Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et notre invité politique ce matin c'est Marc FESNEAU, bonjour !
MARC FESNEAU
Bonjour !
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous, ministre délégué aux Relations avec le Parlement et à la Participation citoyenne, on va revenir d'ailleurs là-dessus puisque ça a été rajouté à votre portefeuille avec le remaniement. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale représentée par Fabrice VEYSSEYRE-REDON, du groupe EBRA, bonjour Fabrice !
FABRICE VEYSSEYRE-REDON, JOURNALISTE DU GROUPE EBRA
Bonjour Oriane, bonjour Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Bonjour.
ORIANNE MANCINI
Un mot sur ce qu'on vient d'entendre et la réponse de Jean CASTEX hier devant les sénateurs, Jean CASTEX qui était interrogé sur le nomination de Gérald DARMANIN, est-ce que Gérald DARMANIN est un problème politique pour ce gouvernement ?
MARC FESNEAU
Non, je ne crois pas du tout, c'est un atout, il a été très actif et très efficace dans son poste précédent et je pense qu'il sera très actif et très efficace dans son poste au ministère de l'Intérieur. Après, le Premier ministre a rappelé simplement ce qu'est l'État de droit et l'État de droit dans ses principes et dans son application. Je pense qu'on est dans un moment où on perd parfois, pardonnez-moi de l'expression, le nord sur ce que sont les grands principes qui doivent s'appliquer à tous les citoyens de la même manière et de la manière la plus égale entre les citoyens et qu'au fond ce qu'est l'engagement d'une procédure judiciaire, le préalable d'ailleurs au fond ne vaut pas acte définitif et que donc la présomption d'innocence est valable pour tout le monde.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Mais vous parlez d'égalité, votre ami politique François BAYROU s'était trouvé dans une situation judiciaire compliquée au moment où il avait été nommé ministre de la Justice, il avait quitté la place Vendôme…
MARC FESNEAU
Je rappelle qu'il avait fait le choix lui-même d'ailleurs courageux…
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui, absolument, absolument.
MARC FESNEAU
…dans un moment, une espèce de tourbillon médiatique qui avait précédé…
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Ce qui est le cas pour Gérald DARMANIN.
MARC FESNEAU
Au fond je me dis avec recul qu'il ne faut pas céder à ce que sont les principes républicains, à chaque fois qu'on cède aux principes républicains, celui-là en est un, il y en a des tas d'autres, on pourrait discuter de ce que sont les principes républicains autour de la police et de la défense de son action et différentes sources de même nature, je pense qu'à chaque fois qu'on cède aux principes républicains on fait reculer la République. Et donc il me semble que c'est important de rappeler ce qu'est l'État de droit, ce que sont les obligations des uns et des autres et ce que sont les principes républicains.
ORIANE MANCINI
Mais quand vous dîtes "avec le recul" ça veut dire que François BAYROU pour vous a démissionné trop vite ?
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui, il aurait dû rester ?
MARC FESNEAU
Non, il n'a pas démissionné trop vite, il a fait un choix personnel, il a considéré que ça pouvait d'une certaine façon nuire à l'action gouvernementale, il portait un texte sur la moralisation de la vie publique et donc on voyait bien les amalgames qui pouvaient être faits à l'époque. Moi je connais la probité de François BAYROU, donc ce n'est pas ça qui était en cause, mais on voit bien que dans le tourbillon qui parfois nous entraîne collectivement, et là ce n'est pas la question de François BAYROU, on peut être entraîné à ne pas essayer de prendre le recul nécessaire pour regarder ce que sont les faits, ce qu'est l'État de droit et ce que sont les principes. Je pense que les citoyens sont très en recherche que les parlementaires, les élus, les hommes politiques, les ministres respectent l'État de droit et respecter l'État de droit c'est tout respecter dans l'État de droit, donc la présomption d'innocence.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous pensez que c'est tenable pour Gérald DARMANIN ?
MARC FESNEAU
Comment ? Pardon ?
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous pensez que c'est tenable pour le ministre de l'Intérieur ?
MARC FESNEAU
Oui, bien sûr.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
D'accord.
