Texte intégral
CAROLINE ROUX
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
CAROLINE ROUX
Je le disais à l'instant, donc 6,5 millions de personnes qui vont devoir se faire vacciner, ça va prendre combien de temps ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, ça va prendre, la vaccination, notre campagne de vaccination, plusieurs mois, ça va se faire progressivement, puisque la France, comme tous les pays dans le monde, et singulièrement, les pays européens, évidemment, dépend du nombre de doses qui sont produites aujourd'hui, les usines, les laboratoires, dans le monde entier, tournent à plein régime. Et donc ça arrive progressivement, et évidemment, on souhaite aller aussi vite que possible.
CAROLINE ROUX
Donc ça veut dire que ce matin, vous demandez aux Français qui vous regardent et qui souhaitent se vacciner d'être patients ?
GABRIEL ATTAL
Oui, il va falloir attendre un peu pour un certain nombre d'entre eux…
CAROLINE ROUX
Un peu, ça veut dire quoi, je vous pose la question, parce que ce matin, il y a beaucoup de récits, notamment dans les Alpes-Maritimes et dans le Var, par exemple, il n'y a pas de rendez-vous possible avant le mois de mars.
GABRIEL ATTAL
Oui, on a un objectif qui est de vacciner en priorité 15 millions de Français les plus vulnérables, c'est-à-dire les personnes âgées, les personnes qui ont une comorbidité. On s'est donné jusqu'à l'été pour arriver à cet objectif, mais évidemment, on ira aussi vite que c'est possible ; c'est une situation qui n'est pas évidente, qui est loin d'être évidente, que nos voisins européens connaissent aussi, on fait tout pour que la production des laboratoires puisse aller aussi fort que possible, on va produire en France dans des usines, dans des entreprises françaises du vaccin, pour pouvoir augmenter la production…
CAROLINE ROUX
Chez SANOFI ?
GABRIEL ATTAL
C'est en discussion, ils sont en train de regarder si c'est possible de le faire, mais d'ores et déjà, il y a d'autres entreprises françaises, je pense à l'entreprise DELPHARM, qui va produire le vaccin PFIZER BIONTECH, dans les prochaines semaines.
CAROLINE ROUX
Il y a les manques de vaccins, et puis, il y a le manque d'organisation, c'est ce que disent notamment certains élus, qui sont interrogés ce matin, notamment dans Le Figaro, ils disent que les rendez-vous sont pris, qu'ils sont calés, et puis, qu'ensuite, les règles changent, que le nombre de doses qu'on leur avait promis ne sont pas en mesure d'arriver dans les temps. Est-ce qu'il y a un problème de désorganisation, cette phrase ce matin de François RUFFIN, dans Libération, il dit : quand on échoue sur les masques, sur les tests, sur les vaccins, ce n'est plus une coïncidence.
GABRIEL ATTAL
J'entends qu'il y a des responsables de l'opposition qui, à chaque fois qu'on a avancé dans cette crise sanitaire, ont cherché à instrumentaliser les choses pour critiquer le gouvernement. Moi, ce que je dis, c'est qu'on a un certain nombre de doses, beaucoup de doses qui ont été pré-réservées, réservées, on a un certain nombre de laboratoires pour lesquels le vaccin a été validé, c'est le cas pour PFIZER BIONTECH, c'est le cas pour MODERNA, ça sera peut-être le cas à la fin du mois – on l'espère – pour un troisième vaccin. Il peut y avoir des difficultés de livraison, on a vu que PFIZER a communiqué en fin de semaine sur le fait que, pour cette semaine, il y aurait moins de livraisons que prévu à cause de difficultés de production, puisqu'ils adaptent leur outil technique sur leur site de production en Belgique ; encore une fois, ça impacte tous les pays concernés, mais on fait mieux pour donner le plus de visibilité.
CAROLINE ROUX
Mais donc, ça veut dire que l'approvisionnement du vaccin PFIZER BIONTECH ne correspond pas forcément à ce qui était prévu, est-ce que le laboratoire est parfaitement transparent sur la façon dont les choses se passent dans ses usines ?
