Interview de Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, à France Info le 23 novembre 2020, sur le Covid et l'assouplissement du confinement, la création d'un délit d'écocide et les propositions de la convention citoyenne sur le climat.

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Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Barbara POMPILI.

BARBARA POMPILI
Bonjour.

MARC FAUVELLE
La France a donc décidé d'abattre un millier de visons d'élevage, qui étaient dans un élevage d'Eure-et-Loir, car ils étaient contaminés par le Covid. Pouvez-vous nous expliquer quel était le risque.

BARBARA POMPILI
On est sur des élevages, donc on est sur des animaux qui sont concentrés, qui sont dans des cages, et qui sont donc au contact avec des éleveurs. Le principe de précaution simple, c'est quand il y a un vison qui est touché par le virus, on abat l'élevage, c'est tout simple.

MARC FAUVELLE
Le risque, c'est qu'ils transmettent à nouveau le virus à l'homme, sachant que c'est sans doute l'homme qui lui a donné.

BARBARA POMPILI
C'est fort possible on est en train de faire des tests auprès de tout le monde, parce que pour l'instant, on n'a pas d'humains autour qui sont touchés. Donc évidemment, ils sont isolés, puisqu'ils sont cas contacts de visons, mais bien sûr, là, on prend toutes les précautions. Donc tous les animaux ont été abattus, les éleveurs sont en confinement, et puis, voilà, c'est les mesures toutes simples de précaution.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, vous l'avez dit, il n'y a pas de transmission à l'homme pour le moment, rien n'a été constaté, alors sur quelle base scientifique on s'appuie pour abattre 1 000 visons ?

BARBARA POMPILI
Mais c'est tout simplement parce que ce qu'on veut, c'est comme pour le reste de notre politique, c'est de faire primer la sécurité sanitaire. Sécurité sanitaire : on a des visons touchés, on ne prend pas le risque que ça se diffuse. Et en plus, comme il y a eu des mutations dans d'autres pays, pas en France, on préfère ne pas prendre ce risque, puisque les mutations pourraient entraîner des risques sur les vaccins.

MARC FAUVELLE
On avait cru comprendre Barbara POMPILI, à la lecture d'un rapport de l'ANSES, publié il y a 3 ou 4 jours, que les animaux, et en l'occurrence, ces mêmes visons ne pouvaient pas contaminer les humains. Ce n'est plus le cas ?

BARBARA POMPILI
Non, le rapport de l'ANSES est plutôt très rassurant sur les transmissions animaux/humains, donc ça, c'est plutôt quelque chose de positif, simplement, là, on parlait notamment des animaux compagnies, là, on est sur des élevages…

MARC FAUVELLE
Et des visons aussi, ils étaient cités dans le rapport de l'ANSES…

BARBARA POMPILI
Oui, parce que les visons font partie de la classe des animaux, donc c'est normal qu'ils soient traités comme les autres. Sauf que là, on est sur des concentrations, on est sur des concentrations très fortes, on est sur 1 000 visons qui sont les uns sur les autres, donc là, on a plus de risques de transmission et surtout de développement du virus. Donc on ne prend pas de risques, mais encore une fois, vous avez raison, les analyses de l'ANSES de la semaine dernière sont plutôt rassurantes.

MARC FAUVELLE
Ce qu'on fait sur des visons aujourd'hui, on pourrait le faire sur d'autres animaux à l'avenir, d'autres élevages ?

BARBARA POMPILI
Alors, sur d'autres élevages…

MARC FAUVELLE
Je ne parle pas uniquement des visons, il y a trois autres…

BARBARA POMPILI
Il y a trois autres élevages de visons, les études sont en cours, il y en a un où on n'a pas trouvé de virus, sur les deux autres, on est en de regarder précisément, et après, encore une fois, il y a une question de vigilance, et donc on a l'ANSES et on a tous les organismes qui sont supposés regarder la santé des animaux, puisque ce n'est pas nouveau, il y a des professionnels qui vont sur le terrain, qui vont tester les animaux, pour différents types de maladies, et donc, ils sont testés. Tout va bien pour l'instant…

SALHIA BRAKHLIA
Et quelles sont les autres espèces qui sont sous surveillance ? Là, on parle des visons, mais il y a les furets, les chats aussi, c'est possible ?