ORIANE MANCINI
Allez, on va parler des discours de politique générale de Jean CASTEX, il a prononcé le mot "territoires" 25 fois devant l'Assemblée nationale, 30 fois devant le Sénat, ils étaient à ce point oubliés les territoires avant son arrivée ?
MARC FESNEAU
Non, je ne crois pas mais je pense que c'est important qu'on les réaffirme dans la phase qui va s'ouvrir parce qu'on voit bien qu'on a devant nous une crise économique et sociale qui va concrètement avoir un impact dans les territoires, je vois dans mon propre département ce que sont les premiers impacts de cette crise économique et sociale et donc il y a à la fois la nécessité qu'on fasse travailler les territoires et l'État. Moi je suis toujours malheureux quand je vois des fois des hiatus ou parfois des querelles qu'on essaye de nouer entre l'État, entre la politique gouvernementale et les collectivités locales, je pense que collectivement nous avons une responsabilité, c'est de faire en sorte de répondre aux attentes, aux inquiétudes des citoyens et aux problèmes qu'on a devant nous. Quand vous avez des problèmes d'entreprises qui se retrouvent en difficulté on a besoin de la région, on a besoin des intercommunalités, on peut avoir besoin des autres structures locales et donc il faut qu'on essaye de travailler ensemble, ça n'empêche pas qu'on ait des différences d'approche, mais je pense que cette question-là est importante.
La deuxième question, je pense qu'y compris la crise des Gilets jaunes, elle a révélé aussi le sentiment pour un certain nombre de territoires d'être des "délaissés" de la République, d'être en périphérie au fond de ce que pouvait être la dynamique économique ou ce qu'on appelle la mondialisation et donc il y a besoin aussi de reconnecter au fond ces territoires-là à la République, les territoires ruraux, les territoires urbains, les territoires périurbains. Il y a un certain nombre de gens qui ont le sentiment que les choses se passent sans eux parce que depuis 20 ou 30 ans, je suis toujours fasciné de regarder ceux qui nous donnent des leçons aujourd'hui sur les moyens de l'hôpital, sur les moyens des services publics, sur les dessertes ferroviaires, qui a fait le choix si ce n'est ce gouvernement de dire "le tout-TGV on arrête" parce que c'est le choix qu'avaient fait les gouvernements successifs depuis 30 ans, 40 ans ! Depuis 40 ans on avait dit "on va faire de grandes lignes TGV", ça a été un atout d'ailleurs et c'est un atout, on le voit bien dans la question de dérèglement climatique à quel point ça permet de substituer à l'avion. Mais en même temps quand on a fait ce choix-là, je le vois dans ma propre région, on a fait le choix de délaisser l'entretien et les dessertes ferroviaires et donc là aussi c'est une question territoriale. Et donc les gens ont vu les gares TGV fleurir ici dans un territoire avec très peu de dessertes puis après on voyait passer les trains si je peux dire, on regardait passer les trains au propre comme au figuré et donc c'est ça qu'il fallait faire.
ORIANE MANCINI
Mais Emmanuel MACRON a échoué à parler à cette France, est-ce que Jean CASTEX vous pensez qu'il peut la reconquérir ?
MARC FESNEAU
Mais je ne crois pas qu'Emmanuel MACON ait échoué à parler à cette France, je pense que collectivement, il y a un certain nombre de gens qui en ont joué d'ailleurs en disant "l'équipe gouvernementale - ce qui est totalement faux - les élus à l'Assemblée nationale - ce qui est aussi totalement faux - ne sont pas des gens qui sont connectés aux territoires, ce ne sont que des urbains", moi je pratique très régulièrement les députés de La République en Marche, je peux vous dire que c'est des gens qui sont assez connectés et qui vivaient dans les territoires.
ORIANE MANCINI
C'est aussi l'effet du non-cumul !
MARC FESNEAU
C'est surtout d'ailleurs, et je suis d'accord avec vous, on est dans le premier quinquennat qui vit le non-cumul, qui le vit au sens concret du terme, et donc il y a une interrogation à avoir. Au fond moi j'étais plutôt d'accord avec l'idée d'arrêter le cumul des mandats encore que ça a été très restrictif parce qu'on ne peut même pas être adjoint, on ne peut même pas être…
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Mais il y a des effets pervers, vous êtes en train de nous dire qu'il y a peut-être quelques effets pervers…
MARC FESNEAU
Oui, il y a des effets pervers parce qu'on n'a pas pensé le système ou l'écosystème politique avec des parlementaires que nationaux et au fond quand ils étaient à la fois parlementaires nationaux et un peu dans des exécutifs ils avaient un regard sur ce que faisait le national et puis ils portaient une part de la responsabilité collective…
ORIANE MANCINI
Donc vous dîtes il y a des interrogations…
MARC FESNEAU
…tandis que là on a deux mondes qui ne s'interpénètrent plus !
