Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et notre invité politique ce matin, c'est Jean-Baptiste LEMOYNE. Bonjour.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous, secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la Francophonie. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale. Bonjour Christelle BERTRAND du groupe La Dépêche.
CHRISTELLE BERTRAND
Bonjour. Bonjour Jean-Baptiste LEMOYNE.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Merci d'être avec nous Christelle. Jean-Baptiste LEMOYNE, vous êtes ministre au Quai d'Orsay. C'est l'incertitude autour du sort de Sophie PETRONIN, la dernière otage française dans le monde. Est-ce que vous avez des informations ? Où en est-on ce matin ? Est-ce qu'elle a été libérée ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Vous savez sur ces sujets d'otages qui sont éminemment sensibles, je ne donnerai aucune information ce matin. Comprenez encore une fois que ce sont des affaires toujours très délicates et qu'il convient de ne pas commenter plus avant cela.
ORIANE MANCINI
Mais il faut être optimiste sur son sort ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Vous savez, on est toujours très mobilisé au Quai d'Orsay auprès de nos humanitaires. Certains parfois ont été pris en otages, certains hélas ont perdu la vie. Je parle d'humanitaires encore. Je pense au mois d'août et à ces six jeunes de l'organisation Acted. Mais toujours, toujours inlassablement naturellement nous sommes à leurs côtés, aux côtés des familles, mais ce matin je ne peux pas vous en dire plus.
ORIANE MANCINI
Vous ne pouvez pas nous en dire plus mais est-ce que vous pouvez nous dire est-ce que les choses ont bougé au moins ? Est-ce que ça vous pouvez nous le dire, s'il y a une évolution de la situation de Sophie PETRONIN ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Je comprends que vous essayez une troisième fois mais je ne pourrai pas aller plus loin ce matin.
ORIANE MANCINI
Allez, on va passer à un autre sujet, la crise sanitaire, Christelle BERTRAND, évidemment qui occupe le devant de l'actualité.
CHRISTELLE BERTRAND
Oui. De nombreuses questions sur la manière d'abord de communiquer du gouvernement et sur les mesures qui ont été prises. On sent une certaine hésitation à la fois dans les discussions avec les autorités locales, enfin les représentants locaux et aussi dans les annonces qui sont faites, des communiqués qui tombent assez tard dimanche soir sur la situation à Paris. Pour quelles raisons est-ce qu'il y a ces changements de stratégie de la part de Matignon ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors moi, je dirais qu'on apprend progressivement de tout ce qui s'est passé depuis le mois de mars. Souvenez-vous au mois de mars, c'est le samedi pour le dimanche que par exemple les restaurateurs ont appris qu'ils allaient fermer. Plus récemment, nous avons pu au contraire prendre le temps de travailler avec les professionnels, avec les territoires et la semaine dernière avec le Premier ministre, nous avions rencontré les associations représentant l'hôtellerie, la restauration. Nous avons pu travailler avec eux sur des protocoles renforcés avant que des mesures soient annoncées. Et donc je crois que justement…
CHRISTELLE BERTRAND
Ce qui n'avait pas été le cas à Marseille par exemple ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
A Marseille, nous avions pris déjà plus de précautions qu'au mois de mars puisque la décision n'est pas tombée d'un coup d'un seul pour une fermeture du jour au lendemain, mais il y a eu plusieurs jours pour permettre aux acteurs de s'organiser. Ne serait-ce que pour pouvoir liquider les stocks, éviter qu'ils gardent cela. Donc je crois qu'avec Jean CASTEX justement, il y a cette méthode de travail avec les territoires. Il a reçu justement les maires d'un certain nombre de grandes métropoles la semaine dernière : Grenoble, Lille, Paris etc, et d'ailleurs c'est la marque Jean CASTEX, ce travail avec les territoires et ce travail avec les professionnels. Et moi je le fais d'ailleurs de façon hebdomadaire, je réunis les professionnels du tourisme. Hier soir avec Bruno LE MAIRE encore, nous étions avec eux pour justement une audio-conférence afin d'être continuellement en retour d'expérience du terrain.
