Texte intégral
Q - Bonjour Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat en charge du tourisme, merci d'être avec nous en direct ce matin. La ministre des transports, Elisabeth Borne, recommande de ne pas partir à l'étranger, c'est ce qu'elle a dit, la ministre des Transports, les déplacements restent limités à cent kilomètres autour du domicile jusqu'au mardi 2 juin. On a besoin effectivement de savoir, Jean-Baptiste Lemoyne. D'abord, les cent kilomètres, pour le tourisme c'est quand même un problème en l'état actuel des choses, est-ce qu'on va pouvoir les dépasser à partir de la semaine prochaine ?
R - Vous savez, en 1936 les congés payés étaient une conquête sociale. En 2020, on le voit, ces vacances, c'est une sorte de conquête sanitaire, c'est-à-dire que chacun de nos efforts individuels et collectifs permet, si je puis dire, de desserrer un peu l'étau et d'avoir plus de liberté dans les mouvements.
Donc, cette semaine, seront annoncées justement les nouvelles modalités de cette deuxième phase de déconfinement, celle qui s'ouvre à partir de la semaine prochaine, du 2 juin. Et l'idée, c'est de pouvoir donner plus d'amplitude à cette mobilité. Et le 14 mai, le Premier ministre a indiqué, lors du comité interministériel pour le tourisme, que les Français pourraient partir en vacances, je le cite, en métropole et outre-mer. Donc, effectivement, il y aura cette capacité à pouvoir redécouvrir la France, ses terroirs, son patrimoine et ses richesses.
Q - Vous parlez de plus d'amplitude à partir de la semaine prochaine, on pourra faire plus de cent kilomètres au-delà de notre domicile ?
R - Ecoutez, je ne peux pas préempter les décisions qui seront celles du Conseil de défense, mais nous planchons naturellement sur un élargissement significatif parce que je crois qu'il y a des résultats qui sont enregistrés dans la lutte contre l'épidémie, contre ce virus et qu'effectivement, petit-à-petit, les acteurs se sont mis en phase de pouvoir concilier à la fois la sécurité sanitaire et les activités. Beaucoup de protocoles sanitaires ont été élaborés par les professionnels du tourisme. Je veux saluer ce travail, notamment dans l'hôtellerie et la restauration.
D'ailleurs, nous avons reçu le 19 mai dernier un avis du Haut Conseil de la santé publique tout à fait encourageant sur les modalités permettant aux cafés, aux restaurants, pour reprendre leur activité, avec justement un mètre d'espacement par table, mais sans faire référence aux quatre mètres carrés qu'évoquait Philippe Etchebest un peu plus tôt dans votre matinale. Donc, je crois que tout cela est de nature en tous les cas à pouvoir relancer leur activité, tout en prenant un maximum de soin, de sécurité. Les professionnels se sont organisés.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, c'est important ce que vous dites effectivement pour les restaurateurs qui attendent de pouvoir rouvrir dans les meilleures conditions. Donc, ce mètre de distanciation, on peut dire que c'est acté aujourd'hui. Est-ce qu'on peut dire aussi, selon toute vraisemblance, évidemment, que les restaurants vont avoir le droit de rouvrir à partir de mardi prochain ?
R - Je fais référence à un avis du Haut Conseil de la santé publique. Après, l'instance qui décidera de tous ces éléments, de cette deuxième phase du déconfinement, c'est le Conseil de défense. Donc, encore une fois, je ne préempte pas ses décisions. Ce que je dis c'est que le Haut Conseil de la santé publique en tous les cas s'est montré encourageant sur les modalités de reprise de ces activités sociales, ô combien importantes, on le sait : dix restaurants qui restent fermés, c'est moins de débouchés pour notre agriculture, pour notre pêche. Ils sont des maillons essentiels et ils sont aussi, je crois, une partie de l'âme française.
Q - Quand peut-on attendre ces annonces, Jean-Baptiste Lemoyne, vous dites après le Conseil de défense, c'est une évidence, mais quand aura-t-on ces annonces, selon vous ?