BARBARA POMPILI
Les furets, on est sur le même type d'espèce, on est sur des mustélidés, il y a des furets qui sont des animaux de compagnie, donc forcément, on fait attention, mais jusque-là, pas d'inquiétude.

MARC FAUVELLE
Les chats ?

BARBARA POMPILI
Les chats aussi, mais comme vous le dites, on n'a, a priori, pas de cas de transmission et pas d'inquiétude de l'ANSES. Donc soyons… on ne va pas commencer à inquiéter tout le monde, surtout évitez de nettoyer vos chats avec du gel hydro-alcoolique, ça ne sert à rien, c'est déjà arrivé…

MARC FAUVELLE
Evidemment.

SALHIA BRAKHLIA
Juste une dernière question sur les visons, on ne récupère pas la fourrure, même s'ils sont abattus ?

BARBARA POMPILI
Non, non, non, non, là, le principe de précaution s'applique, donc les visons sont abattus et les fourrures sont brûlées, en tout cas, ne sont pas vendues.

MARC FAUVELLE
Certaines ONG vous demandent d'anticiper la fermeture de ces élevages de visons, puisqu'ils doivent tous fermer d'ici 2025, d'ici 5 ans donc. Est-ce que vous allez le faire ?

BARBARA POMPILI
Ecoutez, pour l'instant, nous, on reste on reste sur la sécurité sanitaire, donc si on voit qu'il y a un problème sur un élevage, on abat, maintenant, pour le reste, on est sur des professionnels qui doivent se reconvertir, qu'on doit accompagner, donc on reste sur les concertations et sur le travail qu'on a engagé effectivement en vue d'une fermeture.

SALHIA BRAKHLIA
Barbara POMPILI, le président de la République doit s'exprimer demain soir pour annoncer non pas un déconfinement, mais un allégement progressif des contraintes, il faut de la cohérence, de la clarté, un cap, c'est ce qu'a déclaré Emmanuel MACRON au JDD ce week-end, ça veut dire qu'il en manquait jusqu'à présent ?

BARBARA POMPILI
Non, je ne crois pas, il faut continuer dans le cap, dans la cohérence et dans la, clarté. Non, mais tout le monde voit bien qu'on apprend avec ce virus, et qu'en mars, on n'avait pas les mêmes informations que maintenant. Donc on essaie de tenir compte des nouvelles informations qu'on a pour essayer de prendre les mesures qui sont effectivement les plus claires, qui donnent un petit peu de lisibilité pour tout le monde, que ce soit pour nos concitoyens et aussi pour tous les professionnels qui sont concernés.

MARC FAUVELLE
Vous entendez l'impatience, et pour certains, la colère des Français… ?

BARBARA POMPILI
Mais moi aussi, je suis impatiente, moi aussi, j'ai envie de pouvoir aller boire un verre, j'ai envie de pouvoir aller au resto, j'ai envie de pouvoir revoir mes amis, oui, je peux vous dire, je suis comme tout le monde, et puis, en plus, il y a des professionnels qui souffrent dans leur vie quotidienne et qui ont besoin aussi de reprendre leur activité, donc on est à leurs côtés pour les aider financièrement, pour les aider à tenir le coup pendant la période, mais plus vite on peut sortir de tout ça, mieux c'est. Simplement, il y a des précautions à prendre, parce que le pire du pire, ce serait de desserrer l'étau trop vite, et puis après, de devoir à nouveau se reconfiner, repartir dans des confinements durs. On ne déconfine pas, là. Je confirme…

MARC FAUVELLE
C'est le mot interdit, on l'a bien compris depuis…

BARBARA POMPILI
Non, mais parce que, pareil, on essaie d'être clair. Donc le confinement restera, on va essayer de desserrer l'étau pour faire en sorte de vivre le mieux possible en prenant les précautions nécessaires.

MARC FAUVELLE
Vous parlez de clarté, Barbara POMPILI, je voudrais qu'on parle de la chasse à présent, voici ce que disait le député européen Yannick JADOT, député européen écologiste, à ce sujet, il était à votre place il y a quelques jours.

YANNICK JADOT, DEPUTE EUROPEEN EUROPE ECOLOGIE-LES VERTS
Aujourd'hui, les seuls qui peuvent aller en forêt, c'est ceux qui tirent le gibier, et c'est choquant, comme d'habitude à l'Élysée, il y a une place spéciale pour les chasseurs, voilà, ils ont droit aux dérogations ils ont le droit de tirer, ils ont le droit de nous empêcher de nous promener, et aujourd'hui, c'est les seuls qui peuvent profiter de l'idée que, aujourd'hui, seule la nature est accessible aux chasseurs est profondément absurde.