CHRISTELLE BERTRAND
On comprend mal par exemple pourquoi avoir fermé les restaurants à Marseille et pas à Paris. Est-ce que c'est les discussions avec les professionnels qui se sont passées différemment ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Je crois que le Premier ministre l'assume de dire qu'il fallait à un moment être entendu des Français sur le fait que la situation, elle s'aggravait, et il y a un moment où il faut aussi permettre par des décisions fortes de faire prendre conscience de cela. Regardez le taux de remplissage d'un certain nombre de services de réanimation par les patients Covid. Donc je crois qu'aujourd'hui, cette prise de conscience elle est là. Tout le monde se mobilise et les professionnels au premier chef. Je veux saluer le professionnalisme justement des restaurateurs qui ont travaillé sur ces protocoles renforcés. Désormais des tablées de 6 personnes et non plus de 10, des cahiers de rappel, tout ça c'est des éléments qui vont nous permettre de continuer à vivre tout en combattant le virus. Et je pense que c'est important que la vie soit plus forte que le virus ; on sait qu'on va devoir encore vivre plusieurs mois dans cette situation-là, et donc le fait de ne pas fermer purement et simplement les activités participe de cette vitalité. Mais il faut encadrer, réguler la façon dont la vie s'organise.
ORIANE MANCINI
Alors il y a quand même des dégâts économiques notamment dans ce secteur de l'hôtellerie-restauration. Est-ce que vous arrivez à les chiffrer ces dégâts économiques ? Combien d'hôtels, combien de restaurants ont dû fermer ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors depuis le mois de mars, on a mis énormément d'aides en place pour pouvoir aider les professionnels à passer ce cap. Je rappelle le chômage partiel, les exonérations de charges sur 4 mois, également l'éligibilité au fonds de solidarité et surtout, nous avons adapté ces outils au fur et à mesure parce qu'on a bien vu que après une parenthèse estivale où l'été bleu-blanc-rouge que j'avais appelé de mes voeux a quand même bien fonctionné, hélas l'arrière-saison effectivement est moins au rendez-vous. Et donc on a adapté la semaine dernière ces outils avec, par exemple, le prolongement de l'activité partielle jusqu'à la fin décembre 20020. On a également augmenté le volet 1 du fonds de solidarité : il était de 1 500 euros par mois, il passe à 10 000 euros, ça permet à des restaurateurs par exemple de prendre en charge un certain nombre de charges fixes, une partie du loyer, une partie peut-être de certaines redevances etc. Donc on a été, on est et on sera au rendez-vous dans la durée aux côtés des professionnels. Parce que notre souhait le plus cher, c'est de préserver les emplois, les talents, les savoir-faire pour pouvoir rebondir le moment venu.
ORIANE MANCINI
Dans la durée, ça veut dire au-delà de la fin de l'année si jamais la situation continue ? Là on est sur des mesures qui vont jusqu'au 31 décembre.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Jean CASTEX l'a dit : il y aura une clause de revoyure en décembre. Il l'a dit. Pour l'instant on prolonge jusqu'en décembre et puis on évaluera au regard de la situation ce qu'il conviendra de faire, ce qu'Elisabeth BORNE a également redit hier dans notre audio-conférence.
