Interview de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture, à RMC/BFM TV le 11 décembre 2020, sur le déconfinement du 15 décembre annoncé plus strict, sans réouverture des salles de spectacle et lieux culturels.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée, Roselyne BACHELOT. Bonjour.

ROSELYNE BACHELOT
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre de la Culture. Covid-19, je cite Jean CASTEX, « nous ne devons pas baisser la garde, nous sommes sur un plateau ». Je cite Olivier VERAN, « nous ne sommes pas sortis de la deuxième vague ». La stratégie du déconfinement est donc adaptée à partir du 15, couvre-feu, je rappelle pour celles et ceux qui ne sauraient pas : à partir du 15, couvre-feu 20 h / 6h du matin y compris le 31 décembre, sauf le 24, les territoires ultramarins n'ont pas droit à ce couvre-feu – les chanceux ! –, attestations nécessaires pour se déplacer entre 20h et 6h, déplacements interdits sans motif exceptionnel, déplacements entre régions autorisés. Les établissements culturels ne rouvriront pas le 15 décembre, pas de cinéma, pas de théâtre, pas de musée et autres lieux de culture, fermeture jusqu'à quand, Roselyne BACHELOT ?

ROSELYNE BACHELOT
Alors, d'abord, je veux dire que c'est un crève-coeur, je crois que c'est un crève-coeur pour le milieu de la culture, c'est un crève-coeur pour la ministre de la Culture. Pourquoi est-ce que nous n'avons pas opéré cette ouverture que nous pensions possible le 15 ? On avait prévenu qu'il fallait que les chiffres, on avait fixé un palier à 5 000 contaminations journalières, pour pouvoir envisager cette réouverture ; en fait, la situation sanitaire s'est beaucoup dégradée, nous sommes un peu au-dessus de 14 000 contaminations journalières, c'est-à-dire le triple de ce que nous espérions pour pouvoir rouvrir. La situation est pareil ailleurs, est identique partout en en Europe !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est pire en Allemagne !

ROSELYNE BACHELOT
Elle est même pire en Allemagne mais enfin, c'est une faible consolation mais c'est pour dire que tout ça, oui, la situation sanitaire est extrêmement grave, ça c'est le premier point de diagnostic.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec quand même moins de réanimations ?

ROSELYNE BACHELOT
C'est vrai ! C'est vrai !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous avons atteint le chiffre attendu en matière de réanimations dans les hôpitaux !

ROSELYNE BACHELOT
De réanimations et d'occupation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et d'occupation ! Bon.

ROSELYNE BACHELOT
Ça, c'est vrai. Il y a des éléments positifs, des éléments plus inquiétants. Qu'est-ce qui fait que nous ne ré-ouvrons pas, rouvrons pas, pardon …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, « rouvrons pas », enfin, remarque, on peut dire les deux, j'ai vérifié !

ROSELYNE BACHELOT
Ah bon, on peut dire les deux !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Réouvrir ou rouvrir !

ROSELYNE BACHELOT
En tout cas, au 15 comme cela avait été annoncé, si les conditions sanitaires avaient été bonnes ? C'est que nous allons traverser une épreuve. L'épreuve, ça va être l'épreuve des fêtes de fin d'année avec énormément de mouvements de populations, de contacts familiaux et ce qui serait terrible pour le monde de la culture, c'est ce qu'en bon français on appelle le stop and go.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que l'on fait déjà malheureusement !

ROSELYNE BACHELOT
Alors, rouvrir le 15 avec toutes les difficultés de la réouverture, de la billetterie, du reconditionnement des salles, des répétitions etc., pour éventuellement refermer les salles de spectacles et de cinéma le 2, le 3 ou le 7 janvier, je crois que là, on assassinait la culture si on avait fait cela. Donc c'est la raison qui nous a amenés à retarder de 3 semaines cette possibilité de ré-envisager.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors 3 semaines, ça veut dire que la réouverture est prévue pour quand ?

ROSELYNE BACHELOT
Jean-Jacques BOURDIN, je ne vais pas vous donner une date puisque justement, on va continuer …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Premier ministre a parlé du 7 janvier !

ROSELYNE BACHELOT
Alors, c'est une clause de revoyure

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Donc, ce n'est pas une date, on est bien d'accord, une date de réouverture !

ROSELYNE BACHELOT
Jean-Jacques BOURDIN, ce n'est pas une date de réouverture, il faut constater la situation sanitaire. Imaginez qu'il y ait une flambée épidémique considérable que nous constaterons après les fêtes si on a …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr !

ROSELYNE BACHELOT
…j'allais dire, si on a, je ne veux pas dire « déconné » …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sentais que vous aviez envie de le dire !

ROSELYNE BACHELOT
Si on a « dérapé », pardon, ça ne suscite pas d'ailleurs le sourire ou le rire …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !

ROSELYNE BACHELOT
Mais pardon de l'avoir même grimacé derrière mon masque, si la situation sanitaire est catastrophique, nous allons constater parce que le 7 janvier, c'est à peu près une semaine après les fêtes, on verra l'impact de la pandémie dans cette affaire …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on fera le point, si j'ai bien compris, les lieux de culture ne rouvriront pas le 7 janvier, on est bien d'accord ? Revoyure le 7 janvier ?

ROSELYNE BACHELOT
Voilà, revoyure le 7 janvier !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Revoyure le 7 janvier, peut-être ouverture comme les restaurants le 20 ou peut-être je ne sais pas …

ROSELYNE BACHELOT
Ah mais pourquoi pas dans la semaine qui suit si vraiment on a des bons chiffres ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pourquoi pas la semaine qui suit le 7 janvier. Les conservatoires, les écoles de danse, de musique fermés aussi ?

ROSELYNE BACHELOT
Oui, voilà.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Fermés aussi parce qu'on n'en a pas parlé hier, le Premier ministre n'en a pas parlé. Bien difficile à vivre dans le monde de la culture. J'ai vu les réactions, enfin vous les connaissez, vous avez dû recevoir une quantité astronomique de coups de téléphone !

ROSELYNE BACHELOT
Les amis, j'ai passé la nuit au téléphone à expliquer, à dire, Jean-Jacques BOURDIN qu'on va être là pour les accompagner, je sais bien que l'argent pour un artiste, ça n'est pas tout et que c'est une souffrance incroyable de ne pas pouvoir chanter en public, de ne pas pouvoir …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Surtout que tout le monde s'était préparé à retrouver la scène !

ROSELYNE BACHELOT
Mais oui bien sûr mais attendez, mais évidemment !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à rouvrir les salles de cinéma !

ROSELYNE BACHELOT
Mon agenda était rempli de spectacles pour aller soutenir tous ces artistes mais alors, il faut les aider à surmonter, à surmonter cette crise, on a déjà, sur le monde de la culture, fait 7,5 milliards d'euros d'aides, ce qui est tout à fait considérable, j'avais obtenu un certain nombre d'enveloppes budgétaires pour accompagner le confinement et la fermeture jusqu'au 15. J'ai dit au Premier ministre que j'avais besoin de 35 millions d'euros supplémentaires pour faire la fin de l'année ou dans les cinémas, dans les théâtres et je sais que je les obtiendrai pour accompagner …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous allez obtenir, vous obtenez 35 millions d'euros supplémentaires pour aider …

ROSELYNE BACHELOT
Pour aider, pour permettre …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous les lieux de culture qui …

ROSELYNE BACHELOT
Voilà …

JEAN-JACQUES BOURDIN
… qui souffrent !

ROSELYNE BACHELOT
Cinémas, théâtres, lieux de concerts, lieux d'opéras à la fois, alors bien entendu tous ces secteurs auront droit aux mesures globales et transversales, chômage partiel, aide du fonds d'urgence, aide au loyer, etc. mais en plus, la culture a des spécificités parce qu'il y a ces problèmes de billetterie, il y a les artistes auteurs. Vous savez, ce qu'il y a dans la culture, c'est que c'est un monde très divers, il y a aussi des gens, il y a des intermittents du spectacle qui se demandent, on va protéger leurs droits …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Certains sont sortis du chômage partiel, ne sont pas indemnisés, donc ils se sont remis à travailler. Que vont-ils devenir, ceux-là ? Ils vont retrouver le chômage partiel ?

ROSELYNE BACHELOT
On va faire du cousu main, on ne laissera tomber personne dans le monde de la culture. Alors, c'est quelquefois compliqué parce qu'il y a aussi des gens dans la culture qui se situent dans les zones grises, vous savez, il y a des gens qui sont payés au pourboire, qui sont payés au chapeau. Il faut tous les aider et c'est ce que je fais !

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous faites ?

ROSELYNE BACHELOT
Oui !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes en colère ? Est-ce que vous êtes en colère ? Dites-moi !

ROSELYNE BACHELOT
Ma colère, elle serait contre le coronavirus ; ma colère …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle n'est pas contre le gouvernement, elle n'est pas contre Jean CASTEX qui … ?

ROSELYNE BACHELOT
Mais non, mais certainement pas ! Moi, je suis d'accord avec Jean CASTEX évidemment !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas d'injustice là ?