GABRIEL ATTAL
Oui, dans un premier temps, ce qui a été annoncé en fin de semaine par PFIZER, on s'en souvient, c'est des perturbations et une réduction des livraisons pour trois, voire quatre semaines. Et immédiatement, avec les autres pays européens, c'est aussi l'intérêt d'avoir une coordination et de commander ensemble au niveau européen, on a demandé des comptes à PFIZER, on leur a demandé d'abord des explications, ils nous ont expliqué que c'est parce que l'outil technique devait être adapté pour pouvoir produire plus, ils rajoutent des chaînes de production, et pour ça, pendant les travaux, ils doivent réduire leur production, c'est ce qu'ils nous ont dit. Et puis, ensuite, on leur a demandé d'aller aussi vite que possible. Et donc c'est pour ça qu'ils ont communiqué ce week-end, samedi, je crois, pour dire que les perturbations sur les livraisons interviendraient cette semaine, mais que, ensuite, on reviendrait à un rythme normal, et qu'elles seraient même rattrapées avant la fin du mois de février, puisqu'ils augmenteront leur production à ce moment-là. Ce que je veux dire, Caroline ROUX, parce que pour ceux qui nous écoutent, c'est important, c'est qu'on a des stocks en France, on a reçu plus d'un million et demi de vaccins depuis le début, il y a plus de 400.000 personnes qui ont été vaccinées, et donc le fait qu'il y ait cette semaine un peu moins de livraisons que ce qui était prévu pour cette semaine en France, comme dans le reste de l'Europe, ne remet pas en cause évidemment les vaccinations qui devaient avoir lieu cette semaine…
CAROLINE ROUX
Mais c'est ce qu'il y a de très difficile, à mon avis, à entendre pour les gens qui vous écoutent ce matin, c'est : on a des stocks, mais on ne peut pas se faire vacciner, si on prend rendez-vous, on donne rendez-vous au mois de mars pour se faire vacciner quand on a plus de 75 ans.
GABRIEL ATTAL
Il y a beaucoup de personnes qui sont prioritaires pour être vaccinées, vous avez notamment les personnes dans les EHPAD, vous savez que pour ce qui est des personnes dans les EHPAD, on met des doses de côté pour qu'elles aillent directement dans les EHPAD et non pas dans des centres, puisqu'on ne demande pas à des personnes âgées dépendantes, qui ont parfois des pathologies lourdes, de se déplacer dans des vaccinodromes, on fait venir les vaccins jusqu'à elles. Et cette semaine, il va y avoir une montée en puissance fort de la vaccination dans les EHPAD.
CAROLINE ROUX
La première question que je vous ai posée, c'est dans combien de temps, quel est l'objectif que vous vous fixez pour ces six millions et demi de personnes-là ?
GABRIEL ATTAL
Moi, ce que je vous ai dit, Caroline ROUX…
CAROLINE ROUX
Oui, c'est plusieurs….
GABRIEL ATTAL
C'est que pour les 15 millions de personnes vulnérables, c'est-à-dire les plus âgées et les personnes qui ont des comorbidités, on se fixe d'ici à l'été, mais on espère pouvoir aller plus rapidement, on pense pouvoir aller plus rapidement dès lors que les stocks qui ont été prévus, les commandes qui ont été pré-réservées arriveront, on dépend à la fois de la production, on dépend aussi du fait que les autorisations données par l'Agence de santé en Europe, et par l'Agence de santé français, soient données aux différents laboratoires qui ont des candidats vaccins.
CAROLINE ROUX
Ce sera la semaine prochaine pour ASTRAZENECA notamment. C'est dans ce contexte-là, je le disais, que France Inter annonce ce matin que SANOFI pourrait supprimer 400 postes, c'est le moment ?
GABRIEL ATTAL
Alors, je n'ai pas cette information, on est très attaché en France à avoir une recherche française qui fonctionne, on met beaucoup de moyens pour la soutenir, mais je n'ai pas cette information.
CAROLINE ROUX
Les autorités norvégiennes ont déclaré que 23 personnes étaient décédées dans le pays peu de temps après avoir reçu les premières doses de vaccin, est-ce que cela fait naître le moindre doute auprès des autorités sanitaires françaises ?
GABRIEL ATTAL
En tout cas, ça valide notre choix d'avoir un système de pharmacovigilance extrêmement solide, il faut bien, là aussi, préciser les choses pour ne pas inquiéter, je pense que c'est important de dire les choses, les vaccins qui sont validés, ils le sont à l'issue d'essais cliniques, plusieurs dizaines de milliers de personnes testent les vaccins avec les laboratoires, ensuite, il y a des validations scientifiques qui sont données par les autorités sanitaires indépendantes, indépendantes des choix politiques, c'est des scientifiques…
CAROLINE ROUX
Est-ce que ces 23 décès-là changent quelque chose, c'est la question ?