MARC FAUVELLE
Je vous ai entendu soupirer pendant cet extrait de Yannick JADOT, pourquoi ?

BARBARA POMPILI
Parce que j'aimerais qu'on arrête de monter les gens les uns contre les autres, mais c'est un voeu pieu, je vais essayer pendant tout le temps où je suis là d'essayer de calmer le jeu entre tout le monde, la chasse, la pêche sont interdites comme toutes les autres activités de loisirs dans ce pays actuellement, c'est comme ça…

MARC FAUVELLE
Mais il y a des exceptions ?

BARBARA POMPILI
Il y a des dérogations qui sont prévues au cas par cas par les préfets, quand on est sur un certain nombre d'espèces qui peuvent créer des dégâts, je pense par exemple aux sangliers qui en ce moment créent des dégâts sur des cultures, et qui peuvent poser des vrais problèmes pour nos agriculteurs. Donc à ce moment-là, les préfets peuvent prendre des dérogations qui sont très encadrées, et quand il y en a qui ne font pas ce qu'ils devraient faire, comme ça s'est passé dans l'Oise récemment, certains chasseurs qui avaient fait un banquet et qui s'étaient montrés, enfin…

SALHIA BRAKHLIA
Un banquet alcoolisé…

BARBARA POMPILI
En plus, absolument, scandaleusement en dehors des clous, eh bien, la préfète a tout de suite réagi en interdisant totalement la chasse dans ces communes, et tant pis pour les dégâts. Donc voilà, il me semble que tout ça est à peu près propre et clair. Encore une fois, essayons d'arrêter…

SALHIA BRAKHLIA
Dans certains départements, on apprend aussi qu'il y a des arrêtés qui sont pris où la liste des espèces est rallongée, est-ce que vous, vous le contrôlez ça ?

BARBARA POMPILI
Bien sûr, bien sûr. Je travaille avec Bérangère ABBA, la secrétaire d'État qui est chargée de ces questions-là, et qui est très vigilante sur les quelques lieux où il pourrait y avoir eu des mauvaises interprétations, et tout ça est en train d'être remis dans les clous.

MARC FAUVELLE
Le président par exemple de la Fédération des chasseurs, qui chasse dans le département du Pas-de-Calais explique qu'il a parfaitement le droit en ce moment de tuer le pigeon ramier et la pie bavarde, est-ce qu'il se trompe ou est-ce qu'ils sont considérés comme des nuisibles, ces animaux ?

BARBARA POMPILI
Alors, il faut que je regarde l'arrêté spécifique au Pas-de-Calais…

MARC FAUVELLE
La pie bavarde en ce moment, c'est semblable aux sangliers si dangereux pour les récoltes ?

BARBARA POMPILI
Mais autant je suis totalement sûre de moi sur le sanglier, autant sur la pie bavarde, j'ai un peu de doutes sur les dégâts, oui…

MARC FAUVELLE
On n'est pas forcément dans la même catégorie. Il dit qu'il a le droit.

BARBARA POMPILI
Eh bien, écoutez, on va vérifier. Et je peux vous dire que Bérangère ABBA sera absolument impitoyable si les règles ne sont pas respectées.

/// Le fil info /// SALHIA BRAKHLIA

Toujours avec Barbara POMPILI, ministre de la Transition écologique. Alors, avec le garde des Sceaux Eric DUPOND-MORETTI, vous avez annoncé la création d'un délit d'Ecocide. Qu'est-ce que c'est ?

BARBARA POMPILI
C'est le glaive de la justice, qui va s'abattre enfin sur tous les bandits de l'environnement. Je suis, moi je suis très heureuse qu'on arrive enfin à mettre, à faire que la justice environnementale puisse avoir les moyens de cet enjeu, qui est un enjeu absolument énorme. Donc ça fait très longtemps qu'il y a un travail là-dessus, la Convention citoyenne pour le climat avait aussi demandé à ce qu'on accélère sur le sujet, et là avec Eric DUPOND-MORETTI, on a mis en place et on va le faire voter dans la loi la semaine prochaine, un grand délit qui est un délit qui va permettre de faire payer tous ceux qui, soit sans faire exprès, soit parce qu'ils l'ont voulu et parce qu'ils ont fait exprès, portent des atteintes à l'environnement.