ORIANE MANCINI
Quand vous dites il y a des interrogations à avoir ça veut dire qu'il faut retravailler sur cette histoire du non-cumul ?
MARC FESNEAU
En fait on a pensé la fin du cumul comme la fin du cumul, très bien, principe général, et on n'a pas regardé, ce n'est pas la seule erreur qui a été faite dans le quinquennat précédent. Je pourrais vous parler pendant 10 minutes du découpage des régions, là aussi on n'a pas du tout mesuré les effets là aussi périphériques. Demandez aux gens qui sont dans la grande région Nouvelle-Aquitaine, demandez à ceux qui étaient en Limousin auparavant dans cette région s'ils ont le sentiment que par cette grande région ils ont le sentiment d'être plus reconnectés territorialement ou pas, non, la vérité est que non ! Demandez dans le Grand Est aux habitants de Charleville-Mézières, aux habitants de Strasbourg s'ils se vivent la même région. Mais je reviens sur cette affaire de cumul, l'idée on pouvait la concevoir mais qu'on n'ait pas pensé le système en se disant qu'est-ce que ça va avoir comme conséquences et c'est valable pour tout le monde. Et au fond, alors ils le disent à bas bruit, quand vous croisez y compris des députés qui ont voté la fin du cumul ils disent "on a peut-être été trop loin et trop fort et pas pensé ce que c'était le système. Et donc ça c'est un travail qu'on a devant nous qui est un travail de ré-arrimage de la démocratie représentative locale avec la démocratie représentative nationale.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous parlez des élus qui sont accusés d'être déconnectés du terrain, ce qui s'est passé ces dernières heures à la fois les propos du président de la République, son interview, à la fois cet échange houleux dans le jardin des Tuileries à Paris entre le président et ces Gilets jaunes, est-ce que ça vous inquiète, est-ce que ça vous rappelle qu'on n'en a pas fini encore avec cette crise sociale au-delà de la crise sanitaire ?
MARC FESNEAU
On n'en a pas fini avec cette crise sociale et malheureusement on y rentre de plain-pied puisqu'on verra les conséquences économiques, on ne peut pas avoir…
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Je parlais de la crise sociale liée aux Gilets jaunes.
MARC FESNEAU
Non, non, juste pour ça que je veux le distinguer, il y a une question de crise sociale générale à laquelle il faut qu'on fasse face, et le Premier ministre a très utilement rappelé que c'était à la fois des grandes mesures nationales et puis qu'après c'était territoire par territoire qu'il fallait essayer de trouver des solutions parce que notre ardente obligation c'est de se battre, c'est de se battre pour les citoyens et pour faire en sorte que territoire par territoire on fasse face, qu'on dise la réalité des choses et des difficultés et qu'on essaye d'y répondre. La deuxième chose ce n'est pas une question de crise sociale, moi je l'avais dit au moment de la crise des Gilets jaunes qui révélait ce que j'ai dit sur la question de la périphérie, du sentiment d'abandon mais qui n'était que la sédimentation finale si je peux dire du problème et du processus. En revanche il y a un certain nombre, c'est pour ça que les responsables politiques portent une grande part dans tout ça, il faut faire attention aux mots qu'on emploie quand on jette à la vindicte populaire un gouvernement, des parlementaires, il y a eu aussi des parlementaires qui ont été très attaqués y compris dans leur propre domicile personnel, on a tendu les rapports et ça ça n'est pas lié à ce gouvernement, ce n'est pas lié au président de la République ! Il y a un certain nombre de gens quand ils disent "on va aller à l'Elysée", etc., il faut que nous dans nos propos on soit toujours vigilant à respecter à la fois le débat démocratique et la nécessaire controverse et en même temps à faire en sorte qu'on ne cherche pas des boucs émissaires et qu'on ne cherche pas des boucs émissaires intuitu personæ.