GABRIEL ATTAL
Alors, ce que je vous dis, c'est qu'on a mis en place un système de pharmacovigilance avec l'ANSM, on suit évidemment toutes les personnes qui sont vaccinées, on regarde s'il y a des effets indésirables, aujourd'hui, je n'ai pas connaissance d'alerte particulière en France, ce que je peux vous dire, c'est qu'on a demandé à la Norvège des éléments sur ces décès, et qu'évidemment, on analyse ces données.
CAROLINE ROUX
Arnaud FONTANET, du comité scientifique, estime qu'il y aura une poussée de l'épidémie en mars. Alors la question qu'on se pose, c'est comment on se protège de ces nouveaux variants, l'Italie par exemple ferme son territoire aux vols en provenance du Brésil, est-ce que la France pourrait le décider ?
GABRIEL ATTAL
Par définition, on regarde tout ce qui est possible de faire, tout ce qui est nécessaire scientifiquement, on est accompagné pour ça par des scientifiques qui nous conseillent, et puis, ce qui est fait par nos voisins européens. Ce que je veux vous dire, c'est qu'il y aura une réunion très importante cette semaine, il y a un conseil européen qui se tient, le président de la République y participera avec les autres chefs d'État, précisément pour aller vers davantage de coordination européenne sur ces questions-là. Et donc, c'est des discussions qui auront lieu à ce moment-là, il y a une réunion des ministres des Affaires européennes qui a lieu ce matin pour commencer à avancer sur le sujet.
CAROLINE ROUX
On ne peut le décréter qu'à 27 ce genre de mesures ?
GABRIEL ATTAL
Enfin, en tout cas…
CAROLINE ROUX
Ce n'est pas ce que fait l'Italie…
GABRIEL ATTAL
Le plus efficace, c'est d'avancer à 27, Caroline ROUX, parce que, on peut, nous, considérer qu'il faut interdire les vols venant de certain pays, si d'autres pays européens continuent à les autoriser et que les personnes passent par ces pays-là, donc c'est pour ça qu'il faut une coordination européenne, on l'a toujours appelée de nos voeux, sur le vaccin, comme sur d'autres sujets, et on va continuer à le faire, ça ne nous empêche pas de rehausser évidemment les contrôles à nos frontières, c'est ce que le Premier ministre a annoncé en fin de semaine dernière, et de continuer à avancer, y compris sur les frontières dans l'Union européenne.
CAROLINE ROUX
Alors, vous avez raison, il y a des contrôles aux frontières, notamment un test PCR qui est désormais obligatoire pour rentrer sur le territoire français, avec l'idée qu'on demande aux passagers par exemple, il y en a qui vont encore arriver aujourd'hui d'Afrique du Sud ou du Brésil, où il y a des variants extrêmement dangereux, on leur dit juste : déclaration sur l'honneur, isolez-vous pendant une semaine, on n'a pas les moyens d'obliger, à ces ressortissants étrangers qui arrivent sur le territoire français, de s'isoler de manière obligatoire ?
GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord, Caroline ROUX, il faut être précis, ce ne sont pas des ressortissants étrangers, pour la plupart, ce sont des ressortissants français, aujourd'hui, et depuis le 17 mars 2020, je crois, les frontières de notre pays, les frontières hors de l'Union européenne, elles sont fermées, ça veut dire que pour venir en France, vous devez avoir un motif valable, il y a…, pour l'écrasante majorité, c'est des ressortissants français, il peut y avoir d'autres dérogations, notamment si vous avez un titre de séjour qui est valable, ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est quand vous demander un test PCR réalisé avant le départ et qui soit négatif pour embarquer, vous avez déjà une première sécurité qui est apportée par le résultat de ce test, et après, effectivement, on demande un isolement de 7 jours aux personnes, avec une déclaration sur l'honneur, c'est ce qui est mis en place, là, est-ce qu'il faudra aller plus loin, je ne peux pas vous répondre aujourd'hui, on va regarder, moi, je crois beaucoup à la responsabilité individuelle des personnes, de nos concitoyens, de nos ressortissants qui rejoignent la France…
CAROLINE ROUX
Nos ressortissants, il y a des vacances qui arrivent, vous leur dites : il ne faut pas voyager à l'étranger ?
GABRIEL ATTAL
Non, aujourd'hui, je ne dis rien sur la question de vacances, il y aura une communication dans les prochains jours du gouvernement sur ce sujet-là, un point de rendez-vous, un point d'étape sur l'épidémie, et évidemment, on sera le plus transparent possible sur toutes les informations dont on disposera.
CAROLINE ROUX
Merci beaucoup Gabriel ATTAL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 janvier 2021