Texte intégral
LAURENT BIGNOLAS
Caroline ROUX est donc là pour les 4V, c'est notre rendez-vous du matin après le JT de 07h30, et vous recevez, nous recevons Cédric O ce matin.
CAROLINE ROUX
Cédric O, secrétaire d'Etat au Numérique. Hier il a lancé une application, contestée par les défenseurs des libertés, mais jugée utile par les épidémiologistes. L'application, vous la connaissez, elle s'appelle : StopCovid.
- Jingle -
CAROLINE ROUX
Bonjour Cédric O.
CEDRIC O
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Je le disais, peut-être que les Français la connaissent cette application, mais ont-ils réussi à la télécharger ? C'était un brin compliqué hier, sur notamment l'Apple Store. J'ai essayé de me reconnecter ce matin, je tombe toujours sur une application StopCovid de Catalogne.
CEDRIC O
Alors, si vous scrollez un peu vers le bas, normalement vous devez avoir l'application de l'Etat.
CAROLINE ROUX
Elle est arrivée.
CEDRIC O
Elle est arrivée ce matin.
CAROLINE ROUX
Il y a eu un petit bug au démarrage ?
CEDRIC O
Non, ça prend toujours un peu de temps en fait pour arriver dans les stores, à partir du moment où on appuie sur le bouton, et donc ce qui s'est passé est assez normal. Il y a quand même 600 000 personnes ce matin qui ont réussi à télécharger l'application, donc c'est un très très bon démarrage, et on doit continuer le travail d'explication.
CAROLINE ROUX
Quel est votre objectif justement, en termes de téléchargements, est-ce que vous vous fixez un objectif ?
CEDRIC O
Non, nous n'avons pas d'objectifs. Ce que montrent les études épidémiologiques et scientifiques, c'est que dès les premiers téléchargements, l'application évite des contaminations et évite des malades, voire des morts. Et donc nous sommes très contents de ce démarrage, évidemment il faudra qu'il y ait plusieurs millions de Français qui l'aient, mais c'est un très bon démarrage, et c'est très bien, à l'heure où, comme on l'a vu dans le reportage, on commence à voir des gens retourner dans les restaurants, retourner dans les magasins.
CAROLINE ROUX
Est-ce que vous appelez ce matin, en particulier les personnes à risques et les personnes faibles, à télécharger cette application ?
CEDRIC O
Il faut que tout le monde télécharge cette application. Mais là où elle est le plus utile, c'est les personnes qui croisent d'autres personnes, notamment celles qu'elles ne connaissent pas, celles qui prennent les transports en commun, celles qui vont dans les restaurants, celles qui vont dans les bars, celles qui vont dans les magasins, parce que c'est là que le virus circule.
CAROLINE ROUX
Est-ce que cette application, sincèrement, elle n'est pas lancée un peu tard ?
CEDRIC O
Elle est lancée au plus tôt possible. Ce que disent les épidémiologistes…
CAROLINE ROUX
Un peu trop tard.
CEDRIC O
Non, si vous regardez ce que font les autres pays, par exemple les Allemands, les Italiens, les Espagnols, les Anglais, ils sortent dans 2 semaines. Donc c'est que tout le monde estime que l'application elle est encore utile, elle est encore très utile. Le virus circule toujours, vous l'avez dit, il y a eu encore 100 morts hier, il y a plusieurs centaines de personnes sont contaminées chaque jour, on ne sait pas s'il y aura une deuxième vague, et surtout on passe à une deuxième phase de déconfinement, donc où il y a plus de gens qui vont retourner dans les bars, plus de qui vont retourner dans les restos, et c'est pour cela que l'application elle est utile.
CAROLINE ROUX
Est-ce qu'elle pourrait être rendue obligatoire cette application, en cas de deuxième vague, en cas de retour d'une épidémie plus violente qu'elle n'est aujourd'hui ?
CEDRIC O
Non. Nous, depuis le début on parie sur la responsabilité des Français, donc on a fait un choix fort qui était de dire qu'elle serait uniquement d'installation volontaire, d'ailleurs on a inscrit le fait qu'on ne pouvait pas vous forcer à installer l'application, ni un employeur, ni un commerçant, et donc c'est extrêmement important que les gens comprennent à quoi elle sert, comprennent pourquoi elle est encore utile, en quoi elle protège les libertés, et qu'ils l'installent de leur propre chef.