Et ça ce n'est pas une affaire de crise sociale, c'est une affaire de crise démocratique, c'est pour ça que je séparais les deux sujets. Nous avons un président de la République qui est très actif, qui est aujourd'hui à Bruxelles pour faire en sorte de défendre les intérêts français. Si un accord est obtenu c'est un accord qui sera pour l'essentiel dû à ce qu'aura construit le président de la République avec la chancelière MERKEL, ça c'est des éléments qui sont extrêmement positifs pour l'avenir. Et donc il faut faire attention à ne pas caricaturer les uns et les autres et il faut faire attention à ne jamais accepter dans le débat démocratique la vindicte, l'agression fût-ce-t-elle verbale parce que quand vous commencez par l'agression verbale on ne sait jamais où ça s'arrête. Et donc je pense qu'on peut avoir des joutes oratoires. Vous ne m'avez jamais entendu d'ailleurs être autrement que dans ce registre-là, c'est-à-dire on peut dire des choses, on peut même dire des choses assez sérieuses, voire désagréables !
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Le poids des mots !
MARC FESNEAU
Le poids des mots et moi je pense que quand on est responsable public on est aussi responsable de l'ordre public au fond et de ne pas dire aux gens "allez-y", en gros tout est possible, non, tout n'est pas possible parce que le respect des institutions c'est le respect aussi de ceux qui les incarnent. C'est valable pour la présidence de la République, c'est valable pour le Sénat, c'est valable pour l'Assemblée nationale, c'est valable pour tout le monde au fond, il faut respecter les institutions.
ORIANE MANCINI
On va parler du calendrier parlementaire, il y a beaucoup de choses à dire, d'abord puisqu'on est sur ces questions des territoires, une loi organique sur la différenciation, c'est-à-dire l'expérimentation dans certains territoires, a été annoncée en Conseil des ministres avant la fin de l'été, elle sera inscrite quand dans le calendrier parlementaire, dès la rentrée ?
MARC FESNEAU
Elle sera inscrite dès la rentrée et dès que le Sénat aura procédé à son renouvellement.
ORIANE MANCINI
Donc en octobre au Sénat ?
MARC FESNEAU
Oui, on est en train de caler le calendrier, vous me permettrez de ne pas pouvoir vous en dire plus parce qu'il y a quand même pas mal de véhicules législatifs et vous me permettrez d'en dialoguer avec les deux présidents des assemblées parce que c'est comme ça que ça se passe et c'est bien normal mais je crois que je l'ai déjà dit sur votre plateau.
ORIANE MANCINI
Mais c'est une priorité.
MARC FESNEAU
Mais évidemment c'est l'horizon parce que ça permet tout de suite de donner les premiers signaux autour de cette question de la différenciation, c'est un texte qui est porté par Jacqueline GOURAULT et qui est un texte à mon avis utile parce que c'est un regard porté de façon différente sur la question de la décentralisation. Au fond qu'est-ce qu'on a fait pendant 20 ans ? On a fait de la décentralisation très centralisée, c'est-à-dire on a dit "dans toutes les régions de France la compétence transports sera gérée par les régions", bon. Mais est-ce que la compétence transports est la même chose quand vous êtes en région Ile-de-France que quand vous êtes en région Rhône-Alpes-Auvergne ou en région Centre-Val de Loire ? Non, est-ce que là il n'y a pas des capacités qui fassent qu'on dise "là c'est peut-être plutôt les départements avec les EPCI, là c'est plutôt les régions". Et donc cette différenciation c'est une façon de regarder le rapport aux territoires comme un rapport de différences de situations et donc de différences de réponses.
ORIANE MANCINI
Sur la question du budget du plan de relance, c'est une priorité pour le Gouvernement, le Sénat qui examine ce week-end le troisième projet de loi d'urgence, pourquoi ne pas avoir mis les mesures du plan de relance dans ce troisième budget rectificatif, est-ce que le Gouvernement n'était pas prêt ?
