Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Avant les questions le cadeau, puisque je sais que Roselyne BACHELOT est une grande passionnée de VERDI, notamment de cet air qu'elle adore.
(Extrait musical)
ROSELYNE BACHELOT
C'est pour les cultes que vous me passez Les Vêpres siciliennes ?
GUILLAUME DURAND
Peut-être. Bonjour Roselyne BACHELOT.
ROSELYNE BACHELOT
Bonjour Guillaume DURAND.
GUILLAUME DURAND
Merci d'être avec nous. C'est un immense compositeur que VERDI, on l'a dit, on le redit souvent, une sorte de Victor HUGO italien. Lui dédié à la musique, HUGO à la littérature. Alors nous allons entrer évidemment dans le vif du sujet ensemble. On est bien d'accord qu'il faudra que soit respecté l'objectif sanitaire qui a été donné par le président de la République, c'est-à-dire pas plus de cinq mille malades et pas plus de trois mille personnes en réanimation pour que le15 décembre rouvrent toutes ces salles de spectacle qui, au fond, dépendent non seulement du gouvernement mais aussi du ministère de la Culture, c'est-à-dire de vous.
ROSELYNE BACHELOT
Oui. Il y a, Guillaume DURAND, une chose que je veux dire au préalable. C'est que nous sommes toujours dans une pandémie, que le virus circule, que c'est un virus extrêmement contaminant, virulent et qu'il ne s'agit pas de baisser la garde. On n'a pas levé le confinement : c'est un assouplissement des mesures qui tient compte de la décélération du nombre de personnes contaminées grâce au sens de la responsabilité des Français, de leur presque-totalité. Moi je suis très impressionnée par ce sens de la responsabilité. Les gens portent les masques, respectent les distances, se sont eux-mêmes imposé des règles dans leur propre famille. Donc ça, on a gagné cette première phase du combat. Donc on ne lève pas le confinement, ce qui explique qu'on y va progressivement. Donc le premier stade pour moi, pour ce qui me concerne, c'est la réouverture des librairies, de toutes les librairies. Enfin elles n'étaient pas fermées puisque le cliquer-emporter a été un grand succès. Ça, c'est vraiment un changement de comportement que je salue, de nouveaux de consommation.
GUILLAUME DURAND
Les libraires, c'est avec les commerçants donc on est dès samedi…
ROSELYNE BACHELOT
Voilà. Les libraires, également les archives et les bibliothèques. C'est important. Je tenais tout particulièrement aux médiathèques.
GUILLAUME DURAND
Cette affaire de calendrier est très importante parce que dans toute cette affaire de culture, et vous connaissez évidemment maintenant ce sujet, on a à la fois…
ROSELYNE BACHELOT
Je le connaissais même avant.
GUILLAUME DURAND
Je sais. C'est pour ça que nous avons passé VERDI. C'est-à-dire qu'il y a à la fois des questions pratiques et il y a fondamentalement des questions, j'allais dire, qui sont presque des questions d'ordre philosophique qu'on va aborder ensemble tout à l'heure. Pour ce qui concerne le 15 décembre, les gens se posent des questions, puisque que vous connaissez ce monde et nous le connaissons et tous ceux qui nous écoutent aussi, qui est la question de la jauge et des horodateurs. C'est-à-dire la jauge, prenons l'exemple des cinémas.
ROSELYNE BACHELOT
Oui.
GUILLAUME DURAND
Un grand complexe sur les Champs-Elysées qui peut accueillir deux mille, trois mille personnes, ou la Philharmonie, ou alors le Champollion qui est un petit cinéma où tout le monde a été voir le film d'art et d'essai dans le quartier Latin. En fait quelle est la jauge ? Par exemple, est-ce que la Philharmonie rouvre avec sa possibilité d'accueil maximal ou est-ce qu'il va falloir qu'il y ait une jauge bien particulière ? Et quid des petits lieux ? Est-ce que tout ça fonctionne de la même manière ?
