Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, à LCI le 16 décembre 2020, sur le télétravail, la suppression du jour de carence pour les malades du Covid-19, la revalorisation du Smic en 2021 et la réforme de l'assurance chômage.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ADRIEN GINDRE
Bonjour Elisabeth BORNE.

ELISABETH BORNE
Bonjour.

ADRIEN GINDRE
Ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion, dans une grosse semaine maintenant c'est Noël, enfin si on peut dire, mais avec encore une fois des recommandations qu'on essaie de décrypter, le conseil scientifique a expliqué aux Français que ce n'était pas une mauvaise idée de s'isoler si on devait retrouver de la famille en particulier des personnes vulnérables. Jean CASTEX a dit que les enfants pouvaient éventuellement de pas aller à l'école jeudi, vendredi mais qu'en est-il des parents, est-ce qu'on peut ne pas être au travail jeudi, vendredi pour s'auto-isoler ?

ELISABETH BORNE
Pour être clair le gouvernement ne recommande pas que les enfants n'aillent pas à l'école, effectivement ça peut être une bonne idée de s'isoler, voilà de s'auto-confiner si on doit rejoindre des proches vulnérables pendant les fêtes et certains qui voudraient appliquer cette tout confinement de façon très stricte pourraient ne pas mettre leurs enfants à l'école, on a dit qu'il y aurait une tolérance mais la recommandation n'est pas de ne pas mettre les enfants à l'école. Donc la logique, c'est que la vie continue des enfants vont à l'école, les parents vont au travail, si jamais les parents retirent les enfants de l'école il y aura une tolérance.

ADRIEN GINDRE
Une tolérance ça veut dire quoi pour les parents, par exemple est-ce qu'on peut dire à son employeur, je m'auto-isole, je m'auto-confine avec mes enfants, donc je ne viens pas travailler jeudi, vendredi ?

ELISABETH BORNE
Si vous avez posé des congés, il n'y a pas de problème.

ADRIEN GINDRE
Mais il faut avoir posé des congés.

ELISABETH BORNE
IL faut avoir posé des congés.

ADRIEN GINDRE
Il n'y aura pas de jour par exemple enfants malades dans ce type de circonstance.

ELISABETH BORNE
Non, non, c'est absolument pas prévu donc la logique c'est que chacun continue à aller à l'école et au travail, si ensuite vous êtes très angoissé, que vous allez retrouver des proches très vulnérables et que vous voulez appliquer très strictement l'auto confinement, alors on aura une tolérance si les enfants ne vont pas à l'école.

ADRIEN GINDRE
Très bien mais on a bien compris que les parents eux étaient appelés à aller à leur poste de travail. Une question justement sur le télétravail, ça a été largement commandé par le gouvernement pour le coup aussi comme un outil pour lutter contre l'épidémie, éviter que les gens ne circule trop, vous vous avez déjà annoncé des ajustements à partir du 7 janvier, ceux qui sont aujourd'hui à 100 % en télétravail pourraient par exemple revenir un jour par semaine dans leur entreprise et à partir du 20 janvier c'est le dialogue social dans les entreprises qui précisera les choses. Mais on se dit intuitivement si on fait moins de télétravail, ça veut dire qu'il y a plus besoin de lutter contre le virus au mois de janvier ?

ELISABETH BORNE
Non ça reste vraiment un élément important dans la stratégie de lutte contre l'épidémie, on sait qu'on a moins d'interaction évidemment si on est en télétravail, mais on entend aussi les difficultés de ceux qui sont en télétravail 5 jours sur 5, maintenant ça fait depuis début novembre, ça fera bientôt 2 mois en tout cas en janvier, ça fera 2 mois et du coup enfin pour répondre à cette demande des salariés on permettra à partir du 7 janvier, si la situation sanitaire ne se dégrade pas, de revenir un jour par semaine au travail. Je pense que c'est une attente forte des salariés qui sont à 100 % en télétravail depuis le début du mois de novembre.

ADRIEN GINDRE
Mais c'est une manière aussi de reconnaître que le télétravail, c'est un peu moins productif que quand on est dans l'entreprise ?

