Texte intégral
SAMUEL ETIENNE
Sophie CLUZEL, la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées est notre invitée ce matin. On va parler ensemble de la rentrée scolaire, c'est important, des enfants handicapés, du fameux masque transparent dont on parle de plus en plus, et je vois que vous en avez apporté un modèle d'ailleurs. Juste un mot d'abord d'Alain COCQ. Alain COCQ, on va rappeler, cet homme qui souffre d'une maladie incurable, il a interrompu vendredi tout traitement et alimentation. Il entend se laisser mourir, dit-il, faute d'avoir obtenu du président MACRON une injection à titre compassionnel pour abréger ses souffrances. Les autorités n'ont pas de réponse à apporter à cet homme ?
SOPHIE CLUZEL
Je crois d'abord que le président de la République a été très clair, il n'est pas au-dessus des lois, il y a des lois justement pour accompagner la fin de vie…
SAMUEL ETIENNE
C'est la loi sur la fin de vie de 2016.
SOPHIE CLUZEL
Exactement, et je pense que d'abord c'est une situation très bouleversante, pour tout le monde, qui nous remet face à notre à notre finitude, si je puis dire. Voilà, le président de la République a annoncé cela, qu'en effet il ne pouvait pas être au-dessus des lois. Je suis bien sûr depuis longtemps les demandes d'Alain COCQ, mais voilà, enfin, je compatis vraiment à cette décision, mais on ne peut pas aller au-delà de ce que nous préconise la loi.
SAMUEL ETIENNE
On va rappeler, et puis après on passera à un autre sujet. La loi sur la fin de vie de 2016, autorise la sédation profonde, mais pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme. Et c'est tout le débat ici.
SOPHIE CLUZEL
Bien sûr. Bien sûr, alors nous développons tous les soins d'accompagnement palliatif pour l'accompagnement de fin de vie, ça c'est très important.
SAMUEL ETIENNE
Il y a une semaine tout juste la rentrée scolaire, notamment pour les enfants en situation de handicap dans notre pays, il y a des associations, l'UNAPEI notamment, qui estime que des milliers d'enfants ont été privés d'école, faute de place.
SOPHIE CLUZEL
Alors, je dis aux parents qui ont encore des difficultés, parce que, à chaque fois, à la rentrée scolaire les parents ont des questionnements, qu'il y a un numéro spécifique, c'est le 0 805 805 110, et c'est celui-là qui peut résoudre encore quelques inquiétudes.
SAMUEL ETIENNE
Ces familles-là ont dû l'appeler ce numéro.
SOPHIE CLUZEL
Bien sûr, et nous avons très peu d'appels, donc c'est quand même un signe que la rentrée a été extrêmement bien préparée.
SAMUEL ETIENNE
Alors, l'UNAPEI qui parle de ces milliers d'enfants, elle se trompe.
SOPHIE CLUZEL
Alors, non, elle ne se trompe pas, je veux dire, elle est au courant des problèmes, mais elle a une partie de la réponse aussi. Les associations gestionnaires qui sont aux côtés de l'Education nationale pour réussir cette rentrée, ont une partie des réponses, donc sur le site de l'UNAPEI c'est 500 enfants, moi je dis à l'UNAPEI : donnez-nous les coordonnées. Je ne les ai pas les coordonnées des parents pour pouvoir résoudre encore certaines difficultés. Nous avons mis des commissions, avec Jean-Michel BLANQUER nous avons préparé cette rentrée scolaire, + 6 % d'enfants handicapés qui font le chemin vers l'école, nous avons en 3 ans 80 000 enfants scolarisés de plus, avec une vraie…
SAMUEL ETIENNE
Ça fait plus de 28% depuis le début de…
SOPHIE CLUZEL
Oui, avec une vraie coopération, c'est-à-dire que l'école s'ouvre, ce n'est plus que la seule responsabilité de l'enseignant, c'est aussi la responsabilité de la communauté éducative, et surtout du médico-social, ces experts qui sont des orthophonistes, des rééducateurs, des psychologues qui rentrent dans les écoles pour accompagner le parcours. Hier j'étais encore à Lens, à Arras, on a créé des classes autistes par exemple dans les écoles maternelles, avec des parents qui nous disent : c'est formidable, enfin nous redevenons parents d'élèves, parce que nos enfants sont pris à temps plein, 85% des enfants sont à temps plein à l'école, des enfants handicapés. Et cette rentrée s'est plutôt bien passée, parce qu'elle a été extrêmement bien préparée, les enfants étaient prioritaires pour la sortie du confinement, donc les gestes barrières ils se les sont appropriés, et donc je pense que nous sommes vraiment sur une rentrée assez sereine malgré vraiment le protocole sanitaire complexe.
