Interview de Mme Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques, à CNews le 9 octobre 2020, sur les violences contre les forces de l'ordre, l'égalité des chances dans la fonction publique, l'interruption volontaire de grossesse et l'épidémie de Covid-19.

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Média : CNews

Texte intégral

LAURENCE FERRARI
Bonjour Amélie de MONTCHALIN.

AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.

LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de CNews. Deux fonctionnaires de police à Herblay ont été blessés, vous le savez, et grièvement, l'un est encore entre la vie et la mort, une agression d'une violence inouïe, trois agresseurs qui sont toujours en fuite, un niveau de violence qui ne cesse de monter dans notre pays, on s'en prend aux policiers uniquement parce qu'ils sont policiers, uniquement parce qu'ils portent l'uniforme, qu'ils sont des fonctionnaires. Vous êtes la ministre de tous les fonctionnaires de ce pays, est-ce qu'encore une fois, on peut continuer comme ça, est-ce qu'il suffit de faire des tweets, de faire des discours, les policiers réclament des choses très concrètes, des effectifs supplémentaires, le paiement de leurs heures supplémentaires aussi, un Grenelle des violences, est-ce qu'on va un jour arriver à les protéger et endiguer la violence ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Déjà, on va y arriver, parce qu'on doit y arriver. La République, elle tient parce que nous avons un certain nombre d'agents publics dont je suis effectivement la ministre, effectivement, des forces de l'ordre, dont le métier difficile, on le sait mais, dont on ne peut pas tolérer qu'ils soient attaqués parce qu'ils sont agents publics, parce qu'ils sont fonctionnaires, parce qu'ils sont forces de l'ordre. Donc nous travaillons bien sûr avec la justice pour que les choses soient réglées, et qu'ensuite, on puisse arrêter ces odieux personnages qui les ont attaqués, quand comme vous le dites, probablement parce qu'ils étaient policiers, je n'en dirai pas plus, mais je crois que nous avons tous bien compris dans quelles circonstances les choses ont pu se dérouler. Il est essentiel que nous ayons effectivement plus d'effectifs, nous y travaillons, ce sont 12.000 effectifs de policiers et de gendarmes en plus que nous avons, sur ce quinquennat, déployés, que nous ayons aussi plus de protection, et donc avec les services de renseignements, avec toute l'organisation, de la police de proximité jusqu'à la justice, nous devons être intraitables. Et je tiens, ici, vraiment à penser aux familles, aux proches, aux collègues de ces deux policiers, parce que derrière ces enjeux, il y a toujours des vies humaines, et je crois que ce matin, c'est le message que je voudrais porter.

LAURENCE FERRARI
Bien sûr, mais qu'est-ce que vous leur dites à tous ces policiers qui chaque matin on la boule au ventre en partant travailler, ils se disent : je ne rentrerai peut-être pas ce soir, le niveau de violence contre eux ne cesse d'augmenter, année après année ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Je leur dis qu'on a besoin d'eux, qu'on leur fait confiance, que leur rôle, il est essentiel à la vie démocratique, à la vie républicaine, et que donc, nous prenons, Gérald DARMANIN, le Premier ministre, le président de la République, nous nous engageons à leur apporter tout ce qu'il faut pour qu'ils puissent continuer à faire leur métier, et nous en connaissons la difficulté, et c'est pourquoi, je crois, que la reconnaissance collective est nécessaire.

LAURENCE FERRARI
Mais la défaillance de l'autorité qu'ils soulignent, et encore une fois, dont ils sont les premières victimes, elle a des racines extrêmement profondes.

