Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Le journal de sept heures trente, bienvenue à tous, vous êtes de plus en plus nombreux à vous réveiller avec "La Matinale CNews" tous les matins, merci de votre confiance. A la une évidemment l'enquête qui progresse à Bayonne après l'agression sauvage d'un chauffeur de bus dimanche soir, le parquet demande la mise en examen de quatre suspects dont deux pour "tentative d'homicide volontaire". Philippe MONGUILLOT est toujours dans un état de mort cérébrale, regardez tout d'abord ce que dit sa fille de 18 ans ce matin dans Sud-Ouest, "ce n'est pas mon père qui respire, c'est la machine, on sait que c'est fini".
Hier soir le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste DJEBBARI, a rencontré les collègues du chauffeur, il est toujours sur place, il est notre invité dans ce journal, merci Jean-Baptiste DJEBBARI d'être en direct avec nous ce matin dans "La Matinale CNews". Vous avez discuté avec les chauffeurs de bus de Bayonne très choqués, qu'est-ce que vous leur avez dit ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous. Oui, très choqués, ils avaient beaucoup d'émotion, c'est un collègue qu'ils connaissent depuis pour la plupart plus de 30 ans, avec qui ils ont partagé beaucoup de choses, beaucoup d'aventures, ils étaient évidemment très choqués face à un acte d'une violence tout à fait inédite. Nous avons évidemment parlé de deux choses, parlé de l'émotion, parlé des actions qu'ils vont mener dans les prochains jours et leur assurer évidemment du soutien de l'État. Et puis nous avons ébauché des solutions pour l'avenir pour que cela ne se reproduise pas avec davantage d'équipements, avec une meilleure coordination, les moyens de sécurité, avec peut-être aussi une transformation de la culture. Ils m'expliquaient qu'à Bayonne, terre de rugby, il y a beaucoup d'autogestion en cas de problème et il faut que tout ça évidemment évolue. Ça se fera localement avec le soutien des services de l'État, avec beaucoup d'écoute, beaucoup de proximité et surtout des actes concrets pour que ce type de méfait ne se reproduise pas évidemment.
ROMAIN DESARBRES
Dans les reportages sur CNews on entendait des chauffeurs de bus dire qu'ils souhaitaient être protégés dans leur cabine, quelle est votre position, est-ce que vous êtes favorable à ce type de protection ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous l'avez dit, j'ai eu l'occasion d'échanger pendant une heure hier avec une dizaine de chauffeurs, de contrôleurs et tous ne disent pas tout à fait la même chose. Certains disent effectivement qu'il faut un isolement le plus complet possible de manière à être très en sécurité, d'autres disent que le contact des clients est dans leur ADN, dans leurs traditions et qu'ils veulent préserver ça. Donc moi j'ai écouté tout ça évidemment et je pense que c'est localement qu'il faudra finalement poser le bon curseur, est-ce qu'on doit avoir des chauffeurs qui sont totalement protégés et finalement inaccessibles du côté client, est-ce qu'il faut avoir des parois qui les protègent partiellement mais qui leur permettent quand même d'avoir un contact client, il faudra le définir au niveau local. Vous savez, la réalité de Bayonne n'est probablement pas celle de Paris, de Roubaix ou de Brest, il faudra trouver là encore pour les jours et les semaines qui viennent les moyens qui s'imposent.
ROMAIN DESARBRES
Est-ce qu'augmenter la sécurité des chauffeurs ça ne passe pas aussi par j'allais dire un peu moins de laxisme mais en tout cas plus de sévérité envers les auteurs d'incivilités, ce qu'on appelle pudiquement les incivilités, ceux qui montent à bord avec un pitbull, ceux qui montent à bord sans valider leur ticket, ceux qui montent à bord et qui refusent de porter un masque et tout simplement ceux qui se comportent mal ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, les incivilités et les agressions parce qu'encore hier ils me disaient qu'ils avaient vécu pour la semaine passée trois agressions, les incivilités sont quotidiennes malheureusement dans notre pays ! Nous avons déjà renforcé les moyens, ça a été d'ailleurs commencé en 2016 avec une loi qui a permis d'améliorer beaucoup les choses, nous allons encore améliorer les dispositifs. Par exemple sur la coordination des services de sécurité et des services policiers nous allons faire en sorte de mettre les services là où il y a des points bloquants, là où nous savons qu'il y a particulièrement en l'occurrence près de la gare le matin des groupes d'individus qui montent sans ticket et pour cela nous avons aussi besoin de plus de remontées d'informations. Je parlais parfois un peu de la culture de la débrouille où finalement les chauffeurs faisaient l'autorité dans leur bus, on s'aperçoit qu'aujourd'hui ce modèle a peut-être quelques limites malgré le courage de tous ceux qui sont aujourd'hui en première ligne. Il faut davantage faire remonter l'information, il faut davantage cibler les points durs et envoyer en meilleure coordination les services de sécurité là où il y en a besoin. Mais, vous avez raison, il y a besoin d'améliorer encore la présence humaine là où elle est nécessaire.
ROMAIN DESARBRES
Vous avez dit que la clientèle des bus avait évolué et qu'on observait cette évolution dans les grandes villes, c'est-à-dire évolué vers quoi, qui sont les ces clients à problèmes ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'une manière générale il y a une recrudescence, en tout cas une augmentation du nombre d'incivilités dans tous les réseaux français. Il y a aussi peut-être un impact du Covid-19, c'est ce que nous disaient les différents opérateurs, avec des gens qui se sont très bien comportés d'une manière générale notamment sur le respect du port du masque mais qui finalement entrant par la porte arrière, échappant finalement au contrôle physique du chauffeur se sont permis plus de libertés et ont commis plus d'incivilités, donc il faudra regarder tout ça de très près. Vous savez, la situation à laquelle nous faisons face est à bien des égards, inédite, il y a aussi beaucoup de personnes qui nous disent aujourd'hui ne plus vouloir reprendre le transport en commun. Donc nous allons affronter ces situations de la façon la plus lucide possible, apporter les bonnes solutions mais, oui, nous devons lutter contre ces agressions, ces incivilités, la plupart des usagers se comportent évidemment très bien mais là où il y a des difficultés, là où il y a des points bloquants les réseaux qui portent particulièrement problème il faut que les chauffeurs et les usagers puissent s'y transporter, s'y sentir en sécurité et c'est évidemment une action déterminée que nous allons mener au ministère des Transports.
ROMAIN DESARBRES
J'ai une dernière question, Jean-Baptiste DJEBBARI, Monsieur le Ministre, les syndicats des transports urbains demandent un arrêt de tous les véhicules ce soir à dix-neuf heures trente en soutien, en hommage à Philippe MONGUILLOT, vous soutenez ce mouvement de solidarité ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui parce que, je vous l'ai dit, l'émotion est très, très forte, c'est une communauté ici dans ce service où ils se connaissent les chauffeurs, d'ailleurs hommes et femmes, avec quasiment maintenant moitié de femmes, ils se connaissent depuis plus de 30 ans, je crois que c'est important de marquer un geste de solidarité pendant une minute face à un des leurs qui a subi un acte tout à fait atroce. Donc moi je soutiens évidemment tout ce qui peut marquer l'affection, le soutien et ma présence ici visait évidemment à apporter un soutien de l'État au-delà de l'émotion pour que dans les jours qui viennent ce genre d'événement très malheureux ne se reproduise pas.
ROMAIN DESARBRES
Merci beaucoup Jean-Baptiste DJEBBARI, merci Monsieur le Ministre des Transports d'avoir choisi CNews et "La Matinale" pour parler ce matin, merci beaucoup.
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juillet 2020