R - Ecoutez, c'est une question de jours désormais, puisque nous avions donné rendez-vous aux professionnels fin mai, pour justement leur donner toutes les précisions sur ces calendriers, sur les modalités. Donc, je pense que d'ici jeudi tout le monde sera fixé. Le travail se poursuit encore, pendant quelques heures, mais il est important de bien préparer parce que rien ne serait pire que de donner des dates, des perspectives, et qu'à un moment, parce que le virus repart, eh bien, tout le monde doive rétropédaler. Parce que les professionnels, dès lors qu'ils s'organisent, eh bien, ils font des recrutements, ils refont des stocks et tout cela a un coût. Nous les avons accompagnés, nous continuerons à les accompagner, d'ailleurs, de façon appuyée, jusqu'à la fin de l'année. Parce que la reprise va quand même être très progressive, elle va se faire avec une montée en charge, comment dire, qui va être progressive. Et donc, il y a ce besoin de les aider à trouver un point d'équilibre.
En tous les cas, par exemple, s'agissant des hébergements, moi, je me félicite que ce message, en tous les cas, de préparation des vacances, ait été entendu, puisque si j'en crois l'hôtellerie de plein air, les indicateurs sont globalement en train de remonter, les réservations quotidiennes ont été multipliées par trois depuis quelques jours, les Gîtes de France également ont multiplié par dix le nombre de contrats chaque jour. Donc, je crois que les Français sont en train de se renseigner hâtivement, de préparer ces vacances, des vacances qui seront sûrement un peu différentes, mais tout aussi réussies que les précédentes.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, pour ceux qui ont réservé des vacances chez nos voisins européens, en Espagne, au Portugal par exemple, en Grèce, que doivent-ils faire aujourd'hui, annuler leurs vacances, garder leur réservation, quel est votre conseil ?
R - Alors, un travail est en cours, avec les collègues ministres du tourisme de l'Union européenne. Nous nous sommes réunis, mercredi dernier, avec le commissaire Thierry Breton. Nous sommes en train, les uns et les autres, de plancher sur nos plans nationaux, mais il est important d'avoir une coordination, notamment sur le sujet des frontières.
Je pense que c'est autour du 15 juin qu'on pourra avoir des éléments précis sur l'évolution des contrôles aux frontières au sein de l'Union européenne. Je pense qu'on va pouvoir aller vers un allégement progressif, là aussi, au fur et à mesure que l'épidémie reflue dans les autres pays. Et donc, on donnera d'ailleurs une visibilité sur les conditions de déplacement grâce à une plateforme Internet, sur laquelle la Commission européenne travaille, qui synthétisera l'ensemble des décisions nationales. Cela donnera aux voyageurs toutes les informations pratiques, elle va être mise en ligne d'ici quinze jours, je crois, et cela sera très précieux.
Mais j'appelle nos compatriotes français aussi à privilégier la France parce qu'il y a un besoin, je crois, aussi d'aider les professionnels du tourisme français à pouvoir redémarrer. Cette France, encore une fois, on a appris à la redécouvrir dans le rayon de cent kilomètres et on a vu combien elle était riche. Là, il y aura cette capacité à aller en France un peu partout, c'est très important, et aussi, nous, à nous préparer à accueillir les amoureux de la France, souvent Belges, Néerlandais, qui parfois ont des résidences secondaires ou ont l'habitude de venir chez nous, mais c'est un été un peu bleu-blanc-rouge auquel j'appelle.
Q - Voilà, vous appelez effectivement à profiter de notre France, cet été. Merci beaucoup d'avoir été en direct avec nous, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat chargé du tourisme, on sera fixé donc d'ici jeudi. On va certainement, Jean-Baptiste Lemoyne, vous nous le disiez en filigrane, effectivement pouvoir dépasser les cent kilomètres à partir de la semaine prochaine, et si vous avez réservé vos vacances dans un pays voisin européen, attendez encore jusqu'au 15 juin, peut-être, pour en savoir davantage. Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin en direct.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mai 2020