Interview de Mme Marlène Schiappa, ministre de la citoyenneté, à Sud Radio le 11 décembre 2020, sur l'épidémie de Covid-19 et le projet de loi confortant les principes républicains.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Marlène SCHIAPPA.

MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.

PATRICK ROGER
Avant de revenir sur la loi sur les principes républicains, les annonces d'hier soir de Jean CASTEX, alors pas de spectacles et de ciné, Noël à six, couvre-feu le soir à 20h00 y compris pour le réveillon du 31. Est-ce que vous comprenez la colère du milieu de la culture quand il rétorque que les trains, les métros sont bondés, et qu'on peut respecter les gestes barrières dans les salles de spectacle comme on le fait dans le TGV Paris-Le Mans par exemple ?

MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr, je les comprends. Chacun s'était préparé pour possiblement ouvrir le 15 décembre, je sais qu'il y a des artistes qui avaient répété des spectacles, moi-même, pour tout vous dire, j'avais pris des billets le 16 pour pouvoir accompagner la réouverture des lieux culturels, des théâtres, des cinémas, des cabarets, etc., donc je comprends complètement que les gens soient frustrés, que les artistes, les professionnels de l'événementiel, trépignent. C'est une décision extraordinairement difficile qu'a pris le Premier ministre, mais la décision elle est fondée vraiment sur la situation sanitaire. Quand on voit ce qui se passe dans les pays dans lesquels il n'y a pas de restrictions, comme aux Etats-Unis, ou moins en tout cas, on voit qu'il y a eu des morts par vagues, et c'est vraiment ça qu'on veut éviter.

PATRICK ROGER
Oui, mais parfois, dans ces salles de spectacle, ils peuvent réguler, prendre en fait des mesures, avec des jauges, alors que, quand on voit dans les galeries marchandes, pardon, mais le week-end en ce moment il y a énormément de monde, et c'est moyennement régulé.

MARLENE SCHIAPPA
Oui, vous avez raison, mais c'est pour ça que le Premier ministre a souhaité donner une clause de revoyure au 7 janvier, avec l'espoir que si collectivement nous continuons à respecter, je dis continuer parce que souvent on a dit que les Français ne respectaient pas bien, les Français se sont fait tancer, etc., moi j'observe au contraire que les Français ont très bien respecté les mesures barrières, et particulièrement les jeunes, pour qui c'est difficile, moi j'ai une fille ado, la pauvre, elle ne peut pas sortir voir des amis, ils sont masqués toute la journée, c'est très dur, et puis les personnes âgées, qui sont toutes seules, déjà toute l'année, et qui là sont en plus privées de leurs visites, donc moi je voudrais au contraire leur dire bravo d'avoir si bien respecté les mesures sanitaires, mais encore un petit effort.

PATRICK ROGER
C'est vrai, Marlène SCHIAPPA, puisque vous parlez des jeunes, quel message vous faites passer, puisque vous êtes en charge de la citoyenneté, à ces jeunes, comment faire passer la pilule d'un 31 sans grand réveillon, sans fête, pour l'instant ils n'en peuvent plus quand même les jeunes ?

MARLENE SCHIAPPA
C'est sûr. Après, moi je ne vais pas donner des leçons de morale, mais je crois que les Français ont aussi montré leur capacité à se réinventer, pendant la période du confinement on a vu ces fameux apéros-zoom en vidéo…

PATRICK ROGER
Oui, mais enfin, vous imaginez un 31 en apéro-zoom vous ?

MARLENE SCHIAPPA
Non…

PATRICK ROGER
Un réveillon-zoom.

MARLENE SCHIAPPA
Moi, comme tout le monde, je vais faire le 31 chez moi sans fête et sans amis, comme la totalité des Français.

PATRICK ROGER
Vos pouvez quand même inviter des amis et rester chez vous.

