Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Le grand rendez-vous avec Jean-Baptiste DJEBBARI qui est chargé des Transports, c'est important car une initiative va être prise à l'aéroport de Roissy au milieu de la semaine, très précisément mercredi. 8H17.
GUILLAUME DURAND
Jean-Baptiste DJEBBARI, bonjour !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour !
GUILLAUME DURAND
Commençons par le pratique avant de parler de politique, est-ce que c'est bien mercredi que, à Roissy, qui est quand même le principal aéroport français, on va enfin faire des tests à l'arrivée et au départ ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors, c'est effectivement l'ambition. Nous avons ouvert Nice il y a 15 jours maintenant en lien avec les services de Christian ESTROSI pour traiter les départs de l'aéroport de Nice il y a 15 jours ; nous avons lancé vendredi matin à Orly les tests antigéniques et les tests PCR notamment pour protéger les Outre-mer qui, vous le savez, ont des systèmes sanitaires un peu moins développés qu'en métropole et cette semaine, donc probablement autour de mercredi, on est en train de faire monter le dispositif en puissance, nous voulons le lancer évidemment à Roissy non seulement pour les départs mais aussi pour les arrivées avec des tests antigéniques de manière à nous assurer que nous n'ayons pas de personnes qui portent le virus à l'arrivée parce que, vous le savez, c'est le grand sujet notamment pour les pays "rouges" et "rouges écarlates" dans lesquels il y a à la fois de la circulation du virus et dans lesquels le test préalable n'est parfois pas possible. Donc nous voulons avoir vraiment un dispositif complet de protection sanitaire.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que ça veut dire, par exemple, que ces gens-là, qu'est-ce qu'il va leur arriver, c'est-à-dire que ceux qui sont positifs, on les met en quarantaine ou on les renvoie ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
En fait, ça existe déjà aujourd'hui puisque vous savez qu'il y a des tests sur certaines destinations à Roissy, c'est à peu près 1 000 tests par jour qui sont réalisés à l'arrivée.
GUILLAUME DURAND
C'est peu !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est peu mais …
GUILLAUME DURAND
1 000 tests, c'est trois avions !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est peu mais nous avons ciblé les pays dits "rouges écarlates" qui sont les pays dans lesquels on a le plus de circulation du virus et dans lesquels le test n'est pas fait avant. Vous savez que quand les tests sont obligatoires, environ 90% des passagers l'ont fait. Donc on traite ces 10% restants, donc c'est peu mais si vous voulez, c'était normal que ce soit peu dans ce contexte-là, il y a très peu de positifs à l'arrivée, en vrai, en tout cas dans les faits et quand effectivement la personne est détectée positive, elle est d'abord conduite au centre sanitaire de l'aéroport ou dans un centre distant, prise en charge sur le plan médical. On contacte évidemment ses cas contacts, les personnes qu'elle a rencontrées, on essaie de remonter vers le foyer de contamination initial et puis, évidemment, on demande à la personne de s'isoler avec des contrôles le cas échéant de manière à ce qu'elle respecte la politique telle qu'elle est édictée par le gouvernement.
GUILLAUME DURAND
Alors, ce n'est pas évidemment directement votre domaine de responsabilités, plus celui de VERAN mais il y a beaucoup de gens qui parlent ce matin et depuis hier de cette idée qu'il faudrait dépister tout le monde comme il y a eu une journée pour le cancer, comme il y a d'autres journées qui sont des journées de sensibilisation nationales. Au fond, pourquoi l'État, pour dépister les asymptomatiques, ne décide pas en rappelant les médecins qui sont à la retraite, les infirmiers qui sont à la retraite, pourquoi pas les volontaires ? Pourquoi l'État ne décide pas de prendre un jour et de dépister tous les Français, ce qui ne veut pas dire qu'ils ne seront pas positifs 3 jours plus tard mais ça aura au moins l'avantage de repérer ceux qui sont positifs parmi les asymptomatiques et de les isoler parce que c'est quand même le grand discours de l'opposition, qui vous reproche justement de ne pas faire cette action qui consisterait justement à tester tout le monde et à isoler ceux qui sont asymptomatiques et qui sont dangereux ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je réponds peut-être sur trois points : d'abord, il y a un sujet logistique, aucun pays n'a été en mesure de faire 67 millions de tests en une journée …
GUILLAUME DURAND
Liverpool, ils l'ont fait. Toute la population de Liverpool y est …
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
A l'échelle d'une ville …
GUILLAUME DURAND
Grande ville !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
A l'échelle d'une grande métropole mais pas à l'échelle d'un pays tout entier.