MARC FAUVELLE
Y compris quand on ne le fait pas exprès.

BARBARA POMPILI
Y compris quand on en fait pas exprès…

MARC FAUVELLE
Une usine qui, je prends un exemple, qui déverse des eaux usées, polluées, dans une rivière, involontairement, ce serait un délit d'Ecocide.

BARBARA POMPILI
Tout à fait.

MARC FAUVELLE
Il ne faudra pas le critère d'intentionnalité.

BARBARA POMPILI
Non, et ça c'était une des grandes nouveautés, ce sera un délit transversal, si jamais on abîme l'environnement, eh bien on sera condamné, et surtout aujourd'hui on avait des condamnations, puisqu'il y avait quand même des délits qui existaient, mais on avait des condamnations, eh bien dans ce cas-là, par exemple vous risquez 2 ans d'emprisonnement, 75 000 euros d'amende. Là on peut aller jusqu'à 4,5 millions d'amende et 10 ans de prison. Et en plus, si quelqu'un de fait intentionnellement, c'est-à-dire, eh bien plutôt que de déverser, que d'aller jeter mes déchets dans une déchetterie où je vais devoir payer, je vais jeter là, comme ça, ça ne se voit pas trop, et je vais faire des économies, eh bien il pourra être condamné à 10 fois l'économique qu'il a réalisée en ne jetant pas ses déchets là où il fallait. Donc il y a ce délit là de…

MARC FAUVELLE
C'est du pollueur-payeur puissance 10.

BARBARA POMPILI
C'est du pollueur-payeur puissance 10, et en plus, dans ce cadre-là, on va aussi créer un délit de mise en danger de l'environnement, c'est-à-dire quelqu'un, prenons toujours cette fameuse usine qui déverse, mais qui déverse par exemple des micros plastiques ou qui déverse des produits dont on n'a pas d'incidence concrète tout de suite sur l'environnement, mais dont on sait, on se doute, risque de mettre en danger l'environnement, les poissons, les écosystèmes etc., eh bien cette mise en danger va aussi faire l'objet de condamnations pénales. Et ça c'est une énorme nouveauté aussi, c'est-à-dire que on prend, parce qu'on peut se dire, bon je déverse et puis avec un peu de chance ça ne se verra pas, eh bien non, même si on met juste en danger, on sera condamné, et en plus il y aura une obligation de réparation. Alors l'idée, ce n'est pas de punir, punir, c'est juste de dire : maintenant, rendez-vous compte de ce que vous faites et de ce que vous risquez.

MARC FAUVELLE
Ça vise aussi les particuliers ?

BARBARA POMPILI
Ça vise tout le monde.

MARC FAUVELLE
Toute personne qui pollue…

BARBARA POMPILI
Ça vise tout le monde.

MARC FAUVELLE
… peut passer devant un tribunal pour délit d'écocide.

BARBARA POMPILI
Evidemment, ça vise tout le monde, et en plus on met en place tout un écosystème de la Justice, là-dessus, c'est-à-dire qu'en plus on va mettre en place aujourd'hui des juges spécialisés sur l'environnement. Un des gros problèmes du droit de l'environnement, c'est un droit complexe, et c'est un droit qui parfois pouvait être un peu négligé par des juges on va dire généralistes. Là on va créer des pôles au niveau de chaque cour d'appel, où il y aura un juge spécialisé qui sera spécialiste dans un environnement, qui sera sur ces questions et uniquement sur ces questions, et qui pourra donc ne plus laisser passer un certain nombre de problèmes, et en parallèle on rajoute aussi une police de l'environnement, en donnant un statut d'officier de police judiciaire aux agents de l'environnement qui sont notamment les agents de l'OFB, de l'Office Français pour la Biodiversité, donc on leur donne un statut qu'ils demandaient depuis très longtemps, parce qu'avant, quand ils constataient une infraction, ils étaient obligés de s'arrêter et d'attendre que l'officier de police judiciaire vienne, ce qui s'alourdissait du coup les procédures. 

SALHIA BRAKHLIA
J'ai une question bête, parce que vous dites : ça s'adresse à tout, ça s'adresse à tout le monde, ça s'adresse aussi à l'État ?