ORIANE MANCINI
Mais alors est-ce que c'est suffisant pour éviter les dégâts ? On a du mal à croire malheureusement qu'aucun hôtel, qu'aucun restaurant ne va être obligé de fermer ? Est-ce que vous arrivez à chiffrer, vous, l'impact économique ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Ecoutez effectivement, on voit bien que la situation est telle que hélas il y aura sûrement ici et là des fermetures et d'ores et déjà. Les professionnels, l'UMIH, le GNI craignent que 20 à 25% peut-être d'établissements soient en grande fragilité. Donc face à cela encore une fois, on ne mégote pas. On déploie un soutien qui est inédit. Inédit ! C'est, regardez, 10 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat et avec également des prêts qui vont pouvoir être remboursés sur une période plus longue. C'est également, avec l'activité partielle, la nationalisation des salaires. Je crois que quand on regarde ce qui a été fait en France et qu'on regarde ce qui a été fait dans d'autres pays, les professionnels du tourisme ils nous le disent. Lorsqu'ils sont présents dans plusieurs pays ils disent : c'est très clair, c'est en France qu'on a été le plus protégés.
CHRISTELLE BERTRAND
Quelles sont les infrastructures les plus touchées aujourd'hui ? On pense aux grands hôtels parisiens par exemple. Quels sont les secteurs ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Le secteur de l'événementiel est un secteur très touché. Vous savez qu'un des moteurs du tourisme, c'est le tourisme d'affaires. Les foires, les congrès, les salons sont encore entravés et nous avons encore eu l'occasion de travailler avec eux hier. Moi je souhaite qu'on puisse avec Bruno LE MAIRE travailler aussi sur des protocoles qui permettent à cette filière peut-être de reprendre des activités, ne serait-ce que ce qu'on appelle en B2B, c'est-à-dire pour tout ce qui est clientèle d'affaires. Les salons grand public, on voit qu'il y a peut-être encore des difficultés dans un premier temps mais les salons professionnels, les salons d'affaires, les séminaires c'est important qu'ils puissent se tenir, c'est important aussi de reprendre. C'est-à-dire qu'on ne travaille pas seulement par visioconférence et en se voyant par pixels interposés mais véritablement il y a besoin de rencontres et, surtout, ce sont des grands professionnels qui savent gérer les flux, les réguler. Et de ce point de vue-là, je veux saluer l'action d'UNIMEV. On va travailler avec eux dans les prochains jours.
CHRISTELLE BERTRAND
Justement est-ce que vous avez des études sur la propagation du virus en milieu fermé ? On sait qu'il y a eu une étude dans un restaurant à Canton qui explique que la climatisation fait circuler le virus. Est-ce qu'il y a des choses qui ont été étudiées comme ça en France pour justement comme vous dites…
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors Jérôme SALOMON, le directeur général de la Santé, a fait état d'un certain nombre d'études ou études américaines également, et c'est pourquoi d'ailleurs à chaque fois nous saisissons le Conseil scientifique des projets de protocoles. Nous le saisissons pour recueillir son avis, et moi je me réjouis que le Conseil scientifique justement en tous les cas ait validé ces protocoles renforcés pour les restaurants qui permettent aux Françaises et aux Français de continuer à en profiter. Et je leur dis : à vos fourchettes, rendez-vous dans les restaurants parce qu'ils ont besoin d'être soutenus. Quelque part c'est un acte de plaisir mais c'est aussi un acte citoyen.
CHRISTELLE BERTRAND
Mais il n'y a eu aucune étude en France sur les modes de circulation du virus ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Ecoutez, là il faut interroger le ministre de la Santé.
CHRISTELLE BERTRAND
D'accord.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Moi je suis vraiment en charge de l'activité économique du tourisme, mais ce que je peux vous dire c'est qu'à chaque fois dans toutes les décisions qu'on prend, on les prend aussi en étant éclairés par naturellement les avis scientifiques, par le Conseil scientifique. C'est ce qui s'est passé pour maintenir ouverts les restaurants.
ORIANE MANCINI
Et on va parler du tourisme justement avec un impact, on l'imagine. Vous nous dites l'arrière-saison est un petit peu plus difficile. On est au mois d'octobre, est-ce que vous avez un bilan de la saison estivale à nous faire ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors c'est une saison estivale qui a été est plutôt une bonne surprise, parce que les Français ont été massivement présents au rendez-vous pour redécouvrir la France. 94 % des Français qui sont partis en vacances sont restés en France. C'est 15 à 20 points de plus que d'habitude et c'était très important parce qu'on avait à côté de ça beaucoup de clientèle internationale lointaine, comme les Chinois, comme les Américains qui n'ont pas pu venir.
