Interview de M. Alain Griset, ministre chargé des petites et moyennes entreprises, à BFM Business le 21 juillet 2020, sur les efforts du gouvernement en faveur des petites et moyennes entreprises.

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Intervenant(s) : 
  • Alain Griset - Ministre chargé des petites et moyennes entreprises

Média : BFM Business

Texte intégral

STEPHANIE COLEAU
Aide aux PME, PGE, défaillances d'entreprises, délai de paiement, plan de relance, autant de dossiers qui sont sur le bureau du nouveau ministre délégué des PME, bonjour Alain GRISET.

ALAIN GRISET
Bonjour.

STEPHANIE COLEAU
Merci beaucoup d'être avec nous, avant d'aborder tous ces points, je voudrais avoir votre avis, votre sentiment sur cet accord obtenu à Bruxelles ce matin. La France espère retirer de ces 750 milliards d'euros de plan de relance, la France espère en retirer entre 35 et 40 milliards d'euros, est-ce que cet accord de ce matin vous êtes satisfait, c'est un soulagement pour vous ?

ALAIN GRISET
Comme l'a dit le président, c'est un accord historique, c'est formidable, ça prouve d'abord que l'Europe est capable de prendre des décisions communes sur des sujets fondamentaux et puis bon globalement ça va quand même permettre à la France d'avoir un peu plus de facilité pour la mise en oeuvre de ce plan de relance.

STEPHANIE COLEAU
Bien alors justement on va y venir, les PME qui ont survécu à la crise vont vite se retrouver face à un mur de dettes, alors qu'elles commenceront à peine finalement à se relever, Bruno LE MAIRE a annoncé que leurs charges pourront être étalées sur 12, 24 ou 36 mois, quelles seront les conditions pour en bénéficier, Alain GRISET ?

ALAIN GRISET
Aujourd'hui il suffira de demander pour pouvoir l'obtenir, l'idée justement c'est qu'on n'ait pas ce mur de dettes, qu'au niveau des cotisations sociales il y a un remboursement possible des reports sur 36 mois et qu'on essaie de travailler maintenant pour que le prêt garanti par l'Etat, pour le PGE, soit éventuellement transformé de façon à ce qu'on ait une garantie tôt sur 5 ou 6 ans et que la question de la trésorerie ne soit pas une question d'inquiétude pour les entreprises.

STEPHANIE COLEAU
Est-ce qu'on peut aller jusqu'à une annulation de charges ?

ALAIN GRISET
D'abord il y en a qui sont déjà décidées pour tous les secteurs qui ont été fermés, pour ceux qui étaient dépendante des secteurs fermés, il y a des listes ES, SA enfin bon c'est un peu techno mais il y a beaucoup de métiers concernés et puis il y a déjà été annoncé et je confirme que des entreprises qui sont pas dans ces secteurs, mais qui ont des difficultés particulières pourraient également avoir des annulations de cotisation.

STEPHANIE COLEAU
Est-ce que selon vous les PME vont encore fortement mobiliser les banques pour obtenir des PGE là, est-ce que vous avez un peu de visibilité ?

ALAIN GRISET
Pour l'instant il y avait 300 milliards prévus que l'Etat cautionnait à hauteur de 90 %. 100 milliards ont été demandés, ont été obtenus, je précise que ce c'est 100 milliards il y a 95 % des prêts qui sont pour les PME, les TPE donc extrêmement important. Et jusqu'à la fin de l'année il y a encore possibilité pour les entreprises de demander un PGE, donc naturellement il ne faut pas du tout que ces questions de trésorerie soient quelque chose qui viennent mettre en difficulté les entreprises.

STEPHANIE COLEAU
Vous avez dit jusqu'à la fin de l'année, jusqu'à quand l'Etat pourra être auprès des PME concernant les PGE ?

ALAIN GRISET
Alors pour les PGE jusqu'à la fin des années pour l'instant.

STEPHANIE COLEAU
Pour l'instant ça veut dire qu'on peut éventuellement après aller plus loin ?

