Déclaration de M. Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, en réponse à une question sur la Turquie, au Sénat le 28 octobre 2020.

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Circonstance : Question d'actualité au Sénat

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Président,


Permettez-moi, tout d'abord, de vous prier de bien vouloir excuser l'absence de Jean-Yves Le Drian, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères qui est retenu par un deuil familial.

Je rejoins en tous points ce que vous dites sur la Turquie. Le dernier épisode, qui repousse chaque jour les frontières de l'inacceptable, du président Erdogan qui a insulté le président de la République, - merci pour cette unité dans le soutien -, est révélateur, non pas d'un moment passager de tension, mais d'une stratégie d'ensemble, que vous avez décrite, qui est celle de la Turquie, de multiplier les provocations tous azimuts.

C'est toujours le même objectif : exercer une pression maximale sur ses voisins et singulièrement bien sûr sur l'Union européenne. Nous avons trop longtemps été naïfs et je crois que, puisque vous rappelez les propos qui ont été tenus à l'égard du président de la République, c'est l'honneur de la France et c'est l'honneur du président de la République d'avoir, tout au long des derniers mois en particulier, essayer de dessiller l'Europe, l'Union européenne, sur ce qu'est la réalité du régime turc actuel, ce qu'est la réalité de la politique étrangère turque, car c'est la même stratégie du Haut-Karabakh à la Libye, en passant par la Méditerranée orientale, et les insultes dont vous faisiez état.

Je crois que nous avons été le fer de lance de cette prise de conscience européenne qui, vous avez raison, n'est pas encore suffisante. Mais les mots de solidarité qui ont été exprimés, ces derniers jours, par l'ensemble des dirigeants européens, sans ambiguïté, sont aussi un fait nouveau qui marque que le consensus évolue vers une position de fermeté qu'a défendue la France.

Nous allons aller plus loin, et vous avez raison, nous continuerons cette stratégie de réactions françaises et européennes. Cela peut passer par de nouvelles sanctions, je rappelle que la France en avait été à l'initiative, l'an dernier, après les forages, déjà, dans les eaux chypriotes.

Nous avons un rendez-vous au Conseil européen de décembre et nous pousserons évidemment en faveur de mesures européennes de réactions fortes, dont l'outil possible des sanctions.

Il faut être précis aussi, cela ne doit pas être le résumé de notre politique étrangère, y compris à l'égard de la Turquie, et le président de la République n'a pas hésité non plus à réagir, par une présence militaire renforcée, par exemple, en Méditerranée orientale cet été.

Un point précis sur la question que vous souleviez s'agissant des financements français et européens. L'Agence française de développement est active depuis 2004 en Turquie. Elle doit d'évidence, et elle est en train de le faire, revoir sa politique d'intervention, en Turquie. Je tiens à signaler pour lever toute ambiguïté, que, d'ores et déjà, il n'y a pas de subvention versée à la Turquie. Il existe un certain nombre de prêts, qui ne transitent pas par l'Etat turc, et qui soutiennent un certain nombre d'actions de la société civile. Nous reverrons aussi cette politique européenne et française de prêts à la Turquie, parmi d'autres instruments de réponse, dans les prochains mois.

Merci en tout cas de votre soutien, Monsieur le Président.


source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 novembre 2020