BARBARA POMPILI
Mais bien sûr.

 SALHIA BRAKHLIA
Alors, qui va constater les infractions ?

BARBARA POMPILI
Il n'y a pas de raison. Eh bien si… En général, vous savez, quand il y a une infraction qui est constatée, eh bien après il y a un procès-verbal qui est émis, et puis après il y a la responsabilité. Au nom de quoi l'État serait au-dessus des lois ? 

SALHIA BRAKHLIA
La Convention sur le climat…

MARC FAUVELLE
La Convention sur le climat réclamait que ce soit un crime d'écocide, passible donc d'une Cour d'assises, avec des sanctions beaucoup plus lourdes. Pourquoi ne pas avoir retenu cette solution ? C'était impossible à faire ou vous ne l'avez pas souhaité ?

BARBARA POMPILI
Dès le départ, y compris le président de la République l'avait dit quand il avait reçu des citoyens, on avait un sujet de constitutionnalité du crime d'écocide, tel qu'il était présenté et proposé par les citoyens.

MARC FAUVELLE
Ça, personne ne l'avait expliqué aux citoyens.

BARBARA POMPILI
Si, parce que, y compris leur Comité logistique, qui avait dû transcrire en droit qui avait essayé de transcrire en droit leur demande, avait dit : ouh lala, là on est sur un truc complexe, on propose quelque chose mais on n'est pas sûr que ça vole. Et donc il y avait un problème de proportionnalité qui risquait de rendre le processus inconstitutionnel. Donc avec le garde des Sceaux on s'est dit : ce qu'on veut surtout, c'est que ce soit efficace et que ce soit dans le droit, et c'est ça le plus important. Après, il y a une autre chose qui est demandée par les citoyens de la Convention citoyenne sur le climat, c'est que ce crime soit défini au niveau international, et donc là-dessus là le travail est en cours, parce que cela va prendre un peu de temps, mais on va défendre ça au niveau international.

MARC FAUVELLE
Alors, il y a cette mesure et il y a les 145 autres que qu'Emmanuel MACRON s'est engagé à reprendre. La grande loi, qui va reprendre les 146 mesures préconisées…

BARBARA POMPILI
Une partie, tout ne relève pas de la loi.

MARC FAUVELLE
Ah… Alors d'abord, elle est pour quand la loi ?

BARBARA POMPILI
Alors, elle sera présentée en Conseil des ministres en tout début d'année prochaine, donc janvier normalement, et passage au Parlement en mars.

MARC FAUVELLE
Janvier, Parlement en mars, adoption définitive ?

BARBARA POMPILI
A l'été au plus tard, on espère.

MARC FAUVELLE
Et vous nous dites, elles n'y seront pas toutes les 146 dedans. Combien y en aura-t-il ?

BARBARA POMPILI
Ah, mais c'était prévu dès le départ. On sait qu'à peu près 40% des mesures qui sont proposées par les citoyens, sont de nature législative, le reste c'est du réglementaire, le reste c'est des campagnes de communication, le reste c'est au niveau européen ou au niveau international. Donc on est à peu près sur 40%. Quelques-unes, de nature législative, sont transcrites là, dans le Parquet européen, toutes les mesures justice, et on a des mesures budgétaires qui ont déjà été votées, et puis on a le reste qui sera dans cette grande loi.

MARC FAUVELLE
On va quitter dans quelques instants vos dossiers strictement écologiques, Barbara POMPILI, pour évoquer la loi qui est en cours d'examen en ce moment à l'Assemblée nationale, la loi sur la sécurité globale. Vous nous direz si vous êtes à l'aise avec l'ensemble de ces mesures, mais d'abord le fil info à 08h50 avec Mélanie DELAUNAY.

/// Le fil info ///

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Barbara POMPILI, la ministre de la Transition écologique. Alors après une semaine marquée par des polémiques, des débats, l'examen de la proposition de loi sécurité globale est terminée à l'assemblée, un vote solennel est prévu demain, si vous, vous étiez encore députée, est-ce que vous l'auriez votée cette proposition de loi ?

BARBARA POMPILI
Je ne suis plus députée, chacun son boulot.

SALHIA BRAKHLIA
Mais vous avez votre avis.