ROSELYNE BACHELOT
Mais il n'y a pas d'injustice, il y a au contraire un …Croyez-vous, Jean-Jacques BOURDIN, qu'on fait ça pour notre plaisir parce qu'on serait fou ?! Est-ce qu'on le fait pour fouetter les Français ? On le fait pour les protéger ! Bien sûr !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que vous n'étiez pas hier auprès de Jean CASTEX ?

ROSELYNE BACHELOT
Il y avait un point sanitaire et d'ordre public où il y avait Jean CASTEX, Olivier VERAN et le ministre de l'Intérieur.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous étiez très concernée hier !

ROSELYNE BACHELOT
Mais bien sûr et c'est pour ça que je suis chez vous ce matin ! Et les ministres thématiques n'étaient pas là, c'est-à-dire Bruno LE MAIRE qui s'occupe des hôteliers, restaurateurs, Jean-Michel BLANQUER, le ministre des Sports. Les sports sont touchés par la situation pandémique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ailleurs …

ROSELYNE BACHELOT
Madame BORNE n'était pas là. Donc nous, nous sommes maintenant, on a fait le point sur la situation sanitaire. Maintenant, les ministres en charge sont en train de monter les plans d'aide, continuer les plans d'aide, de les adapter à cette situation ! Ne cherchons pas des polémiques là où il n'y en a pas !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Là où il n'y en a pas ! Bien, Roselyne BACHELOT, les stades sont vides, les stades sont vides.

ROSELYNE BACHELOT
Oui, bien sûr !

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que les théâtres seraient pleins ? Pardon mais je fais la comparaison. Vous avez été ministre des Sports.

ROSELYNE BACHELOT
Alors ce que je veux dire, c'est que …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle est la différence ?

ROSELYNE BACHELOT
D'abord il y en a un qui est plein air et l'autre…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, en plein air c'est moins dangereux qu'une salle fermée.

ROSELYNE BACHELOT
Ecoutez, je ne suis pas ministre des Sports, ce que je sais c'est que les salles de spectacle ne sont pas des lieux dangereux et que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les stades non plus.

ROSELYNE BACHELOT
Et qu'on est avec des consignes sanitaires, moi je salue les professionnels, on est sur des consignes sanitaires qui permettent que le lieu de culture en lui-même n'est pas dangereux, ce qui est un problème c'est le brassage de populations qui se fait autour de cela, et dans la situation sanitaire qui est la nôtre, qui n'est pas bonne, qui est même mauvaise, il faut éviter, limiter au maximum les brassages de populations. Je note d'ailleurs, Jean-Jacques BOURDIN, que les lieux de culture sont fermés partout en Europe, ils sont fermés en Allemagne, ils sont fermés en Autriche, ils sont fermés en Irlande, ils sont fermés en Espagne, ils sont fermés en Italie, parce que le même diagnostic aboutit à la même politique de prévention.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je lisais, ou j'écoutais Mathieu KASSOVITZ, je vous cite Mathieu KASSOVITZ, « Je trouve intéressant que les politiciens fassent l'inverse de ce que veut la population, ils sont obligés de le faire parce qu'ils nous protègent et c'est leur travail », voilà ce qu'il a dit, et il a ajouté « les salles de cinéma ne sont absolument pas essentielles dans la situation dans laquelle on est. »

ROSELYNE BACHELOT
Moi je ne veux pas rentrer dans le débat, essentielles, pas essentielles, ça n'a pas de sens, la culture est essentielle, mais on peut, pour des raisons sanitaires, faire en sorte de se protéger pendant quelques semaines. Qu'est-ce qu'on a fait ? On a retardé la réouverture des salles de cinéma et des salles de théâtre, mais la culture elle continue, la création elle continue, la culture ne va pas mourir, heureusement, il y a des gens qui écrivent, qui lisent, on lit les derniers prix littéraires, on fait des captations de spectacles dans les théâtres subventionnés qui passent à la télévision, il y a tout un monde culturel qui vit, qui bouillonne…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On lit des livres.

ROSELYNE BACHELOT
Les artistes auront le droit, j'ai veillé à ce que les tournages puissent continuer, à ce qu'on puisse faire des captations, à ce qu'on puisse faire des répétitions, le monde de la culture il a une résilience, la création, même dans les pires moments, elle ne s'arrête pas, bien entendu.

JEAN-JACQUES BOURDIN
60 % des Français sont favorables à la fermeture des théâtres, j'ai lu ça, vous avez vu cette enquête, vous comprenez cela ?

