Interview de M. Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance, à Public Sénat le 25 mai 2020, sur le Ségur de la santé notamment l'enjeu de redonner des perspectives de carrière et d’évolution aux professions de santé.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Adrien Taquet - Secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance

Média : Public Sénat

Texte intégral

ALEXANDRE POUSSART  
Bonjour Adrien TAQUET.  

ADRIEN TAQUET  
Bonjour.  

ALEXANDRE POUSSART  
Nous sommes ensemble pendant vingt minutes pour parler de différents sujets et notamment du Ségur de la santé, cette grande concertation entre le gouvernement et les acteurs de la santé. Elle commence aujourd'hui, elle dure sept semaines et elle est censée améliorer notre système de soins et les conditions de travail de nos soignants. Le gouvernement depuis trois ans a mené plusieurs plans en faveur de la santé. Pourquoi cela n'a pas marché ?   

ADRIEN TAQUET  
Ecoutez, là je pense que la démarche est absolument inédite. D'une part, par les personnes qui seront au tour de la table à partir de cet après-midi 15 heures 30 et effectivement pour les sept prochaines semaines. Vous aurez toutes les fédérations hospitalières, les représentants d'usagers, des représentants d'élus aussi, des administrations qu'elles soient centrales, locales, des étudiants et ça concernera l'hôpital mais aussi le médico-social - les EHPAD par exemple - et la médecine de ville. Puisqu'il s'agit bien, vous l'avez évoqué, d'améliorer l'organisation globale de notre système de santé, c'est-à-dire à la fois l'articulation entre l'hôpital, le médico-social et la ville. C'est inédit aussi par la méthode, effectivement une grande concertation nationale, qui sera animée par Nicole NOTAT aux côtés d'Olivier VERAN mais aussi une dimension territoriale. Il y a véritablement le souhait de la part du ministre et du gouvernement de faire remonter les expériences de terrain. La crise du Covid-19 a confirmé un certain nombre de choses que l'on savait sur notre système de santé : ses forces mais aussi ses faiblesses. Ça a infirmé aussi un certain nombre de nos certitudes. Ça a pu remettre en cause un certain nombre de pratiques professionnelles. On le voit dans le champ de la santé, je le vois aussi dans le champ de la protection de l'enfance. On aura l'occasion d'y revenir. Donc vraiment le souhait de faire remonter durant ces sept semaines au travers de débats régionaux les expériences de terrain et puis il y aura aussi une plateforme numérique qui sera mise en place pour que les professionnels de santé puissent directement participer, contribuer, partager leur vision, leur expérience du métier sur cette plateforme.  

ALEXANDRE POUSSART  
Et puis cette concertation inédite, elle est aussi basée sur un constat qu'a fait le président de la République : votre stratégie en faveur de l'hôpital n'a pas marché, la stratégie du gouvernement.  

ADRIEN TAQUET  
Ecoutez, je crois que le constat est partagé effectivement. Il est connu depuis un certain temps. Le diagnostic avait été fait par ce gouvernement même il y a effectivement de cela deux ans. Il est partagé. Il est désormais question d'aller à la fois plus loin, plus fort et surtout plus rapidement. Le président de la République l'a tout de suite dit. Les fondements notamment du plan Ma Santé 2022 qui étaient les prémices de ce vers quoi nous tendons était un plan stratégique qui probablement allait dans le bon sens à moyen terme. Il est urgent aujourd'hui de transformer notre système de santé, de revoir, de revaloriser les fonctions de personnels soignants. Il a été clairement dit qu'il y aurait une revalorisation notamment des salaires, ç'a été clairement dit par le président de la République et par Olivier VERAN, par le Premier ministre. Aussi redonner de nouvelles carrières, de nouvelles perspectives de carrière. Ça vaut aussi pour les personnels des EHPAD. Toute une réflexion aussi sur l'investissement. On se souvient que lors du plan sur les urgences à l'hôpital, il avait été annoncé par le Premier ministre que l'Etat allait reprendre une grande partie de la dette des hôpitaux, ce qui allait leur donne de nouvelles capacités financières pour investir. Est-ce qu'il faut aller plus loin ? Est-ce qu'il faut trouver de nouvelles sources aussi de financement pour les hôpitaux. Ça, c'est le deuxième chantier. Le troisième chantier, c'est la question de l'organisation dans les territoires justement, au plus près de la réalité territoriale. L'articulation entre l'hôpital, la médecine de ville, le médico-social, comment ça s'organise. Et puis enfin, dernier chantier, c'est un peu la question de ce qu'on appelle la gouvernance, c'est-à-dire comment on donne aux soignants au sein de l'hôpital davantage de moyens de décision et d'action parce que c'est eux qui sont au plus près de la réalité de leur métier. 