MARLENE SCHIAPPA
Alors après il faut pouvoir loger les gens et tout ça dans le respect des six adultes maximum qui sont recommandés, avec parfois des enfants qui viennent avoir, mais voilà, je sais qu'il y a des gens qui m'ont dit qu'ils allaient, du coup, faire la fête la journée, faire des déjeuners, profiter de l'espace de liberté qui existe, mais je ne dis évidemment pas que c'est facile, je conçois que ce soit difficile, frustrant, et même que ça mette en colère les gens complètement.

PATRICK ROGER
Vous êtes au ministère de l'Intérieur, il y aura des contrôles justement quand même le 31 ?

MARLENE SCHIAPPA
Oui, absolument, Gérald DARMANIN, le ministre de l'Intérieur, a annoncé hier qu'il y aurait un certain nombre de contrôles, puisque l'idée c'est justement de faire respecter ces mesures, et notamment le couvre-feu, et faire en sorte que l'ordre public soit respecté, donc que chacun puisse se protéger, vous ne pouvez pas avoir d'un côté des gens qui respectent les règles pour ne pas contaminer les autres, et puis de l'autre côté des gens qui font circuler le virus.

PATRICK ROGER
Marlène SCHIAPPA, venons-en maintenant au projet sur les principes républicains, dans une société très tendue en ce moment, il y a la haine en ligne, illustration par exemple avec la jeune Mila, avec un nouveau rebondissement, elle vient d'être exclue du lycée militaire, parce que le nom avait été cité, son père vous interpelle dans une lettre, ainsi que Jean-Michel BLANQUER. Clairement, est-ce que la République laisse tomber Mila, menacée de mort, comme l'évoque son père ou pas ?

MARLENE SCHIAPPA
Alors, moi j'ai lu avec beaucoup d'intérêt la lettre de son père, puisqu'il s'avère je suis intervenue à de nombreuses reprises pour soutenir Mila, notamment c'est moi qui ai fait un article 40 les dernières semaines, c'est-à-dire un signalement au Procureur de la République, quand de nouveau elle a été cible de menaces, et dans sa lettre, d'ailleurs, son père dit justement, "Jean-Michel BLANQUER et Marlène SCHIAPPA ont beaucoup soutenu Mila et se sont démenés, etc.", et je l'en remercie. Moi j'ai demandé d'avoir un dossier avec tous les éléments sur ce qui s'est passé, sur la raison pour laquelle cette jeune fille a été exclue de cet établissement, moi je pense qu'il ne faut pas la laisser tomber, donc nous sommes déjà mobilisés pour essayer de trouver des solutions pour qu'elle puisse suivre sa scolarité.

PATRICK ROGER
Quelles peuvent être ces solutions aujourd'hui ?

MARLENE SCHIAPPA
Moi je ne veux pas, comme ça, jeter sur le plateau des anathèmes, mais l'idée c'est qu'elle puisse poursuivre sa scolarité. Moi, vous savez, j'ai une conviction, c'est que la place d'un enfant c'est à l'école, et la place d'une adolescente aussi, et là on a une adolescente qui veut être scolarisée, et je trouve que c'est un peu… on la blâme en fait si vous voulez, on blâme cette jeune fille parce qu'elle est menacée de mort, donc je trouve que c'est un peu une double peine pour Mila, et moi je vais continuer à me démener, en lien avec l'Education nationale et avec sa famille, pour trouver une solution pour cette jeune fille, elle ne va pas fuir et se cacher toute sa vie cette jeune fille, parce qu'elle est menacée par des islamistes. On peut trouver pertinents, ou pas pertinents, les propos qu'elle a tenus, on peut trouver que c'est bien, que ce n'est pas bien, qu'elle devrait aller sur les réseaux sociaux, qu'elle ne devrait pas, très bien, tout le monde a le droit d'avoir un avis, mais on ne peut pas tolérer qu'on menace de mort une adolescente au point qu'elle soit privée de sa scolarité.

PATRICK ROGER
Oui. Est-ce qu'avec la loi qui va arriver justement, qui sera discutée, vous allez pouvoir protéger en fait ces jeunes qui sont harcelés, notamment sur les réseaux sociaux, et comment ?