MARC FESNEAU
Il ne vous aura pas échappé une chose, je l'ai évoqué tout à l'heure, il y a un débat budgétaire européen, une partie du plan de relance y compris français mais des autres pays européens est liée aux débats qui vont avoir lieu ce week-end y compris en termes de moyens budgétaires ! Donc ne mettons pas la charrue avant les bœufs comme disait l'autre et donc attendons de regarder les moyens dont disposera notre pays en termes de relance et après on aura des outils de relance. On peut nous faire tous les griefs de la Terre et je sais que c'est un exercice, ce n'est pas vous qui le faites, en général assez commode pour les oppositions, s'il y a bien un pays qui a été extrêmement réactif sur les mesures économiques dès le 17 mars au fond, dès le 17 mars ! Je rappelle que la loi sur l'état d'urgence sanitaire, j'avais procédé aux navettes en remplacement d'un certain nombre de collègues, elle prévoit des mesures économiques dès cette date-là, dès ce moment-là on a identifié ce que pouvaient être les problèmes et au fur et à mesure on a rajouté, on a complété, on a amplifié les dispositifs qui étaient proposés, donc on sera au rendez-vous.
Vous voyez bien d'ailleurs que vous avez plusieurs phases, vous avez l'urgence absolue qui était de sauvegarder tout ce qui pouvait être, les emplois, les situations personnelles, la question sociale, les entreprises. Vous voyez qu'il y a des secteurs qui repartent assez naturellement parce que c'était simplement un stop and go encore que le "simplement" soit un peu caricatural, puis vous avez des secteurs qui sont durablement, lourdement et structurellement impactés ! Je pense au secteur de l'aéronautique, l'aéronautique c'est les avions qui volent mais c'est tous les sous-traitants, toutes les entreprises, il y en a dans tous les territoires de France, vous n'allez pas dans un territoire de France où il n'y a pas des gens qui travaillent dans l'aéronautique et donc là vous avez des sujets structurels et donc vous avez des mesures de plus moyen et long terme.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Autre sujet de réforme, les retraites, conférence sociale aujourd'hui, le Premier ministre reçoit les partenaires sociaux, dans, allez, un an on rentre en campagne pour la présidentielle, est-ce que cette réforme est possible avant la fin du quinquennat ?
MARC FESNEAU
D'abord si à chaque fois qu'on dit "on rentre en campagne" on ne fait plus rien, je dois reconnaître qu'un certain nombre…
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est la présidentielle !
MARC FESNEAU
Je dois reconnaître de nos prédécesseurs se sont assis tranquillement dans le fauteuil sans plus jamais conduire la voiture dans les 18 derniers mois d'un quinquennat. Mais déjà si dans un quinquennat on ampute un tiers de ce temps-là à se dire "attention, élection présidentielle" je pense qu'on fait défaut à la responsabilité qui est la nôtre, c'est de rendre tous les jours utiles jusqu'au dernier jour, premier élément.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Donc la réforme des retraites est possible avant la fin du quinquennat ?
MARC FESNEAU
Il appartiendra, le Premier ministre reçoit les organisations syndicales, je pense que c'est une responsabilité collective, ce n'est pas qu'une responsabilité du Gouvernement. A la fin de l'année on va avoir plusieurs dizaines de milliards d'euros de déficit sur les retraites, on peut faire semblant, le mettre sous le tapis et se dire "on en parle dans deux ans une fois qu'on aura au fond pas dit aux Français la vérité des choses, on leur a raconté des balivernes pendant la présidentielle et après la déception sera au rendez-vous". Ce gouvernement, le président de la République on a toujours fait en sorte de dire les choses telles qu'elles étaient, le gouvernement d'Edouard PHILIPPE et le gouvernement de Jean CASTEX, on a toujours fait en sorte de dire "il y a des difficultés, il faut qu'on essaye de les résoudre ensemble". Et donc sur les retraites on a un sujet à la fois structurel d'équilibre budgétaire, celui qui me dit qu'il n'y a pas de sujet budgétaire sur les retraites je crois qu'il faut qu'il regarde que ceci est une table et ceci est un micro, c'est une réalité factuelle. Et, deux, est-ce qu'il y a des éléments qui font que les femmes en particulier, les carrières hachées, un certain nombre de gens sont au fond pas exclus du système mais en tout cas ce sont ceux qui sont victimes d'un système qui ne fonctionne plus bien et qui n'est plus assez égalitaire, oui, et donc ces questions-là étant sur la table il faut continuer de les poser et de regarder avec les partenaires sociaux.
