Interview de M. Alain Griset, ministre chargé des petites et moyennes entreprises, à BFM TV le 2 novembre 2020, sur le secteur du commerce face à l'épidémie de Covid-19.

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Média : BFM TV

Texte intégral

CHRISTOPHE DELAY
Il n'y aura pas d'assouplissement pour les petits commerces, les commerces non-essentiels resteront fermés pendant le confinement, au moins, au moins jusqu'à la mi-novembre, et en contrepartie les rayons non-essentiels des grandes surfaces seront tous fermés à partir de demain, c'est l'engagement, hier soir, répété, du Premier ministre. Alain GRISET, bonjour, ministre des PME, merci d'être avec nous. Avant de vous entendre, Monsieur GRISET, je voudrais qu'on se tourne vers Angy LOUATAH qui est avec un commerçant, un représentant des commerçants, qui a sans doute des choses à dire au gouvernement.

(…) Entretien avec Rémy MAKINALDJIAN, président du comité George-V.

REMY MAKINALDJIAN
(…) Ma question, Monsieur le ministre, est, ne pensez-vous donc pas que, dans la mesure où l'ensemble des Français, selon les derniers sondages, acceptent l'idée d'un confinement pour une durée de 4 semaines, et que nous avons beaucoup… beaucoup d'activités sont aujourd'hui à l'arrêt, est-ce qu'il ne faudrait pas aller au bout du processus et faire un confinement total, pendant ces 4 semaines, pour permettre peut-être qu'à l'issue le niveau de la circulation du virus baisse..

ANGY LOUATAH
Donc le même confinement qu'en mars dernier finalement. Merci à vous Monsieur MAKINALDJIAN, Alain GRISET va pouvoir vous répondre.

ALAIN GRISET
Tout d'abord bonjour. Première chose, effectivement, la situation sanitaire est extrêmement grave, on voit bien le nombre de cas journaliers, et l'objectif, grâce au confinement, c'est de pouvoir diminuer ce nombre de cas, avec une perspective, si possible, d'ouverture des commerces et de l'ensemble de l'activité économique. Le choix a été fait, par le président, de pouvoir maintenir une activité économique, parce que notre pays doit naturellement éviter l'effondrement de l'économie, mais néanmoins aujourd'hui, comme l'a dit monsieur, nous avons mis en place des dispositifs d'accompagnement très forts, le fonds de solidarité qui passe de 1500 à 10.000 euros, exonérations de cotisations sociales, 100% d'activité partielle, pour permettre aux commerçants fermer de passer cette période, dont je sais qu'elle est difficile pour eux.

CHRISTOPHE DELAY
Alain GRISET, soyons précis et concrets, quels sont les rayons non-essentiels des grandes surfaces qui vont tous fermés demain ?

ALAIN GRISET
Si vous permettez le terme non-essentiel est souvent considéré comme blessant par les petits commerçants, donc je préfère dire les produits de première nécessité. Donc, ne pourrons être dans les grandes surfaces, comme d'ailleurs que dans le petit commerce, que les produits de première nécessité, l'alimentation et les produits d'hygiène en particulier.

CHRISTOPHE DELAY
Le maquillage, pas de maquillage ?

ALAIN GRISET
Non, pas le maquillage, ce n'est pas un produit essentiel, même s'il peut être important, on n'est pas dans le produit qui est de première nécessité.

CHRISTOPHE DELAY
Il y a beaucoup d'interpellation de la part des commerçants, et tout à l'heure nous étions en direct avec une cordonnière originaire de Saint-Jean-de-Maurienne, et qui dit, "moi, dans ma commune de 8000 habitants, je suis, je suis un commerce essentiel." Pourquoi ne permettons à ces petits commerçants de laisser entrer les clients, un par un, alors qu'on va se retrouver, dans les supermarchés, à 3, 4 ou 5, devant le rayon des yaourts ?

ALAIN GRISET
Non, mais je comprends bien cette position. Il y a un objectif, c'est d'éviter qu'il y ait trop de flux, d'éviter qu'il y ait trop de destinations différentes pour les consommateurs, c'est une décision qui ressort de la question sanitaire, nous, avec Bruno LE MAIRE à Bercy, nous essayons, pour le mieux, d'accompagner ceux qui sont fermés, et je comprends bien cette cordonnière, on est dans une situation qui est difficile sur le plan sanitaire. Nous travaillons d'ailleurs, hier le Premier ministre a fait une réunion avec les représentants du commerce, nous allons travailler dans les prochaines heures, les prochains jours, pour regarder, parce que ce virus est présent, comment nous allons encore améliorer tous les protocoles pour permettre, à un moment donné, de pouvoir avoir une activité quasi normale avec le virus. Je précise qu'en dehors de la grande distribution il y a d'autres activités également qui ne peuvent pas s'exercer, par exemple la coiffure à domicile, l'esthétique à domicile, qui est, de notre point de vue, encore plus dangereux qu'en salon et en institut, ne pourra pas non plus s'exercer pendant cette période de fermeture.

CHRISTOPHE DELAY
Donc ça c'est une information que vous nous donnez, il n'y aura aucune possibilité pour les coiffeurs à domicile d'exercer ?

ALAIN GRISET
Non, parce que le domicile, naturellement, est encore plus dangereux qu'en salon, vous comprenez bien qu'en salon il y a des protocoles qui ont été mis en place, qui respectaient les conditions sanitaires, et qu'un coiffeur qui irait à domicile rentrerait dans un lieu qui n'est pas sécurisé.

(…) Entretien avec Nicolas DOZE.

CHRISTOPHE DELAY
Une dernière question, et réponse très rapide Monsieur GRISET. Est-ce que les Relais Colis peuvent rester ouverts et donc c'est la porte ouverte aux GAFA, AMAZON et compagnies ?

ALAIN GRISET
Non, il est évident qu'on ne peut pas arrêter le commerce en ligne, c'est pour ça d'ailleurs que nous avons mis 100 millions sur la table pour accompagner les commerçants qui pourront, je l'espère assez vite, utiliser également ces dispositifs qui sont un moyen pour eux de pouvoir développer leur chiffre d'affaires, et je précise que ce chiffre d'affaires qui va être fait en ce qu'on appelle "Click and Collect" ne sera pas pris en compte dans le cadre des 10.000 euros de chiffre d'affaires que nous allons compenser.

CHRISTOPHE DELAY
Merci à tous les trois.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 novembre 2020