ROSELYNE BACHELOT
D'abord, qu'est-ce qui a été fixé hier soir par le président de la République sur la réouverture des salles de spectacle ? Cela concerne toutes les salles de spectacle : les théâtres, les salles de concert bien entendu, parce que la question m'a été posée dès ce matin. Les salles de spectacle rouvrent le 15 décembre si elles le souhaitent. Certains voudront peut-être pour des raisons le faire plus tard ; ça c'est une question de gestion de la part des directeurs de salle. Deuxième point qui a été fixé par le président de la République, c'est la question du billet. C'est-à-dire que c'est le billet qui sert d'horodateur, c'est-à-dire qu'on pourra sortir à 21 heures de la salle de spectacle. Avant puisque ce n'était pas possible, il fallait terminer le spectacle à 20 heures pour que les gens soient rentrés chez eux à 21 heures.
GUILLAUME DURAND
Donc là, ce sera le billet qui fera foi.
ROSELYNE BACHELOT
Ce sera le billet qui fera foi.
GUILLAUME DURAND
C'est le fameux horodateur.
ROSELYNE BACHELOT
Voilà. Et qui permettra par exemple de programmer un spectacle à 19 heures. C'est très important, ça donne une marge finalement d'une heure supplémentaire. Alors la question des jauges sera tranchée. Nous avons une réunion ce matin en Conseil de défense, nous avons une réunion cet après-midi en fin de journée avec Jean CASTEX et nous vous donnerons les précisions Pardon, « nous » : Jean CASTEX donnera toutes les précisions demain.
GUILLAUME DURAND
Non mais là, il faut que vous m'aidiez un peu. La Philharmonie par exemple, ça rouvre ou pas ?
ROSELYNE BACHELOT
Non, non, je ne vais pas vous…
GUILLAUME DURAND
Non mais la Philharmonie, ça rouvre ? Je prends un exemple.
ROSELYNE BACHELOT
Guillaume DURAND, je ne vais pas vous aider.
GUILLAUME DURAND
Vous ne m'aidez pas moi. Vous aidez les gens qui adoraient…
ROSELYNE BACHELOT
Mais bien sûr. Mais ce sont des sujets complexes, nous sommes en train d'en discuter. Je vous demande 24 heures et nous ferons ces annonces parce que ces annonces vont être très précises pour permettre aux directeurs de salles et à l'ensemble des gens qui sont dans le secteur d'avoir les choses bien claires. Ce n'est pas le rôle du président de la République dans une intervention d'une demi-heure de fixer les choses une par une.
GUILLAUME DURAND
Mais je n'ai pas dit ça. Et pendant longtemps, par exemple, on a dit une place sur deux, par exemple dans le cas des messes qui ont été évoquées tout à l'heure par les cultes.
ROSELYNE BACHELOT
Ah, je ne m'occupe pas des messes.
GUILLAUME DURAND
Non, non, je le sais bien. Mais dans les cultes, on dit trente personnes pour chaque cérémonie donc c'est extrêmement peu. Est-ce que ce sera pareil pour la Philharmonie, l'opéra, l'Olympia ?
ROSELYNE BACHELOT
Je crois que je vais vous dire…
GUILLAUME DURAND
Répéter ce que vous venez de me dire.
ROSELYNE BACHELOT
Voilà, c'est ça.
GUILLAUME DURAND
Vous savez, j'ai l'art d'insister. Ce n'est pas un défaut.
ROSELYNE BACHELOT
Oui, oui. Non mais c'est très bien. Vous devriez vendre des encyclopédies. Vous auriez un vrai succès. Non mais plaisanterie mise à part, d'abord sur les messes, on comprend bien que tout cela, il y a une autre échéance. Il y a l'échéance d'aujourd'hui, du moins l'échéance du 28 de fin de semaine et puis il y a l'échéance du 15.
GUILLAUME DURAND
Donc ça peut évoluer.
ROSELYNE BACHELOT
Evidemment. Ça peut évoluer pour les messes.