ALAIN GRISET
Non, ça veut dire qu'après moi je souhaite qu'on arrive à transformer ce PGE de façon à ce qu'on ait des prêts à long terme et surtout qu'il y ait une sorte de garantie de taux, c'est quelque chose avec lesquels on va travailler Bruno LE MAIRE, mais ça je pense que c'est bien qu'il de la visibilité, qu'il y ait de d'inquiétude. Il ne faut pas que les chefs d'entreprise se disent mais dans 3 mois, dans 4 mois, qu'est-ce qui va m'arriver, non il faut dire voilà au niveau financement, cotisations sociales, prêts, vous avez une sorte de sérénité dans l'avenir. Ce n'est pas tout parce qu'il faut naturellement de l'activité, mais ça nous paraît très important.

STEPHANIE COLEAU
Néanmoins selon Euler Hermès, en France le nombre de défaillances devrait augmenter de 25 % d'ici l'année prochaine pour atteindre un niveau record, les plans d'aide d'urgence ont permis de retarder la situation. Mais quand même à quoi vous vous attendez pour les prochains mois au niveau des défaillances d'entreprises, est-ce que selon vous le pire est à venir ?

ALAIN GRISET
Les pronostics aujourd'hui, c'est un pronostic ne sont pas très optimistes mais en tout cas nous ce qu'on souhaite faire au gouvernement, c'est de prendre toutes les mesures nécessaires pour accompagner tous ceux qui en ont besoin. L'objectif est le même, ce que le président de la République a dit au mois de mars, c'est naturellement qu'il faut que l'Etat soit au rendez-vous pour accompagner les entreprises au moment où ça ne va pas. Je pense qu'entre le mois de mars et aujourd'hui, beaucoup a été fait et que naturellement le plan de relance a aussi pour objectif d'accompagner les secteurs, les filières dans lesquels il y aura des difficultés. Bon naturellement on peut imaginer qu'il y aura plus des difficultés que les années précédentes, mais l'objectif c'est qu'il en ait le moins possible et que donc on fera au fur et à mesure, ce que le Premier ministre m'a demandé c'est d'être à l'écoute des entreprises, moi je vais tous les semaines sur le territoire pour identifier éventuellement la nécessité de mettre en place de nouveaux outils, de nouveaux moyens. Et donc c'est aujourd'hui mon objectif de façon à répondre vraiment, avoir un Etat qui accompagne, qui écoute, qui soit disponible de façon à éviter une catastrophe.

STEPHANIE COLEAU
Alors vous l'avez dit le total du plan de relance nationale, c'est 100 milliards, avec 40 milliards pour l'industrie, 20 milliards pour la transition énergétique, 20 autres milliards pour les compétences, ça c'est pour le point de vue sectoriel, maintenant si on regarde de façon transverse, combien seront fléchés vers les PME ?

ALAIN GRISET
il est pas nécessaire qu'il y ait un montant qui soit fixé, les PME, les TPE vont bénéficier de ce plan de relance, d'abord par les cotisations sociales, exonération, sur le plan jeune, sur l'apprentissage, sur les contrats de professionnalisation, sur la rénovation énergétique donc je dirais nos entreprises les PME elles étaient plus sont partout dans l'ensemble des secteurs et donc elles vont directement bénéficier dans les différents secteurs que vous avez cité, naturellement de plusieurs milliards.

STEPHANIE COLEAU
Et aujourd'hui on n'a pas de chiffres pour savoir combien de PME sont, ont fait appel aux aides de l'Etat et surtout combien elles vont pouvoir obtenir au final par exemple à la fin de l'année, on n'a pas de visibilité encore ?

ALAIN GRISET
Si on sait déjà les entreprises qui ont bénéficié des outils, on les connaît, sur le fond de solidarité on a plus d'un million d'entreprises qui en ont bénéficié, sur le PGE aujourd'hui on est à pratiquement 600 000 entreprises, donc on connaît les chiffres. Ce qu'on ne connaît pas naturellement, c'est les entreprises dans l'avenir qui vont bénéficier d'un certain nombre d'outils qui vont être mis en place. Par exemple sur la rénovation énergétique, combien d'entreprises du bâtiment, les artisans du bâtiment vont eux-mêmes aller chercher les marchés, donc ça dépendra aussi de la faculté qu'ils ont, de l'envie qu'ils ont d'aller sur ces marchés-là. Les montants vont être disponibles, les marchés seront là, il faut après que chacun aille les chercher pour bénéficier de ces outils.