ALEXANDRE POUSSART 
Un des chantiers importants, vous l'avez dit, concerne la rémunération du personnel soignant. On va d'abord regarder les chiffres et notamment faire des comparaisons avec les pays européens et on va regarder la rémunération des infirmiers. En Espagne, elle est de 2 600 euros par mois, en Allemagne de 2 383 euros et en France seulement de 2 070 euros. Comment on en est arrivé là ?  

ADRIEN TAQUET  
Ecoutez, je ne sais pas comment on en est arrivé là mais effectivement, le constat est là qui est que nos personnels soignants, nos infirmiers sont dans plutôt dans la fourchette basse de la moyenne européenne. Et donc, il y a la volonté de rattraper a minima ces rémunérations pour ces personnels de première ligne dont on a vu l'importance, l'utilité sociale comme on dit, particulièrement à l'occasion de cette crise du Covid-19. Mais je pense qu'on avait tous déjà la conviction qu'ils étaient importants en temps normal en quelque sorte. Donc il va y avoir effectivement des discussions à cet égard, discussions aussi sur le temps de travail qui est aussi un chantier qui a été mis sur la table. Donc vraiment une discussion très large, sans tabou véritablement. Pas de tabou non plus entre ce qui est articulation entre le public et le privé dont on a vu qu'il y avait peut-être des choses qui pouvaient être améliorées à l'occasion de cette crise. L'ensemble des sujets sont sur la table et ils vont nous animer pendant les sept prochaines semaines. 

ALEXANDRE POUSSART  
Juste pour revenir sur la rémunération. Le personnel soignant forcément attend des chiffres. On sait qu'Olivier VERAN, le ministre de la Santé, veut atteindre la moyenne européenne en termes de rémunération des infirmiers notamment. Selon certains syndicats, cela représente 300 euros par mois. Est-ce que ça correspond à cette fourchette ?  

ADRIEN TAQUET 
Ecoutez, quand on regarde les chiffres que vous avez vous-même présentés, c'est à peu près ça. Je ne vais pas m'avancer et commencer à donner les résultats d'une concertation qui n'a pas encore commencé. Mais je crois que le ministre a fixé un cap et maintenant, à nous tous de déterminer le chemin pour y parvenir.  

ALEXANDRE POUSSART 
Est-ce qu'il y aura d'autres professions ciblées par ces augmentations ou seulement les infirmiers ?  

ADRIEN TAQUET 
Je crois que tous les sujets sont sur la table. Je crois que c'est l'ensemble des personnels soignants qui peuvent être concernés. Je vous parlais des personnels en EHPAD notamment dont on a vu aussi l'importance en ces temps particuliers. Non, non, ça ne concernera pas que les que les infirmières. 

ALEXANDRE POUSSART 
Vous l'avez dit, il va y avoir également un débat sur les 35 heures à l'hôpital. Le gouvernement souhaite un assouplissement des 35 heures. Concrètement à quoi ça va ressembler ?  

ADRIEN TAQUET 
Une fois encore, on a dit qu'il fallait que se pose la question des 35 heures. Je pense qu'on est tous assez d'accord, et d'ailleurs sur l'ensemble des bancs de cette Assemblée, pour dire que le passage aux 35 heures a représenté un certain nombre de difficultés assez particulières dans le monde hospitalier, a créé des complications et qu'il y a nécessité de revisiter un petit peu ce dispositif, l'assouplir. Je ne sais pas quelle forme ça prendra très concrètement. Je pense que ça fait aussi partie des négociations qui doivent avoir cours durant ce Ségur. Il y aura les syndicats qui seront là autour de la table et je pense que chacun apportera des idées. C'est en tout cas ce qu'on leur a demandé. 