ORIANE MANCINI
Mais ce sont deux réformes différentes ?
MARC FESNEAU
Oui mais ce n'est pas parce que c'est deux réformes différentes qu'il faut, vous avez entendu le Premier ministre…
ORIANE MANCINI
Mais ça veut dire qu'une réforme paramétrique pour régler ces questions financières sera mise sur la table avant la fin du quinquennat ?
MARC FESNEAU
C'est l'objet de la conférence sociale, c'est de poser sur la table les sujets qu'on veut essayer de résoudre avec les partenaires sociaux. Et il faut être deux, je le disais, au fond on peut faire grief aux gouvernements avec un "s" successifs, si on veut que la démocratie syndicale, la démocratie organisée syndicale puisse elle aussi être un partenaire il faut qu'elle puisse trouver des voies de compromis ! Ca s'est trouvé sur le Ségur la semaine dernière, il y a un certain nombre d'organisations qui ont trouvé un accord avec le Gouvernement ! Quand on arrive à faire converger des points de vue gouvernementaux et des points de vue syndicaux je pense que c'est une bonne nouvelle, c'est toujours une bonne nouvelle.
ORIANE MANCINI
On va parler de l'écologie, Barbara POMPILI qui a dit hier devant les sénateurs qu'il y aurait des groupes de travail avec vous sur les mesures de la Convention citoyenne, à quand le projet de loi qui retranscrit ces mesures de la Convention citoyenne ?
MARC FESNEAU
On va regarder parce qu'il y a plusieurs véhicules possibles, d'abord il y a des choses qui ne sont pas d'ordre projets de loi, qui sont d'ordre réglementaire, bon, il faut écrire les mesures d'ordre réglementaire sachant que dans les propositions de la Convention citoyenne il y a des mesures qui sont assez écrites et assez finement écrites et d'autres qui portent plutôt des principes et donc il faut écrire. Par exemple…
ORIANE MANCINI
Mais ça ce sera à quelle échéance ce qui peut passer par la voie réglementaire ?
MARC FESNEAU
Les groupes de travail vont se mettre en route là durant l'été, après il faut voir, il y a la question dans le calendrier parlementaire de regarder à l'automne ou au début de l'année suivante les choses qu'on peut inscrire. Mais la volonté du président de la République et du Premier ministre et du Gouvernement qu'a exprimé Barbara POMPILI c'est de faire en sorte qu'il y ait une traduction législative.
ORIANE MANCINI
Donc groupes de travail cet été et au Parlement à la rentrée de janvier ?
MARC FESNEAU
Oui, oui, au plus tard c'est dans ces horizons-là, il faut qu'on regarde dans le calendrier parlementaire parce qu'il ne vous aura pas échappé qu'il y a un moment budgétaire qui occupe, nous sommes le parlement…
ORIANE MANCINI
Jusqu'en décembre…
MARC FESNEAU
Nous sommes le parlement du monde qui occupe le plus de temps à son exercice budgétaire, c'est une donnée française, c'est très bien, en tout cas c'est ainsi, et donc il faut qu'on fasse en sorte qu'on soit au rendez-vous de la promesse initiale qui a été faite à la Convention citoyenne, de la promesse qui a été faite par le président de la République en sortie devant les "conventionnels" si je peux dire, il s'est exprimé pour dire "voilà l'ensemble du regard que je porte sur vos propositions". Je pense qu'ils sont en attente, je pense que les Français sont en entente et je pense que par ailleurs il y a un certain nombre de mesures qui sont nécessaires. Et donc il faut qu'on travaille avec eux sans procrastiner comme on dit mais avec le temps qui est nécessaire pour affiner des dispositifs. Il y aura des traductions, par exemple je crois qu'ils portent très haut et à juste titre la question de la rénovation énergétique des bâtiments, ça c'est des éléments qu'on va avoir dans le PLF très vite !
ORIANE MANCINI
Sur la question du référendum parce que pour qu'il y ait référendum il faut que l'Assemblée nationale et le Sénat se mettent d'accord sur un texte commun notamment sur cette question du réchauffement climatique, de la lutte et de la protection de la biodiversité, est-ce que vous êtes confiant sur le fait que le Sénat de droite va voter de manière conforme avec l'Assemblée nationale ?
