Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est Alain GRISET, le ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, chargé des PME, qui est avec nous ce matin, merci beaucoup Alain GRISET d'être sur ce plateau, parce qu'on attend évidemment le Premier ministre à 11h00 pour des précisions, mais il y a beaucoup de choses déjà qui ont été dites par le président, qu'on va pouvoir détailler, par exemple le nouveau fonds de solidarité, 1,6 milliard d'euros en plus mis sur la table, parce que ce n'est plus seulement 10.000 euros par entreprise, mais ça peut aller jusqu'à 20% du chiffre d'affaires. Je vais vous dire un truc, les fédérations patronales demandaient 15%, vous êtes allé au-delà, pourquoi ?
ALAIN GRISET
Tout d'abord préciser les évolutions considérables qu'il y a sur ce fonds de solidarité depuis le mois de mars. Nous avons commencé à 1500 euros, avec la limitation à 10 salariés et 1 million de chiffre d'affaires, nous sommes passés, pour les restaurateurs en particulier, à 10.000 euros, on a élargi, au mois de novembre à tous ceux qui étaient fermés pour compenser le chiffre d'affaires jusqu'à 10.000 euros, d'ailleurs préciser qu'à partir du 4 décembre les professionnels pourront demander de bénéficier de ce soutien financier, et l'argent arrivera dans la semaine qui suit, c'est extrêmement important pour eux…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ce n'est pas rétroactif, on le rappelle, donc ce sera à partir du 28 novembre, date à laquelle ils resteront fermés, contrairement à d'autres, on est d'accord ?
ALAIN GRISET
Oui, alors… ensuite, il y a ceux qui vont rester fermés, ceux qui vont rester fermés, malheureusement pour eux, on sait bien que c'est difficile, on a souhaité encore aller au-delà, parce qu'effectivement au-dessus de 50 salariés le soutien n'était pas suffisant, souvent avec ces 10.000 euros, et donc la décision qui a été prise, qui est extrêmement importante, c'est de dire on va aller jusqu'à 20% du chiffre d'affaires, quelle que soit la taille de l'entreprise, quel que soit le chiffre d'affaires, ça va être très simple, et vous avez raison de le préciser, chez les restaurateurs en particulier, ils avaient dit avec 15% de chiffre d'affaires, globalement, on arrive à couvrir nos frais…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Les charges qui restent, une fois que le chômage partiel était pris en charge par l'Etat, il nous restait 15 %.
ALAIN GRISET
Voilà, mais, bon ! Comme d'abord c'est très difficile pour eux depuis longtemps, que peut-être 15 % ça pouvait être limite, et comme cette mesure est valable pour tous ceux qui vont rester fermés, salles de sport également…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce qu'il faudra justifier justement, Alain GRISET, qu'il reste 15, 16, 17% de charges non couvertes pour pouvoir bénéficier de cette subvention, ou est-ce qu'automatiquement c'est 20% ?
ALAIN GRISET
Non, pas du tout, ce sera 20%, il faut que ce soit simple, il faut que ce soit simple, il faut que ce soit rapide, et il faut que ce soit clair pour tout le monde.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc c'est l'entrepreneur qui choisit soit 10.000 euros, soit 20%.
ALAIN GRISET
Voilà. S'il considère que 10.000 euros couvrent ses frais et que ça correspond, il prend 10.000, s'il considère qu'il faut prendre le pourcentage, il prend le pourcentage.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, on a compris aussi que certains métiers qui étaient annexes aux métiers des bars, des restaurants, les services de blanchisserie, ou même les hôtels, n'étaient pas directement concernés par ce mécanisme, qu'est-ce que vous allez faire pour eux, vous allez les inclure ou pas ?
ALAIN GRISET
Tout d'abord, depuis plusieurs mois, on essaie de regarder tous les métiers qui sont touchés directement par une fermeture administrative, et tous ceux qui, par conséquence, ont une activité qui se réduit parce qu'ils dépendent des métiers fermés, et donc on a… vous savez… on a rajouté, jour après jour, des métiers, qui venaient nous dire "attendez, nous on est…"
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
« Nous aussi. »
ALAIN GRISET
"Nous aussi", et donc, là, dans un premier temps, il y a ceux qui sont fermés par décision de l'Etat, c'est automatique, et après il y a ceux qui vont être concernés parce que, ils ne sont pas fermés, mais il y a des conséquences, et donc il va y avoir un dispositif de soutien, que le Premier ministre va préciser tout à l'heure, qui permettra aussi à ces entreprises d'être soutenues à hauteur de leurs pertes.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et donc peut-être autant que les 20%, ou au moins une partie, on va sortir du cadre des 10.000 euros, on est d'accord, pour eux aussi ?