ALEXANDRE POUSSART 
Il y aura également une réflexion sur l'organisation du monde de la santé, du monde de l'hôpital, avec cette phrase hier prononcée chez nos confrères du Journal du dimanche par Frédéric VALLETOUX, le président de la Fédération hospitalière de France. Il dénonce la bureaucratisation de l'hôpital français. Vous êtes d'accord avec ce constat ?  

ADRIEN TAQUET 
Un des trois chantiers, un des quatre - pardon - chantiers qui sont ouverts à cette consultation, à ce Ségur c'est la question de ce que j'ai appelé la gouvernance tout à l'heure. C'est-à-dire effectivement redonner au personnel soignant un peu plus de pouvoir de décision, de pouvoir d'action au sein de l'hôpital. Alors je n'irais peutêtre pas jusqu'à adopter les mots que vous venez d'évoquer mais il y a effectivement une réflexion à avoir sur la place des soignants au sein de l'hôpital. C'est peut-être quelque chose qui permettrait d'améliorer le fonctionnement de notre système global de santé, oui. 

ALEXANDRE POUSSART 
Ça veut dire qu'on va donner plus de pouvoir aux médecins face à l'administration ?  

ADRIEN TAQUET 
Ça veut dire qu'il faut repenser la façon dont les pouvoirs, les compétences sont partagées au sein de l'hôpital. Vous avez des instances où à la fois les représentants de médecine publique et des administrations sont présents pour diriger les hôpitaux, mais c'est ce genre de choses sur lesquelles il faut réfléchir. C'est un des quatre chantiers : redonner plus de moyens d'action, plus de moyens de décision aux personnels soignants au sein de l'hôpital. C'est eux qui sont au plus près de la pratique, des enjeux de santé publique. Il faut qu'ils aient toute leur place en tout cas dans le nouveau système.

 ALEXANDRE POUSSART 
Est-ce que cette crise sanitaire n'a pas montré l'échec des ARS, des agences régionales de santé, qui ont piloté la crise région par région ?  

ADRIEN TAQUET
 Il est de bon ton effectivement dans certains cercles de taper à bras raccourcis sur les ARS. Moi je trouve le procès un peu facile. Moi je veux saluer l'engagement de l'ensemble des… Parce que derrière ces sigles, il y a des hommes et des femmes. Et ces hommes et ces femmes, qu'ils soient dans les ARS ou qu'ils soient au ministère des Solidarités et de la Santé, moi je les croise tous les jours depuis trois mois. Jour et nuit. Et je vois que c'est aussi grâce à eux que le système ne s'est pas effondré. Donc c'est à eux aussi qu'il faut rendre hommage. Après il y a probablement des améliorations à mener sur l'organisation territoriale de notre système de santé, notamment via les ARS, au niveau régional comme le nom l'indique. Est-ce qu'il y a besoin de davantage de proximité ? Est-ce qu'il y a besoin d'avoir une intimité justement plus grande dans l'articulation entre l'hôpital, la médecine de ville, le médico-social au plus près d'une réalité territoriale, qui d'un département à un autre peut changer ? Je pense que toutes ces questions une fois encore sont sur la table. Mais moi, je veux aussi rendre hommage à ces personnels-là parce qu'il y avait les soignants, évidemment, mais il y avait aussi ces personnes-là sans lesquelles une fois encore le système n'aurait pas tenu.  

ALEXANDRE POUSSART
 Il y a la question de l'attractivité des professions de santé avec un chiffre qui est un peu effrayant. Il y a 30% d'emplois non-pourvus dans le monde de la santé. Comment on fait pour retrouver cette attractivité ?  