MARC FESNEAU
Je ne vois pas pourquoi, en fait, le fait qu'il soit de droite pourrait nuire à la confiance, je veux dire. Ce n'est pas la question qu'il soit de droite. La question, c'est est-ce qu'on peut trouver un terrain d'entente.
ORIANE MANCINI
Vous êtes confiant sur ce terrain d'entente ?
MARC FESNEAU
Alors attendez. Je rappelle d'ailleurs que sur cette question de la révision constitutionnelle, l'article 1 il était déjà rédigé puisqu'il avait été voté à l'Assemblée nationale et que nous y avions introduit la question du réchauffement climatique. Donc je veux dire, la Convention citoyenne a repris, et c'est heureux et j'en suis heureux, ce que nous les parlementaires - j'allais dire nous parce que j'étais à l'époque parlementaires et rapporteur du texte - avions inscrit dans le texte. Deux : est-ce qu'il y aura des débats avec le Sénat ? Oui. Alors est-ce que je suis confiant ? Par nature, je suis confiant au sens premier du terme, c'est-à-dire je fais toujours confiance au dialogue et à la capacité qu'on a à converger. Après c'est à nous, gouvernement, c'est à l'Assemblée nationale et au Sénat dans un dialogue que je pense qu'il peut déboucher d'essayer de trouver une rédaction, une formulation qui permette d'être là-dessus. Mais de vous à moi, je pense qu'il y a aussi, et c'est d'ailleurs tout l'exercice auquel s'est livré le Premier ministre dans son discours de politique générale, il y a aussi besoin de mesures concrètes. Parce que c'est très bien de mettre dans son article 1 qu'il faut veiller à lutter contre le réchauffement climatique ; c'est bien l'écrire, c'est mieux de le faire. Et donc au fond si on investit puissamment dans les mobilités décarbonées, si on investit puissamment dans la rénovation énergétique, si on investit puissamment pour faire en sorte qu'on préserve un certain nombre de choses en termes de biodiversité, je pense qu'on fait une oeuvre aussi très utile. La nécessité qui est la nôtre, c'est d'être au rendez-vous non pas des promesses, c'est d'être au rendez-vous du concret.
ORIANE MANCINI
Puisqu'on parle de ces conventions citoyennes, le président de la République dit en souhaiter d'autres. Il y a la participation citoyenne qui a été rajoutée à votre portefeuille. Est-ce que c'est un moyen de mieux faire accepter aux parlementaires ces conventions citoyennes ?
MARC FESNEAU
La question n'est pas de faire accepter aux parlementaires. Je pense qu'ils sont plutôt ouverts les uns et les autres sur le sujet. Mais vous m'avez toujours entendu, y compris à ce micro, dire qu'il ne fallait pas opposer démocratie représentative : le Sénat, l'Assemblée nationale. Parce qu'ils procèdent d'une légitimité qui est quand même formidable en démocratie, c'est que les gens ont voté. C'est un peu idiot de rappeler ces principes-là mais je pense qu'une démocratie où on ne vote pas, c'est un problème. Vous voyez ce que je veux dire. D'ailleurs ça ne s'appelle plus une démocratie. Et deux, on a besoin de nourrir et dans un dialogue qui soit un dialogue fructueux et qu'il faut inventer parce que la France n'est pas très rompue à l'exercice et la Convention citoyenne est un exercice très innovant pour la France et même au niveau mondial sur un sujet aussi vaste. Il faut qu'on arrive à trouver les voies d'un dialogue, et c'est pour ça que c'est intéressant que ça soit dans le même périmètre ministériel, d'un dialogue entre des citoyens qui peuvent exprimer des choses. C'est valable d'ailleurs au national, pour dire que c'est valable au local. D'un dialogue qui permette d'alimenter la démocratie représentative de la démocratie dite participative. Et je pense que c'est utile. Il y a un besoin d'appropriation, les sujets sont très complexes. Il y a des contraintes qui pèsent sur les uns et les autres et donc il faut qu'on essaie d'y travailler. Et donc je trouve que c'est une bonne œuvre que de faire ça.
