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MARC FAUVELLE
Et dès demain, si vous poussez votre chariot dans un supermarché vous découvrirez donc des rayons fermés, fini les livres, fini les vêtements, fini également certains produits de beauté, les grandes surfaces n'auront plus le droit de les vendre, c'est le Premier ministre, Jean CASTEX, qui l'a annoncé hier soir pour répondre à l'inquiétude des commerces de proximité. Bonjour Alain GRISET.
ALAIN GRISET
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises. Est-ce que ce n'est pas un peu ubuesque comme décision de la part du gouvernement ?
ALAIN GRISET
Ecoutez, il y avait une demande très forte, légitime, des petits commerçants, d'équité de traitement sur les produits de première nécessité, c'est la décision du Premier ministre, je pense qu'elle permet aux commerçants de retrouver une situation d'équité, qui n'est pas satisfaisante, je le comprends, pour eux, parce qu'ils souhaitent travailler, mais néanmoins qui permet de revenir à une situation plus normale.
MARC FAUVELLE
Mais l'équité que réclamaient les commerçants, ce n'est pas qu'on ferme tout, ils souhaitaient ouvrir eux, ils ne demandaient pas qu'on ferme les grandes surfaces.
ALAIN GRISET
Non, mais j'entends bien, c'est leur priorité, c'est d'ailleurs pour ça que nous travaillons, et nous avons fait plusieurs réunions hier avec le Premier ministre, avec leurs représentants, avec un objectif très clair d'abord, c'est que le virus arrête de progresser, le président a donné une date dans une quinzaine de jours, donc l'objectif c'est de regarder de quelle manière nous allons pouvoir, peut-être en augmentant encore un petit peu un certain nombre de process, réussir à espérer de réouvrir très vite, parce que derrière il faut aussi qu'on imagine, si le virus continue, vivre avec ce virus, et donc cette priorité de réouverture est une priorité sur laquelle nous allons travailler dans les prochains jours.
MARC FAUVELLE
Vous ne pensez pas que chez AMAZON, hier, en écoutant le Premier ministre au 20h00 de TF1, on a sorti le champagne ?
ALAIN GRISET
Ecoutez, il est évident que le commerce en ligne se développe, c'est pour ça que nous mettons 100 millions sur la table pour accompagner l'ensemble des petits commerçants pour leur permettre également d'accéder à ces dispositifs de commerce en ligne, il y a des pratiques, après derrière il y aura le choix du consommateur, et comme le Premier ministre l'a dit, il faut que les Français, dès que possible, retrouvent le chemin des petits commerçants de façon à leur permettre de rattraper ce qui aura été perdu. Signaler aussi que nous faisons des efforts absolument démesurés sur le plan financier, même si je comprends que ce n'est pas totalement satisfaisant, mais le fonds de solidarité, qui était de 1500 euros dans la première partie du confinement, est passé à 10.000 euros par mois, il y a exonération de cotisations sociales, prise en charge à 100 % de l'activité partielle, donc ce que j'espère c'est que pendant cette période de fermeture il n'y aura pas de pertes financières pour les petits commerçants.
MARC FAUVELLE
En attendant, Alain GRISET, l'Etat va devoir dresser la liste désormais de ce qui est essentiel, c'est-à-dire de ce que les supermarchés peuvent encore vendre, et de ce qui ne l'est pas, ou plus. Acheter un manteau, par exemple, au petit dernier, s'il commence à faire froid, c'est essentiel ou pas ?
ALAIN GRISET
Ecoutez, je préfère qu'on utilise, si vous le permettez, le terme de produits de première nécessité parce que le terme essentiel…
MARC FAUVELLE
Alors, est-ce qu'un manteau c'est un produit de première nécessité ?
ALAIN GRISET
Ecoutez, dans l'absolu non, si c'est fermé pour le petit commerçant, ça sera fermé pour la grande distribution. Le précise également que la coiffure à domicile, l'esthétique à domicile, ne pourra pas être exercé, puisqu'il y a plus de risque également, donc on sera également sur l'équité de traitement avec les coiffeurs et les esthéticiennes.
MARC FAUVELLE
Du dentifrice, Alain GRISET, c'est essentiel ou pas ?
ALAIN GRISET
En tout cas, les produits d'hygiène seront gardés…
MARC FAUVELLE
Du maquillage ?
ALAIN GRISET
Les produits de première nécessité… maquillage non, produits de beauté.
MARC FAUVELLE
Dentifrice oui, maquillage non, ils sont vendus côte à côte dans les rayons des grandes surfaces.
ALAIN GRISET
Eh bien écoutez, les grandes surfaces les retireront ces produits, je crois que tout ça est possible, en tout cas il y a une demande très claire, c'est plus qu'une demande, ce sera une obligation pour la grande distribution, de ne pas mettre dans les rayons des produits qui pourraient être vendus dans le petit commerce.
MARC FAUVELLE
Plusieurs dizaines de maires ont pris des arrêtés autorisant leurs commerces de centre-ville à ouvrir, malgré la décision du gouvernement, sont-ils, ces maires, et ces commerces, dans l'illégalité ?
ALAIN GRISET
En tout cas sans aucun doute, il y a un décret qui a été pris, un arrêté municipal n'est pas supérieur en termes de loi par rapport à un décret, vous avez vu que ces arrêtés ont été déférés et attaqués par les préfets, donc on va attendre, mais naturellement, pareil, je ne conseille pas aux petits commerçants d'aller à l'encontre du décret qui a été pris. D'ailleurs, c'est un peu surprenant, je pense que des maires pourront, à l'occasion, prendre d'autres arrêtés et j'espère qu'eux-mêmes pensent que les habitants devraient les respecter, donc je propose aux maires d'éviter de prendre ces décisions.
MARC FAUVELLE
Merci à vous Alain GRISET, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 novembre 2020