Texte intégral
ALBA VENTURA
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Alba VENTURA.
ALBA VENTURA
Vendredi soir, est-ce qu'on n'a pas reculé pour mieux confiner, Monsieur le Ministre ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne crois pas du tout, je pense que…
ALBA VENTURA
Ce n'est pas encore une semaine, Monsieur le bourreau ?
BRUNO LE MAIRE
Non, c'est le choix de la responsabilisation des Français qui, je le rappelle, ont montré un immense sens des responsabilités depuis maintenant près de deux mois, puisque ça fait près de deux mois qu'ils sont, soit, en confinement, soit en couvre-feu, ils ont montré à Noël, et nous avons montré collectivement à Noël, que nous savions respecter les règles, tout le monde nous avait dit au lendemain de Noël, il y aura eu le 31, les fêtes de Noël, ça va flamber, ça n'a pas flambé, parce que les Français ont été responsables. Le couvre-feu donne des résultats. Et je rappelle que le couvre-feu, il est pénalisant pour nous tous, rentrer chez soi à 18h, faire ses courses à 18h et pas au-delà, c'est pénalisant pour tous les Français, pour les commerçants, ça donne des résultats. Ça vaut le coup de faire le pari de la responsabilité, d'éviter un confinement…
ALBA VENTURA
Oui, mais pour combien de temps ? Beaucoup de patrons, de chefs d'entreprise, de commerçants ont le sentiment, pardon, d'avoir gagné une semaine, donc on se demande tous, là, est-ce qu'on est dans une semaine d'observation ?
BRUNO LE MAIRE
Non, on est dans une semaine, Alba VENTURA, qui est décisive…
ALBA VENTURA
On sait qu'il y a eu des tirages entre vous au gouvernement…
BRUNO LE MAIRE
Décisive, parce que si les choix que nous avons faits collectivement donnent des résultats, eh bien, ça nous permettra d'éviter un confinement. Et je le redis, parce que c'est ma conviction la plus profonde, le confinement ne peut être que la toute dernière option, lorsque toutes les autres ont été utilisées parce que le confinement pèse sur le moral des Français, il pèse sur notre moral à tous, et accessoirement, il pèse aussi sur les finances publiques.
ALBA VENTURA
Donc c'est un choix économique que vous faites.
BRUNO LE MAIRE
Absolument pas, j'ai bien pesé mes mots, Alba VENTURA, je vous ai dit que ça pesait d'abord sur le moral des Français, ça pèse sur les familles, ça pèse sur les enfants, ça pèse sur les jeunes, ça pèse sur nous tous, on a tous envie de pouvoir circuler librement. On a tous envie de pouvoir retrouver notre vie normale, on en a tous assez de vivre comme ça, donc si on peut éviter de vivre encore un peu moins bien avec un confinement, je pense que c'est le seul choix sage et responsable que d'utiliser toutes les autres options ; et ce choix sage et responsable, c'est le choix du président de la République, c'est le choix collectif du gouvernement autour du Premier ministre, il n'y a pas un camp qui a gagné contre un autre. Il n'y a pas l'économie qui a gagné contre la santé !
ALBA VENTURA
Il n'y a pas eu une pression médicale ?
BRUNO LE MAIRE
Non, il n'y a pas d'économie qui a gagné contre la santé.
ALBA VENTURA
A laquelle le président n'a pas voulu se soumettre ?
BRUNO LE MAIRE
Alba VENTURA, il n'y a pas d'un côté ceux qui disent : il faut à tout prix sauver l'économie, et de l'autre, ceux qui disent : il faut à tout prix sauver la santé, il y a un ensemble d'hommes et de femmes qui forment un gouvernement, qui décide parce qu'il a été choisi par l'ensemble des Français, ça s'appelle la démocratie, et qui pèse à chaque fois le pour et le contre, mais nous sommes tous, lorsque nous prenons ces décisions, habités à la fois par la volonté de protéger la santé des Français et la nécessité effectivement de garder une économie qui fonctionne.
ALBA VENTURA
Vous dites : on attend des résultats pour savoir quelle sera la suite, quand interviendront ces résultats ?