ELISABETH BORNE
C'est une façon de dire que le télétravail c'est certainement une bonne chose, du reste il y a un accord qui a été trouvé entre les partenaires sociaux sur ce sujet, mais que à 100 %, ça peut aussi générer un sentiment d'isolement et vous savez qu'on a près maintenant d'un salarié sur 2 qui dit souffrir d'isolement, que ça peut aussi nuire au collectif de travail et donc revenir un jour par semaine ça paraît effectivement une bonne chose après ces 2 mois de télétravail à 100 %.

ADRIEN GINDRE
Je voudrais qu'on s'arrête un instant sur la stratégie du gouvernement, tester, alerter, protéger, elle est très claire mais savoir si elle peut être déclinée dans les entreprises. Il y a des campagnes massives de tests qui ont été menées là qui sont menées cette semaine par exemple au Havre à Charleville-Mézières, est-ce que vous souhaiteriez que dans les semaines à venir des grandes entreprises disent, on fait la même chose, on teste l'ensemble de nos salariés pour avoir une photo et pouvoir ajuster dans la manière de répondre ?

ELISABETH BORNE
Alors ça n'est pas la doctrine aujourd'hui, on a voulu que les entreprises puissent participer à la stratégie de tests notamment si on a un salarié qui présentent des symptômes qui puisse être testé très vite pour être isolé, que les cas contacts puissent être testés aussi en entreprise, donc on est en train de finaliser avec Olivier VERAN la circulaire qui précisera l'organisation des tests en entreprise. Ça n'est pas du test massif à ce stade, si certaines entreprises veulent faire des tests massifs, alors il faut qu'elle se rapproche de l'ARS pour pouvoir organiser le cas échéant et si c'est jugé utile des campagnes de ce type. Mais c'est plutôt pour répondre très vite à des situations où on aurait un salarié qui pourrait être symptomatique et rassurer les cas contacts.

ADRIEN GINDRE
Et pour le vaccin le gouvernement doit présenter cet après-midi justement à l'Assemblée sa stratégie vaccinale, même chose vous dites, ce n'est pas aux entreprises nécessairement d'organiser des campagnes de vaccination massives de leurs salariés.

ELISABETH BORNE
Je vous confirme à ce stade ça n'est pas prévu d'autant qu'on va d'abord vacciner les personnes âgées, les personnes vulnérables, donc à ce stade il n'y a pas de campagne de vaccination en entreprise pour le Covid qui est prévue.

ADRIEN GINDRE
Mais ça veut dire que c'est à l'Etat toujours de tout organiser, vous personnellement et collectivement le gouvernement, vous tendez souvent la main au secteur privé, à la société civile en disant faut qu'on travaille ensemble, là par exemple les entreprises ce ne sont pas des interlocuteurs sur ces questions-là ?

ELISABETH BORNE
Vous savez qu'il y a aujourd'hui des contraintes fortes pour l'organisation de cette vaccination avec notamment des vaccins à conserver pour certains à moins 70 au moins 80 degrés, donc ça suppose une logistique adaptée et on ne demande pas aux entreprises aujourd'hui de participer à cette stratégie de vaccins. Ensuite quand les choses évolueront qu'il y aura d'autres vaccins, qu'on aura d'abord vacciné les la partie de la population la plus vulnérable, on pourra révoquer ce point mais ça n'est pas d'actualité.

ADRIEN GINDRE
Alors ce Covid, il vous amène à faire aussi beaucoup de modifications, par exemple il y a quelques jours vous avez annoncé la suspension des jours de carence quand on est malades du Covid en plus de ceux qui étaient déjà concernés quand ils étaient contact, je voudrais une précision très pratique, ça s'applique à partir de quand et ce sera jusqu'à quand cette suspension des jours de carence ?

ELISABETH BORNE
En fait ça participe à la stratégie d'isolement, si vous êtes effectivement aujourd'hui cas contacts on vous demande de vous isoler et dès le début de votre isolement, vous êtes pris en charge par l'Assurance maladie, vous n'avez pas de jour de carence. Jusqu'à présent quand vous êtes malade, vous aviez un jour tant le la fonction publique, 3 jours dans le secteur privé donc pour encourager encore davantage l'isolement, on va supprimer ces jours de carences spécifiquement pour les patients atteints du Covid, le temps que durera l'épidémie, ça fait partie de la stratégie d'isolement. Et en termes de calendrier, ça suppose le vote d'une loi pour ce qui concerne la fonction publique, donc ça sera voté à la fin de l'année et on prendra un décret à ce moment-là dans le secteur public et pour ce qui me concerne dans le secteur privé. Donc ça sera en application au début de l'année prochaine.

