non, écoutez, ça c'est défini… Moi je ne rentre pas… 

MARC FAUVELLE 
Pourquoi ce protocole ?  

FRANCK RIESTER  
Je ne rentre pas moi dans ce détail-là. Ça, c'est les professionnels en lien avec le Ministère de la Santé qui définiront ces normes-là et ensuite la décision du Conseil de défense. C'est comme ça qu'on doit travailler. Vous savez, sur ce sujet-là comme sur tous les autres, c'est de la responsabilité.  On connaît les principes : distanciation physique, gestes barrières, se laver les mains, le masque quand on voit bien que c'est difficile de maintenir la distanciation physique, le fait que les flux soient gérés intelligemment pour pas qu'il y ait de croisements de flux, ça ce sont les fondamentaux. Et on les adapte en fonction des secteurs d'activité et éventuellement des lieux. 

RENAUD DELY 
Pour les cinémas, l'objectif de la réouverture, c'est début juillet. Pour les théâtres, les salles de théâtre, c'est le même horizon ? 

FRANCK RIESTER 
On voudrait plutôt que ça soit même avant. En fait il faut savoir que… 

RENAUD DELY 
Les salles vont rouvrir en juin ?  

FRANCK RIESTER 
Attendez. Sur les salles de spectacle, théâtre, concert, nous souhaitons que les salles rouvrent progressivement, pourquoi pas à partir de juin. Mais ça, cette décision, c'est celle que je défends mais je n'ai pas toutes les informations en termes de circulation de l'épidémie. De toute façon on aura ces informations définitives après-demain et le Conseil de défense tranchera sur les différentes possibilités. A partir de quand on peut rouvrir, selon quelles modalités on peut rouvrir. Nous, nous travaillons pour que cette réouverture puisse se faire progressivement à partir de juin.  

MARC FAUVELLE 
En commençant par les petites salles ou les plus grandes, Franck RIESTER ? 

FRANCK RIESTER  
Les plus grandes de toute façon qui nécessitent une autorisation préfectorale, elles ne seront pas ouvertes avant fin août. On l'a dit, on ne reviendra pas là-dessus. Mais que progressivement certains concerts, certaines pièces de théâtre puissent se faire en respectant ces fameuses consignes qui ont été travaillées dans le cadre du Conseil national des professions du spectacle et qui seront entérinées d'une manière précise par le Conseil de défense, ça serait une bonne chose pour nous.

 RENAUD DELY 
Et en tenant compte des régions et des départements classés verts ?  

FRANCK RIESTER 
C'est effectivement un des points qui restent encore en suspens. C'est est-ce qu'on commence à ouvrir d'abord dans les départements verts puis dans les départements rouges, sachant que par exemple les salles de cinéma elles doivent absolument ouvrir en même temps dans tous les départements parce qu'il y a une question de gestion de la distribution des films, à la fois pour l'amortissement du coût… 

MARC FAUVELLE 
Soit on rouvre tous les cinémas soit on n'en rouvre aucun. 

FRANCK RIESTER 
Oui, c'est ça. Parce qu'en fait c'est ce que nous disent les salles et on est à l'écoute de ce que nous disent les salles… 

MARC FAUVELLE 
S'il reste un département en rouge, les cinémas ne rouvriront pas ailleurs.   

FRANCK RIESTER 
Non. C'est-à-dire qu'on va prendre la décision éventuellement d'ouvrir y compris dans les départements rouges les salles de cinéma. La décision n'est pas prise mais ce qui est certain, c'est que les salles de cinéma nous disent : nous, on a besoin d'ouvrir partout en France de la même façon pour amortir le coût de la distribution et pour que les Français comprennent quels sont les films à l'affiche. Et si on communique d'une façon à Paris et d'une autre à Bordeaux, ça ne peut pas fonctionner. Donc on est à l'écoute de ça et ils nous disent une deuxième chose : c'est qu'au moment où vous nous dites « vous pouvez ouvrir », il nous faut quatre semaines pour se mettre en oeuvre. Enfin, pour mettre en oeuvre la décision d'ouverture… 

MARC FAUVELLE  
Même si on décide après-demain, on est parti sur fin juin. 

FRANCK RIESTER 
Fin juin, début juillet, d'où la cible début juillet. 

MARC FAUVELLE
 Franck RIESTER, ministre de la Culture, avec nous jusqu'à 9 heures. 

MARC FAUVELLE 
Franck RIESTER, la chaîne France 4 devait disparaître dans sa version actuelle pour basculer vers le numérique dans quelques mois, est-ce qu'avec ce qui s'est passé pendant le confinement les programmes éducatifs qu'elle a diffusé, le succès qu'ils ont rencontré, elle a sauvé sa peau ? 

FRANCK RIESTER 
France 4 a su modifier ses grilles de programmes pour tenir compte de la crise, c'est un grand succès et globalement d'ailleurs l'audiovisuel public a été remarquable dans cette crise. Je tiens à saluer d'ailleurs FRANCE-INFO qui a continué d'informer nos compatriotes malgré les difficultés et on a la chance d'être dans un pays où l'audiovisuel public est à la hauteur de ses missions, globalement d'ailleurs, des permettez-moi cette parenthèse, les médias et la presse ont été exemplaires pendant cette crise, que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur privé. 