ORIANE MANCINI
Et ça a compensé ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
En partie. Pas totalement mais en partie. Parce que les Français chaque été, ils partent. Ils sont 9 millions à partir et ils dépensent 14 milliards d'euros. Eh bien là, il y a une partie de cet argent qui du coup a été dépensée dans nos territoires et…
ORIANE MANCINI
Mais vous avez des chiffres plus précis de ce que ça a représenté ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Mais des chiffres, on a eu par exemple sur tous les littoraux des taux d'occupation des hôtels qui étaient massifs, qui étaient entre 90% et 100%. Il y a eu un très grand succès des gîtes de France, des destinations montagne. La montagne a fait le plein et c'est d'ailleurs une bonne chose parce que c'est un territoire par exemple, ce sont des territoires qui sont touchés par le réchauffement climatique et qui ont besoin de penser un tourisme des quatre saisons, qui ont besoin de désaisonnaliser. J'étais la semaine dernière au Congrès des domaines skiables de France à Grenoble et eux qui prennent à bras-le-corps la transition énergétique, la transition climatique, ils vont travailler aussi sur des activités l'été, sur le fait de proposer de nouvelles activités. Donc on le voit, le tourisme tricolore il s'adapte, il est très résilient mais il y a eu un contraste aussi puisque des territoires comme Paris, l'Ile-de-France, les grandes métropoles qui ont plutôt un tourisme international ont été plus touchés que d'autres. Et à l'inverse d'autres territoires littoraux - le Var, les Pyrénées Atlantiques - ont connu de très grands succès.
CHRISTELLE BERTRAND
Justement depuis quelques jours, certains ministres disent : cette crise comme vous venez de le dire, ça va être encore plusieurs mois, peut-être une année, peut-être plus. Est-ce que vous êtes inquiet pour les vacances de Noël, par exemple, qui sont un moment, une saison touristique importante en France où là on est peut-être enfin plus confiné, on va plus au restaurant en intérieur ? Est-ce que vous avez des inquiétudes sur cette période de Noël ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors la période de Noël, les professionnels ils s'y préparent soigneusement, méticuleusement et là aussi par exemple les vacances Noël souvent ça rime aussi avec les sports d'hiver, avec la montagne. Je peux vous dire que les professionnels, ils ont mis en place des protocoles et vous pouvez regarder sur le site de France Montagne, depuis le voyage en train jusqu'au déplacement en télécabine ou à la restauration, tout est fait pour qu'à tout moment les protocoles soient mis en place, soient respectés. Mais beaucoup repose aussi sur la responsabilité individuelle les Français. Les protocoles, ils sont là ; encore faut-il que chacun d'entre nous s'astreigne également à leur respect, s'astreigne aux gestes les plus élémentaires que maintenant on connaît, les fameux gestes barrières. Parce qu'en fait, c'est individuellement et collectivement qu'on arrivera à vaincre ce virus et que plus que jamais, la responsabilité de chacun elle est là. Et parfois c'est vrai que, surtout dans un cadre familial, on a envie de s'étreindre, de s'embrasser etc et on voit que c'est dans les fêtes familiales, dans les événements familiaux souvent que le virus se propage. Donc il faut faire très attention, être prudent et c'est vraiment l'appel que je lance.