CAROLINE ROUX
Alors, les libertés, on y vient justement, parce qu'à votre place hier il y avait Marine LE PEN ; je lui ai demandé si elle allait télécharger cette application, elle m'a dit : "Certainement pas, parce que je suis une élue" et qu'elle considère qu'elle est une personne avec des données personnelles qu'elle veut protéger, et elle a dit "Je ne la téléchargerai pas, parce qu'il n'y a pas de contrôle parlementaire et parce qu'il n'y a pas de contrôle de la CNIL sur cette application".
CEDRIC O
Il faut que Marine LE PEN s'intéresse au détail des choses. D'abord, elle a elle-même voté en tant que parlementaire, un contrôle parlementaire et de personnalités indépendantes qui auront accès à tous. L'application, je le rappelle, elle est anonyme, il n'y a aucune donnée qui est accessible, elle est d'installation volontaire, elle est temporaire puisque les données sont effacées au bout de 14 jours, et elle est totalement transparente, c'est-à-dire que le code est transparent et les parlementaires et des personnalités indépendantes ont accès au code. Donc non seulement elle a tort sur les parlementaires, mais elle a tort sur la CNIL. La CNIL s'est prononcée 2 fois et elle n'a pas un historique…
CAROLINE ROUX
Rendu un avis, dit-elle.
CEDRIC O
Exactement.
CAROLINE ROUX
Ce n'est pas un contrôle a posteriori de la mise en place et de la gestion de l'épidémie.
CEDRIC O
Mais elle a aussi accès totalement aux codes et aux serveurs. Donc la CNIL peut tout valider, et elle s'est prononcée 2 fois sur cette application. La CNIL n'a pas un historique très sympathique à l'égard des personnes qui pourraient être un peu dilettantes avec la vie privée, et donc je pense que c'est une garantie suffisante pour dire aux Français que toutes les garanties ont été prises pour protéger la vie privée. Cette application est utile sur de nombreux aspects…
CAROLINE ROUX
On peut juste, pardon, il y a des gens qui vous écoutent et qui ont entendu aussi Jean-Luc MELENCHON qui a dit devant les parlementaires, que lui il demandait même aux gens qui téléchargeraient l'application, qui ont son numéro de téléphone, d'effacer son numéro de téléphone. Qu'est ce qui garantit, à part votre parole, aux gens qui nous regardent, aujourd'hui de dire : je télécharge l'application mais l'ensemble de mes données, de mes contacts, de mes mails ne tomberont jamais entre les mains du gouvernement ou de quelqu'un d'autre ?
CEDRIC O
Mais la meilleure garantie que nous donnons, c'est que l'application est transparente. C'est-à-dire que le code est publié, donc n'importe quel informaticien, non pas le gouvernement, mais n'importe quel informaticien peut aller regarder et vérifier que l'application fait ce que le gouvernement dit qu'elle fait, et rien d'autre. Cela me semble être la meilleure garantie possible qu'on puisse donner aux Français.
CAROLINE ROUX
Et pendant 14 jours les données sont stockées comment ?
CEDRIC O
Elles sont stockées sur votre téléphone. Si jamais vous vous déclarez parce que vous avez été contaminé positif, vous êtes testé positif au Coronavirus, dans ce cas-là elles partent sur un serveur.
CAROLINE ROUX
Quand est-ce qu'on saura si c'est réussi cette application StopCovid ? Je vous demandais tout à l'heure, en termes de téléchargements, comment est-ce qu'on saura si ce n'est pas un gadget ?
CEDRIC O
On va mener un certain nombre d'études de terrain, dans la mesure où c'est complètement anonyme et volontaire on ne peut pas savoir, à partir du serveur, quels sont les gens qui l'utilisent etc., on sait juste le nombre de téléchargements. Donc on va mener un certain nombre d'études terrain. On saura si c'est réussi parce qu'on le verra qualitativement par les médecins généralistes et par les enquêteurs sanitaires, qui nous dirons : voilà, on voit des gens arriver par StopCovid, ça marche bien, etc. etc.