AMELIE DE MONTCHALIN
Derrière l'autorité dont on a besoin, on a besoin d'une justice qui fonctionne plus rapidement et qui fonctionne plus certainement, c'est le combat d'Eric DUPOND-MORETTI de s'assurer que nous puissions répondre avec certitude et avec rapidité. On essaye tous, les uns et les autres, d'y contribuer, moi, voyez, en lui donnant des moyens par exemple dans le cadre du plan de relance, notamment sur les outils numériques, pour que tout le monde de la justice travaille plus efficacement. On voit bien que l'autorité, c'est aussi une question de justice, et donc c'est pourquoi on travaille vraiment justice, police, avec tous les moyens possibles pour que cette autorité, elle soit crédible, et je crois que tous les Français d'ailleurs attendent cela.

LAURENCE FERRARI
Dans le projet de loi sur le séparatisme, enfin, qui ne s'appelle plus séparatisme, mais on ne sait pas trop comment il va s'appeler, présenté par le président de la République, il y a la volonté de permettre à des jeunes de milieux défavorisés d'accéder aux fonctions et aux concours de la Fonction publique, on parle de tous les jeunes ou est-ce que vous parlez uniquement des jeunes des quartiers défavorisés ou alors des jeunes des milieux ruraux ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, d'abord, on ne s'inscrit pas dans le projet de loi sur les séparatismes, je pense qu'il faut déjà bien séparer, ce projet de loi…

LAURENCE FERRARI
L'égalité des chances, elle est au coeur du projet quand même…

AMELIE DE MONTCHALIN
Alors l'égalité des chances est au coeur de la vision du président telle qu'il l'a exposée aux Mureaux, mais telle qu'il l'avait exposée aussi à Clermont-Ferrand, il y a quelques semaines, nous devons effectivement nous assurer d'une chose simple, c'est que toute la jeunesse de notre pays, quel que soit son lieu de naissance, à la ville, à la campagne, quel que soit son contexte économique, ses moyens financiers, toute notre jeunesse doit avoir une place dans notre pays, on le voit aujourd'hui que la crise, on a 700.000 jeunes à qui il faut qu'on apporte une solution, une formation, un emploi, un avenir. Et la Fonction publique, c'est un domaine où tout est de la volonté politique, ce n'est pas juste une question, voyez, de pensée et d'incitation, nous avons les moyens de faire en sorte que cette priorité du président, de lutter contre l'assignation à résidence, de lutter contre les inégalités de destin, nous sommes le pays en Europe, même peut-être dans un grand… dans le monde, où les inégalités de destin se reproduisent le plus, il faut six générations aujourd'hui dans notre pays quand on est pauvre pour accéder à la classe moyenne ; ça passe donc parce qu'on appelle l'ascenseur social…

LAURENCE FERRARI
Et c'et mieux ailleurs, et c'est mieux ailleurs, c'est plus facile ailleurs…

AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a beaucoup de pays, il y a beaucoup de pays qui ont une capacité d'ascension sociale, de mobilité sociale, territoriale aussi, je pense aussi à tous ces jeunes qui vivent loin des métropoles et qui souvent, souvent, nous disent : ce que vous me proposez, travailler dans la Fonction publique, ce n'est pas pour moi. Mon premier combat, voyez, c'est vraiment de lutter contre cette autocensure, l'égalité des chances, ce n'est pas quelque chose qu'on décrète, il faut que dans la tête de chacun, on puisse se dire : ça peut être pour moi…

LAURENCE FERRARI
Pourquoi pas moi…

AMELIE DE MONTCHALIN
Pourquoi pas moi…

LAURENCE FERRARI
Qu'on se pose au moins la question…

AMELIE DE MONTCHALIN
Et quel chemin on va mettre. Mais je tiens à dire une chose, il ne faut pas séparer, il ne faut pas mélanger les enjeux de séparatisme, de laïcité, je suis effectivement la ministre chargée d'assurer la neutralité des services publics, puisque au coeur du statut des fonctionnaires, il y a la laïcité, ça, c'est une chose. Et de l'autre, il y a un autre enjeu qui est comment dans notre pays toute notre jeunesse a accès à des métiers, qui sont ceux du service de l'intérêt général, qui ne peuvent pas être réservés à certains…

LAURENCE FERRARI
Eh bien, à une élite !