MARLENE SCHIAPPA
Oui, notre volonté c'est de les protéger mieux, notamment nous avons crée un délit de mise en danger de la vie d'autrui par divulgation d'informations personnelles. Ce qu'on voit à l'heure actuelle, c'est ce qui se passe pour Mila, c'est ce qui s'est passé pour Samuel PATY, c'est ce qui se passe pour Zineb EL RHAZOUI, journaliste anciennement de Charlie Hebdo, vous avez des gens liés aux islamistes qui ne lancent plus sur les réseaux sociaux des menaces de mort ou des fatwas en tant que tels, mais qui donnent des infos, mine de rien, en disant par exemple "cette personne elle habite à telle adresse, elle sort à telle heure, voilà son code, voilà l'étage, et derrière vous savez ce que vous avez à faire", et voilà, d'une manière qui semble anodine, c'est ce qui s'est passé pour Samuel PATY, on lance des appels au meurtre. Ça maintenant, divulguer des informations, personnelles ou familiales, sur des profs, sur des journalistes, sur des fonctionnaires de la République, dans le but de leur porter atteinte, ce sera un délit et ce sera condamné.

PATRICK ROGER
Ça fera partie d'un des articles.

MARLENE SCHIAPPA
Exactement.

PATRICK ROGER
Il y a aussi le contrôle, le renforcement, des associations, alors là il y en a certains qui s'inquiètent d'une remise en cause de la liberté associative, qu'est-ce que vous pouvez leur répondre ?

MARLENE SCHIAPPA
Alors d'abord la liberté d'association, on n'y touche absolument pas, mais la liberté d'association elle ne va pas avec l'obligation pour l'Etat de vous verser de l'argent, moi j'ai…

PATRICK ROGER
Oui, il y a des subventions.

MARLENE SCHIAPPA
Exactement, j'ai créé une association, je l'ai présidée pendant des années, et je n'ai jamais touché aucun euros d'argent public, je n'ai jamais demandé de subventions, vous pouvez avoir une association sans subventions. Maintenant, ce que nous faisons c'est que nous voulons protéger les maires, les élus locaux ; vous savez, moi j'étais à Montpellier, cette semaine, avec le maire de Montpellier qui a créé une charte de la laïcité, et il y a des associations…

PATRICK ROGER
Oui, qui était avec nous hier.

MARLENE SCHIAPPA
Formidable ; et il y a des associations qui lui disent "cette charte elle n'est pas légale, on n'en veut pas, on la refuse, voire on va l'attaquer en justice." Nous, on va mettre dans la loi, un contrat d'engagement sur les principes républicains et sur la laïcité, qui permettront aux élus locaux de les faire signer, pas 1 euro d'argent public ne sera versé aux ennemis de la République. Et y compris ce sera utile pour le maire de Grenoble, qui nous dit maintenant, "ah ben tiens, je m'aperçois que ma ville a subventionné le CCIF, qui a été dissous en Conseil des ministres, parce qu'elle est radicalisée et proche des islamistes, eh bien maintenant il demande le remboursement des subventions, et c'est normal, eh bien, dans ces cas-là, quand il y aura ce contrat d'engagement, le remboursement sera automatique.

PATRICK ROGER
Et alors, qui va pouvoir procéder aux contrôles et puis aux engagements, et surtout de juger de la pertinence, à partir de quel moment une association, qui est musulmane peut-être, classique, devient une association islamiste radicale ?

