Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
SONIA MABROUK
Et bienvenue quand votre première matinale, je crois, de l'année 2021, justement concernant cette nouvelle année le Premier ministre Jean CASTEX dit que ce sera l'année de l'espérance, Bruno LE MAIRE prévient que le plus difficile est devant nous, qui faut-il croire ?
GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas qu'il y ait d'incohérence entre les deux, le président de la République l'a dit dans ses vœux, les mois qui sont devant nous vont être des mois difficiles avec la crise sanitaire et son impact économique. Et dans le même temps l'année 2021 avec l'arrivée du vaccin nous permet d'espérer et le vaccin c'est une lumière au bout du tunnel. Et c'est pour cela que oui on peut parler tout à fait d'espérance comme l'a fait le Premier ministre.
SONIA MABROUK
Bien sûr l'espérance peut rimer avec vaccination, mais est-ce que l'espérance peut rimer avec reconfinement ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, on a montré depuis le début de cette crise qu'on avait un suivi au jour le jour et qu'on prenait toujours les mesures nécessaires à la protection des Français. À ce stade il n'y a pas de reconfinement prévu mais évidemment nous suivons la situation avec beaucoup d'attention. On voit ce qui se passe autour de nous où un certain nombre de pays ont dû reconfiner, la circulation du virus y est parfois 2 à 3 fois plus importante que chez nous parce que les Français ont fait beaucoup d'efforts, qu'on a pris des décisions très tôt mais il ne faut surtout pas baisser la garde et évidemment on continuera à prendre les mesures nécessaires.
SONIA MABROUK
Notamment. Dans certaines villes, Gabriel ATTAL où l'inquiétude grandit à Marseille après les cas détectés de variant anglais, le maire de la cité phocéenne vous exhorte à contrôler plus strictement les flux aux aéroports, quand comptez-vous le faire ?
GABRIEL ATTAL
Heureusement qu'on contrôle déjà très strictement les flux dans les ports et les aéroports Sonia MABROUK, aujourd'hui les frontières hors Union européenne, elles sont fermées. Ça veut dire que ceux qui peuvent venir dans notre pays, ce sont les Français ou ceux qui ont un titre de séjour et il y a un test obligatoire pour ces pays hors Union européenne qui doit être fait avant le départ ou qui peut être fait à l'arrivée et donc heureusement qu'on a mis en place toutes ces règles…
SONIA MABROUK
Qui peut être fait à leur arrivée.
GABRIEL ATTAL
Oui s'il n'a pas été réalisé avant, mais il y a de toute façon à présenter un test négatif pour arriver dans notre pays depuis ces pays, heureusement qu'on a mis en place ces règles depuis maintenant un certain temps.
SONIA MABROUK
Donc vous estimez qu'il y a les mesures drastiques nécessaires à l'arrivée de l'aéroport de Marseille-Provence.
GABRIEL ATTAL
Bien sûr et il y a des règles qui ont été fixées extrêmement clairement et évidemment qu'on est prêt à accompagner les communes qui le demandent, les élus qui le demandent. Moi ce que je vois c'est qu'un certain nombre d'élus de l'opposition nagent dans un océan de contradictions. Le maire de Marseille, sa première adjointe, il y a 24 heures rejetait l'idée d'un couvre-feu avancé à 18h00 et puis le lendemain quelques heures plus tard il nous explique qu'il faut des mesures plus difficiles. Oui il y a des mesures difficiles à prendre, on les prend. Oui, on doit être aux côtés des élus qui ont besoin de moyens pour lutter contre l'épidémie, on l'est singulièrement auprès de Marseille, ce qui a fait beaucoup parler ces derniers mois, on ne sait jamais dérober devant les mesures qui étaient nécessaires et que nous devions prendre.
SONIA MABROUK
Alors effectivement les critiques sur votre stratégie notamment vaccinale se poursuivent, Anne HIDALGO, la maire de Paris appelle à s'appuyer sur nos élus de terrain affirmant je cite qu'avec de telles carences les vôtres Gabriel ATTAL, le débarquement de juin 44 aurait échoué, que lui répondez-vous ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, je ne suis pas tout à fait convaincu par cette comparaison, notamment pour des raisons historiques, je ne crois pas que ça soit le gouvernement français qui a eu à gérer et à organiser le débarquement. Mais vous savez si de débarquement avait été géré comme Anne HIDALGO a géré les Vélib', les bateaux n'auraient jamais quitté l'Amérique, je suis assez surpris d'entendre des leçons de logistique de la part d'une élue qui n'a pas su gérer le Vélib', qui n'a pas su gérer l'Autolib', qui a montré que s'agissant de la logistique elle savait transformer l'or en plomb, alors même qu'il y a plus de fonctionnaires à la Ville de Paris qu'à la Commission européenne.