GUILLAUME DURAND
Slovaquie !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Slovaquie, OK ! Ce que vous dites, c'est juste, c'est-à-dire que les tests, aujourd'hui, ils font une photo à l'instant T et les politiques telles qu'elles sont recommandées, en tout cas ce que j'en comprends puisque vous l'avez dit, ce n'est pas mon portefeuille, les politiques telles qu'elles sont recommandées, c'est bien de cibler les profils les plus à risque pour isoler parce que ces gens-là sont enclins à faire des formes graves de la maladie et puis, c'est aussi s'assurer que d'une manière générale, une fois que la personne est détectée, on puisse retracer ses cas contacts pour casser les chaînes de contamination. Je crois que c'est ça l'idée de tester, isoler et prévenir ; c'est ça, le sujet et on voit bien qu'aujourd'hui dans un moment où on a une circulation très intense du virus, l'idée des confinements au sens large qui sont lancés un peu partout en Europe, c'est de permettre d'avoir un plateau, une décrue de la maladie, du virus pour pouvoir à nouveau être dans cette dynamique efficace de tester, détecter et isoler.
GUILLAUME DURAND
Vous savez, on vient de le donner dans la matinée et dans la matinale de Radio Classique, on vient d'avoir des chiffres sur l'économie française qui sont des chiffres quand même assez catastrophiques. Alors au fond, on a l'impression que la politique du gouvernement, elle était double, c'est-à-dire à la fois de protéger les Français et en même temps de protéger l'économie française. On a l'impression qu'on ne protège pas les Français et que l'économie française, les résultats ne sont pas terribles non plus. Donc est-ce qu'on n'est pas dans un système qui est une sorte de cafouillage, je le dis bien, je ne suis pas le porte-parole de l'opposition mais qui vous est reproché par une partie de l'opposition ? Vous courez derrière une solution que vous ne trouvez pas !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui mais quand je regarde un peu les positions maximalistes, vous avez effectivement une partie du corps médical qui réclame un confinement des plus stricts et vous avez notamment une partie des commerçants, des petits commerçants qui souffrent beaucoup et qui souffrent réellement et qui vont souffrir au long cours malgré toute l'aide que leur apporte du gouvernement qui prônent, au contraire, le plus faible, le plus bas niveau de restrictions possibles. Je pense qu'être responsable politique, c'est se dire que 1), nous subissons une épreuve qui est une épreuve nationale collective, difficile et c'est dur pour tout le monde, c'est dur pour les patients, c'est dur pour évidemment les soignants, pour les petits commerçants, pour les taxis, bref pour tout le monde, c'est dur pour tout à chacun parce que les restrictions individuelles, elles sont quand même fortes même dans un confinement adapté et que le rôle du cette politique, c'est de regarder la situation lucidement, froidement et d'essayer de concilier au mieux ces impératifs contraires, vous l'avez dit, protéger l'économie, protéger les Français et rétrospectivement, tout le monde aura loisir de regarder ce qui a été fait en France par rapport à ailleurs, quelle aura été l'efficacité de notre dispositif. Mais être responsable politique, c'est prendre des décisions maintenant et ne pas se préoccuper de ce qui pourra être dit demain ; c'est de le faire en conscience et selon les données objectives que nous avons.