BRUNO LE MAIRE
Mais chaque jour, nous regardons les résultats…
ALBA VENTURA
Non, mais la prochaine échéance, pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés…
BRUNO LE MAIRE
Je vais vous dire, chaque jour, Alba VENTURA, je discute avec le ministre de la Santé, et nous échangeons nos informations sur la situation sanitaire, la situation économique, la situation des finances publiques, c'est du travail collectif. Moi, j'en appelle une nouvelle fois à la responsabilité des Français, ils ont montré une capacité de résistance exceptionnelle au cours des dernières semaines, je souhaite que ce soit encore le cas pendant quelques jours.
ALBA VENTURA
C'est l'appel à la mobilisation générale, on l'a compris. Un choix en tout cas qui a conduit à fermer les centres commerciaux de plus de 20.000 m², donc 400 environ, cela représente 25.000 magasins. Comment allez-vous les aider ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord, c'est un effort très important qui leur est demandé, je vois certains qui disent : ah, mais ce n'est pas beaucoup, c'est beaucoup 25.000 commerces, derrière, c'est des milliers de salariés qui aujourd'hui n'ont pas repris le chemin du travail. Donc les indemniserons totalement et rapidement. Ils auront accès au fonds de solidarité, tous les commerces, déplafonné jusqu'à 200.000 euros par mois, ils auront accès à la prise en charge de 70 % de leurs charges fixes, ils auront accès au chômage partiel, et ils auront accès à l'exonération de charges ; tous les dispositifs qui pour l'instant ne sont pas ouverts à tous les commerces leur seront ouverts, et nous traiterons en particulier la question des loyers qui – je sais – est la question la plus sensible pour ces grands centres commerciaux, et pour ces commerces.
ALBA VENTURA
Donc les loyers seront pris en charge ?
BRUNO LE MAIRE
Les loyers seront pris en charge, et j'en ai pris l'engagement samedi, j'ai discuté avec tous ces représentants des centres commerciaux, il est parfaitement normal qu'à partir du moment où on les ferme, ils n'aient pas de charges à assumer.
ALBA VENTURA
Certains petits patrons se plaignent de ne pas avoir reçu l'aide du fonds de solidarité, qu'est-ce qui se passe, ce sont les lenteurs administratives ?
BRUNO LE MAIRE
Non, il n'y a pas de lenteur administrative…
ALBA VENTURA
Pourquoi alors ?
BRUNO LE MAIRE
Il y une direction générale des Finances publiques qui fonctionne très bien, mais à partir du moment où on a déplafonné le fonds de solidarité, vous pouvez toucher jusqu'à 200.000 euros par mois, c'est légitime qu'au moment où vous distribuez l'argent, il y ait un contrôle, quand le fonds de solidarité était limité à 1.500 euros par mois, effectivement, c'était automatique, à partir du moment où c'est jusqu'à 200.000 euros par mois, c'est des sommes qui sont très importantes, moi, je suis comptable vis-à-vis du contribuable, de vous, de nos auditeurs, que chaque euro aille bien à ceux qui en ont réellement besoin, c'est un peu plus long, parce qu'il y a des contrôles.
ALBA VENTURA
C'est un peu du cas par cas, on va dire, c'est ça ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a du cas par cas, dès lors que, pour être tout à fait précis, vous donnez plus de 30.000 euros à un restaurateur, à un bar qui est fermé, il y a un contrôle systématique.
ALBA VENTURA
Un mois et demi de confinement, cela coûte 25 milliards sur le plan économique, 15 milliards par mois, à peu près. En conservant le couvre-feu, Bruno LE MAIRE, est-ce qu'on limite les dégâts économiques ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, on limite les dégâts économiques.
ALBA VENTURA
De combien ?
BRUNO LE MAIRE
On limite les dégâts sur les finances publiques, pour donner des ordres de grandeur très précis, aujourd'hui, le couvre-feu nous coûte à peu près, fonds de solidarité et autres mesures, 6 milliards d'euros par mois. Le confinement total avec fermeture des commerces et des écoles, c'est 15 milliards d'euros par mois, c'est 9 milliards d'euros de plus. La mesure que nous avons prise avec les commerces, c'est 500 millions d'euros de plus. Vous voyez, ce n'est pas du tout les mêmes ordres de grandeur, vous en faites des choses avec 9 milliards. Vous pouvez en rénover des hôpitaux, des crèches, des écoles, des universités, donc nous devons aussi faire attention que l'argent soit, à chaque fois, bien employé.