SONIA MABROUK
Quelle attaque Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Non je réponds à une attaque qui me semble assez gratuite, nous encore une fois on l'a dit la stratégie vaccinale, nous la réussirons avec les élus.
SONIA MABROUK
Très bien mais est-ce que vous respecterez également vous engagements, jusqu'à aujourd'hui je crois qu'il y a 100 000 Français vaccinés, est-ce que vous pouvez vraiment dire ce matin que vous tiendrez votre objectif d'un million de Français à vacciner en janvier, d'ici fin janvier ?
GABRIEL ATTAL
Mais bien sûr Olivier VERAN l'a dit hier sur votre antenne, c'est vrai qu'on a mis un peu plus de temps à démarrer que les autres parce qu'on a choisi une stratégie différente des autres, ce qui ne nous a pas empêchés d'accélérer et de reconnaître que oui on aurait pu aller plus vite dès le départ, on a accéléré et je peux vous dire…
SONIA MABROUK
De reconnaître une erreur dans cette stratégie.
GABRIEL ATTAL
Qu'on aurait pu aller plus vite notamment sur les soignants de plus de 50 ans, ce qu'on a corrigé au bout d'à peine une semaine et vous verrez qu'à la fin du mois de janvier les doses dont nous disposons qui sont les mêmes que nos voisins européens, c'est important de le rappeler, les pays européens reçoivent le même nombre de doses relativement à leur population, évidemment que ces doses seront utilisées pour vacciner et protéger nos concitoyens les plus vulnérables.
SONIA MABROUK
Donc l'objectif sera atteint, on verra fin janvier effectivement. Mais plus largement Gabriel ATTAL, sur le quinquennat Gérard LARCHER dit que le président n'a pas fait grand-chose, est-ce que le macronisme finit aujourd'hui en immobilisme ?
GABRIEL ATTAL
Moi ce qui me, ce que j'observe dans ces propos de Gérard LARCHER, j'ai vu qu'il disait, peu de choses auront été faites en 5 ans et on voit bien là c'est symptomatique, on a des responsables de l'opposition qui sont tellement obsédés par l'élection présidentielle, qui se croient déjà en 2022.
SONIA MABROUK
Parce que vous vous n'y pensez pas bien sûr.
GABRIEL ATTAL
Nous aujourd'hui on en train de gérer une crise mais absolument historique.
SONIA MABROUK
Gabriel ATTAL quand même.
GABRIEL ATTAL
Sonia MABROUK, on gère une crise historique, non on n'a pas les yeux tournés vers l'élection présidentielle contrairement à nos oppositions qui sont obsédées par les élections présidentielles.
SONIA MABROUK
Donc vous admettez que le Covid a mis un coup d'arrêt définitif aux réformes.
GABRIEL ATTAL
Absolument pas, regardez, on aura un séminaire gouvernemental mercredi pour en parler.
SONIA MABROUK
Et donc si vous en parlez c'est bien, si vous le faites, c'est mieux.
GABRIEL ATTAL
C'est déjà programmé dans les semaines qui viennent, un projet de loi confortant les valeurs de la République pour lutter contre l'islamisme politique dans notre pays, il va démarrer à l'Assemblée nationale dans quelques semaines, un projet de loi qui traduit les engagements de la Convention citoyenne pour le climat qui va engager une révolution de la rénovation thermique dans notre pays et des mesures qui sont attendues par les écologistes.
SONIA MABROUK
Vous avez cité ces réformes-là, je pourrais vous citer la réforme des retraites, l'assurance chômage, le grand âge, exemple précis la réforme de la retraite, qu'allez vous faire, est-ce que vous êtes pour que ce chantier soit remis sur le devant de la scène ?
GABRIEL ATTAL
Ça fait pour le coup sur cet exemple de réforme ça fait partie des sujets qui vont être discutés dans le cadre du séminaire gouvernemental. Si vous me poser la question à titre personnel.