ALAIN GRISET
Oui, il y aura une partie qui sera prise en considération en fonction de leur situation.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va dire un mot aussi des prêts garantis par l'Etat, les PGE. Comment ça s'est passé lors de la deuxième vague, on a eu un représentant du CIC qui nous disait hier que ça avait été beaucoup moins sollicité que pendant le premier confinement. Pourquoi selon vous ?
ALAIN GRISET
D'abord c'est vrai. Pourquoi ? Parce que beaucoup de ceux qui en avaient besoin l'ont demandé, je rappelle quand même qu'il y a plus de 600.000 entreprises qui ont utilisé le PGE, pratiquement 130 milliards, ce qui est quand même considérable, je rappelle que c'est 90 % garanti par l'Etat, que nous avons, en négociations, obtenu des banques la possibilité d'avoir une deuxième année de…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
De franchise de remboursement.
ALAIN GRISET
De franchise avant remboursement, et que nous avons également négocié les taux, entre 1% et 2,5, et que nous avons pris la décision que cet accès au PGE sera possible jusqu'au 30 juin 2021, donc je pense que les entrepreneurs, qui aujourd'hui n'en n'ont pas besoin d'urgence, considèrent qu'ils peuvent encore attendre, c'est encore possible jusqu'au 30 juin. Je remarque qu'il y en a quand même beaucoup qui avaient demandé le PGE, qui pour l'instant ne l'ont pas utilisé, tant mieux, ça prouve que leur activité fonctionne. D'ailleurs le deuxième confinement, cette stratégie d'allier la sécurité sanitaire et l'économie montre que l'activité a quand même moins baissé au deuxième confinement qu'au premier.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, on va reparler des secteurs qui ne rouvriront peut-être pas après le 20 janvier, par exemple les bars et les cafés. Est-ce que le dispositif, qu'on a décrit tout à l'heure ensemble, sera prolongé autant de temps qu'il le faudra ?
ALAIN GRISET
La réponse est clairement oui. Il est évident que ceux qui sont fermés, par décision de l'Etat, doivent être compensés.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Au-delà du 20 janvier s'il le faut.
ALAIN GRISET
Naturellement, c'est déjà tellement terrible pour chacun d'entre eux de ne pas pouvoir travailler, je comprends ça, que ces hommes et ces femmes qui ont engagé leurs biens dans leur entreprise, ce qu'ils veulent c'est travailler, on leur dit "non" pour des raisons sanitaires, la moindre des choses c'est qu'on puisse compenser, et donc ces nouvelles mesures seront appliquées tant que la fermeture sera obligatoire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il y a deux secteurs qui nous écoutent sans doute et qui ne sont pas complètement sûrs de leur sort, ce sont les agents immobiliers et les auto-écoles, est-ce que, eux aussi, vont pouvoir dès samedi reprendre leur activité ?
ALAIN GRISET
Dès 11h00 ils auront la réponse du Premier ministre qui, je pense, fera un commentaire spécifique sur ces deux secteurs, avec lesquels nous avons beaucoup travaillé depuis trois semaines, et qui demandent naturellement d'être rassurés.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ça semble bien parti ?
ALAIN GRISET
J'espère pour eux.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce que les stations de ski, de la même manière l'Allemagne demande aux Européens d'interdire l'ouverture des stations de ski, au moins pas avant le 10 janvier, est-ce que vous allez adhérer à cette demande allemande ?
ALAIN GRISET
Tout d'abord il y a un travail qui est fait, par Clément BEAUNE, avec l'ensemble de nos voisins, même au-delà de l'Europe, la Suisse, l'Italie, l'Espagne, Andorre, l'Autriche, l'Allemagne, je pense qu'au bout du compte on voit bien que dans beaucoup de pays, aujourd'hui, le virus est présent, très présent, et donc il est bien qu'il y ait une cohérence de l'ensemble de ces pays, donc on va regarder dans les prochains jours quelle est la position de chaque pays. Par ailleurs, il y a eu beaucoup de réunions avec les acteurs de la montagne, qui ont, c'est vrai, fait des propositions très sérieuses, mais il y a une situation épidémique qui aujourd'hui nécessite de prendre des décisions, le président a indiqué la direction qu'il pensait devoir être la bonne, donc nous allons voir, avec le Premier ministre, comment les choses vont pouvoir s'organiser.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On est jeudi, samedi les commerces vont rouvrir, on ne connaît toujours pas le protocole, le nouveau protocole sanitaire, notamment peut-être le doublement de l'espace autour de chaque client, on passerait de 4 mètres carrés à 8 mètres carrés, est-ce qu'il y aura des dérogations ? Est-ce que pour les artisans, que vous connaissez bien, on pense aux coiffeurs, est-ce qu'ils pourront quand même ouvrir sans forcément respecter les 8 mètres carrés par personne ?