ADRIEN TAQUET 
Alors il y a la question des rémunérations, on l'a un peu évoquée, mais je pense que ce n'est pas le seul sujet. Je pense que la question en santé comme dans beaucoup d'autres secteurs - ça vaudrait aussi pour le social, ça vaudrait aussi pour certains secteurs de la médecine, je pense à la médecine scolaire notamment à laquelle je travaille un peu – c'est redonner des perspectives de carrière, des perspectives d'évolution dans trop de secteurs. Ça vaut aussi pour les EHPAD. Vous rentrez avec un niveau de rémunération et un statut et vous avez très peu de perspectives d'évolution. Donc il faut créer de véritables parcours, accompagner cela de solutions, créer des passerelles entre différents parcours pour offrir des perspectives d'évolution et de carrière. Je pense que les gens recherchent évidemment une rémunération et c'est bien légitime mais aussi des perspectives professionnelles, des perspectives d'évolution. Enfin vous comme moi, c'est ce qu'on recherche aussi dans notre vie professionnelle et il en est de même pour les personnels soignants. C'est très compliqué aujourd'hui, c'est très compartimenté, c'est très siloté. Il faut remettre de la fluidité et de la perspective dans tout ça. C'est un des sujets qui sera en discussion. 

ALEXANDRE POUSSART  
Et l'un des sujets très importants sera forcément la question du financement de tous ces chantiers pour la santé, Adrien TAQUET. Quelle est l'enveloppe budgétaire du gouvernement ?  

ADRIEN TAQUET 
Ecoutez, à ma connaissance il n'y a pas d'enveloppe globale finale qui a été mise sur la table mais je pense qu'il y a une conscience collective de la part du gouvernement qu'effectivement des moyens conséquents sont nécessaires. Il y a déjà des moyens conséquents qui ont été dégagés ces derniers mois et ces dernières années. Il y a des engagements fermes qui ont été pris sur l'augmentation des rémunérations. Je vous l'ai dit, il y a un sujet sur l'investissement. On sait, on a vu qu'un certain nombre d'hôpitaux étaient à certains égards vétustes et qu'il y avait un véritable besoin de réinvestir dans les lits, dans le matériel, dans le bâtiment. Tout cela a effectivement un coût mais je crois que pour l'hôpital, probablement peut-être encore plus que pour tout autre chose comme le président a pu le dire dès le début de la crise, quoi qu'il en coûte nous devrons mener à bien cette réforme. 

ALEXANDRE POUSSART 
Mais en même temps, Olivier VERAN a dit qu'il n'y aurait pas d'argent magique. Donc on est dans le quoi qu'il en coûte ou dans l'argent magique ?  

ADRIEN TAQUET 
On est que nous avons tous conscience de la nécessité d'une transformation profonde, rapide de l'hôpital public et qu'il faut que l'on se donne les moyens d'y arriver et je pense que c'est toute la volonté et l'ambition du gouvernement. 

ALEXANDRE POUSSART  
Il y a un autre sujet qui est important dans le domaine de la santé, il s'agit de la dépendance. Où en est le plan du gouvernement pour lutter contre la dépendance ?   ADRIEN TAQUET  Ecoutez, ce sujet fait l'objet de nombreux travaux notamment menés par Myriam EL-KHOMRI sur les métiers liés à la dépendance. C'est un sujet important. Un certain nombre de travaux menés également autour de la question du financement car on sait que c'est un des sujets majeurs. Tout cela a été effectivement mis un peu entre parenthèses avec la crise mais en réalité de façon très courte dans la question où on a vu que la question de la dépendance des personnes âgées a éclaté de façon aussi assez forte à l'occasion de cette crise avec toute la problématique autour des EHPAD. Donc c'est un sujet qui figure parmi les priorités d'Olivier VERAN et du gouvernement avec une question importante qui est celle du financement. Il est évoqué la création d'un cinquième risque pour la dépendance et avec les mécanismes de financement qui sont en cours d'élaboration et qui sont en cours de finalisation mais pour lesquels j'ai bon espoir que nous puissions y arriver.  

ALEXANDRE POUSSART  
Et donc comment on pourrait financer cette cinquième branche de la Sécurité sociale ?  

