Entretien de M. Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, avec France Info le 22 décembre 2020, sur l'Union européenne confrontée à l'épidémie de Covid-19.

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Média : France Info

Texte intégral

R - Ecoutez, nous serons en mesure de le dire de manière très précise dans les heures qui viennent avec le ministère des transports. Pourquoi ? Parce que notre but évidemment est de pouvoir reprendre le trafic, mais dans des conditions sanitaires qui sont extrêmement sûres, et pour cela, il ne faut pas simplement poser un principe, il faut organiser les choses de manière opérationnelle avec les autorités britanniques, au départ du Royaume-Uni vers la France. Donc nous sommes en discussion. Le ministre des transports est en discussion active, encore aujourd'hui, encore à l'heure où nous parlons, avec les autorités britanniques, pour organiser les choses et que le trafic puisse reprendre très vite. C'est bien sûr l'objectif.

Q - Dans les heures qui viennent, cela veut dire demain matin, ou on vous rappelle dans une heure et vous nous dites ?

R - Ecoutez, je souhaite le plus vite possible. Mais ce sera entre ce soir et demain matin. Je ne peux malheureusement pas être plus précis parce que le but est de ne pas créer de fausse annonce, mais que les choses soient organisées au moment où le trafic peut reprendre.

Q - Donc, en attendant d'en savoir plus, si ces chauffeurs sont restés dans leur camion, qu'ils n'ont pas fait de test PCR, ils doivent rester là ?

R - Absolument, pour l'instant nous les avons invités, avec Jean-Baptiste Djebbari, à ne pas reprendre tout de suite la route, parce qu'il ne faut pas créer de panique ou de difficultés supplémentaires. Nous avons conscience que nous sommes dans une situation compliquée, mais les choses seront vraiment clarifiées sous très très peu de temps.

Q - Bon, pour les autres, il y a donc ces déplacements qui vont pouvoir reprendre de manière limitée tout de même, alors que par exemple, l'Italie, l'Irlande, prolongent l'arrêt des lignes aériennes. Nous avions entendu parler ce week-end d'une nécessaire harmonisation des décisions sanitaires au niveau européen. Finalement, ce n'est pas tout à fait le cas.

R - Alors si parce que, d'abord, nous avons coordonné la mesure d'urgence, celle que nous avons prise dimanche, qui a consisté à bloquer le trafic. C'est ce qu'ont fait aussi 18 pays européens, donc on les a mis à bord, si je puis dire, avec nous. Nous avons fait cette coordination notamment avec l'Allemagne, avec la Commission européenne, dimanche. Puis nous avons continué, il y a encore une réunion à Bruxelles aujourd'hui. Il y a maintenant un cadre européen, proposé par la Commission européenne, qui consiste à dire : le principe d'interdiction est justifié, et c'est celui que nous continuons à poser. Mais il peut y avoir, et c'est chaque Etat membre qui va l'organiser, donc je pense que les choses vont évoluer aussi dans les autres pays, dans les heures et jours qui viennent, il peut y avoir des mesures de tests ou de quarantaine, pour que des dérogations soient prévues mais soient sanitairement sûres.

C'est ce que nous faisons. Nous avons une responsabilité particulière, vous avez cité le trafic routier, mais de manière générale, la France est une forme de hub, de plateforme, qui relie le Royaume-Uni au reste de l'Europe. Donc nous sommes dans une situation un peu singulière. Il y a ce cadre européen, et c'est exactement celui que, dès ce soir, nous appliquons pour les passagers, avec la possibilité, par différents moyens de transport, de rejoindre dès minuit, pour les passagers - donc en fait demain matin parce que les trains ne vont pas circuler toute la nuit - la France, avec la condition, vous l'avez dit, d'un test PCR ou antigénique sur une liste qui est maintenant en ligne, que chacun peut consulter, de moins de 72 heures. Nous avions, dès dimanche, je vous le rappelle, incité nos ressortissants au Royaume-Uni, à commencer le plus vite possible ces tests parce que nous travaillions, dès ce moment-là, sur cette solution. Donc on est à la fois responsable, protecteur, et en même temps, on n'empêche pas tout trafic, dès lors qu'il est protégé, notamment pour nos ressortissants qui peuvent revenir pour les fêtes.

Q - Et puis pour beaucoup d'entreprises transfrontalières franco-britanniques. L'Italie a peut-être des impératifs économiques moindres, par rapport à la France vis-à-vis du Royaume-Uni. Cela pèse aussi dans les choix sanitaires ?

R - Cela pèse, pas dans les choix sanitaires dans le sens où nous donnons toujours la priorité à la santé. Mais évidemment, on doit combiner un certain nombre de dimensions de notre relation au Royaume-Uni, et d'intérêts en présence, c'est normal. On l'a dit, on se préoccupe depuis dimanche de la situation de nos ressortissants. Si on trouve une solution sûre, organisée, dérogatoire pour eux, avec ce test PCR ou antigénique négatif, vérifié à l'embarquement, et bien nous pensons que nous sommes dans une situation qui protège la santé, tout en leur permettant de rejoindre leur famille.

Q - L'Irlande annonce ce soir par ailleurs un reconfinement après Noël. Clément Beaune, est-ce qu'on se dirige vers la même solution en France ?

R - Non écoutez on l'a dit, je suis d'ailleurs toujours un peu étonné que maintenant on nous accuse quasiment de laxisme, là où l'on nous disait que nous étions beaucoup trop durs à la fin du mois d'octobre ou au mois de novembre, même encore début décembre, quand on a pris des mesures très difficiles en France et souvent plus difficiles, plus dures, que celles de nos partenaires européens. Il ne faut jamais considérer les choses comme acquises, il faut être prudent, mais ces efforts qu'ont fait tous les Français depuis le début du mois de novembre, notamment un reconfinement, aujourd'hui un couvre-feu, ont porté leurs fruits parce qu'ils ont permis de réduire fortement la circulation du virus et aujourd'hui de mieux le maîtriser que chez certains de nos partenaires. Je ne m'en réjouis pas pour eux mais je m'en réjouis pour nous car cela permet d'avoir, avec prudence, avec responsabilité, des fêtes de fin d'année qui sont un peu petit plus faciles que chez certains de nos voisins.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 janvier 2021