ALAIN GRISET
Tout d'abord, globalement, on connaît, puisqu'il y a déjà le protocole qui est en place depuis début du confinement, et début de la reprise d'activité, ces protocoles sont déjà très très sévères pour beaucoup d'entre eux, coiffure, esthétique et d'autres, les clients sont vraiment protégés. Deuxième chose, le président l'a dit, on passe de 4 mètres carrés, mais c'était 4 mètres carrés lorsqu'on déduisait la totalité du matériel qui était dans le magasin, c'était compliqué, et donc la décision a été de dire on va simplifier le dispositif, on va prendre la superficie et on dit c'est 8 mètres carrés par client et on ne compte pas l'ensemble du matériel, chez un coiffeur les bacs à shampoing, les comptoirs et autres, tout ça on ne compte pas, et on prend 8 mètres carrés, je crois que c'est beaucoup plus simple. Il y aura naturellement la possibilité d'avoir des outils qui permettront d'éviter de la complexité, c'est ça notre objectif, il faut que ce soit simple.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ça veut dire quoi, en un mot, ça veut dire de la souplesse ?
ALAIN GRISET
De la souplesse, oui. Par exemple, lorsqu'il y aura une dame qui va chez le coiffeur avec son enfant, eh bien ce sera considéré comme une seule personne, de façon à ce que les choses puissent se passer correctement.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et donc de la souplesse pour ces métiers. Alain GRISET, vous êtes visé par deux enquêtes à la demande de l'Autorité de la transparence de la vie publique, notamment parce qu'on s'interroge sur le fait que lorsque vous étiez dans vos fonctions d'élu professionnel, à la tête de la Confédération nationale de l'artisanat et des métiers, vous avez accepté que des fonds qui appartenaient à la Confédération, des SCPI, soient transférés sur votre PEA personnel. Est-ce que c'est une maladresse, une erreur ?
ALAIN GRISET
Ecoutez, tout d'abord j'ai fourni les éléments de clarification à la Haute autorité. Vous l'avez dit, il y a une procédure en cours, je ne vais pas la commenter. Moi, vous savez, aujourd'hui le président m'a confié une mission, qui est extrêmement importante, c'est de tout faire pour accompagner les TPE et les PME, donc je me mobilise pour ça, pour faire au mieux, et vous comprendrez qu'actuellement c'est pour moi une priorité absolue.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce que cette affaire révèle aussi, je ne sais pas, la complexité de la gestion des finances des associations, comme les syndicats professionnels, est-ce qu'effectivement vous avez, peut-être par négligence, ou maladresse… ? Vous avez rendu l'argent, on ne vous soupçonne pas d'avoir détourné à votre profit l'argent, on vous soupçonne de l'avoir fait transité par vos fonds et ne pas l'avoir déclaré.
ALAIN GRISET
Il y a, je vais dire, après tout ça, quand tout ça sera terminé, sûrement la possibilité de travailler sur ces sujets, ça sera le moment, ça ne l'est pas aujourd'hui.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous restez serein aujourd'hui, vous avez la confiance du gouvernement et du Premier ministre ?
ALAIN GRISET
Ça a été redit, je pense qu'aujourd'hui il y a une priorité absolue, c'est la mienne, c'est de pouvoir travailler, comme je le fais depuis le 6 juillet, du matin au soir, du soir au matin, pour écouter, proposer et soutenir les entreprises, je crois que c'est ce qu'elles attendent de moi, et c'est ce que je vais continuer à faire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci Alain GRISET, ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, chargé des Petites et Moyennes Entreprises, d'avoir été avec nous ce matin et d'avoir honoré notre rendez-vous sur le plateau de "Good Morning Business."
ALAIN GRISET
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 novembre 2020