MARC FAUVELLE  
Et pour France 4 ? 

FRANCK RIESTER  
Oui mais  c'était important de le dire, pour France 4, elle a su modifier ses programmes, elle a su peut-être réaffirmé peut-être davantage sa  mission de service public pour la jeunesse, pour l'éducation et donc, j'ai demandé à Delphine ERNOTTE de nous remonter est ce que pourraient être les grilles de programmes de France 4 si on ne devait pas  éteindre le signal de France 4 au 9 août comme c'était prévu et j'attends aussi d'elle, qu'elle me finalise le pack jeunesse et  éducation que nous lui avons demandé, si jamais France 4 était éteint au 9 août. 

MARC FAUVELLE 
Donc il est prévu si je vous suis bien qu'on puisse continuer à suivre France 4 à la télé et pas uniquement sur les tablettes ou sur un ordinateur ?  

FRANCK RIESTER
Tout à fait, le président de la République nous a demandé de réexaminer toutes les réformes qui étaient en cours  y compris celles de l'audiovisuel et donc y compris la fermeture de France 4 et de France 0,  j'ai besoin d'avoir des  formations précises sur ce que pourrait être le maintien de France 4 et le maintien de France O, les conséquences financières, les  conséquences en termes de grille de programme, est-ce que oui ou non il y aura toujours  cette spécificité autour de l'éducation,  de la jeunesse vraiment très positive que nous avons pu constater pendant la crise, en lien avec l'Education nationale par exemple et nous prendrons la décision en lien évidemment et sous l'autorité du Premier ministre et  du président la République.  

MARC FAUVELLE 
Toute la réforme de l'audiovisuel repart à zéro ? Qui prévoyait notamment, pardon, on va le rappeler, la création d'une holding regroupant notamment France Télé et cette maison France Info et Radio France.

 FRANCK RIESTER 
Oui et l'audiovisuel, les objectifs qui ont conduit à la création et l'établissement de cette loi audiovisuelle sont toujours d'actualité, je dirais même, ils sont encore plus d'actualité. La nécessité d'adapter l'audiovisuel public, de réaffirmer ses missions de service public parce qu'on voit que quand elle réaffirme bien ses missions de service public, elle a un vrai succès. 

MARC FAUVELLE 
Elle a parfaitement fonctionné pendant la crise. 

FRANCK RIESTER 
Justement, elle a aussi accentué ses programmes de jeunesse, ses programmes d'éducation par rapport à ce qu'était le cadre de France 4 jusqu'à présent. 

MARC FAUVELLE 
Donc il n'y avait pas besoin de loi finalement il suffisait de cette crise de coronavirus. 

FRANCK RIESTER 
Attendez, ne caricaturons pas, franchement Marc FAUVELLE si vous caricaturez les sujets, je crois qu'on ne va pas s'en sortir parce que c'est un sujet important, l'audiovisuel a besoin aussi d'adapter ses usages, enfin adapter son organisation à la révolution des usages qu'a entraîné la révolution du numérique.  Tous les groupes dans le monde se sont organisés en groupes, en regroupant la télé, la radio, l'Internet dans leur pays et dans le rayonnement autour, partout dans le monde et donc je continue de penser que c'est une bonne chose pour l'audiovisuel public.  Ce qui était dans le projet de loi, c'était aussi la modernisation de la télévision linéaire avec la ultra HD, ce qu'était dans le projet de loi, c'est la fusion du CSA et de la Hadopi pour moderniser la régulation du secteur de l'audiovisuel et du numérique, ce qu'était dans le projet de loi c'était aussi de faire en sorte que les plateformes financent la création française cinématographique et audiovisuel. Eh bien tous ces objectifs, ils sont toujours d'actualité, mais force est de constater que le calendrier parlementaire est complètement chamboulé. Nous avions commencé à étudier le projet de loi audiovisuelle dans en commission et donc il faut revoir si on a la possibilité toujours malgré les urgences de pouvoir inscrire le projet audiovisuel dans l'agenda du Parlement. 

RENAUD DELY
 Il y a aussi Franck RIESTER, des objectifs d'économies qui sont assignés au service public, que ce soit la télévision ou à Radio France, est-ce que ces objectifs d'économies s'ils restent d'actualité, est-ce qu'ils peuvent être repoussés, est-ce qu'il y a un sursis qui est accordé en rappelant que Radio France comme France Télévisions ont aussi perdu des recettes publicitaires pendant cette crise ? 

FRANCK RIESTER 
Ecoutez, nous ferons un point très précis avec la direction de Radio France comme avec la direction de toutes les entreprises publiques pour voir quelle est la trajectoire financière, a priori nous avons pas vocation à changer la trajectoire financière, mais nous devons regarder la situation financière exacte avec objectivité et lucidité.  

RENAUD DELY 
Le délai pourrait être prolongé ? 