SAMUEL ETIENNE
Puisqu'on parle des gestes barrières, parlons des masques à l'école et surtout des masques transparents, parce que vous venez d'annoncer que tous les enseignants de maternelle, et ceux qui accueillent des élèves sourds et malentendants dans leur classe, porteront des masques transparents d'ici l'automne.
SOPHIE CLUZEL
J'ai annoncé que l'Education nationale était en cours de commande, parce que, pourquoi, il faut être très clair ? Ce sont des masques qui ont été homologués il y a une quinzaine de jours, à peu près cinq masques maintenant, la cadence de production est en train de monter, par exemple les entreprises adaptées comme APS France Handicap s'est engagée à faire 200 000 masques d'ici l'automne, donc nous allons pouvoir petit à petit fournir bien sûr en priorité les professeurs qui ont des enfants sourds, mais les entreprises aussi qui ont des travailleurs sourd, et d'ailleurs l'État se met aux côtés des entreprises pour compenser justement le coût de ces masques, parce que c'est normal qu'il y ait un coût plus élevé, c'est une technologie différente, ils sont à peu près à 10 €, l'État avec, c'est un peu complexe, l'AGEFIPH, enfin je dirais les organismes qui viennent justement pour les adaptations, vont pouvoir…
SAMUEL ETIENNE
Vous pouvez nous le montrer d'ailleurs le masque…
SOPHIE CLUZEL
… un collaborateur sourd a besoin d'avoir une dizaine de masques pour les autres collaborateurs autour de lui. Et donc forcément, l'intérêt c'est que nous pouvons lire sur les lèvres, mais surtout voir un sourire, et donc c'est je dirais un bienfait pour beaucoup de monde, notamment par exemple les orthophonistes, mais aussi des personnes âgées, et c'est l'intérêt en crèches, en crèches inclusives, j'étais par exemple à Lyon, ils sont très intéressés pour pouvoir les commander. Donc le problème c'est que maintenant il faut que nous montions en production.
SAMUEL ETIENNE
Ça fonctionne très bien, je le constate avec vous. Depuis que votre venue a été annoncée hier dans notre matinale, j'ai reçu beaucoup de messages provenant d'accompagnant d'élèves en situation de handicap, beaucoup de colère sur leur précarité, sur leur salaire. Qu'est-ce qui provoque cette colère ?
SOPHIE CLUZEL
Je pense que les choses s'améliorent énormément. Le ministre de l'Education nationale en a fait vraiment des membres à part entière de la communauté éducative. Plus aucun accompagnant en contrat aidé, c'était un vrai engagement, ils sont tous en CDD, 100 000 accompagnants qui font, qui accompagnent les élèves handicapés, 8 000 embauches cette année justement, et petit à petit des AESH, des Accompagnant d'Elèves en Situation de Handicap, qui sont avec des temps hebdomadaires qui augmentent, justement pour les dé-précariser. Le ministre de l'Éducation nationale en a fait un vrai objet d'amélioration de la leur professionnalisation, mais aussi je dirais dé-précariser ces personnels pour leur permettre d'avoir plus de temps hebdomadaire, en devenant personne ressource…
SAMUEL ETIENNE
Et une revalorisation salariale, ça sera possible aussi ?
SOPHIE CLUZEL
Bien sûr, puisque c'est dans le dialogue social.