BARBARA POMPILI
Eh bien, j'ai un avis en tant que citoyenne sur cette question, et ce que je constate, c'est que c'est toujours très difficile de trouver ce juste équilibre entre la nécessaire protection de nos policiers, nos forces de l'ordre qui franchement travaillent dans des conditions terribles et qui depuis plusieurs années, là, s'en prennent quand même beaucoup dans la figure, c'est le moins qu'on puisse dire, et en même temps, ce fameux "en même temps", préserver absolument nos libertés fondamentales dont la liberté de la presse est un des fleurons…

SALHIA BRAKHLIA
Mais clairement, est-ce que vous êtes à l'aise avec ce qu'il y a dans le texte ? Clairement, est-ce que vous êtes à l'aise avec ce qu'il y a dans le texte en ce moment ?

BARBARA POMPILI
Pour être très franche, je ne sais même pas exactement où s'est arrêté le cliquet, là, ce qui a été voté…

MARC FAUVELLE
Vous voulez que ça a tellement changé ces derniers jours…

BARBARA POMPILI
Ce qui a été voté vendredi, enfin, ce qui a été décidé vendredi, je n'ai pas regardé à la virgule près, je vous avoue que j'étais un petit peu sur d'autres dossiers…

SALHIA BRAKHLIA
Alors, on va vous le dire…

MARC FAUVELLE
Alors, c'est la diffusion, on va tenter de le résumer en quelques mots, il n'y a pas le floutage des policiers, comme s'y était pourtant engagé Gérald DARMANIN, c'est la diffusion malveillante d'images, d'images ou de vidéos d'ailleurs de policiers ou de gendarmes qui a finalement été retenue, je voudrais vous faire entendre ce qu'en disait votre collègue, Garde des sceaux, vous savez, celui avec qui vous venez de présenter ce délit d'écocide, Eric DUPOND-MORETTI, qui fait entendre quelques différences sur ce fameux article 24 de la loi sécurité globale.

ERIC DUPOND-MORETTI, GARDE DES SCEAUX
Le droit pénal est d'interprétation stricte, et on ne peut pas poursuivre en droit pénal français des gens pour une intention, mais en réalité, pour un acte ou pour un fait, voilà la musique, la petite musique du Garde des sceaux sur cette question.

MARC FAUVELLE
Il dit en gros que ce n'est pas légal ce qui est dans la loi, ce qui va tout de même poser un petit souci, non ?

BARBARA POMPILI
Eh bien, là, je n'ai rien à redire à ce qu'a dit Eric DUPOND-MORETTI.

MARC FAUVELLE
Donc, vous aussi, vous faites entendre une petite musique qui n'est pas exactement celle du ministre de l'Intérieur…

SALHIA BRAKHLIA
De Gérald DARMANIN.

BARBARA POMPILI
Je suis d'accord avec ce qu'a dit Eric DUPOND-MORETTI.

MARC FAUVELLE
Un ministre, c'est toujours comme du temps de Jean-Pierre CHEVENEMENT, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ?

BARBARA POMPILI
Oh, non, je pense que…

MARC FAUVELLE
Non, sur la sécurité, vous pouvez l'ouvrir ?

BARBARA POMPILI
Je pense que là-dessus, on n'est plus du tout dans la même époque, je pense qu'un ministre, il doit pousser, il doit essayer de faire avancer les choses, par contre, à partir du moment où il y a des arbitrages, bon, eh bien, les arbitrages sont rendus, mais moi…

MARC FAUVELLE
Eric DUPOND-MORETTI dit également, attention, ce texte il va revenir à l'Assemblée, il y a une deuxième lecture, on peut encore l'amender, le modifier, le réformer, est-ce que vous le souhaitez, vous aussi ?

BARBARA POMPILI
Il y a toujours moyen de perfectionner des textes. Alors là, en tant qu'ancienne parlementaire, je peux vous le dire, l'intérêt de la navette parlementaire entre l'Assemblée et le Sénat, l'intérêt des lectures différentes, c'est aussi d'améliorer un texte et de le rendre le moins attaquable juridiquement, donc c'est très bien.

SALHIA BRAKHLIA
Gérald DARMANIN, il a dû reculer deux fois, la semaine dernière, donc une fois, sur l'instauration du floutage des forces de l'ordre, une autre fois sur l'autorisation demandée aux journalistes pour pouvoir couvrir une manifestation ; il va trop loin votre collègue à l'Intérieur ?