ALBA VENTURA
Jusqu'à quand le « quoi qu'il en coûte », parce qu'on n'a pas très bien compris, Olivier DUSSOPT, le ministre des Comptes publics, nous disait : fin 2021, il faudra voir pour arrêter peut-être tout ça, Elisabeth BORNE, ministre du Travail, qui était à votre place la semaine dernière, nous dit : non, non, ça va perdurer. Jusqu'à quand ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je ne donne pas de date, mais un principe, tant que la crise sanitaire durera, tant qu'il y aura des restrictions sanitaires, il y aura soutien aux salariés, aux commerces, aux entreprises, à notre économie.
ALBA VENTURA
Bruno LE MAIRE, sur le plan pratique, pour ne pas se retrouver avec les questions prise de tête de la dernière fois, le supermarché dans le centre commercial reste ouvert, il peut tout vendre, ou il y a de l'essentiel et du non-essentiel ?
BRUNO LE MAIRE
Il pourra tout vendre, on a tiré les leçons, j'essaie à chaque fois, vous savez, de tirer les leçons de nos erreurs, le premier confinement a coûté 30 points d'activité, le deuxième, ça a mieux fonctionné, 12 points d'activité. Mais il y a eu un loupé, le loupé, c'est commerces essentiels et non-essentiels, d'abord, ça a été perçu, à juste titre, comme dévalorisant pour un certain nombre de commerces, donc la formulation n'était pas la bonne. Et en deuxième lieu, ça a donné lieu à des scènes ubuesques, où on allait fermer le rayon du mascara, mais pas celui de la poudre dans un supermarché. Donc on va éviter de refaire deux fois la même chose. Là, c'est extrêmement simple, tous les commerces au-dessus de 20.000 m², donc les grandes galeries commerciales, les grandes galeries marchandes, sont fermées, sauf les supermarchés qui vendent de l'alimentaire, et dans ces supermarchés qui vendent de l'alimentaire, si vous pouvez trouver une paire de chaussettes ou un tee-shirt ou un mascara, eh bien, vous pourrez acheter, ça ne posera pas de problème.
ALBA VENTURA
Voilà, donc le grand magasin de bricolage ferme…
BRUNO LE MAIRE
Pas de distinction…
ALBA VENTURA
Mais le supermarché qui se trouve dans le centre commercial garde ses rayons de bricolage ouverts ?
BRUNO LE MAIRE
Pas de distinction sur les rayons, parce que c'est absolument ingérable, on l'a vu en novembre, j'essaie de ne pas refaire les mêmes erreurs, où vous aviez, à juste titre, multiplié les reportages sur les rayons qui étaient fermés avec des bandeaux, et pourquoi est-ce que, une fois encore, le dentifrice était autorisé, et pas la pâte à tartiner, ou l'inverse…
ALBA VENTURA
C'est ça, donc on ira faire les courses, et on constatera. Comment allez-vous contrôler les jauges ? Vous allez mettre des agents de la DGCCRF ?
BRUNO LE MAIRE
Je veux le dire, là aussi, avec beaucoup de clarté, à partir du moment où nous faisons ce choix de responsabilité, les contrôles seront plus stricts. Nous allons contrôler les jauges, soit, ils se font de manière automatique par les magasins, soit, ça ne l'est pas, et nous contrôlerons nous-mêmes, un commerce qui ne fermerait pas, qui ne respecterait pas les règles de jauges, je rappelle que c'est une personne tous les 10 m² désormais pour les commerces supérieurs à 400 m², eh bien, dans ce cas-là, une amende d'abord, une fermeture ensuite.
ALBA VENTURA
Monsieur le Ministre, quelques restaurateurs ont décidé de rouvrir malgré l'interdiction, on l'a vu à Nice, on l'a entendu tout à l'heure sur RTL dans le Doubs. Est-ce qu'il y aura des sanctions pour ces personnes-là, pour ces patrons ?
BRUNO LE MAIRE
C'est extrêmement dur pour les restaurateurs, je le sais, extrêmement dur moralement, et économiquement ; ça ne justifie en rien de ne pas respecter des règles qui sont d'abord des règles sanitaires. On sait tous que dans les restaurants, il y a des risques de contamination…
ALBA VENTURA
Donc, qu'est-ce qu'ils auront comme sanction ?