GUILLAUME DURAND
Alors autre question, elle est importante. Je le disais, il y a les questions de principe. Les questions de principe, alors je sais qu'au départ vous êtes une fervente gaulliste. Je vais vous rappeler quelque chose qui va à la fois nous rajeunir tous et en même temps nous ramener au débat politique d'aujourd'hui. Voici ce que disait le général de Gaulle en répondant à une question de Maurice DUVERGER dans une vieille conférence de presse mais ô combien historique et ô combien commenté.
Son d'archives :
MAURICE DUVERGER
Est-ce que vous garantiriez les libertés publiques fondamentales ?
GENERAL CHARLES DE GAULLE
Est-ce que je n'ai jamais attenté aux libertés publiques fondamentales ? Je les ai rétablies. Et ai-je une seconde attenté ? Jamais ! Pourquoi voulez-vous qu'à soixante-sept ans je commence une carrière de dictateur ?
GUILLAUME DURAND
Si nous avons passé cet extrait, ce n'est pas simplement…
ROSELYNE BACHELOT
C'est parce que j'ai assisté à cette conférence de presse. Je me demande si je ne suis pas la dernière personne vivante à y avoir assisté. J'étais petite fille mais mon père m'a emmenée à cette conférence de presse. Il avait demandé un coupe-file à Olivier GUICHARD qui était le premier collaborateur du général, et derrière une colonne du palais d'Orsay – enfin de la gare d'Orsay - j'ai entendu cette conférence de presse.
GUILLAUME DURAND
Et si je vous pose la question aujourd'hui, c'est que vous avez entendu au Trocadéro il y a deux jours des gens qui disent « dictature ». Alors il y a deux façons de voir les choses. Il y a une partie des gens de la gauche de la gauche qui sont derrière les migrants, qui contestent le pouvoir libéral d'Emmanuel MACRON ; ça, c'est leur version de la dictature. Il y a une deuxième version des gens qui considèrent, disons qu'ils sont aussi assez minoritaires, et qui disent : au fond c'est lui qui parle, il n'arrête pas de parler, on n'est plus dans un régime démocratique même si on va parler de l'isolement avec le Parlement. Puis il y a une troisième version, c'est celle des intellectuels - vous êtes ministre de la Culture. Je prends Bernard HENRI-LEVY, André COMTE-SPONVILLE qui disent, eux sur un registre de fond justement et c'est là que ça s'adresse à la ministre de la Culture : c'est une dictature sanitaire. C'est-à-dire qu'au fond MONTAIGNE prônait sa liberté quand il était maire de Bordeaux, il y avait la peste, il s'éloignait de sa ville ; chacun devrait avoir une responsabilité individuelle, ce n'est pas à l'Etat de nous embarquer dans cette histoire-là. Vous leur répondriez quoi, à la fois à ces intellectuels et à ces opposants « Macron dictateur » ?
ROSELYNE BACHELOT
Parler de dictature sanitaire est un excès qui n'est pas signifiant, qui n'est pas significatif. Les mêmes d'ailleurs seraient les premiers à reprocher à l'Etat de ne pas avoir pris ses responsabilités dans ce domaine. L'Etat il est garant de la santé des Français. Ce gouvernement avec Olivier VERAN prend des mesures calibrées. Son seul but, c'est de protéger la santé des Français. Moi je suis d'une génération où je vois des gens autour de moi être atteints par cette pandémie, ce Covid. Cette Covid. Et je vous garantis que l'Etat se mette en mesure est en position de les protéger est absolument indispensable. C'est en général un…
GUILLAUME DURAND
Donc l'Etat n'est pas exorbitant dans cette affaire-là, il assume sa mission. C'est une question, ce n'est pas un jugement de ma part.
ROSELYNE BACHELOT
Il assume sa mission et parler de dictature au moment où les libertés régressent partout dans le monde et où des dictatures, il y en a. Qu'est-ce que c'est qu'une dictature ? C'est l'attitude de peut-être d'un président de la République qui refuserait, qui nierait la gravité du Covid, de la Covid, qui nierait la gravité de tout cela, qui refuserait de protéger ses concitoyens. Non, il faut savoir garder la mesure dans ce domaine.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous vous vaccinerez ?
ROSELYNE BACHELOT
Absolument.