BARBARA POMPILI
Je crois qu'il pousse ses idées, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il pousse, il essaie de faire avancer ce en quoi il croit, après, justement, l'intérêt de notre système démocratique, c'est que tout ça est encadré, et qu'il y a des procédures, c'est très bien.

MARC FAUVELLE
Vous avez été membre d'Europe Ecologie-Les Verts pendant plusieurs années, Barbara POMPILI, hier, la maire de Paris Anne HIDALGO, s'est fâchée avec une partie de sa majorité écologiste en déclarant que les écologistes en France avaient un problème dans leur rapport à la République, et sous-entendu, à la laïcité. A-t-elle eu raison de dire cela ?

BARBARA POMPILI
Je peux témoigner que sur la question de la laïcité, il y a toujours eu des débats très enflammés au sein d'Europe Écologie-Les Verts, après, attention, moi, je ne mets pas tous les écologistes chez Europe Ecologie-Les Verts, et sur la question de la laïcité, qu'il y ait eu des débats très enflammés, je n'ai aucun doute là-dessus, qu'il y ait certains chez Europe Écologie Les Verts qui ont une vision de la laïcité que je ne partage pas du tout, c'est clair, après…

MARC FAUVELLE
Comment vous la définiriez ?

BARBARA POMPILI
Après, franchement, l'immense majorité des personnes qui sont chez EELV n'ont aucun problème avec la notion de République comme je l'entends dire.

MARC FAUVELLE
Comment vous la définiriez cette laïcité qui n'est pas la vôtre et qui aujourd'hui encore, est le cas d'une partie des militants écologistes, Barbara POMPILI ?

BARBARA POMPILI
Mais encore une fois, le cas d'une partie, c'est un débat qui est très douloureux, y compris au sein de la gauche, parce qu'on a toujours eu cette volonté de ne pas stigmatiser des populations.

MARC FAUVELLE
Est-ce que je résume, et arrêtez-moi si je dis qu'il y a une partie qui n'est pas Charlie ?

BARBARA POMPILI
Je n'irais pas jusque-là, non, je n'irais pas jusque-là, mais certains, parce qu'ils essayent trop de… enfin, ils ont trop peur de la stigmatisation d'une partie de la population musulmane vont peut-être très loin dans la volonté de les protéger, ce qui ne leur rend pas forcément service. Je suis très mal à l'aise sur ces sujets-là, parce que chaque mot est un mot qui peut enflammer…

MARC FAUVELLE
Ça s'entend un peu…

BARBARA POMPILI
Oui, parce que je ne veux pas stigmatiser des personnes qui essayent de trouver des solutions, mais qui parfois le font maladroitement, et moi, je n'ai jamais entendu personne chez EELV dire : je ne suis pas Charlie, jamais. Après, ça fait longtemps que je n'y suis plus.

MARC FAUVELLE
Ou « Charlie, mais » ?

BARBARA POMPILI
Mais encore une fois, c'est loin de représenter la majorité des gens chez EELV, pourtant, je les ai quittés, je suis en désaccord avec beaucoup de choses qu'ils disent, mais j'essaie de faire en sorte qu'on ne stigmatise pas encore une fois, qu'on ne déforme pas les propos des uns et des autres. Il y a manifestement un malentendu entre Anne HIDALGO et certains membres de sa majorité, j'espère qu'ils seront levés, parce que l'important, c'est que cette ville soit bien soit bien gérée.

MARC FAUVELLE
Vous espérez qu'ils soient levés, et qu'Anne HIDALGO retrouve ses partenaires de la majorité à Paris…

BARBARA POMPILI
Mais moi, je ne suis pas…

MARC FAUVELLE
Je vous rappelle que vous n'êtes plus écologiste, et qu'Anne HIDALGO n'est pas, me semble-t-il, tout à fait dans votre camp…

BARBARA POMPILI
Je ne suis pas pour…

MARC FAUVELLE
Vous êtes pour la paix des ménages…

BARBARA POMPILI
Je ne suis pas pour que des polémiques détournent des élus de leur travail qui est d'être au service des citoyens, voilà.

SALHIA BRAKHLIA
C'est plutôt clair. C'est clair.

MARC FAUVELLE
Merci à vous Barbara POMPILI, ministre de la Transition écologique. Merci infiniment d'avoir été ce matin au micro de France-Info.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 novembre 2020