GUILLAUME DURAND
Mais vous êtes, pardonnez-moi, je fais des petits "hum" comme ça qu'on entend peut-être à l'antenne mais c'est parce qu'il y a …ce n'est pas qu'il y a un reproche mais il y a un énorme scepticisme dans la population. Les gens ont l'impression que, depuis le début de cette opération, on peut se comparer à d'autres pays, il y a plus de morts par exemple en Grande-Bretagne, il y a plus de morts au début en Italie mais on est quand même le deuxième pays du monde après les États-Unis où des cas sont en train d'exploser. Là, je ne parle pas de la létalité, je ne parle pas de la réanimation, je parle simplement du nombre de cas. Donc les gens se disent : mais qu'est-ce qui se passe ici qui ne se passe pas ailleurs ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Le nombre de cas, on teste quand même aussi beaucoup plus aujourd'hui par nombre d'habitants que beaucoup de pays et donc la politique de tests en quelque sorte est la victime de sa quantité, j'imagine, mais moi, si vous voulez, le sujet du …
GUILLAUME DURAND
Ce n'est même pas à moi qu'il faut s'adresser ce matin !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, non mais bien sûr, j'ai bien compris le sujet de la confiance.
GUILLAUME DURAND
Du doute !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi, j'ai regardé beaucoup ce qui s'est passé en Allemagne sur le sujet de la confiance. En Allemagne, vous avez une classe politique aussi qui a été unie, nous, on n'a pas eu un jour d'unité nationale politique, on est tout de suite retombé dans les petites manœuvres politiciennes et discours rhétoriques un peu sincèrement …
GUILLAUME DURAND
MELENCHON hier en présentant sa candidature, il dit : c'est la pagaille complète !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, mais écoutez, je les ai tous écoutés, je n'ai pas entendu jusqu'à présent de leur bouche, à ces responsables politiques de très haut niveau, des stratégies sanitaires différentes ou, en tout cas, ils ont toujours beaucoup critiqué ce qui a été fait sans jamais réellement proposer de solution alternative et deuxièmement, encore une fois quand on est dans la difficulté collective et que tous les pays limitrophes sont dans des difficultés assez similaires parce qu'il y a un devoir, quand vous avez le sens du pays, quand vous avez un sens politique et de l'intérêt général assez développé, il y un devoir d'une forme, comment dirais-je, de modération. Et visiblement, Jean-Luc MELENCHON a plus intérêt …
GUILLAUME DURAND
Ça n'a pas été le cas à l'Assemblée nationale avec Olivier VERAN !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ça n'a pas été le cas !
GUILLAUME DURAND
…il a dit "sortez" à un député de l'opposition !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je crois que ça n'a pas été le cas, je le dis, on a quand même assisté à déferlement de démagogie, de propositions qui paraissent souvent d'ailleurs un peu baroques. MONTEBOURG veut fermer tous les supermarchés et n'ouvrir que les petits commerces, vous savez très bien …Vous voyez, tout ça est quand même extraordinairement démagogique et outrancier sur la forme et c'est très étonnant. Moi, je constate que …
GUILLAUME DURAND
Bah, c'est très étonnant, pardonnez-moi mais là, je reviens à ce que je connais le mieux, c'est la politique. Si la présidence d'Emmanuel MACRON avait été dans ce contexte-là une vraie présidence d'union nationale bien que ce mot, il faut l'employer avec précaution, peut-être que tout le monde l'aurait suivi mais à partir du moment où il gouverne depuis le début avec une partie de la droite mais sans casser définitivement la droite, le Rassemblement national n'est pas dans le coup, les socialistes, les écologistes et les autres non plus. A partir du moment où il n'y a pas une "équipe de France", il n'y a aucune raison qu'ils soient tendres avec le président de la République puisqu'il leur dit "la porte est fermée" !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais là, si on reparle un peu de politique, qu'est-ce qui a marché en Allemagne sur le plan du système politique ? C'est qu'en Allemagne, il y a une coalition et que donc, y compris avec les Länder, vous avez tout le monde qui est dans la même équipe et à l'exception de l'AFD et des Verts mais qui se comportent d'une façon un peu différente qu'en France, vous avez vu une unité politique assez forte et là, en France, il y a effectivement le fait majoritaire mais on aurait pu penser que des responsables politiques de haut niveau qui, par ailleurs, parfois ont connu des crises, qui ont parfois exercé le pouvoir, on aurait pu penser que ces responsables politiques fassent preuve …