GUILLAUME DURAND
Parce que vous savez qu'en France, il existe un mouvement de défiance à l'égard du vaccin qui est important.
ROSELYNE BACHELOT
Je le sais. Justement…
GUILLAUME DURAND
Vous avez été ministre de la Santé, vous connaissez ce domaine.
ROSELYNE BACHELOT
Je suis vaccinée contre la grippe tous les ans et bien entendu je me vaccinerai contre la Covid. Je fais tout à fait confiance.
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire que dans les premiers jours, quelles que soient les inquiétudes qui peuvent exister chez les Français qui se disent quelles seraient les conséquences de cette vaccination ?
ROSELYNE BACHELOT
D'abord je me comporterai de façon citoyenne. C'est-à-dire qu'il y aura certainement des publics prioritaires parce que nous ne recevrons pas des vaccins pour vacciner l'ensemble de la population. Si je suis dans ces publics prioritaires, et mon âge peut laisser supposer que je le serai, je me ferai vacciner.
GUILLAUME DURAND
Question, elle est aussi importante, on a évoqué tout à l'heure des philosophes, on a évoqué une certaine forme de militantisme. Il y a aussi beaucoup de gens : DARROUSSIN puisque vous êtes ministre de la Culture, Alain FRANÇON qui est un grand metteur en scène que vous connaissez, Romane BOHRINGER etc, les gens disent : il y a une chose qui les insupporte, c'est en gros la faiblesse du service public dans la diffusion des oeuvres par rapport à ce qui passe sur YouTube, sur Dailymotion etc à des conditions qui ne leur vont pas du tout parce qu'il y a en même temps que la diffusion des oeuvres des commentaires des gens. Enfin vous connaissez tout le système de la modernité donc du numérique aujourd'hui.
ROSELYNE BACHELOT
Bien sûr.
GUILLAUME DURAND
Et ils disent : mais que fout le service public actuellement par rapport à une situation où on pourrait diffuser des tas d'oeuvres et on ne le fait pas. Et ils citent nommément France 2, France 3, Arte etc etc.
ROSELYNE BACHELOT
Alors oui, cette critique pouvait être établie mais je dois dire que dans le confinement, le service public s'est donné la mission de diffuser un certain nombre d'oeuvres. Vous avez sans doute vu sur Arte ou sur d'autres chaînes du service public Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe RAMEAU. Il y avait un magnifique concert du Quatuor Ebène qui jouait trois quatuors de BEETHOVEN dans un ébouriffant Quatuor numéro 8. Pour les amateurs, c'est mon préféré sur les quatuors de BEETHOVEN. Voilà. Il y a beaucoup de diffusions, de rediffusion d'oeuvres classiques de théâtre, de concert.
GUILLAUME DURAND
Donc la politique du service public n'a pas été a minima.
ROSELYNE BACHELOT
Non. Elle n'a pas été a minima et je les je les en remercie, et en sortant du confinement j'espère que ça va continuer.
GUILLAUME DURAND
Question qui concerne justement le travail que vous faites. C'est vrai que beaucoup de gens du monde de la culture ont été très déçus par les deux quinquennats précédents, celui de François HOLLANDE puis auparavant - vous connaissez bien - celui de Nicolas SARKOZY. C'est-à-dire qu'au fond il y avait à la fois des déjeuners, des amitiés avec le monde de la culture mais pas de véritable politique au sens où on l'entendait version MALRAUX et LANG. Et aujourd'hui, alors que par exemple pendant la campagne électorale le président de la République a parlé de sa proximité avec Paul RICOEUR, a reçu beaucoup de gens comme David HOCKNEY, le grand artiste et plasticien anglais ou des metteurs en scène comme Danièle THOMPSON mais ce qu'on ne voit pas et ce qu'on vous demande à vous, c'est est-ce qu'à un moment en dehors du Pass culture et de Stéphane BERN, il va y avoir une politique culturelle Macron-Bachelot ? C'est-à-dire quelque chose qui ne soit pas simplement du domaine - pardonnez-moi cette expression, elle va vous paraître atroce - mais du domaine d'une certaine forme de mondanité ?