AMELIE DE MONTCHALIN
A une élite…

LAURENCE FERRARI
Disons les mots, c'est une élite…

AMELIE DE MONTCHALIN
Et on le sait très bien, si on veut que cet ascenseur social dans notre pays redémarre, la Fonction publique doit en être, comme elle l'a été pendant des années, le moteur, et c'est une question de volonté politique, cette volonté politique, le président de la porte depuis trois ans, et donc il y a plein de choses qu'on peut faire, il y a plein de choses qu'on va faire, et donc on va travailler maintenant juridiquement, mais il faut avancer.

LAURENCE FERRARI
Alors c'est la bonne vieille notion de l'ascenseur social qui est bloquée dans notre pays qui va repartir grâce à vos dispositions, comment est-ce que, encore une fois, on va pouvoir trouver des jeunes qui sont, soit dans des milieux ruraux, soit, dans des milieux de zones défavorisées, qui se disent : mais, moi, c'est pour moi l'ENA, ça ne rentre même pas dans leurs logiciels…

AMELIE DE MONTCHALIN
Bon, déjà, il y a tout l'effort qu'on fait avec Jean-Michel BLANQUER, qu'il porte et avec Frédérique VIDAL sur l'éducation. Les premiers jours 1.000 jours de l'enfant, le dédoublement des classes, les devoirs faits au collège, la réforme du lycée, Parcoursup, la réforme de l'apprentissage, tout cet effort-là, c'est un effort, voyez, qui part de chaque jeune de là où il est toute sa vie.

LAURENCE FERRARI
Mais les écoles de la haute Fonction publique, c'est bien plus tard…

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais ensuite, la haute Fonction publique, on y accède après en général avoir eu au moins une licence, donc on y accède en étant à l'université. Aujourd'hui, je vais vous faire un constat, on a 1 % seulement des élèves de l'ENA actuellement qui ont un père ouvrier, c'était 4%, il y a 15 ans…

LAURENCE FERRARI
Combien de cadres ?

AMELIE DE MONTCHALIN
75 % des élèves ont un père qui a une profession dite supérieure, de catégorie sociale professionnelle supérieure, ce n'est pas pour moi ça la République, et je suis très ferme là-dessus, et le président l'est depuis trois ans, nous devons nous donner les moyens d'offrir à chacun une perspective une voie qu'il choisit, pour qu'il puisse choisir…

LAURENCE FERRARI
Mais comment ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien, il faut qu'il puisse avoir…

LAURENCE FERRARI
Ils savent que leur dossier sera retoqué de toute façon, eh bien, je viens de tel lycée ou de telle fac, je sais que je n'aurai aucune chance…

AMELIE DE MONTCHALIN
Ce n'est pas vrai, le problème, c'est que ce n'est pas ça qui se passe, c'est que les dossiers n'existent pas, avant de savoir s'il y a de la discrimination, il faudrait encore qu'on puisse déjà avoir des jeunes qui se présentent, pour avoir des jeunes qui se présentent, il faut que là où ils sont, et ils sont à l'université, on puisse, après une licence, qu'ils passent dans de nombreuses matières, leur donner les moyens de se préparer aux concours, donc aujourd'hui, on a des classes préparatoires, on a une vingtaine de classes préparatoires sur le territoire, pas partout, qui sont parfois pas connues, ce n'est pas très lisible, il faut déjà être très informé. Donc moi, je voudrais qu'on ramène tous ces dispositifs là où les jeunes sont, à l'université, partout en France, je pense aussi aux Outre-mer, on a un maillage, voyez, du territoire pour que ces jeunes dont vous parlez, eh bien, parce que c'est plus près d'eux, parce que ça leur parle, ils puissent dans leur tête se dire : ça peut être pour moi.