FRANCK RIESTER 
Pas spécialement pour l'instant on a besoin de faire le point pour voir les conséquences financières de la crise sur les entreprises audiovisuelles publiques, pour l'instant la trajectoire financière n'a pas évolué, mais nous regarderons la situation avec lucidité comme nous allons le faire avec malheureusement toutes les entreprises du secteur des médias et de l'audiovisuel qui sont particulièrement impactées. Je pense aux radios d'ailleurs du secteur privé, les radios locales, les radios associatives… 

MARC FAUVELLE 
Les radios privées qui demandent que la publicité soit suspendue sur les antennes… 

FRANCK RIESTER  
J'ai vu ça. 

MARC FAUVELLE 
Publiques, qu'est-ce que vous allez faire ? 

FRANCK RIESTER 
Moi je considère que tout ce qui est déshabillé les uns pour habiller les autres n'est pas la bonne solution, donc je n'ai pas envie de déshabiller l'audiovisuel public pour habiller l'audiovisuel privé. En revanche le secteur de l'audiovisuel privé a été particulièrement impacté dans des situations dramatiques et nous devons absolument trouver des solutions pour accompagner ce secteur. 

MARC FAUVELLE  
Vous avez été réélu le 15 mars dès le 1er tour, maire de Coulommiers. Vous avez rendu votre mandat pour rester ministre, pourquoi ce n'est pas le cas de Gérald DARMANIN, pourquoi lui peut cumuler et pas vous ? 

FRANCK RIESTER 
Mais Gérald avait très clairement annoncé qu'il souhaitait être maire à l'issue des élections. 

MARC FAUVELLE 
On avait tous compris que du coup il ne serait plus ministre. 

FRANCK RIESTER  
Il a eu une discussion avec le président de la République et le Premier ministre qui lui ont donné manifestement un temps pour cumuler les deux fonctions.  Moi, je m'étais engagé auprès des habitants de Coulommiers de ne pas être maire si jamais je continuais d'avoir l'honneur d'être le ministre dans ce gouvernement, et donc j'ai très clairement dit qui serait la maire en l'occurrence de Coulommiers, elle a été élue samedi, c'est Laurence PICARD, les choses étaient très claires avec nos compatriotes, enfin avec mes administrés de Coulommiers. 

RENAUD DELY 
Est-ce que vous avez Franck RIESTER depuis le 15 mars des nouvelles d'une de vos anciennes collègues au gouvernement qui est Agnès BUZYN ? 

FRANCK RIESTER 
Je n'ai pas eu de nouvelle d'Agnès BUZYN, non je n'ai pas eu l'occasion d'échanger avec elle. 

RENAUD DELY 
 Est-ce que, elle a vocation à demeurer la candidate de la République en Marche à Paris aux municipales ? 

FRANCK RIESTER 
Ecoutez a priori oui et nous à Agir, vous savez que je préside le parti politique Agir, c'est Pierre-Yves BOURNAZEL qui est notre leader à Paris et il est dans l'équipe d'Agnès BUZYN. 

RENAUD DELY 
Vous soutenez toujours la candidature d'Agnès BUZYN pour le deuxième tour du 28 juin. 

FRANCK RIESTER 
Agnès BUZYN est une femme politique remarquable. 

MARC FAUVELLE  
Une candidate que personne n'a vue depuis le lendemain du premier tour où elle avait qualifié dans le journal Le Monde de mascarade la campagne compte tenu de ce qui se passait avec cette épidémie, ça ne pose pas de difficulté à la République en Marche ? Il va falloir la trouver d'abord, Agnès BUZYN. 

FRANCK RIESTER 
Ecoutez, franchement ce n'était absolument pas le moment… 

MARC FAUVELLE
 Personne ne sait où elle est, on sait qu'elle est allée soigner des malades dans un premier temps… 

FRANCK RIESTER 
Vous avez raison de le rappeler parce qu'il faut le saluer. Oui mais attendez, c'est bien. Donc je vous le dis, c'est très bien et donc on ne peut pas reprocher à Agnès BUZYN de ne pas avoir fait campagne franchement, ce n'était pas le moment de faire la campagne pour les élections municipales, on ne savait même pas si ça allait le 28 juin ou pas. Donc maintenant on va rentrer dans une période de campagne électorale et Agnès BUZYN devrait faire campagne bien évidement. 

MARC FAUVELLE 
Il n'y a pas de plan B OU DEPLAN C, parce qu'il y a eu Benjamin GRIVEAUX, il y a eu Agnès BUZYN, il y a pas un troisième plan possible. 

FRANCK RIESTER  
Franchement je ne suis pas au coeur des réflexions de la stratégie de la campagne à Paris de la majorité présidentielle, j'ai chez comme vous l'avez compris beaucoup de chats à fouetter, ce qui est certain c'est que Pierre-Yves BOURNAZEL est en contact permanent avec Agnès BUZYN et ils vont présenter une candidature pour les élections du 28 juin, à n'en pas douter. 

MARC FAUVELLE  
Merci à vous Franck RIESTER. 

FRANCK RIESTER 
Merci à vous.   


Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 mai 2020