MARLENE SCHIAPPA
Alors ça c'est le travail des CLIR, les cellules de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire, qui existent autour du préfet et du Procureur de la République dans tous les départements, et qui se réunissent tous les 15 jours ou tous les mois, selon les territoires, et qui, avec tous les services de l'Etat autour de la table, j'étais avec le Premier ministre par exemple dans une CLIR à Evry avant-hier, eh bien passent en revue les dossiers des associations, des entreprises, qui sont signalées comme radicalisées. Mais je voudrais vous dire que les termes de ce contrat d'engagement on va les construire avec les élus et avec les associations. Je lance deux consultations, une avec Jacqueline GOURAULT, qui est à ma collègue chargée des collectivités, et une avec Sarah EL HAIRY, qui est en charge des associations, et nous allons, avec eux, écrire cette charte, pour que les principes républicains soient très clairement décrits et que chacun puisse s'en saisir.

PATRICK ROGER
Alors, il y a aussi les mesures de protection de la dignité humaine, expulsion des étrangers polygames, fin des certificats de virginité, lutte contre les mariages forcés. J'avais cru comprendre, quand même, que déjà la polygamie et les mariages forcés c'était interdit dans la loi, et malgré tout ça se fait.

MARLENE SCHIAPPA
Ah oui, absolument. Vous savez, il y a plein de choses en France qui sont interdites et se font quand même, le trafic de drogue c'est interdit, il y a du trafic de drogue en France, l'excision c'est interdit, il y a 120.000 femmes qui vivent excisées en France, le mariage forcé c'est interdit, il y a 200.000 femmes en France, selon le GAMS, qui est une ONG française qui s'occupe de ces questions, qui vivent dans un mariage forcé, donc ce n'est pas qu'on l'interdit, c'est qu'on renforce le pouvoir des ONG et des associations. Maintenant, elles pourront signaler à l'officier d'état-civil leur connaissance d'un mariage dit forcé, l'officier d'état-civil aura l'obligation de recevoir séparément les futurs mariés et de faire un signalement au Procureur de la République si jamais il considère qu'il y a un doute. Et sur la polygamie, elle est absolument déjà interdite, si vous permettez je veux préciser, parce qu'il y a toujours des commentaires, des gens qui ne comprennent pas de quoi on parle, l'infidélité, le polyamour, les trouples, les plans à trois, tout ça, ça reste autorisé, je le dis parce qu'il y a des gens sur les réseaux sociaux qui nous disent « à chaque fois vous légiférez sur notre vie personnelle »…

PATRICK ROGER
Ah bon, sur les plans à trois notamment !

MARLENE SCHIAPPA
Voilà, je vous rassure, ou pas, je ne sais pas, mais en tout cas c'est la polygamie qui est interdite en France. Pourquoi ? parce que se marier ça permet d'avoir accès à des droits, droits de la famille, droits de l'héritage, la filiation, etc., et donc nous, nous ne voulons plus donner de titres de séjour à des personnes qui sont polygames, et s'il y a des contrôles, par exemple de la CAF, qui mettent à jour le fait qu'il y a des situations de polygamie, eh bien les titres de séjour seront retirés.

PATRICK ROGER
Oui, parce que derrière ça, aussi, il y a certains qui évoquent la charia, parce que les valeurs de la charia seraient supérieures aux valeurs de la République, ça, vous craignez que ça ne vienne progressivement dans certains quartiers ?

MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr, quand on voit des pratiques, telle que l'excision, des pratiques telle que les certificats de virginité, même si ce n'est pas directement lié dans ces cas-là à la charia, moi je crains l'obscurantisme de façon générale, et le fait que dès lors qu'on a des phénomènes de radicalisation, ou de dérives sectaires d'ailleurs, pas forcément liés à l'islamisme, liés aussi à certaines pratiques évangélistes, etc., eh bien les premières à en pâtir ce sont les femmes. Quand vous avez des petites filles de 4 ans qui sont voilées, des jeunes qu'on voit faire des tests de virginité, ce n'est pas acceptable.

PATRICK ROGER
Alors, justement, vous êtes favorable à l'interdiction du port du voile aux petites filles, il y aura un amendement ?

MARLENE SCHIAPPA
Il y aura un amendement de la députée Aurore BERGE et du député Jean-Baptiste MOREAU, moi philosophiquement je les soutiens, je suis favorable à ce qu'on interdise le voile pour les petites filles de 4 ans, néanmoins, est-ce que c'est par cette loi, je ne sais pas, et quel sera l'avis du gouvernement, je ne peux pas vous dire.