LAURENCE FERRARI
C'est de la discrimination positive, pourquoi ne pas dire le mot ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Ce n'est pas de la discrimination positive, parce que derrière discrimination positive…

LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas un gros mot…

AMELIE DE MONTCHALIN
Derrière discrimination positive, ça voudrait dire qu'il y a discrimination, mais aujourd'hui…

LAURENCE FERRARI
Mais il y en a des discriminations, vous le savez parfaitement…

AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a des discriminations économiques, il y a des discriminations de tous ordres, mais sur le sujet de l'accès à la Fonction publique, on n'est pas en train de se dire, il y a des gens qui arrivent devant nous, et on ne les choisit pas, ils n'arrivent pas devant nous, ils ne se présentent pas aux concours, pas parce qu'ils n'en ont pas les capacités, pas parce qu'ils n'en ont pas… mais juste parce qu'on ne les y a pas incités, informés et qu'on ne leur a pas dit : ce chemin entre là où tu es et ce concours existe, donc moi, je dois faire en sorte, par des moyens très concrets, des classes préparatoires, plutôt à l'université, partout sur le territoire, et qui lèvent les freins, en fait, hein personnels, et ensuite, bien sûr, il faut que juridiquement, tout ça s'inscrive dans un cadre qui est, je crois, celui que sur lequel nous travaillons tous, qui est celui de notre Constitution, de l'égalité et de la République.

LAURENCE FERRARI
Et on parle de tous les concours, commissaire de police, des hautes Fonctions publiques, on est d'accord…

AMELIE DE MONTCHALIN
L'objectif, c'est que tout l'encadrement de l'Etat, donc qui est l'encadrement très supérieur, la haute Fonction publique, mais il y a aussi plein d'autres concours qui sont très méconnus et qui permettraient, je crois, à beaucoup de jeunes de faire des métiers, d'abord qui ont du sens, parce que servir l'intérêt général, ce n'est pas un métier comme les autres, de faire des métiers où on se révèle soi-même et des métiers qui sont extrêmement importants pour notre pays. Et je crois que les Français auront davantage confiance d'ailleurs dans l'administration si cette administration ressemblait plus à la France.

LAURENCE FERRARI
On est entièrement d'accord. Et est-ce qu'il y aura des concours adaptés, est-ce que, comme à Sciences Po, ce ne sera pas exactement le même examen d'entrée pour ces écoles-là…

AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, moi je crois qu'il faut qu'on soit très clair, nous ne sommes pas en train de créer des secondes voies, des voies au rabais, des concours plus faciles, parce que sinon, ce n'est pas dans l'intérêt des jeunes que se dire : j'y suis, mais pas complètement. Sciences-Po, vous savez, en 2001, quand Richard DESCOINGS a proposé un nouveau mécanisme pour rentrer à Sciences-Po, il l'a fait seul, il l'a fait sans aucun soutien, il l'a fait dans un grand esprit de polémique, il en reste que 20 ans plus tard, ça a aidé beaucoup de choses, je ne suis pas directrice de Sciences-Po, ce n'est pas mon rôle, mais j'observe…

LAURENCE FERRARI
8 jeunes sur 10 qui sortent de Sciences Po et venant de ces filières trouvent du travail dans les trois mois qui suivent la sortie…

AMELIE DE MONTCHALIN
J'observe que ça a quand même apporté à beaucoup de jeunes des solutions qu'ils n'avaient absolument pas il y a 20 ans et qu'ils n'ont jamais imaginé avoir si ce genre de mécanisme n'existait pas. Donc on voit bien qu'il y a des choses à faire, il y a plein de manières de le faire, moi, je crois fondamentalement qu'on ne cherche pas à faire des choses qui soient au rabais, au contraire, on cherche à créer un chemin pour que chaque jeune trouve sa place, dans la diversité, vous savez, il y a la diversité sociale, territoriale, et il y a aussi l'égalité homme-femme, comment aussi on amène plus de jeunes femmes, de jeunes filles à se dire que ces voies d'excellence, on parle souvent des femmes dans la science, mais aussi des femmes dans l'encadrement, par exemple, de service public, aussi comment, pour elles, on fait des choses très précises. J'étais hier à Cergy, j'ai rencontré beaucoup de lycéennes, vous voyez, qui sont dans des cordées de la réussite, c'est des mécanismes où, dès le collège, des lycées, on ouvre le champ des possibles, il y avait beaucoup de jeunes filles, et je crois que c'est, pour notre pays, un très bon signal…