CAROLINE ROUX
Un mot du télétravail. C'est la Une du journal Le Parisien aujourd'hui, et c'est le quotidien de nombreux salariés français. Le télétravail est devenu la norme dans certaines entreprises d'ailleurs, comme le rapporte Libération ce matin, certaines entreprises font installer un logiciel américain qui s'appelle « Up staff » (phon) pour vérifier le temps de travail des salariés, effectif, mais aussi les mouvements de leur souris, et prendre parfois la main. Vous n'avez pas lu cet article, vous ne connaissez pas visiblement, vous faites la moue, ce logiciel, en tout cas est-ce que c'est un contrôle nécessaire, est-ce que ça va trop loin, est-ce qu'il y a des préoccupations, des problématiques qui sont posées au secrétaire d'Etat au Numérique, en ce qui concerne le télétravail ?
CEDRIC O
Alors, sur le télétravail, on voit que dans les sondages qui ont été menés, la plupart des Français qui sont passés au télétravail en sont globalement satisfaits. Je crois que c'est plus de 50, 60 %. Maintenant il faut poser des cadres, parce qu'on pense qu'on ne reviendra pas en arrière, c'est-à-dire que les gens ont trouvé ça très bien d'être en télétravail, il y a eu parfois certains abus. Donc maintenant il faut poser des cadres, c'est-à-dire il y a eu une évolution de la société, une évolution des entreprises. Il faut poser des cadres. Je ne connais pas le logiciel dont vous parlez, ça me semble un peu intrusif cela.
CAROLINE ROUX
Les entreprises qui contrôleraient le temps de travail d'une certaine manière de leurs salariés à distance. CEDRIC O Je pense que là aussi il faut que la CNIL regarde, et là aussi il faut qu'il y ait des gardes fous qui soient mis. C'est-à-dire, tout comme il y a des règles sur votre lieu de travail, dans le cadre du télétravail il doit y avoir des règles, mais il ne faut pas non plus diaboliser le télétravail. La plupart des gens ont trouvé ça très bien.
CAROLINE ROUX
Sur les examens, il y a eu des réticences de la part de certains étudiants, parce que des grandes écoles qui devaient assurer un contrôle pendant les épreuves, là aussi avait mettaient en place une certaine forme de contrôle, des gestes des yeux etc. C'est des choses que vous avez à l'esprit dans les nouvelles règles qui doivent être les nôtres dans notre quotidien ?
CEDRIC O
Là encore effectivement il faut qu'il y ait un certain nombre de règles, c'est certain que passer…
CAROLINE ROUX
Ça n'a pas l'air de vous inquiéter Cédric O.
CEDRIC O
Non, mais parce que, en règle générale je ne veux pas diaboliser les progrès technologiques. Je trouve que ce sont plutôt de bonnes choses.
CAROLINE ROUX
Non mais les contrôler, les gérer.
CEDRIC O
Mais il faut les encadrer, mais il faut le faire posément, sciemment, en posant les bonnes règles, mais en considérant que ce n'est pas mauvais par nature. Je veux dire, encore une fois plus de 60 % des gens ont trouvé ça très bien si ça peut vous éviter de passer une heure et demie dans les transports, tant mieux. Maintenant il ne faut pas qu'il y ait de l'abus.
CAROLINE ROUX
Des hackers ont ciblé des grandes entreprises, vous allez encore dire que je cherche la petite bête, mais enfin bon, des grandes entreprises notamment BOUYGUES Construction ou des services de Marseille métropole, ou des hôpitaux. Est-ce que dans cette période de confinement et de télétravail vous avez été soumis à davantage de cybercriminalité ?
CEDRIC O
Un peu plus pour la cybercriminalité personnelle, mais je ne crois pas que nous ayons plus d'alertes sur les entreprises que nous en avions avant. Les exemples que vous avez cités datent d'avant le coronavirus, nous n'avons pas vu une augmentation systémique de la cybercriminalité sur les entreprises pendant le confinement.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Cédric O.
source : Service d'information du Gouvernement, le 4 juin 2020