ADRIEN GINDRE
Pourquoi ne pas le faire de manière définitive, vous dites le temps que durera l'épidémie mais en fait on pourrait élargir cette problématique. Il y a la grippe par exemple qui tous les ans fait des milliers de morts en France, est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer la même chose, c'est-à-dire pour éviter que ces virus circulent, supprimons les jours de carence parce que ça peut inciter des gens plus rapidement à rentrer chez eux, éviter de faire circuler le virus, c'est-ce que vous demandent certains syndicats.

ELISABETH BORNE
Vous savez pour la grippe on a effectivement le vaccin donc on a d'autres réponses, spécifiquement pour le Covid tant que le vaccin n'a pas été diffusé dans toute la population, on a besoin de mesures particulières et c'est pour ça que c'est spécifiquement pour le Covid.

ADRIEN GINDRE
Il y a aussi la question du temps de travail, il y a quelques mois Emmanuel MACRON avait déjà dit il faudra travailler plus pour favoriser la relance économique et vous avez vu que depuis quelques jours, quelques semaines beaucoup s'interrogent sur ce qu'on doit attendre et demander aux salariés dans les mois à venir avec la question des jours de congés et des RTT, est-ce qu'on peut, est-ce que vous souhaiteriez, est-ce que vous seriez prête à soutenir d'ailleurs les entreprises qui diraient leurs salariés, au-delà de vos 5 semaines de congés qui elles sont intouchables, ce serait pas mal de renoncer à quelques jours par-ci, par-là, discutons-en pour pouvoir aider la relance de l'entreprise et de l'économie plus globalement ?

ELISABETH BORNE
Alors je dirais aujourd'hui vous savez on est encore en train d'accompagner les entreprises dont l'activité a baissé et qui doivent répartir cette baisse d'activité entre tous les salariés. Donc on est plutôt dans le mouvement inverse où on gère au mieux une baisse d'activité. dans certaines entreprises quand on a des entreprises qui peuvent être en difficulté, il peut y avoir des accords de performance collective, on est amené à adapter l'organisation de travail, à discuter d'un certain nombre d'avantages supplémentaires dont bénéficient des salariés, c'est des accords de performance collective, mais c'est vraiment quelque chose de très ponctuel, moi je vous dis dans les mois qui viennent la principale bataille, c'est de défendre l'emploi et de tout faire pour que les entreprises ne licencient pas quand elles ont une baisse d'activité, qu'elles conservent des salariés et qu'elles profitent de cette période pour les former. C'est tout ce qu'on met en place au travers de l'activité partielle et surtout des accords d'activité partielle de longue durée que j'invite les entreprises à signer avec leurs salariés.

ADRIEN GINDRE
Donc pourquoi pas, mais pas tout de suite.

ELISABETH BORNE
La priorité du moment, c'est préserver les emplois, préserver les compétences.

ADRIEN GINDRE
Alors vous parliez à l'instant justement de l'activité partielle, il y a quelques semaines vous aviez fait pas mal réagir à propos de ces saisonniers pour les stations de ski en recommandant qu'ils soient embauchés quitte à les mettre en chômage partiel si les réouvertures n'étaient pas possibles, en l'occurrence c'est le cas pour ces fêtes de fin d'année, est-ce que vous pouvez nous dire là combien ont été effectivement embauchés par rapport à l'année dernière, combien travaille, combien sont en chômage partiel ?

ELISABETH BORNE
Alors vous avez vu que les stations, en tout cas les remontées mécaniques n'ont pas encore ouvert, donc les saisonniers ne travaillent pas. Je pense que c'était très important de sécuriser ces embauches, c'est à la fois évidemment important pour les saisonniers et puis pour que les stations puissent être totalement prêtes pour démarrer quand les remontées mécaniques pourront rouvrir début janvier et ce message il a été bien entendu, il a permis de sécuriser des embauches dans les remontées mécaniques, c'est 95 % des saisonniers qui ont été embauchés, 85 à 90 % dans les magasins de sport. Donc je pense que c'est ça a bien marché et ça permettra de démarrer dans des bonnes conditions de la saison de ski dès que ce sera possible.