ROSELYNE BACHELOT
Oui, les Français se disent qu'ils sont menacés dans leur santé, la culture fait vivre, mais les politiques de prévention empêchent de mourir.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Roselyne BACHELOT, il y a 11 ans vous étiez ministre de la Santé, je me souviens très très bien, vous étiez souvent avec moi, je vous interviewais, vous faisiez face à la grippe, la fameuse grippe H1N1, virus contagieux, qui se transmettait de l'homme à l'homme, exactement de la même manière. Vous avez commandé des dizaines de millions de doses de vaccins, de masques, on se souvient de la polémique, je ne vais pas revenir là-dessus. Mercredi dernier, juste après le Conseil des ministres, un petit groupe se forme autour de Jean CASTEX, vous allez me dire si je dis des bêtises, il y a là Olivier VERAN, il y a Bruno LE MAIRE, il y a Gérald DARMANIN, Gabriel ATTAL, et vous, et le débat s'ouvre, « faut-il que le gouvernement se fasse vacciner, dès le début, en public ? », et là vous intervenez, vous dites non. C'est vrai ou pas ?

ROSELYNE BACHELOT
Ecoutez, moi je pense se faire vacciner… alors, je me suis fait vacciner en public.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Si je vous parle de ça, c'est parce que je me souviens de ça, je me souviens, vous vous étiez faite vacciner en public.

ROSELYNE BACHELOT
Alors, ce qui est incroyable, c'est très intéressant, c'est que je me fais vacciner en public en me disant que la ministre de la Santé, de l'époque, se fassent vacciner est un élément de confiance dans la vaccination, eh bien il y a tout un… des réseaux complotistes, qui ont avancé que je m'étais fait vacciner avec du sérum physiologique, et qu'en fait il n'y avait pas la substance active dans l'injection. Alors je pense que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous avez recommandé au gouvernement de ne pas faire la même chose.

ROSELYNE BACHELOT
Peut-être.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pas peut-être, mais sûrement Roselyne BACHELOT, pas peut-être.

ROSELYNE BACHELOT
Moi ce que je recommande en tout cas c'est de se faire vacciner, et je me ferai vacciner, enfin, si je suis dans le public prioritaire, je ne demande pas de passe-droit.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, à votre tour.

ROSELYNE BACHELOT
A mon tour je me ferai vacciner au moment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous vous ferez vacciner sans aucun souci ?

ROSELYNE BACHELOT
Non.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans aucune inquiétude ?

ROSELYNE BACHELOT
Bien sûr, parce que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que…

ROSELYNE BACHELOT
Non, mais Jean-Jacques BOURDIN, il faut bien comprendre que dans une vaccination il y a une démarche…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes pharmacienne, je le rappelle.

ROSELYNE BACHELOT
Docteure en pharmacie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pardon, excusez-moi, docteure en pharmacie.

ROSELYNE BACHELOT
Dans une vaccination il y a un aspect individuel de protection et il y a un aspect populationnel, c'est-à-dire que la vaccination elle protège soi et elle protège les autres, et il faut toujours avancer sur ses deux jambes dans la vaccination, donc moi, ministre, j'ai une responsabilité, non seulement individuelle de me protéger, mais une responsabilité collective, je me ferai donc vacciner.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi je me souviens, H1N1, je me souviens, vous aviez fait vacciner en priorité le personnel soignant, on devrait faire la même chose, non ?

ROSELYNE BACHELOT
Eh bien, le personnel soignant, le lieu… c'est un lieu de contamination, et que, on a besoin du personnel soignant, et…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Exact. Est-ce qu'on devrait faire la même chose ?

ROSELYNE BACHELOT
Ecoutez… j'ai écrit un certain nombre de textes sur mes expériences de A H1N1, et j'ai dit une chose, c'est que aucune épidémie ne ressemble à une autre, et que tirer des leçons, parce qu'on a géré une épidémie, tirer des leçons et donner des leçons à Olivier VERAN, pardon que Jean-Jacques BOURDIN, je ne le ferai pas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Est-ce que le musée d'Orsay à Paris sera rebaptisé Musée Valéry Giscard d'Estaing ?

ROSELYNE BACHELOT
Il faut que le nom de Valéry Giscard d'Estaing soit magnifié d'une façon ou d'une autre, et moi je pense que ça peut être d'accoler son nom, ça peut être de baptiser l'esplanade qui qualifie l'adresse du musée d'Orsay, ça peut être de Baptisé la grande nef du Musée d'Orsay de son nom, moi je pense qu'il faut rentrer en dialogue, un, avec la Mairie de Paris, avec Anne HIDALGO, avec Laurence DES CARS, la patronne du musée d'Orsay, pour voir la meilleure façon de rendre hommage…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quelle est votre idée ?