ORIANE MANCINI
Dernière question, Fabrice.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui. Remaniement ministériel, vous en avez fait partie il y a quelques jours. Ce n'est pas tout à fait terminé, on attend des secrétaires d'État. Ça peut se produire dès ce week-end ? On peut avoir la liste complète dès ce week-end ? Début de semaine ?
MARC FESNEAU
C'est les prérogatives du président de la République et du Premier ministre.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui.
MARC FESNEAU
Il ne vous aura pas échappé que le président de la République est dans un sommet européen qui est assez déterminant et assez crucial donc on verra, mais en tout cas dans les jours prochains.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Oui, mais les affaires continuent, j'imagine, à Paris. J'imagine que les centristes espèrent.
MARC FESNEAU
Mais moi, vous ne me trouverez jamais sur le chemin dans ces cas-là de…. Ce qu'il faut, c'est des gens qui aient des compétences, des gens qui puissent appuyer les ministres dans leur mission. Evidemment il y a des nécessités d'équilibre politique mais la question n'est pas celle des centristes pas plus que celle qui viendrait plutôt d'autres horizons. La question, c'est d'avoir des gens qui soient compétents et que chacun retrouve au fond ce que sont les grands équilibres de la majorité à l'Assemblée nationale. Donc c'est plutôt comme ça qu'il faut le regarder et en ne s'énervant pas plus que ça.
ORIANE MANCINI
Dernière question un peu plus personnelle. Il y a des régionales qui arrivent. Est-ce que vous pouvez être tête de liste dans la région Centre Val-de-Loire ?
MARC FESNEAU
Comme la plupart des habitants de la région Centre, je peux être tête de liste parce qu'au fond je choisis dans région Centre donc oui.
ORIANE MANCINI
Est-ce que vous en avez envie ?
MARC FESNEAU
Mais écoutez, on va regarder.
ORIANE MANCINI
Jacqueline GOURAULT hier sur ce plateau nous disait que vous faire campagne, que vous alliez être impliqué. Elle et vous d'ailleurs.
MARC FESNEAU
Nous en parlerons avec Jacqueline GOURAULT. Mais j'ai déjà œuvré dans les campagnes régionales, je trouve que c'est un périmètre qui est intéressant.
ORIANE MANCINI
Mais ça vous intéresse ?
MARC FESNEAU
C'est ce que j'allais vous dire. Il faut réfléchir à ces choses-là.
FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous ne fermez pas la porte. Manifestement vous ne fermez pas la porte.
MARC FESNEAU
Non, non, je ne ferme pas la porte. Je ne vais pas vous faire de la langue de bois, je ne ferme pas la porte. Je trouve que c'est un espace qui est un espace intéressant pour faire de l'aménagement du territoire. J'aborde cette question des régionales dans cette région comme dans les autres avec l'idée qu'il faut qu'on essaie de porter quelque chose qui soit hors du champ partisan. Je pense qu'on a besoin de construire des majorités qui dans les régions puissent non pas forcément être complètement alignées avec la position gouvernementale, mais au fond qui ont envie, dans un dialogue fructueux, de travailler avec l'État. L'État, celui d'aujourd'hui et celui de demain aussi, et donc il y a beaucoup de choses à faire. C'est une région qui n'a pas subi, si je peux dire - et quand je dis "subi", je pèse mes mots - au fond de fusion mais au fond qui a besoin de retrouver aussi peut-être son unité parce que c'est une région qui est très diverse dans ses composantes. Et donc on verra. Il y a un remaniement la semaine dernière, vous me parlez déjà des régionales de l'an prochain.
ORIANE MANCINI
Vous aurez l'occasion de venir nous en reparler.
MARC FESNEAU
On aura l'occasion et pardonnez-moi de vous dire que peut-être que je n'irai pas en parler sur votre plateau et si je dois en parler quelque part, ce sera peut-être en région si vous me permettez cette digression. Mais je suis assez fidèle au poste chez vous donc il n'y a pas de difficulté.
ORIANE MANCINI
Et d'ailleurs vous avez été le premier et le dernier invité de cette saison de "Bonjour chez vous".
MARC FESNEAU
C'est exact. Je viens faire la clôture.
ORIANE MANCINI
Oui, merci. Merci beaucoup Marc FESNEAU.
MARC FESNEAU
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2020