ADRIEN TAQUET  
C'est des choses un peu techniques mais vous avez une caisse d'amortissement de la dette sociale qui s'appelle la CADES qui devait arriver à terme assez prochainement. Une des solutions possibles qui a été évoquée est de rallonger l'existence même de cette caisse et donc le fait qu'elle absorbe un certain nombre de dettes sociales. Elle est alimentée notamment par une part de CSG. On pourrait très bien imaginer qu'il y ait une attribution de cette part de CSG pour financer la dépendance. C'est une des pistes qui est envisagée. 

ALEXANDRE POUSSART  
D'accord. Une part de CSG pour financer la dépendance.  

ADRIEN TAQUET  
C'est une des pistes qui est envisagée. Ce sont des choses qui feront l'objet de discussions d'ailleurs probablement en ces lieux lors des prochaines discussions budgétaires j'imagine. 

ALEXANDRE POUSSART  
Adrien TAQUET, vous êtes en charge au gouvernement de la protection de l'enfance particulièrement. On sait que les violences sur les enfants ont augmenté pendant le confinement. Est-ce que vous avez un bilan chiffré de ces violences ?  

ADRIEN TAQUET  
Alors on le sait, on le suppose, quand en temps normal 80 % des violences faites aux enfants ont lieu dans un cadre intrafamilial, effectivement quand on décrète le confinement, que l'on ferme les écoles par ailleurs qui sont généralement l'endroit où on détecte les violences, on perd un peu nos yeux et donc on se dit qu'effectivement il y a de grands risques, il y a de quoi être inquiet sur les violences faites aux enfants. Ce que l'on sait, c'est que le nombre d'appels au 119 qui est le numéro de l'enfance en danger dont je rappelle que c'est un numéro gratuit et anonyme, le 119, ces appels ont augmenté de 100 %. Donc ce chiffre est à la fois inquiétant et à la fois porteur d'espoir quelque part. Enfin, c'est en tout cas ce que j'ai envie d'y voir. Inquiétant parce que, oui, il traduit probablement une augmentation des maltraitances au sein de la famille. Mais je pense qu'il est aussi le baromètre de notre propre vigilance collective. Parce que derrière ce chiffre de 100 % d'augmentation, vous avez aussi une augmentation de 80 % des appels faits par les voisins. Une augmentation de 60 % d'appels faits par des camarades qui par les réseaux sociaux, les SMS qu'on s'envoie, sentent que leur copain va mal et donc appellent le 119. Et donc cette période, je pense qu'il y aura un avant et un après Covid en réalité. Et je pense que ce que l'on a réussi à faire, c'est de créer un réflexe 119. Je pense que notre vigilance collective s'est accrue et je pense qu'un des enjeux aujourd'hui, c'est qu'en période de déconfinement, une fois que tout ça sera derrière nous, que cette vigilance se maintienne. Et j'en appelle vraiment à chacun des Français parce qu'on ne va pas mettre un gendarme dans chaque foyer. Donc vraiment la sécurité de nos enfants, elle repose aussi un peu sur chacun de nous. Etre attentif à ce qui se passe derrière la paroi de l'appartement quand on entend des cris. Aller frapper, essayer de faire redescendre la pression et puis quand on a un doute, appeler le 119 ou le 17 quand il y a une situation d'urgence. C'est cette société de vigilance auquel le président de la République, dans un autre contexte, appelait. Je pense qu'il faut la garder cette société de vigilance, parce que c'est ça qui sera la meilleure garantie pour la sécurité de nos enfants. 

ALEXANDRE POUSSART 
Vous l'avez dit, les signalements augmentent pendant le confinement mais est-ce qu'il y a eu les bonnes décisions suite à ces signalements notamment pour extraire les enfants du domicile familial ? 