STEPHANIE COLEAU
Alain GRISET, Eric LENOIR, le président d'Euler Hermès soulignait hier sur ce plateau l'importance du crédit entreprise, les délais de paiement des PME ont explosé avec le confinement selon le cabinet Altares, est-ce que vous craignez une crise de liquidité ?

ALAIN GRISET
Non, parce que justement on a les outils adaptés avec le PGE en particulier, ensuite sur les crédits inter-entreprises, c'est vrai aujourd'hui que c'est un montant qui est considérable, qui est supérieur au crédit bancaire, pendant la période du mois de mars à aujourd'hui, nous avons beaucoup travaillé avec le médiateur du crédit pour régler les situations les plus compliquées. Et moi j'invite toutes les entreprises qui ont ces difficultés de délais de paiement à faire appel au médiateur de façon à ce que la règle soit respectée, il n'est pas supportable que les entreprises soient en danger parce qu'elles n'ont pas été payées par leurs donneurs d'ordres.

STEPHANIE COLEAU
Une dernière question, Alain GRISET, c'est la semaine des arbitrages sur l'emploi des jeunes avec des aides type exonération de charge ou prime à l'embauche, d'ailleurs est-ce que vous savez plus aujourd'hui, est-ce qu'on a des indicateurs sur les arbitrages en cours ?

ALAIN GRISET
Il y a déjà donc ce qui concerne les contrats d'apprentissage, les contrats de professionnalisation, ce qui a été dit sur les contrats d'insertion, sur le service civique et puis sur l'aide apportée aux entreprises pour les jeunes de moins de 26 ans autour de 4000 euros.

STEPHANIE COLEAU
Oui.

ALAIN GRISET
Donc il y a tout un panel de dispositifs qui a pour objectif de dire aux jeunes, choisissez ce qui est possible pour vous, parce qu'on souhaite mettre en place un dispositif pour que tous les jeunes aient une solution. Naturellement ce n'est peut-être pas la solution que le jeune aura choisie mais le principal c'est de rentrer dans le monde du travail, d'éviter d'être exclu du monde du travail dès qu'on y arrive et donc le gouvernement est disposé à mettre en place tous les moyens nécessaires pour accompagner les jeunes qui font partie des priorités annoncées par le président.

STEPHANIE COLEAU
Ça c'est pour accompagner les jeunes, du côté des patrons d'entreprise, des chefs d'entreprise, ils nous disent que pour les inciter à embaucher, oui ces mesures en faveur de l'emploi des jeunes sont biens, elles sont excellentes, néanmoins pour eux, pour embaucher, il faut d'abord remplir le carnet de commandes, c'est ça l'urgence pour eux.

ALAIN GRISET
C'est logique, je veux dire une entreprise ne peut pas embaucher pour embaucher, elle embauche parce qu'il y a du travail. Alors je mettrais une petite parenthèse si vous le permettez avec les contrats d'apprentissage, où là on a un acte de formation, l'apprenti ne joue pas le même rôle qu'un salarié et donc je ne peux inciter que nos entreprises, en tout cas sur l'apprentissage, carnet de commandes ou pas, de faire l'effort, çà la limite de faire le geste de solidarité envers les jeunes pour les prendre. Effectivement pour ce qui concerne les autres jeunes, il faut effectivement qu'il ait de l'activité et tout le travail que nous faisons au gouvernement, c'est de pouvoir doper l'activité avec le plan de relance pour qu'on puisse embaucher ces jeunes.

STEPHANIE COLEAU
Merci beaucoup Alain GRISET.

ALAIN GRISET
Merci à vous.

STEPHANIE COLEAU
Je rappelle que vous êtes le ministre délégué aux PME.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 juillet 2020