GUILLAUME DURAND
Là, vous pensez à qui exactement ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais d'une manière générale, alors que ce soit effectivement Jean-Luc MELENCHON…
GUILLAUME DURAND
D'une manière générale, ça n'a pas été le cas !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non mais …Alors de manière spécifique et particulière quand vous avez effectivement la démonstration, le show médiatique de Jean-Luc MELENCHON hier qui est visiblement plus intéressé par ce qu'il va laisser dans l'histoire, il avait dit que sa gloire était déjà assurée par ses actes, vous voyez, je pense qu'il y a un décalage un peu complet entre comment dirais-je, les préoccupations des uns et les autres, la rhétorique qui est toujours une rhétorique de division et de désunion et on voit un peu ce que ça a donné la décision, la désunion outre-Atlantique. Vous avez un pays quand même aujourd'hui, les USA, qui est fracturé. Moi, voilà, je dis juste que c'est à la fois, je n'en suis pas surpris mais je pense que ça ne rend service à personne et que, vous savez, le temps de la critique sera venu, on est fondé à penser ou à espérer qu'au premier semestre prochain, on aura un début, en tout cas un vaccin de première génération, qu'on arrivera donc à sortir d'ici d'ailleurs à un horizon politique que vous connaissez, à sortir du Covid-19 et donc chacun pourra juger sur pièces ce qu'aura été l'action de ce gouvernement mais il aurait été bien qu'un peu d'unité s'applique en ces temps compliqués !
GUILLAUME DURAND
Nous sommes avec Jean-Baptiste DJEBBARI, ministre des Transports. Est-ce que la SNCF et AIR FRANCE vont se relever de la crise ? C'est-à-dire que l'État a déjà racheté la dette de la SNCF qui est archi endettée !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
35 milliards !
GUILLAUME DURAND
Voilà !
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
L'État a soutenu encore …
GUILLAUME DURAND
Il n'y a plus personne dans les trains. Quant à AIR FRANCE, c'est une véritable catastrophe. Donc il est 8h27 ce matin. Est-ce que vous, le ministre des Transports, vous allez sauver ces deux emblèmes nationaux ? Est-ce que ça vous paraît encore possible ?
JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
La réponse est "oui" et ce qui est encourageant, c'est la façon dont se sont déroulés les deux mois d'été. On a vu revenir avec des protocoles sanitaires, je le dis, solides, robustes, on a vu revenir les Français et pas que les Français d'ailleurs dans les trains pendant l'été, dans les TGV et chez AIR FRANCE-KLM, dans ce groupe, qui est effectivement durablement impacté par la crise, on a vu aussi une amorce de reprise à l'occasion de l'été. On est à nouveau là dans des difficultés qui sont assez importantes puisque, vous le savez, quand on fait un confinement, notamment géographique, la plupart des gens ne voyagent plus en interrégional, on a les voyages affaires qui ont largement diminué encore là maintenant. Je pense qu'on sera en mesure de réellement voir quelle sera la dynamique de reprise au premier trimestre prochain mais "oui", pour répondre à votre question très, très franchement, très sincèrement, l'État sera aux côtés de la SNCF et il l'a très largement prouvé ces derniers mois, ces dernières années et il sera aux côtés du groupe AIR FRANCE-KLM en lien, d'ailleurs, avec nos collègues néerlandais.
GUILLAUME DURAND
Il est 8h29 sur l'antenne de Radio Classique, c'était Jean-Baptiste DJEBBARI, ministre des Transports au sein du gouvernement donc de Jean CASTEX.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 novembre 2020