ADRIEN TAQUET 
Alors quand vous avez un appel au 119, vous avez des écoutants formés professionnels de grande qualité, dont il faut saluer aussi l'engagement pendant cette période-là, qui vont qualifier l'appel. Ils vont décider soit de le renvoyer directement aux forces de police et de gendarmerie, s'il y a vraiment un caractère d'urgence et là il faut saluer aussi, je salue beaucoup de monde mais c'est sincère, les forces de police et de gendarmerie qui ont été particulièrement investi, le ministre de l'Intérieur, Christophe CASTANER leur avait dit d'être très attentifs, particulièrement attentifs aux violences conjugales d'un côté et aux violences faites aux enfants. Et il y a eu énormément d'interventions où les policiers allaient dans les familles, prenaient les enfants et les amenaient à l'hôpital ou au service de l'aide sociale à l'enfance, beaucoup plus qu'en temps normal. et puis quand il y a des situations moins urgentes, dramatiques, c'est renvoyé à ce qu'on appelle les cellules de recueil d'informations préoccupantes qui dépendent des départements et dont une continuité de service avait été assuré, le service était un peu dégradé par rapport à d'habitude comme pour chacun d'entre nous, mais il y a une continuité de service et donc les enquêtes sociales étaient menées, les travailleurs sociaux étaient menés dans les familles et les bonnes décisions étaient prises. 

ALEXANDRE POUSSART 
Adrien TAQUET, on va maintenant parler des élections municipales puisque ça y est la campagne du second tour peut commencer d'ici au 28 juin, c'est la date qui a été fixée sauf avis contraire du Conseil scientifique. Mais cette campagne va se dérouler sans contact social, est-ce qu'elle est vraiment possible à cette campagne ? 

ADRIEN TAQUET
 Cette campagne, elle va être différente mais comme on sent que nos vies sont sensiblement différentes depuis quelques semaines et qu'elles  le seront encore pour les semaines suivantes, il faut que chacun d'entre nous dans nos activités professionnelles, dans nos relations sociales,  on doit s'adapter et de la même façon pour la campagne électorale il faudra s'adapter aux règles sanitaires et aux impératifs qui sont ceux-là en ce moment, mais je pense qu'il était important, il est important comme tout le reste là aussi, de façon progressive, que la vie  démocratique reprenne et que ce second tour puisse avoir lieu. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors concrètement, techniquement par exemple François BAYROU propose que le vote par correspondance et le vote sur Internet soit possible, Christophe CASTANER y est plutôt défavorable, quelle est votre position ? 

ADRIEN TAQUET 
Moi j'y serais favorable sur le principe, je pense qu'il y a des considérations d'ordre technique et de sécurité dans le délai court qui nous sépare du second tour. Je pense que c'est ça qui explique un peu les réticences de Christophe CASTANER, il a besoin aussi de pédagogie aussi qu'on installe ce nouveau type de modalités de vote, mais je pense que c'est une réflexion qu'on doit avoir à plus long terme, crise ou pas crise, de voir comment se donner les moyens de mettre en oeuvre ce type de possibilités de vote. 

ALEXANDRE POUSSART 
Pour les départementales, pour les régionales en 2021 ?

 ADRIEN TAQUET 
Pourquoi pas, pourquoi pas, mais je pense qu'une démocratie moderne   doit pouvoir avoir recours à des outils technologiques pour mettre en oeuvre le vote quand il y a une crise comme celle que nous connaissons, en espérant qu'elle ne se reproduise pas ou parce que ça offre aussi des facilités plus grandes, plus diverses à nos concitoyens pour voter. mais on l'a bien vu, je parlais de remise en cause de nos pratiques professionnelles et aux uns et aux autres, on voit bien que la technologie a changé un peu notre façon de faire, le télétravail, vous la façon dont vous faisiez vos interviews, les travailleurs sociaux pour maintenir le contact entre les parents et les enfants, avaient recours aussi aux e zoom, au face time, etc. bon voilà tout ça qui sont dans nos usages quotidiens, on voit que dans nos pratiques professionnelles, ça a changé nos habitudes et ça rend les enrichit et il n'y a pas de raison que ce soit pas le cas aussi dans le processus démocratique. 

ALEXANDRE POUSSART   
Alors parlons maintenant, eh bien de l'enjeu électoral pour la République En Marche avec une question sur Paris, la candidate LREM, Agnès BUZYN est toujours dans l'incertitude sur sa candidature au second tour, selon vous est-ce que c'est la bonne candidate pour le second tour à Paris ? 

ADRIEN TAQUET 
Elle est dans l'incertitude, c'est vous qui le dites. 