ROSELYNE BACHELOT
Il n'y a aucune mondanité chez moi.
GUILLAUME DURAND
Je ne parle pas de vous.
ROSELYNE BACHELOT
J'estime que nous sommes à un carrefour où s'opposent deux modes culturels : la culture patrimoniale classique qui devient de plus en plus élitiste et la culture numérique qui devient un autre moyen de consommer de la culture. Et c'est ces deux cultures que je veux réconcilier, et je veux que le numérique amène à entrer dans la culture patrimoniale parce que ni André MALRAUX ni Jack LANG, que je salue amicalement, n'avaient à affronter cette révolution culturelle absolument incroyable. Et moi sur quel secteur je me déploie parce que c'est mon principal souci. C'est donc cette réconciliation, mais aussi de protéger les artistes parce que les artistes et la création sont menacés par cette confrontation entre la culture numérique ou la consommation numérique.
GUILLAUME DURAND
Nous sommes les invisibles a dit Isabelle ADJANI. Il y a quand même des gens qui se sont insurgés ces derniers temps.
ROSELYNE BACHELOT
Isabelle ADJANI n'est pas… Heureusement qu'Isabelle n'est pas invisible, non, non.
GUILLAUME DURAND
Non mais elle ne parlait pas de sa propre invisibilité mais…
ROSELYNE BACHELOT
Ah non, je réfute complètement que les artistes, les créateurs soient invisibles. Au contraire, ils s'expriment. Ils se sont beaucoup exprimés dans cette crise et on les attendait. Toute cette politique a été faite pour les protéger dans un contexte extrêmement difficile. La France est le pays qui a le plus fait pour protéger ses artistes, pour protéger ses structures, pour faire en sorte qu'on la surmonte. Vous parliez de David HOCKNEY : David Hockney, il a un tableau à Covent Garden. Eh bien Covent Garden est obligé de vendre le tableau de David HOCKNEY pour permettre à la structure de continuer. Ça n'existe pas dans notre pays.
GUILLAUME DURAND
C'est vrai d'ailleurs aussi dans les musées américains où une grande partie des collections des musées sont vendues actuellement pour subvenir à la structure.
ROSELYNE BACHELOT
Exactement. Ça n'existe pas en France.
GUILLAUME DURAND
Je ne suis pas votre avocat. Je dis simplement les faits tels qu'ils existent actuellement.
ROSELYNE BACHELOT
Voilà. Et il faut que les artistes le voient.
GUILLAUME DURAND
Je voudrais qu'on termine, Roselyne BACHELOT, sur ce que… Vous avez parlé d'une réconciliation entre la culture patrimoniale et la culture du numérique aujourd'hui, mais c'est là qu'on voudrait vraiment que quelque chose arrive. C'est-à-dire qu'on ait impression - et là je parle au nom du monde de la culture qui nous écoute et aime Radio classique – qu'il comprenne bien quelle est cette intention – on en termine avec ça justement – qui va être l'intention d'un quinquennat passé le vaccin, passée la fin de la pandémie.
ROSELYNE BACHELOT
Alors d'abord, c'est de consacrer à la culture patrimoniale l'argent dont il a besoin à travers des crédits inédits sur le patrimoine, sur le spectacle vivant. Mais c'est aussi défendre la création et de la défendre au niveau européen, car rien ne peut se faire qui ne soit pas au niveau européen. Et la France est motrice dans cette affaire ; d'ailleurs l'enjeu de la présidence française de l'Union européenne au premier semestre 2022 est absolument crucial. Quand je me bats pour transposer le plus rapidement possible les directives sur les services de médias audiovisuels à la demande qui vont financer la création audiovisuelle et cinématographique française, qu'est-ce que je fais ? Quand je me bats sur la directive droits d'auteur et droits voisins pour protéger les artistes, les créateurs français, c'est cela qu'il faut faire, et ça, ça ne peut se faire qu'au niveau européen. Et la France dans ce domaine est absolument à l'avant-garde de ce combat, c'est ça qui est important.