BRUNO LE MAIRE
Donc les choses sont très simples, d'abord, c'est quelques cas isolés, arrêtons de penser que… l'immense majorité des restaurateurs respectent les règles, sont fermés, Il y a quelques cas isolés. Tous ceux qui restent ouverts, à partir du moment où ils font ce choix de ne pas respecter la règle seront suspendus pendant un mois de l'accès au fonds de solidarité, et si jamais il y a récidive, ils n'auront plus accès du tout au fonds de solidarité. Je pense qu'à partir du moment où nous sommes généreux, où nous soutenons massivement tous ceux qui sont fermés, une fois encore, c'est juste et c'est légitime, il est aussi juste et légitime…
ALBA VENTURA
Mais globalement, il y a des fraudes sur les dispositifs ?
BRUNO LE MAIRE
Il est aussi juste et légitime que nous disions clairement ceux qui ne respectent pas les règles n ‘auront plus de soutien de la part de l'Etat.
ALBA VENTURA
Il y a des fraudes plus globalement sur le dispositif ?
BRUNO LE MAIRE
C'est des cas isolés, mais à partir du moment…
ALBA VENTURA
Oui, mais combien ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne peux pas vous donner de chiffre précis, mais c'est quelques cas isolés en France, je ne veux pas que ça se répande, que ça devienne, soit, une habitude, soit, une façon de braver l'interdit, ce n'est pas un interdit, c'est une règle collective pour garantir la santé de tous. Donc un restaurateur, un bar qui s'amuseraient à rester ouverts, nous auront immédiatement le nom du…
ALBA VENTURA
Non, mais je disais, globalement, Bruno LE MAIRE, est-ce…
BRUNO LE MAIRE
Immédiatement, le nom du propriétaire…
ALBA VENTURA
Pas seulement les restaurateurs…
BRUNO LE MAIRE
Et à partir du moment où ils ne respectent pas les règles, plus de fonds de solidarité pendant un mois, suspension, et s'il y a récidive, plus de fonds de solidarité du tout.
ALBA VENTURA
Est-ce que sur les fraudes, vous allez récupérer de l'argent ? Est-ce qu'il y en a ? Combien ça représente ?
BRUNO LE MAIRE
Aujourd'hui, on est dans la phase où on instruit les contrôles, on a 300.000 contrôles qui sont faits avant distribution de l'argent, qui sont en cours d'examen, nous avons 93.000 contrôles a posteriori, soit des restaurateurs qui disent : je n'ai pas touché ce que je devais, c'est normal, soit, des soupçons de fraudes qui méritent d'être contrôlées, la Cour des comptes, c'est le seul chiffre qui était donné publiquement, évalue ces fraudes à 100 millions d'euros, je pense que c'est davantage aujourd'hui, mais je ne peux pas vous donner de chiffre précis, puisque les cas sont en train d'être instruits.
ALBA VENTURA
Monsieur le Ministre, le président MACRON a donc sonné la mobilisation générale : j'ai confiance en vous, les heures que nous vivons sont cruciales, faisons tout pour freiner l'épidémie ensemble. Alors, pour freiner l'épidémie, il y a la vaccination, mais Olivier VERAN a beau avoir égrainé des chiffres, 4 millions de vaccinés fin février, 30 millions fin mai, 70 millions en juillet, on a du mal quand même à y croire, à cause de l'approvisionnement. Et puis, des choix, je m'arrête un petit instant sur les choix, comment vous expliquez que la start-up VALVENA, franco-autrichienne, qui fabrique notamment à Nantes, va livrer son vaccin au Royaume-Uni dès l'automne, et pas l'Union européenne, nous, on va devoir attendre 2022 ?
BRUNO LE MAIRE
Je vais vous dire, très simplement, Alba VENTURA, ce n'est pas moi qui gère au gouvernement cette question très complexe des vaccins, j'ai une ministre déléguée remarquable, qui s'appelle Agnès PANNIER-RUNACHER, qui travaille là-dessus avec le ministre de la Santé, et elle pourra parfaitement vous répondre…
ALBA VENTURA
Vous n'ignorez pas ce qui se passe dans votre… dans Bercy ?
BRUNO LE MAIRE
Non, non, bien entendu, mais c'est des sujets qui sont complexes, techniques, je ne veux pas vous dire de bêtises, tout simplement, donc c'est elle qu'il faut interroger.