PATRICK ROGER
Et dans l'accompagnement de la vie scolaire également, avec les mamans ?

MARLENE SCHIAPPA
Là, moi je pense, le législateur a déjà tranché, et je pense que les mères voilées peuvent accompagner les sorties scolaires, à mon humble avis, c'est en tout cas ce que dit le Conseil d'Etat à ce sujet.

PATRICK ROGER
Et est-ce que, puisqu'on parlait beaucoup de mesures concernant les femmes, est-ce que vous trouvez que les féministes sont trop absentes du débat quand il s'agit de questions qui relèvent de la religion musulmane, qui dans certains cas, donc entravent la liberté de ces femmes ?

MARLENE SCHIAPPA
Moi j'observe qu'il y a une dérive de l'extrême gauche, dans laquelle il y a pas mal de mouvements et d'organisations féministes structurées, vous avez vu, par exemple hier, un article qui expliquait que c'est xénophobe et raciste, et pas bien, de vouloir lutter contre la polygamie, l'excision, les mariages forcés, moi je trouve que c'est ça qui est raciste et xénophobe, c'est de dire des femmes blanches, qui viennent de familles françaises, et qui ne seront absolument jamais menacées d'excision et de mariage forcé, eh bien tant mieux pour elles, mais les autres qu'elles se débrouillent avec leur communauté, non. Moi je crois que la République c'est assurer l'égalité des droits aussi pour toutes les femmes, et que toutes les femmes soient protégées de l'excision, je ne veux pas dire c'est parce que sa famille est de telle origine ou de telle religion que celle fille aura moins de droits que moi, ce n'est pas possible.

PATRICK ROGER
Marlène SCHIAPPA, vous venez des rangs de la gauche, est-ce que vous êtes à l'aise justement avec ce que vous défendez, parce que certains évoquent quand même un discours aux relents un peu islamophobes, même votre père, je crois, vous critique en fait un peu puisqu'il milite aussi à gauche, non ?

MARLENE SCHIAPPA
Oui, mon père est un militant du mouvement ouvrier, mais mon père a démenti sur sa page Facebook d'avoir tenu ces propos lui-même…

PATRICK ROGER
Ah bon, d'accord, mais ça été rapporté, je l'ai vu à plusieurs reprises.

MARLENE SCHIAPPA
En fait non, ça a été rapporté à une reprise, et ensuite vous savez comment ça marche, c'est presque copiés-collés les uns les autres…

PATRICK ROGER
C'est vrai, je ne suis pas allé voir sa page Facebook.

MARLENE SCHIAPPA
Mon père a démenti lui-même et il a salué les gens qui inventaient nos conversations téléphoniques auxquelles ils n'assistent pas.

PATRICK ROGER
Mais sur cette critique justement, d'une dérive droitière, et de relents islamophobes ?

MARLENE SCHIAPPA
Moi je ne crois pas qu'il y ait dérive droitière, moi je crois que, quand on voit d'ailleurs le soutien des Français à la loi pour conforter les principes républicains, il est très fort, l'immense majorité des Français souhaitent être mieux protégés vis-à-vis de l'islamiste radical et vis-à-vis du terrorisme. On ne peut pas considérer que les choses doivent rester les mêmes, avant et après, le fait d'avoir décapité un professeur en pleine rue à 17h00, je pense que ça a choqué les Français.

PATRICK ROGER
Oui, et la majorité de La République en marche, vous allez réussir à la convaincre, parce que je sais que certains ne sont pas forcément à l'aise avec ça ?

MARLENE SCHIAPPA
Il y a différentes tendances, donc il y aura un débat au Parlement, c'est la démocratie, c'est plutôt sain, l'Assemblée nationale et le Sénat auront à se prononcer, en fait si le débat parlementaire fonctionne bien, la loi, à la sortie, doit être enrichie par rapport au texte de loi au moment où il est arrivé, donc nous verrons dans les débats.