GUILLAUME DURAND
Et par exemple, est-ce qu'on pouvait envisager - moi je me souviens à l'époque… Je ne reviens pas à LANG parce qu'il ne faut pas être dans la nostalgie – mais par exemple Canal Plus…
ROSELYNE BACHELOT
… la nostalgie.
GUILLAUME DURAND
Non, non, pas du tout, mais par exemple souvenez-vous Canal Plus par exemple : on les avait obligés contre la concession à délivrer une partie de leur chiffre d'affaires à la création du cinéma français et ça a fonctionné pendant des années. Le cinéma français était financé.
ROSELYNE BACHELOT
Et ça continue à fonctionner.
GUILLAUME DURAND
Et ça continue à fonctionner, bien que ce soit un peu remis en cause. Est-ce que par exemple pour les grandes plateformes pour les géants du numérique on ne pourrait pas leur demander - c'est une question que je vous pose - qu'une grande partie de la fiscalité qu'on essaie de leur arracher soit consacrée justement….
ROSELYNE BACHELOT
Mais c'est ce qui va se passer, c'est ce qui va se passer.
GUILLAUME DURAND
C'est un engagement que vous prenez ce matin ?
ROSELYNE BACHELOT
Mais bien sûr.
GUILLAUME DURAND
Que Facebook et les autres…
ROSELYNE BACHELOT
Mais bien entendu. Le décret dont on termine la consultation sur les services de médias audiovisuels à la demande va imposer une contribution et une contribution que nous sommes en train de calibrer, mais qui sera au moins de 20 % de ce chiffre d'affaires qui va contribuer à la création française.
GUILLAUME DURAND
Donc 20 % du chiffre d'affaires réalisé sur le territoire français.
Roselyne BACHELOT
Voilà.
GUILLAUME DURAND
Concernant toutes les grandes sociétés des GAFA.
ROSELYNE BACHELOT
Voilà.
GUILLAUME DURAND
Mais vous ne voulez toujours pas me dire évidemment quelle est la jauge qui sera donnée pour les…
ROSELYNE BACHELOT
Vous saurez dans 24 heures. Ne soyez pas impatient Guillaume DURAND.
GUILLAUME DURAND
Mais je ne suis pas impatient. Je ne suis pas impatient. En tout cas, nous étions ravis de vous recevoir ce matin. Une question qui est aussi philosophique et on terminera avec ça, la question l'isolement des malades. Ce n'est pas simplement un problème sanitaire. On a entendu hier par le président que ça passait par une conversation avec le Parlement. C'est quasiment une question philosophique de savoir si on garde le malade à la maison comme ça s'est fait ou est-ce que le gouvernement envisage de les externaliser dans des hôtels ou dans des lieux ?
ROSELYNE BACHELOT
Alors là…
GUILLAUME DURAND
C'est complexe.
ROSELYNE BACHELOT
C'est en train d'être cadré par le gouvernement mais j'ai beaucoup apprécié que le président dise que ces questions associent d'autres personnes, d'autres corps sociaux à la décision : des citoyens, les députés, les parlementaires sont aussi des citoyens mais le Parlement. Parce qu'on peut se dire : est-ce qu'on joue sur la responsabilité ? Est-ce que s'isoler soi-même est suffisant dans ce secteur ? Moi je ne répondrai pas à cette question. Je laisse le débat se dérouler parce que ma prise de parole pourrait préempter un débat et justement ce n'est pas ce que veut faire le président de la République.
GUILLAUME DURAND
On le fait quand le débat ? On le fait là, maintenant, avant la fin de la session parlementaire ou on remet ça au début de l'année ?
ROSELYNE BACHELOT
Le président va en décider. On va voir comment on va organiser ça. C'est à ça que sert la réunion de ce soir.
GUILLAUME DURAND
Oui, absolument. Cet « absolument » n'était pas une manière de conclure mais c'était une manière donc…
ROSELYNE BACHELOT
D'ouvrir le débat.
GUILLAUME DURAND
Voilà, d'ouvrir le débat. Merci Roselyne BACHELOT d'être venue ce matin. C'est une journée qui est très importante pour le monde de la culture.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 novembre 2020