ORIANE MANCINI
Mais comme Christelle le rappelait, cette crise sanitaire est malheureusement amenée à durer. Est-ce que vous travaillez avec les élus, avec les collectivités à un nouveau tourisme en France ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Tout à fait. Il faut avoir dans ce moment à la fois l'oeil sur le microscope, voir ce qui ne va pas dans le très court terme et comment on peut aider au soutien. Et puis en même temps, avoir la longue vue : le tourisme de demain, c'est quoi et ce tourisme tricolore comment il va rester sur le podium ? Parce que je rappelle que nous sommes la première destination touristique mondiale, en tout cas en entrant dans la crise, et il ne faut pas que les cartes soient rebattues à notre détriment. Et donc le tourisme de demain, je pense qu'il aurait une dimension encore toujours plus durable. On sent que le consommateur, il est prêt à ça. Le client, le voyageur. Il a des attentes, il souhaite que ce secteur du tourisme il respecte également l'équilibre, l'harmonie de cette planète. Je pense qu'il y aura aussi une plus grande répartition des flux. On l'a vu dès cet été, les comportements ont évolué. Beaucoup de gens ont choisi d'aller dans des territoires plus reculés, moins accessibles parce que finalement ils voulaient être un peu dans une sorte de bulle, de cocon, ne pas être au milieu d'une grande masse de personnes. Donc je crois que la crise…
ORIANE MANCINI
Donc fini le sur-tourisme dans certains endroits. On a beaucoup parlé de ce problème notamment pour certaines collectivités victimes du sur-tourisme. Là, vous travaillez à une répartition sur tout le territoire français ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors je crois que la crise finalement, au-delà d'être un révélateur elle est un accélérateur effectivement des évolutions sociologiques. Et de ce point de vue-là, je pense qu'il y a une marche qui a été franchie. On travaillait déjà à une meilleure répartition géographique des flux. Mais je rappelle que, s'il y a quelques mois nos réflexions portaient sur le sur-tourisme, aujourd'hui on pâtit du sous-tourisme. Et on voit bien aussi ce que le sous-tourisme génère en problème pour des territoires qui sont parfois hautement dépendants du tourisme. Je sais que la Corse est chère à votre coeur. D'ailleurs nous étions avec le président de la République en Corse il y a quelques semaines.
ORIANE MANCINI
Et vous irez avec le Premier ministre dans dix jours.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Tout à fait. Pour le congrès de l'ANEM. Nous avons pu travailler avec les élus du territoire et on a bien vu que, si la saison estivale a été réussie, hélas elle a sûrement été plus courte que prévu, qu'il va falloir dans la durée là aussi aider les professionnels à passer ce cap. Mais je crois qu'on le voit, il y a beaucoup de réflexions à l'oeuvre pour un tourisme plus durable et aussi pour que les acteurs du tourisme prennent plus en compte la dimension digitale. Parce qu'on l'a vu, le digital a envahi nos vies et la crise a accéléré cela, et il faut que les acteurs du tourisme ne voient pas la valeur ajoutée liée parfois au digital pour les réservations etc leur échapper. Donc on a demandé d'ailleurs à Olivier SICHEL qui est le directeur général délégué de la Caisse des dépôts et consignations de plancher sur ce sujet-là. On le fait au sein du comité de filière tourisme aussi que j'anime avec Laurent QUEIGE, je le président du Welcome City Lab. Je crois que cette crise, c'est aussi un moment pour repenser le tourisme, le tourisme tricolore et essayer de prendre un temps d'avance peut-être. Vous savez le mot crisis, en grec il a ce côté polysémique, des opportunités peuvent aussi en être.