ROSELYNE BACHELOT
Moi, pour l'instant, je souhaite recueillir l'avis d'Anne HIDALGO et de Laurence DES CARS, pour affermir ma position.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y aura un lieu dédié ?

ROSELYNE BACHELOT
Il y aura… le nom de Valéry Giscard d'Estaing sera, d'une façon ou d'une autre, accolé, enfin magnifié dans le cadre du Musée d'Orsay, je pense qu'on peut y réfléchir un petit peu, on a mis 10 ans à baptiser le Musée du quai Branly Jacques CHIRAC, on peut attendre quelques mois pour décider pour Valéry Giscard d'Estaing.

JEAN-JACQUES BOURDIN
A propos de noms de rues, de places, de statues érigées, il y a cette idée d'Emmanuel MACRON, qui était interviewé par Brut il y a une semaine, de donner certains noms de places, de rues, nouvelles rues, nouvelles places, à des personnalités noires ou arabes. Vous avez vu ça ?

ROSELYNE BACHELOT
Oui, il aurait dû rajouter les femmes aussi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez entièrement raison, je n'ai pas vu de femmes, oui.

ROSELYNE BACHELOT
Parce que finalement, quand on regarde les noms des rues à Paris, le nombre de rues dédiées à des femmes… non, mais qu'il y ait, dans cette fonction mémorielle, qui est le baptême des noms de rues, des personnes issues de la diversité et des femmes, et pourquoi pas des femmes issues de la diversité, je n'y verrais que des avantages.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, « du séparatisme, du rationalisme » dit Marine LE PEN.

ROSELYNE BACHELOT
Je ne commente pas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne commentez pas.

ROSELYNE BACHELOT
Non, non, ce n'est pas… ce n'est pas digne.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Mila, exclue de son lycée militaire, vous avez vu ça ? Non. Vous avez suivi l'affaire de… ?

ROSELYNE BACHELOT
Bien sûr, j'ai suivi cette affaire qui est absolument épouvantable sur le déchaînement du harcèlement en ligne, la destruction que cela peut provoquer chez des personnes, enfin évidemment on évoque la mémoire de Samuel PATY aussi, c'est abominable.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais terminer avec cette étude, publiée par l'Association des journalistes, alors lesbiennes, gay, bi, trans et intersexes, « Les Grosses Têtes » véhiculent des propos et clichés discriminatoires. Vous y avez participé, c'est vrai ou pas ?

ROSELYNE BACHELOT
J'y ai participé. C'est une émission de divertissement, ça peut… moi j'ai beaucoup ri aux « Grosses Têtes » et je continue de rire aux « Grosses Têtes », et je continuerai de rire aux « Grosses Têtes. »

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, donc pour vous il n'y a rien de choquant, rien de… dans ce que est dit, dans… ?

ROSELYNE BACHELOT
Il n'y a pas mort d'homme et il n'y a pas mort de femme.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas mort d'homme et il n'y a pas mort de femme. Vous êtes bien au ministère de la Culture, Roselyne BACHELOT ? Je n'ai pas de question piège, je vous demande ça comme ça.

ROSELYNE BACHELOT
Je ne me pose pas la question d'être bien, je me pose la question est-ce que je suis utile au ministère de la Culture ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes utile en ce moment ?

ROSELYNE BACHELOT
Oui, je suis utile en ce moment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi ?

ROSELYNE BACHELOT
Parce que je me bats pour la culture, parce qu'il n'y a rien de plus important pour moi…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que certains disent « elle n'est plus entendue », « le Premier ministre ne l'écoute plus. »

ROSELYNE BACHELOT
Mais bien sûr… comment ça le Premier ministre ne m'écoute plus ? Il ferait beau voir qu'il ne m'écoute pas, bien sûr qu'il m'écoute, quand j'obtiens des arbitrages budgétaires, comme ceux que j'obtiens, il m'écoute, bien entendu, mais moi je l'écoute aussi, j'écoute aussi ce que disent les médecins, les épidémiologistes, enfin je suis une citoyenne, je comprends les aléas, les difficultés du temps, et j'adapte ma politique de façon construite, efficace, à cette nouvelle donne épidémiologique. On traverse une épreuve, est-ce que je vais être campée rue de Valois sous les ors de mon ministère en disant « tout pour ma pomme » ? Non, je me bats.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Roselyne BACHELOT d'être venue nous voir ce matin, RMC et BFM TV


source : Service d'information du Gouvernement, le 14 décembre 2020