LAURENCE FERRARI
Et c'est un très beau chantier que vous portez, et vraiment, on souhaite que vous réussissiez. L'actualité, c'est aussi ce qu'a voté l'Assemblée nationale hier, l'interruption volontaire de grossesse prolongée de 12 à 14 semaines, est-ce que vous auriez voté cela ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Aujourd'hui, je suis membre du gouvernement, donc moi, ce que je vois, c'est que d'abord, c'est un sujet qui est… l'avortement, c'est un droit inaliénable des femmes qui a été conquis, on le sait, dans des années où Simone VEIL a mené un combat très difficile, on sait aussi que c'est un sujet qui demande du consensus, comme d'ailleurs on l'avait, en tant que gouvernement, porté sur la loi de bioéthique, ça demande beaucoup de concertations…

LAURENCE FERRARI
Là, il n'y a pas eu vraiment beaucoup de concertations…

AMELIE DE MONTCHALIN
Et c'est bien sujet, c'est que, aujourd'hui…

LAURENCE FERRARI
Vous, vous n'êtes pas d'accord avec la méthode…

AMELIE DE MONTCHALIN
Le gouvernement dit sur ce sujet : on a besoin d'avoir l'avis du Comité national d'éthique, on a besoin d'avoir l'avis des médecins, c'est ce que d'ailleurs Olivier VERAN a suscité. Et donc la position que nous avons, c'est d'abord de créer ce consensus, en quelques heures, à l'Assemblée, sur quelques articles, je crois que c'est un sujet qui mérite davantage…

LAURENCE FERRARI
Ça a été voté…

AMELIE DE MONTCHALIN
Les députés, bien sûr, ont voté. L'avis du gouvernement, c'est que nous avons besoin de travailler beaucoup plus, j'allais dire, en élargissant le cercle pour pouvoir avoir une position sur le sujet…

LAURENCE FERRARI
Mais vous, ça vous gêne, ce passage de 12 à 14 semaines, à titre personnel ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, j'aimerais pouvoir entendre l'avis de la commission d'éthique, l'avis des médecins, l'avis des scientifiques…

LAURENCE FERRARI
Et votre avis à vous ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, mon avis, j'aimerais pouvoir entendre le leur pour former le mien, parce que je ne suis pas une spécialiste…

LAURENCE FERRARI
Non, mais vous avez déjà votre avis…

AMELIE DE MONTCHALIN
Mon avis, c'est que c'est un droit inaliénable des femmes…

LAURENCE FERRARI
Et 12 à 14 semaines, ça ne change rien ?

AMELIE DE MONTCHALIN
C'est des choses qu'il faut qu'on travaille avec les spécialistes, je ne suis pas médecin, je ne pratique pas, je ne suis pas un médecin qui fait des avortements, donc je pense que c'est avec eux, avec les spécialistes, les scientifiques qu'il faut qu'on travaille pour qu'on puisse réfléchir à avoir une position, vous savez, la loi de bioéthique, soit, on en fait un sujet de combat politique, et ça crispe, et ça clive, et je crois que ce n'est pas des sujets sur lesquels il faut le faire, soit on avance dans le consensus, et c'est notre méthode, et c'est ça que j'avais à vous dire ce matin.