ALEXANDRE POUSSART 
Elle est très silencieuse en tout cas. 

ADRIEN TAQUET 
Je ne l'ai pas entendu le dire moi pour Paris, la candidate pour Paris de la République En Marche est à mes yeux toujours Agnès BUZYN, je ne l'ai pas entendu dire le contraire. J'ai même plutôt entendu Stanislas GUERINI, patron de la République En Marche dire que c'était notre candidate Agnès BUZYN a fait bonne quoi.  Campagne, elle a fait un score qui est, on ne peut plus honorable et elle est aujourd'hui notre candidate pour le second tour à la mairie de Paris. 

ALEXANDRE POUSSART 
Donc pour vous c'est la bonne candidate ? 

ADRIEN TAQUET 
C'est la bonne candidate. 

ALEXANDRE POUSSART  
Une question rapidement sur la majorité la République En Marche à l'Assemblée nationale, le groupe a perdu la majorité absolue, comment vous expliquez cet effritement de la majorité ? 

ADRIEN TAQUET 
Ecoutez, on a perdu d'une voix, on a un groupe qui était conséquent ensuite aux élections législatives de 2017, avec un allié important qui est important, qui est le MoDem, important en nombre, mais aussi sur le fond pour l'apport de ses idées. Ecoutez, moi je ne vois pas de ; c'est le membre du gouvernement qui vous parle, de difficultés majeures. Je pense que notre majorité est encore solide et que partageons avec elle les grandes orientations que ce pays doit prendre et je ne doute pas que nous aurons son soutien voilà dans les semaines à venir. Je n'ai pas de grandes inquiétudes à cet égard. 

ALEXANDRE POUSSART 
Donc pas d'inquiétude on va finir cette interview par une question que vous pose l'un de nos téléspectateurs.  Et une question d'Aurélien sur notre compte Twitter, où en est la prime pour les travailleurs sociaux d'une manière générale, qui ont été mobilisés pendant le confinement et la crise sanitaire ? 

ADRIEN TAQUET 
Ecoutez, effectivement il y a eu un certain nombre de primes qui ont été attribuées d'abord aux personnels soignants, on s'en souvient et puis par extension progressivement à d'autres professions de santé ou médico-sociales. Je pense notamment à un certain nombre de professionnels des EHPAD.  sur les services à domicile et sur les travailleurs sociaux de la protection de l'enfance, effectivement il faut d'une part saluer leur  engagement parce que sur la protection de l'enfance, on en a un peu parlé dans les foyers de l'enfance si le système a tenu, excusez-moi  l'expression, c'est beaucoup grâce aux décisions du gouvernement qui ont été prises, mais aussi à l'engagement et avant tout à  l'engagement des travailleurs sociaux et effectivement cela justifie, cela légitime totalement une reconnaissance de la part de la puissance publique de cet engagement. Les travailleurs sociaux ont les départements pour employeur, vous le savez, c'est la compétence départementale, nous sommes en discussion avec les départements notamment avec l'Association des départements de France, j'ai très régulièrement Dominique BUSSEREAU au téléphone à ce sujet-là pour prôner l'attribution d'une prime qui se cale, qui soit proche de celle qui a été, qui a pu être attribuée aux soignants et qui soit le plus homogène possible sur l'ensemble du territoire. Voilà c'est en tout cas le message que je porte au département de France et à l'Association des départements de France, je pense que leurs travailleurs sociaux le méritent qu'ils soient départementaux ou dans des associations gestionnaires. 

ALEXANDRE POUSSART 
Très bien, très bien, merci beaucoup Adrien TAQUET d'avoir été notre invité ce matin, alors juste pour finir, ça y est les ministres sont autorisés à venir sur les plateaux de télévision. 

ADRIEN TAQUET 
Voilà c'était la reprise aujourd'hui ? On a respecté une distanciation physique plus qu'honorable, eh oui, oui nous sommes de retour et c'est un grand plaisir de vous de vous voir en chair et en os ce matin.  

ALEXANDRE POUSSART 
Merci beaucoup Adrien TAQUET 


source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mai 2020