SAMUEL ETIENNE
C'est ce qu'ils demandent aujourd'hui. Le plan de relance, ce fameux plan de relance de 100 milliards d'euros qui a été présenté la semaine dernière par le gouvernement, on en a beaucoup parlé sur notre antenne, plan de relance avec une mesure, si je ne me trompe pas, une mesure pour les travailleurs handicapés, jusqu'à 4 000 euros pour l'embauche d'une personne handicapée par une entreprise. Vous pensez que ça permettre de…
SOPHIE CLUZEL
Quel que soit l'âge.
SAMUEL ETIENNE
Oui, quel que soit l'âge, exactement.
SOPHIE CLUZEL
C'est la mesure jeunes, et pour les personnes handicapées, nous l'étendons.
SAMUEL ETIENNE
Ça va déclencher de nombreuses embauches, vous pensez ou pas ?
SOPHIE CLUZEL
Nous mettons tout en œuvre, il n'y a pas que cela, bien sûr, le plan de relance il est inclusif, nous avons travaillé dans tous les domaines, nous avons travaillé bien sûr sur l'embauche, sur la stabilité aussi et sur le maintien en situation professionnelle, mais pas que, sur la mobilité par exemple nous avons 120 millions qui sont fléchés pour la mobilité, pour accélérer la mise en accessibilité des gares, parce que si on veut aller travailler, il faut une mobilité. Et puis il n'y a pas que ça, il y a aussi dans le plan par exemple d'accélération numérique de l'État, nous voulons absolument accélérer la mise en accessibilité des sites, des sites internet pour les sourds, pour les malvoyants, pour permettre justement cette autonomie des personnes en situation de handicap. C'est un vrai, vrai vrai coup d'accélérateur sur l'accessibilité. Nous avons aussi fléché la revalorisation par exemple dans les établissements médico-sociaux de toute l'articulation numérique, pour pouvoir améliorer la télémédecine, mais pas que aussi, le numérique est un enjeu formidable, on l'a bien vu pendant le confinement, on l'a bien vu pour les parents d'enfants en situation de handicap, mais bien au-delà pour les parents en général, que le numérique était un vrai outil, donc nous accélérons, nous avons plus de 400 millions qui sont dédiés pour les établissements médico-sociaux à les faire monter je dirai en gamme de vraiment d'outillage numérique, aux bienfaits des personnes en situation de handicap. Il y en a partout dans ce plan de relance, nous avons 300 millions que nous avons dédié avec Brigitte KLINKERT, pour la rénovation de l'outil des entreprises adaptées, ils ont fait face à une reconversion phénoménale, par exemple, ils produisent par exemple des masques adaptés, nous venons à leurs côtés pour pouvoir tout simplement les aider à faire cette reconversion professionnelle.
SAMUEL ETIENNE
Une dernière question sur le masque adapté justement. Vous parliez tout à l'heure de son coût.
SOPHIE CLUZEL
Du masque transparent.
SAMUEL ETIENNE
Oui, transparent, pardon, qui est supérieur à celui d'un masque normal, bien sûr. Son coût à peu près, d'ailleurs c'est…
SOPHIE CLUZEL
A peu près de 10 euros.
SAMUEL ETIENNE
D'accord.
SOPHIE CLUZEL
Donc justement l'État vient à côté des entreprises, quand vous avez un collaborateur en situation de handicap, de surdité, ou qui ait besoin de lire sur les lèvres, c'est de 10 masques qu'il faut pouvoir commander, à peu près, pour avoir 10 collaborateurs qui sont en situation de communication. L'État vent à côté des entreprises pour justement abonder la différence de coût. Mais il y a encore plein plein de domaines, je pourrais vous en parlez beaucoup de cette relance inclusive…
SAMUEL ETIENNE
Mais vous reviendrez.
SOPHIE CLUZEL
J'ai travaillé avec Bruno LE MAIRE pour que vraiment le plan puisse prendre en compte toutes les spécificités des personnes en situation de handicap.
SAMUEL ETIENNE
Vous reviendrez.
SOPHIE CLUZEL
Mais bien sûr.
SAMUEL ETIENNE
Ce n'est pas la première fois qu'on vous reçoit, Sophie CLUZEL, c'est toujours avec plaisir. Un grand merci de nous avoir rejoints ce matin.
SOPHIE CLUZEL
Merci beaucoup.
SAMUEL ETIENNE
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 septembre 2020