ORIANE MANCINI
Et dans votre portefeuille, Jean-Baptiste LEMOYNE, il y a aussi les Français de l'étranger et cette question qui se pose des couples binationaux qui ne peuvent pas se retrouver car certaines frontières sont encore fermées. Qu'est-ce que vous allez faire pour eux ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors on a d'ores et déjà agi. On a mis en place une procédure pour pouvoir rapprocher les couples qui sont ni mariés, ni pacsés et je peux vous dire qu'il n'y a pas beaucoup de pays dans le monde qui l'ont fait. Donc la France doit être dans les 10, 15 pays qui ont mis en place une procédure. Cette procédure, elle est désormais active, elle fonctionne. Il y a plus de 300 laissez-passer qui ont été délivrés depuis une quinzaine de jours, qui permettent à ces couples de se retrouver, et donc il y a encore plusieurs centaines de dossiers qui sont en cours d'instruction. Je veux rassurer tous ces lovers comme on dit, ces amoureux en bon français - parce que je suis aussi secrétaire d'Etat à la Francophonie, donc il ne faut pas que je me laisse entraîner sur la pente de l'utilisation de mots anglais - mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a désormais de belles histoires qui me sont rapportées, des gens qui m'envoient leurs photos de retrouvailles, et je m'en réjouis. Parce que c'est vrai que ce virus, eh bien il n'aime pas l'amour, nous si. Donc je sais que ça a pris du temps, les gens ont parfois été séparés pendant quatre, cinq, six mois et que leurs attentes étaient fortes. J'espère désormais qu'avec cette procédure que l'on a mise en place entre…
ORIANE MANCINI
Ils sont encore combien dans cette situation de couples qui ne peuvent pas se retrouver ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Nous avons à peu près reçu 800 dossiers, 300 ont reçu un avis positif, entre 50 et 100 ont dû recevoir un avis négatif, donc il doit en rester encore 4 à 500 en cours d'examen.
CHRISTELLE BERTRAND
Il y a des pays particulièrement concernés plus que d'autres ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Beaucoup de dossiers qui viennent des Etats-Unis notamment mais ça concerne un peu le monde entier le premier. Le premier laissez-passer concernait quelqu'un qui était en Amérique latine, vous voyez, donc voilà.
ORIANE MANCINI
Et ces 4 à 500, ils vont avoir une réponse quand ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Vous savez, ça n'arrête pas de travailler dans les consulats, au ministère de l'Intérieur et donc les réponses sont données chaque jour au fil de l'eau, et tant que le besoin sera là.
ORIANE MANCINI
Un mot sur l'assemblée annuelle des Français de l'étranger, Christelle.
CHRISTELLE BERTRAND
Oui, vous venez d'être élu sénateur. Pour quelle raison est-ce que vous avez décidé de ne pas siéger immédiatement au Sénat ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Alors j'ai été très clair devant les grands électeurs de l'Yonne et je les remercie de m'avoir fait confiance avec Marie EVRARD, ma suppléante. C'est que j'ai été candidat parce que j'ai été sénateur de l'Yonne. J'ai passionnément aimé ce mandat, je m'y suis investi et je crois pouvoir dire qu'on a fait du bon travail avec les élus. Et donc pour moi, il était naturel aussi de me soumettre aux suffrages des grands électeurs, et puis surtout c'est un moment très particulier que nous vivons dans ce temps. C'est un moment pas comme les autres et donc ça sera un mandat pas comme les autres. Et justement, je pense que je serai d'autant plus utile au département de l'Yonne, aux communes de l'Yonne en étant toujours membre du gouvernement. Je me suis beaucoup engagé pour que le plan de relance, il bénéficie pleinement au département de l'Yonne, et je peux vous dire que les rendez-vous soit avec mes collègues ministres, soit avec différentes administrations pour faire avancer des dossiers, ils n'ont pas tardé. On est à l'oeuvre, à l'action et donc c'est en restant au gouvernement que je serai utile. Et Marie EVRARD qui est élue à mes côtés siégera comme sénatrice de l'Yonne, tout comme Dominique VERIEN également qui a été élu, eh bien voilà. Nous serons… Finalement ils en ont deux pour le prix d'un, les grands élus de l'Yonne. C'est quand même plutôt bien.
ORIANE MANCINI
Un petit mot quand même Jean-Baptiste LEMOYNE. Il y a quelques mois, vous étiez candidat pressenti pour être à la mairie de Biarritz. Ç'a été compliqué de revenir faire campagne dans l'Yonne ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
En tous les cas, les grands électeurs ils ont pu juger, voter et dire : finalement on souhaite pouvoir travailler avec lui et moi je n'ai jamais cessé d'oeuvrer pour l'Yonne, vous savez, y compris dans cette période pré-municipales que vous évoquez. Toujours, à tout moment, quand un élu de l'Yonne se manifestait pour porter un dossier j'étais présent au rendez-vous et on continuera comme ça.