PATRICK ROGER
Il faut une commission spéciale, c'est ça, pour essayer de rassembler un peu des députés des différentes tendances ?

MARLENE SCHIAPPA
Ça c'est la liberté parlementaire, la séparation des pouvoirs, je ne peux pas moi, membre du gouvernement, demander une commission spéciale au Parlement.

PATRICK ROGER
Mais vous y seriez favorable ou pas ?

MARLENE SCHIAPPA
Moi je suis favorable à ce que le Parlement décide de la façon dont il s'organise, donc s'il souhaite une commission spéciale, on fera avec une commission spéciale.

PATRICK ROGER
Marlène SCHIAPPA, question avec Cécile, Cécile de MENIBUS.

CECILE DE MENIBUS
Oui, justement, vous parliez de commission. Dans un rapport de la commission d'enquête du Sénat, dans la crise du 19, pointe la responsabilité de Jérôme SALOMON, le directeur général de la Santé, concernant la pénurie de masques, est-ce qu'il peut rester à cette place ?

MARLENE SCHIAPPA
Moi, vous savez, dans la gestion de la pandémie, je crois qu'il y a beaucoup de gens qui se sont beaucoup trop exprimés, y compris en donnant des avis, et du coup chacun donne son avis sur des choses qui ne relèvent pas de sa compétence ou de son périmètre. Moi, ça ne relève pas, ni de mon périmètre ministériel, ni de ma compétence, donc il ne m'appartient pas de nommer ou de dénommer les directeurs d'administration. J'observe que Jérôme SALOMON est en poste, qu'il fait un travail difficile, et donc évidemment il faut qu'il puisse poursuivre son travail auprès d'Olivier VERAN, ministre de la Santé.

PATRICK ROGER
Marlène SCHIAPPA, vous êtes place Beauvau maintenant, au ministère de l'Intérieur, vous avez entendu Ségolène ROYAL à ce micro, ça vous a fait sourire ou pas, en fait sa petite sortie en disant « qu'est-ce que c'est que cette dénomination » ?

MARLENE SCHIAPPA
Moi, vous savez, Ségolène ROYAL elle est très attaquée, c'était une des premières femmes politiques à assumer d'être mère et une femme politique, donc j'ai beaucoup de respect pour elle pour ça, c'était la première femme au deuxième tour d'une élection présidentielle, donc j'ai aussi beaucoup de respect pour elle pour ça, j'essaye de ne pas attaquer les autres femmes en politique parce qu'elles sont déjà beaucoup victimes de sexisme, parfois c'est un peu dur quand même…

PATRICK ROGER
Ah c'est un peu dur, oui !

MARLENE SCHIAPPA
Maintenant les gens…

PATRICK ROGER
Vous avez souri ou vous vous êtes dit… ?

MARLENE SCHIAPPA
Non, je n'ai pas souri, parce que moi je ne suis pas d'accord avec ça. Moi, avant de faire de la politique, je savais ce que c'était Beauvau et la Place Beauvau, il y a plein de livres qui ont été écrits là-dessus, je pense qu'il faut… Moi je pense que les Français c'est un peuple très intelligent et un peuple très politique, et je pense que le défaut de beaucoup de responsables politiques c'est de sous-estimer le niveau politique des Français. Les Français comprennent ce qu'on fait, ils voient tout, ils voient les magouilles, ils ont une culture…

PATRICK ROGER
Oui, non mais elle voulait dire qu'il y avait une déconnexion avec cette appellation, elle disait il y avait une déconnexion des politiques avec cette appellation.

MARLENE SCHIAPPA
Je ne crois pas, peu importe, ce n'est pas très grave, voilà.

PATRICK ROGER
Bon ! Merci Marlène SCHIAPPA, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté, était l'invitée ce matin de Sud Radio.

MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous. Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 décembre 2020