ALBA VENTURA
Alors, d ns la même veine, la vice-présidente de BIONTECH, Katalin KARIKO, qui s'exprime dans le magazine Le Point, je vous cite ses propos : la France, c'est un beau pays pour les vacances d'été, mais essayez donc de comprendre pourquoi les Français ont dû venir ici aux Etats-Unis. Pourquoi Stéphane BANCEL, le PDG de MODERNA, ne dirige pas une entreprise française en France pour mettre au point des vaccins, pourquoi il n'y a pas plus de sociétés comme BIONTECH en France ? Je pense, dit-elle, que c'est à cause du financement, ici, avec le capital-risque, on donne davantage aux petites entreprises, ici, donc aux Etats-Unis, les gens investissent plus dans les biotechnologies.
BRUNO LE MAIRE
J'ai lu cette interview, c'est une interview…
ALBA VENTURA
C'est vrai ?
BRUNO LE MAIRE
Absolument remarquable, et je partage tout ce qu'elle dit dans cette interview. Il faut que nous tirions les leçons de cette crise, il faut que la France retrouve le goût du risque, prendre des risques sur des innovations de rupture, il faut que nous soyons capables d'avoir plus de profondeur financière pour financer ces start-up, je vous dis juste, Alba VENTURA, qu'avec le président de la République et le Premier ministre, c'est ce que, depuis plusieurs mois, dans le cadre du plan de relance, nous avons décidé de faire. Nous allons mettre beaucoup d'argent dans le programme d'investissement d'avenir sur les technologies de santé, sur l'immunothérapie, sur les biotechnologies, parce qu'on a conscience que…
ALBA VENTURA
Combien ?
BRUNO LE MAIRE
Ça se chiffre en milliards d'euros, on verra ensuite comment est-ce qu'on les répartit, mais ça se chiffre en milliards d'euros, parce que c'est un vecteur de développement, et de création de valeurs pour notre pays exceptionnel. En deuxième lieu, il faut développer le capital-risque, il faut qu'une start-up, qui, ensuite, veut devenir une entreprise plus importante, surtout dans le domaine de la santé, puisse lever, non pas des millions, mais des milliards, il faut enfin, développer l'union des marchés de capitaux, je me bats pour ça depuis près de trois ans au niveau européen, vous avez un marché unique où les personnes et les marchandises circulent librement, et vous n'avez pas de marché unique de capitaux. Donc quand vous empruntez de l'argent, vous ne pouvez pas l'emprunter aussi bien à Bruxelles, Berlin ou Rome ou Paris de manière libre, créer l'union des marchés de capitaux, c'est donner des milliards pour développer l'industrie de la santé, en France et en Europe.
ALBA VENTURA
Merci beaucoup Monsieur le Ministre. On va vous retrouver tout à l'heure.
YVES CALVI
Le confinement ne peut être que la toute dernière option, vient de nous dire Bruno LE MAIRE, tant que la crise sanitaire durera, le soutien du gouvernement durera. Bruno LE MAIRE qui annonce la suspension un mois du fonds de solidarité pour les restaurants qui fraudent. En effet, on vous retrouve avec nos auditeurs, Bruno LE MAIRE, à partir de 8h15, qui peuvent vous poser toutes les questions qu'ils souhaitent au 32 10, vous leur répondrez directement, et en direct sur RTL.
YVES CALVI
Monsieur le Ministre de l'Economie, merci d'avoir accepté de répondre aux questions des auditeurs de RTL, Alba VENTURA est bien entendu restée avec nous. Avant de donner la parole à Laurent, qui est chef d'entreprise, une question, AIR FRANCE est particulièrement impactée, notamment avec la fermeture des frontières extra-européennes, en vigueur depuis dimanche, l'Etat va-t-il passer à la vitesse supérieure concernant cette compagnie ? Y a-t-il de nouvelles mesures de soutien pour l'aérien ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, l'Etat continuera à soutenir AIR FRANCE, les besoins vont être plus importants, il faut bien avoir conscience que la fin des vols internationaux, sauf nécessité absolue, c'est 80 % du chiffre d'affaires d'AIR FRANCE. Donc c'est absolument considérable. AIR FRANCE aura besoin de soutien supplémentaire, l'Etat apportera un soutien supplémentaire à AIR France.
YVES CALVI
On peut être plus précis ?
BRUNO LE MAIRE
On ne peut pas être plus précis, mais AIR FRANCE sait que l'Etat est derrière cette compagnie, que des efforts considérables ont été faits, cette compagnie est très bien dirigée par Ben SMITH, depuis plusieurs mois. Donc nous soutiendrons AIR FRANCE, et nous apporterons tout le soutien nécessaire.