SONIA MABROUK
Voilà c'est ça, qu'est-ce que vous en pensez, est-ce qu'il faut la remettre sur le devant de la scène ?
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, Sonia MABROUK, je fais partie d'une génération qui sait parfaitement qu'on a un système qui à horizon à moyen terme est largement déficitaire et qu'il faudra prendre des mesures un jour. Je fais partie d'une génération qui a je crois bien intégré qu'elle ne partira pas à la retraite à 60 ou 62 ans contrairement à ce qui se passe dans un certain nombre de nos pays et que quand ma génération sera concernée par la retraite ce sera probablement plus tard. Maintenant quand est-ce qu'il faut porter cette réforme, 'est-ce qu'il faut la porter…
SONIA MABROUK
Avant la fin de ce quinquennat ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Ça fait partie des discussions que nous aurons dans le cadre du séminaire gouvernemental.
SONIA MABROUK
Mais selon vous est-ce que ce sera avant la fin du quinquennat.
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, on est en pleine crise sanitaire, on est en train de gérer une crise historique dans notre pays depuis probablement un siècle, je ne suis pas certain que, aujourd'hui alors même qu'on est en train de gérer cette crise, cette réforme puisse être portée. Maintenant on fait tout pour que cette crise soit derrière nous le plus rapidement possible, on se mobilise pour protéger les Français, il reste du temps dans ce quinquennat pour agir, on va continuer à le faire.
SONIA MABROUK
Comment justement l'une des leçons à tirer de cette épidémie, si vous êtes d'accord qui n'est pas finie, c'est quand même le monstre bureaucratique et une autre administration toute puissante, est-ce que l'urgence n'est pas justement à une grande réforme de l'État, de la transformation de l'État de la haute administration ?
GABRIEL ATTAL
Oui on l'a engagé, je rappelle qu'il y a un projet de loi très important qui a été adopté sur la mobilité dans la haute fonction publique qui permet de faire venir des talents…
SONIA MABROUK
Vous savez que ce n'est pas à la hauteur…
GABRIEL ATTAL
Mais attendez, on peut évidemment continuer. Moi simplement ce que je veux dire c'est que je pense qu'on peut s'autoriser un peu de nuances sur le sujet de la fonction publique. Je le dis, je l'assume probablement que, il y a des blocages bureaucratiques et qu'ils ont été identifiés, qu'on les a vus dans cette crise, mais on a aussi vu dans cette crise la capacité de notre système de santé à se transformer, à doubler le nombre de lits de réanimation en quelques semaines, à transférer des patients d'une région à une autre.
SONIA MABROUK
Gabriel ATTAL, a surtout vu les carences, on a cru que c'était l'un des meilleurs systèmes au monde et on a vu combien il était malheureusement en retard.
GABRIEL ATTAL
Je pense Sonia MABROUK qu'on a vu de tout dans cette crise et qu'on a vu aussi qu'on était capable quand on met en place un système de chômage partiel, on était capable en quelques jours d'organiser ce système pour qu'il y ait près de 10 millions de Français qui reçoivent leur salaire garanti par l'État dans le cadre de cette crise. Je pense que si on s'était posé la question avant, beaucoup nous aurait dit c'est impossible de mettre en place un tel système.
SONIA MABROUK
Monsieur ATTAL, est-ce qu'il y a un vaccin contre la bureaucratie ?
GABRIEL ATTAL
Il y a l'action politique contre la bureaucratie, oui il y a l'action politique et l'action politique ça fonctionne. Je vous citais tout-à-l 'heure une loi…
SONIA MABROUK
Est-ce qu'elle n'a pas cédé justement sa place à la haute administration.
GABRIEL ATTAL
Je ne dirais pas ça, je peux vous dire les choix politiques, ils pèsent dans notre pays.
SONIA MABROUK
Tout autre chose Gabriel ATTAL, vous avez porté plainte après la réception d'un courrier évoquant clairement des menaces homophobes et antisémites, vous en avez fait état ce qui est assez rare publiquement sur votre compte Instagram, ça vous a touché personnellement heurté personnellement ?