ADRIEN GINDRE
Avec un coût encore très important pour l'Etat pour le coup.

ELISABETH BORNE
Écoutez l'Etat, effectivement l'activité partielle vous savez ces 30 milliards d'euros en 2020, ce sera encore plus de 10 milliards d'euros en 2021, ça permet de protéger les emplois et je pense que c'est vraiment la priorité du moment.

ADRIEN GINDRE
Vous le disiez il y a de grosses préoccupations pour l'emploi ? Il y a un temps pas si lointain encore on espérait que le chômage puisse être à 7 % en 2022, on sait que c'est un objectif qui est désarmée inatteignable. Qu'est-ce qui vous paraît réaliste, à quoi est-ce qu'on peut, à quoi est-ce qu'on doit s'attendre pour l'évolution du chômage jusqu'à la fin du quinquennat ?

ELISABETH BORNE
Alors vous avez vu qu'il y ait des prévisions très différent selon les instituts, donc moi je ne vais pas être dans la prévision, ce que je peux vous dire c'est que chaque jour avec mes équipes, on se mobilise pour protéger des emplois, on déploie des outils, je le disais l'activité partielle, l'activité partielle de longue durée, il faut vraiment que toutes les entreprises dont l'activité sera, n'aura pas retrouvé le niveau d'avant-crise se saisisse de ces outils. On veut aussi accompagner la reconversion des salariés. On a une crise qui touche de façon très inégale les différents secteurs économiques, c'est important que les salariés qui sont dans un secteur qui a une baisse durable d'activité puisse être accompagné vers d'autres secteurs, c'est le dispositif de transition collective qu'on a mis au point avec les partenaires sociaux qui permet que l'Etat prenne en charge tout ou partie de la rémunération et de la formation d'un salarié qui veut changer de secteur. Donc c'est tous ces outils qu'on va continuer à déployer pour limiter au maximum le chômage.

ADRIEN GINDRE
Alors en dépit de ce contexte vous avez quand même redit hier encore votre volonté de poursuivre la réforme de l'assurance chômage qui a été suspendue à cause de la crise du Covid pour le coup, ce sera quand et qu'est-ce qui va changer, est-ce qu'il y a des éléments de la réforme qui vont être modifiés par rapport à ce qui était envisagé, il y a une partie qui avait été retoquée de cette réforme, qu'est-ce que vous allez garder, qu'est-ce que vous allez faire évoluer ?

ELISABETH BORNE
Alors moi je vous confirme qu'effectivement le gouvernement veut aller au bout de cette réforme de l'assurance chômage. Vous savez cette réforme elle permet de lutter contre la précarité notamment par le recours excessif aux contrats courts et on voit à quel point c'est pénalisant pour les salariés qui enchaînent des contrats courts et qui dans la période actuelle se sont retrouvés privés de contrats courts et donc arrivent en fin de droit. Et c'est aussi une réforme qui vise à avoir un mode de calcul plus équitable de l'allocation chômage, vous savez qu'aujourd'hui si vous travaillez tous les jours à mi-temps ou à temps plein un jour sur deux, vous n'avez pas du tout la même allocation chômage. Donc je pense que cette réforme elle reste absolument nécessaire, il faut évidemment adapter les paramètres pour tenir compte du contexte actuel.

ADRIEN GINDRE
Vous diriez la même chose de la réforme des retraites ? Il y a quelques semaines vous aviez dit ce n'est pas la priorité absolue ? Le président de l'Assemblée Richard FERRAND là il y a quelques jours lui disait que ce serait une excellente première réforme de deuxième quinquennat d'Emmanuel MACRON, est-ce que vous partagez cette idée que la réforme des retraites si on l'a fait en 2022- 23, ce sera bien suffisant ?

ELISABETH BORNE
Ce que je pense en tout cas, c'est que c'est une réforme qui est juste. Elle doit permettre y compris de mieux répondre à la situation, vous savez de ses salariés de la 2e ligne dont on a beaucoup parlé depuis le début de la crise, qui ont des carrières hachées, qui effectivement n'ont pas forcément ne peuvent pas travailler forcément en continue.