ORIANE MANCINI
Et vous allez continuer, on l'imagine, à travailler pour les départementales et pour les régionales dans votre département, dans votre région. Vous serez candidat pour une de ces deux élections ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Ecoutez, le temps de se prononcer n'est pas venu mais je suis conseiller départemental. C'est un mandat que j'exerce depuis 2008 et que j'exerce aussi avec beaucoup de passion. On a des gros enjeux devant nous, le fait qu'on puisse tirer la fibre, le très haut débit pour nos administrés, donc c'est des beaux dossiers.
ORIANE MANCINI
Plutôt candidat aux départementales.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Ecoutez, on verra le moment venu. Mais en tous les cas pour l'instant, je m'investis pleinement dans ce mandat avec Delphine GREMY qui est conseillère départementale à mes côtés pour ce joli canton du Gâtinais-en-Bourgogne.
ORIANE MANCINI
Est-ce que comme Edouard PHILIPPE, vous êtes un peu chargé de faire revenir les élus de droite dans le giron de la République en Marche ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Vous savez, je crois que beaucoup d'élus… Enfin, ils n'ont pas besoin qu'on leur dise ce qu'il faut faire. Moi ce que je constate, c'est qu'il y a beaucoup d'élus qui se reconnaissent dans la démarche du président de la République qui est de réunir les bonnes volontés, les énergies d'où qu'elles viennent. Quand je regarde la table du conseil des ministres, où je vois des gens qui viennent de la social-démocratie avec Jean-Yves LE DRIAN, quand j'en vois d'autres qui viennent justement plutôt du monde de l'écologie etc, eh bien c'est ce qu'on retrouve dans nos conseils municipaux. On se retrouve derrière un projet pour la commune, eh bien là on se retrouve derrière un projet pour la France et cette fédération des énergies, je trouve que c'est cette France unie dont on a besoin pour faire avancer le pays, surtout dans les moments de crise que nous connaissons. Et je me réjouis que de nombreux élus à droite continuent à porter un regard bienveillant sur l'action du gouvernement. On travaille très bien, moi je travaille très bien par exemple avec les régions de France, avec le président Renaud MUSELIER et nous sommes issus de la même famille politique à la base.
ORIANE MANCINI
Dernière question, Christelle.
CHRISTELLE BERTRAND
Vous avez eu du mal à fédérer les énergies autour du vote sur les néonicotinoïdes. Beaucoup d'abstentions, quelques votes contre. Est-ce que ce n'est pas révélateur quand même d'une certaine fragilité de la majorité au moins sur ces questions environnementales ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Moi je me réjouis de ce vote en tous les cas. Je peux vous dire que je suis dans un département où la betterave est importante et on voit bien qu'il y avait besoin d'utiliser encore ces néonicotinoïdes pour lutter contre cette maladie de la jaunisse. Donc on le fait, on reste dans un cadre européen et, encore une fois, on le fait avec toutes les précautions d'usage. Maintenant ce sont des sujets sur lesquels certains mettent un peu d'huile sur le feu. Je l'ai vécu il y a quelques mois avec l'accord avec le Canada.
ORIANE MANCINI
C'est qui "certains" ?
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
On voit bien que sur les réseaux sociaux fleurissent parfois beaucoup de désinformations et qu'il est important aussi sur ces sujets-là, qui peuvent être très passionnels, de raison garder et d'en rester aux faits, rien que les faits, tous les faits.
ORIANE MANCINI
Et merci beaucoup. Merci Jean-Baptiste LEMOYNE d'avoir été avec nous ce matin.
JEAN-BAPTISTE LEMOYNE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 octobre 2020