GABRIEL ATTAL
Comme beaucoup de responsables politiques et de membres du gouvernement je reçois régulièrement des messages d'insultes ou de menaces et je n'en fais pas particulièrement état publiquement, là j'ai décidé de le faire parce que je pense que c'est d'abord important de rappeler que ces discours-là malheureusement ils existent encore dans notre pays et pour dire aussi que c'est important systématiquement de porter plainte. Voilà je sais que, il y a des Français qui vivent ça dans leur quotidien, qui peuvent le vivre au travail, qui peuvent le vivre dans un cercle personnel et je pense que rappeler systématiquement qu'il faut porter plainte, qu'il ne faut rien laisser passer, ça a toujours du sens et le faire quand on est membre du gouvernement je pense que ça envoie peut-être un message utile.
SONIA MABROUK
Alors bien sûr les menaces les discours de haine sont punis par la loi, les choses sont très claires et condamnables mais sur les réseaux sociaux qui doit décider du caractère condamnable d'un contenu, lorsque le président américain Donald TRUMP est banni de Twitter est-ce que vous vous inquiétez-vous du pouvoir hégémonique des Gafam ?
GABRIEL ATTAL
Oui en tout cas je suis très, je suis assez mal à l'aise face à cette décision, je ne vais pas vous le cacher.
SONIA MABROUK
C'est-à-dire ?
GABRIEL ATTAL
Je ne pense pas avoir de vérité établie sur ce sujet, lutter contre les discours de haine, contre des posts, des publications qui appellent à la violence c'est évidemment un objectif que je soutiens, d'ailleurs la majorité présidentielle a voulu porter cet objectif dans le cadre d'une proposition de loi qui émanait du Parlement. Maintenant bannir une personne, c'est-à-dire la réduire au silence sur les réseaux sociaux qui sont devenus une forme d'espace public, ça me semble plus compliqué en tout cas en l'absence de critères spécifiquement établis.
SONIA MABROUK
Vous êtes mal à l'aise par rapport à ce bannissement de TRUMP.
GABRIEL ATTAL
Et puis cette décision me semble assez, j'ai envie de dire facile, Donald TRUMP est au bout de son mandat, je ne sais pas s'il avait été réélu si ces réseaux et ces Gafa auraient pris une telle décision, voilà. Je pense qu'il faut que les choses soient dites clairement, qu'il y ait peut-être des critères, discuter démocratiquement…
SONIA MABROUK
Allons plus loin puisque vous dites, qu'il faut dire les choses clairement, comment on peut condamner ce que vous faites ce matin une telle emprise des Gafa mais en même temps appartenir à une majorité Gabriel ATTAL qui milite pour la modération des contenus numériques en cédant donc le pouvoir à ces mêmes entités privées.
GABRIEL ATTAL
Je vous citais moi-même ces projets-là et je vous disais spécifiquement qu'une publication qui appelle à la haine ou qui appelle à la violence, évidemment qu'elle doit être modérée le plus rapidement possible.
SONIA MABROUK
Mais par qui, est-ce qu'il faut céder le pouvoir judiciaire et de police…
GABRIEL ATTAL
Non.
SONIA MABROUK
Mais c'est-ce que vous avez fait avec la loi Avia.
GABRIEL ATTAL
Non la loi Avia ben elle a été censurée par le conseil constitutionnel.
SONIA MABROUK
Justement, c'est ce que vous pensiez faire.
GABRIEL ATTAL
Donc on peut chercher un autre chemin, moi je considère qu'il faut toujours essayer de progresser et trouver un autre chemin, peut-être plus respectueux de l'institution judiciaire sur ce point-là Sonia MABROUK. C'est une problématique qui a émergé ces dernières années au niveau mondial qui concerne tous les pays et nous on essaie de trouver des solutions, encore une fois on y travaille, on peut toujours améliorer les choses, ce que je vous dis c'est qu'il y a une différence entre modérer un contenu et empêcher une personne de s'exprimer sur les réseaux sociaux.
SONIA MABROUK
Et censurer, il faut dire les mots. Merci Gabriel ATTAL et comme disait Camus, peut-être qu'on peut conclure comme ça, on est toujours libre aux dépends de quelqu'un et il faut l'accepter, c'est ça la liberté d'expression. Merci d'avoir été notre invité ce matin, bonne journée à vous et à nos auditeurs bien sûr.
GABRIEL ATTAL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 janvier 2021