ADRIEN GINDRE
Donc quand Laurent BERGER dit c'est une réforme injuste, inadaptée, il faut faire repartir d'une feuille blanche, il a tort ?

ELISABETH BORNE
Je pense que la réforme qui vise par exemple, est-ce qu'un euro cotisé donne les mêmes droits, c'est une réforme de justice, ensuite il faut faire chaque chose en son temps, on a d'abord à défendre les emplois, d'abord à mener cette réforme de l'assurance chômage et puis on verra en fonction de l'évolution effectivement du contexte économique, du climat social, psychologique du pays, comment on peut le cas échéant de reprendre les discussions avec les partenaires sociaux.

ADRIEN GINDRE
Donc le calendrier de Richard FERRAND, ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée, première réforme de second quinquennat.

ELISABETH BORNE
Ecoutez, moi je vous dis que c'est une réforme qu'on souhaite mener, il faut aussi être pragmatique et tenir compte des circonstances qu'on traverse aujourd'hui avec une crise sanitaire, économique, sociale, il faut d'abord répondre à cette crise.

ADRIEN GINDRE
Et quand vous dites, c'est une réforme qui est juste, vous pensez au changement de système, c'est-à-dire la mise en place de ce fameux régime universel, un euro cotisé donnerait les mêmes droits ou vous pensez à la dimension qui pour le coup tient à coeur à votre collègue de l'Economie, Bruno LE MAIRE qui est dire, on va aussi avoir besoin d'argent peut-être qu'il faudra travailler un peu plus pour remplir les caisses ?

ELISABETH BORNE
Je pense en tout cas qu'il ne faut pas mélanger les deux dimensions. On a une réforme qui poursuit un objectif de justice, d'équité entre les Français, par ailleurs je ne vais pas vous dire qu'on va mettre sous le tapis la question de la dette, il y a une réflexion globale à mener sur la dette de toute la protection sociale, sur la pérennité de notre modèle social, il faudra aussi qu'on ait cette réflexion, mais évitons de mélanger les deux sujets.

ADRIEN GINDRE
Une dernière question Elisabeth BORNE, chaque année il y a une revalorisation du SMIC au 1er janvier, plus souvent sans coup de pouce qu'avec coup de pouce, là vous avez reçu des recommandations du groupe d'experts, la décision doit être entérinée ce matin en conseil des ministres alors quelle sera la revalorisation du SMIC au 1er janvier exactement ?

ELISABETH BORNE
Je vous confirme que je vais présenter tout à l'heure en Conseil des ministres le décret sur la revalorisation du SMIC, la hausse sera de 0,99 %. Ça veut dire par exemple que le salaire horaire passe de 10,15 euros à 10, 25 ou encore qu'on a une augmentation pour un salarié qui travaille à temps plein d'à peu près 15 euros par mois. C'est effectivement ce qu'avaient préconisé les experts, ça peut paraître peu, il faut aussi avoir en tête qu'on a une infra-une inflation qui est proche de 0 et donc c'est la plus forte hausse de pouvoir d'achat depuis les 10 dernières années.

ADRIEN GINDRE
Donc ceux qui sont au SMIC peuvent s'estimer heureux.

ELISABETH BORNE
Ceux qui sont au SMIC vous savez on a été très attentif à les protéger dans la crise, par exemple quand vous êtes en activité partielle vous touchez 84 % de votre rémunération, mais 100 % quand vous êtes au SMIC, donc on est évidemment attentif à protéger leur pouvoir d'achat.

ADRIEN GINDRE
Même si vous savez bien sûr que les syndicats trouvent ça insuffisant et ne manquent pas de le rappeler.

ELISABETH BORNE
Vous savez on est un des rares pays, je crois qu'on est, on a 4 pays dans l'OCDE qui ont une revalorisation automatique et je pense que c'est important pour protéger le pouvoir d'achat, c'est-ce qu'on est en train de faire.

ADRIEN GINDRE
Merci beaucoup Elisabeth BORNE d'avoir été notre invitée ce matin.


Source  Service d'information du Gouvernement, le 17 décembre 2020#?