LAURENCE FERRARI
Encore un petit mot sur le Covid, on a une nouvelle restriction annoncée hier par Olivier VERAN, une gestion à 15 jours de l'épidémie qui manque de visibilité, mais ce n'est pas un sujet pour vous. Sur la Fonction publique, vous, vous encouragez au télétravail, mais est-ce que ça ne va pas provoquer une désorganisation totale des services publics ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, c'est bien pour ça que dans le sujet du service public, on est toujours en train de chercher à la fois comment on protège vraiment les agents publics, comment on protège vraiment les usagers, et donc, à part les gestes barrières renforcés, pour que le service public fonctionne, et il faut également qu'on participe à l'effort collectif pour ralentir la vitesse de diffusion du virus ; c'est pour ça que dans la Fonction publique, ce que j'ai pu partager cette semaine avec les différents ministères, avec une circulaire, qui incite, dès que c'est possible, dès que ça ne met pas en danger la continuité du service public, les personnes à travailler 2 à 3 jours en télétravail, pour que nous prenions, nous aussi, administrations publiques, notre part, pour réduire l'affluence dans les transports en commun, pour changer un peu les horaires de travail, pour permettre aussi, comme dans le secteur privé, eh bien, de maîtriser ce virus autant que nous le pouvons. Ce que nous voyons quand même, et je tiens vraiment à le dire, c'est que, oui, c'est difficile, ça va demander beaucoup de persévérance, parce qu'il va falloir qu'on vite, a priori, encore quelques mois, voire plusieurs semestres, avec ce virus. Néanmoins…

LAURENCE FERRARI
Semestres, donc on compte à 2021…

AMELIE DE MONTCHALIN
Je ne sais pas vous dire quand est-ce que ça s'arrête, mais il faut qu'on soit persévérant. Ce que je vois en revanche, c'est que, voyez, à Nice, à Marseille, quand on prend des dispositions qui sont certes difficiles, ça a un effet, qu'il faut tenir dans le temps, donc…

LAURENCE FERRARI
Ah, non, non, ça n'a pas marché à Marseille… !

AMELIE DE MONTCHALIN
A Nice, ça a marché, on voit qu'on a la capacité à casser la courbe, mais pour casser la courbe, il faut qu'on s'y mette tous, et donc l'administration a bien sûr son rôle, l'employeur public, qui est l'Etat, doit particulièrement être exemplaire, donc on y travaille.

LAURENCE FERRARI
S'il y avait un nouveau confinement, malgré…

AMELIE DE MONTCHALIN
L'objectif, c'est d'éviter un nouveau confinement…

LAURENCE FERRARI
C'est de l'éviter, et on est tous d'accord. Est-ce que les services publics continueraient à fonctionner ?

AMELIE DE MONTCHALIN
C'est essentiel, les services publics d'ailleurs pendant le confinement ont fait le maximum pour continuer à fonctionner dans de très nombreux domaines, et je tiens d'ailleurs à remercier les agents publics qui ont fait preuve beaucoup d'innovations, beaucoup de créativité, notamment dans le champ social pour continuer à apporter des services publics fondamentaux, je pense aux soignants évidemment, nous devons, et nous sommes en train d'investir massivement, notamment dans plan de relance, pour que nous nous donnions tous les moyens, notamment modernes, pour que si nous avons des difficultés à organiser les choses comme d'habitude, nous puissions assurer le service public de la meilleure manière ; c'est aussi pour ça qu'on investit beaucoup dans la numérisation des démarches, pour que, aussi, les citoyens, les entreprises puissent…

LAURENCE FERRARI
Et la sécurisation aussi, on l'espère…

AMELIE DE MONTCHALIN
Bien sûr, puissent, eh bien, faire leurs démarches quotidiennes sans nécessairement aller dans des guichets. Maintenant, il faut que ceux qui soient accompagnés et qui le demandent puissent l'être, donc vous voyez, c'est une grande réforme, mais évidemment, la continuité du service public, c'est essentiel, le plan de relance ne peut pas se déployer si les agents publics, eh bien, n'ont pas les moyens de travailler, c'est le rôle qui est le mien de leur donner.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Amélie de MONTCHALIN d'être venue ce matin dans La matinale de Cnews.

AMELIE DE MONTCHALIN
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 octobre 2020