Texte intégral
Madame la Députée,
Nous avons pris connaissance de la décision, le 22 octobre dernier, du tribunal constitutionnel de Pologne, qui a, comme vous l'avez indiqué, jugé inconstitutionnel l'avortement pratiqué en cas de malformation grave ou de maladie incurable du foetus, ce qui aboutit donc à restreindre les motifs possibles pour une IVG.
Cette décision de justice a suscité de vives réactions en Pologne, avec des dizaines de milliers de manifestants et une grève générale des femmes, près de cinq cent mille personnes ont manifesté à ce moment-là. Et je dois dire ici que nous comprenons pleinement ces réactions. Nous les soutenons. Car ce qui est en jeu, c'est le respect des droits fondamentaux.
Nous comprenons et nous soutenons en tant que Français, bien sûr, car ce combat pour l'avortement est un combat qui renvoie à l'histoire politique de notre pays, lorsque les femmes se sont mobilisées à juste titre, pour revendiquer le droit à disposer de leur propre corps. Mais ce combat, nous le comprenons aussi en tant qu'Européens, car, je voulais le rappeler, l'Union européenne, c'est une communauté de valeurs, dont le fondement est le respect des droits fondamentaux et de la liberté, et porter atteinte à ces derniers, c'est affaiblir la construction européenne, elle-même; la santé et les droits sexuels et reproductifs sont une condition essentielle pour le développement d'une société égalitaire et juste. Et l'accès à un avortement légal et médicalisé fait partie intégralement de ces droits fondamentaux.
Et ce que nous souhaitons, c'est que, lorsque nous allons organiser en juin prochain, avec le Mexique, à Paris, le Forum Génération Egalité qui rappellera les 25 ans de la première initiative prise à Pékin, cette question soit au centre de nos discussions, de nos proclamations et de nos engagements.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2020