YVES CALVI
Faute de chiffre, des délais pour apporter ce soutien ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera dans des délais rapides.
YVES CALVI
Philippe MARTINEZ, de la CGT, était, lui, l'invité du « Grand Jury » hier, il souhaite un printemps social, les inquiétudes montent, que lui répondez-vous ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, je pense que les Français ont envie d'un printemps tout court, et certainement pas d'un printemps social, de révolte, de conflit, au contraire, les Français ont besoin d'apaisement, ils ont besoin de se retrouver, ils ont besoin de contacts sociaux, de contacts humains, ils ont besoin de tout sauf de conflit, donc moi, j'appelle exactement à l'inverse de ce que propose monsieur MARTINEZ, c'est-à-dire un rassemblement des forces françaises pour qu'on puisse se reconstruire, se retrouver nous-mêmes, et évidemment, relancer notre économie, recréer des emplois, retrouver de la vitalité économique, tout l'inverse de ce que propose monsieur MARTINEZ.
YVES CALVI
Et maintenant, c'est Laurent, qui est chef d'entreprise, et qui vous pose la première question de nos auditeurs. Bonjour Laurent. Bruno LE MAIRE vous écoute.
LAURENT
Bonjour Monsieur le Ministre. Je suis très honoré de pouvoir communiquer avec vous.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour.
LAURENT
Voilà, je me présente, je suis Laurent POILAN (phon), je suis le PDG d'une PME de soixante salariés, et qui est un dommage collatéral direct du CHR, puisque nous faisons dans la cuisine professionnelle, le froid, la clim. Et aujourd'hui, tous nos clients sont eux-mêmes fermés, et par voie de conséquence, nous n'avons plus de service après-vente, nous n'avons plus… de grands ponts de notre activité sont aujourd'hui réduits à néant. Le gouvernement agit très positivement, nous permettant d'obtenir le PGE, je vous remercie, le gouvernement a mis en place également les possibilités de chômage partiel avec une couverture à 84 %, seulement, aujourd'hui, se pose à nous le problème suivant, nous avons eu, de la part de nos banquiers, les gens, les financiers qui nous accompagnent, une demande de prise de position concernant le remboursement de ce même PGE. En l'occurrence, la première année a fait l'objet d'une période d'in fine, à 0,25 %, on nous donne la possibilité de renouveler d'un an ce même PGE, le taux passe à 1,08 %, et on nous demande surtout, dans un même temps, de nous positionner quant à notre capacité à rembourser intégralement à la date anniversaire de la première année, partiellement ou la totalité, sous forme d'amortissement dans les quatre années qui suivent. Monsieur le Ministre, ma question est la suivante, j'ai une entreprise qui a des hauts, qui a des leasings, qui a différents emprunts à droite, à gauche, qui a une capacité d'autofinancement qui permet juste de payer ce qu'elle doit payer, aujourd'hui, si je dois rembourser en plus de ce que je rembourse habituellement, le PGE sur quatre ans, il faut que je fasse évoluer ma CAF de 50 %, quand je dis ma CAF, c'est d'autofinancement, pardonnez-moi, de 50 %, sachant que quand l'activité va reprendre, bon nombre de mes clients seront peut-être sinistrés, inexistants, et qui, dans un même temps, ces gens me doivent de l'argent, ils auront sans doute du mal à me payer, sachant qu'ils auront, pour certains, déposé le bilan, comment…
YVES CALVI
Votre question, Laurent, excusez-moi, mais je vous bouscule un peu, voilà, on y arrivait…
BRUNO LE MAIRE
Oui, alors, ma question, comment puis-je faire pour imaginer rembourser le PGE en quatre années, sachant qu'il faudra que j'augmente ma CAF de 50% pour pouvoir faire face à ça ?
YVES CALVI
La question est claire maintenant, je précise que le CHR, c'est tout simplement les cafés, hôtels et les restaurants. Monsieur le Ministre.
BRUNO LE MAIRE
Oui, tout à fait. Alors, les prêts garantis par l'Etat, Laurent, c'est un sujet majeur, puisqu'on arrive au moment où les entreprises, au bout d'un an, doivent commencer à rembourser, ce qui avait été prévu à l'origine, c'est un an sans remboursement, on rembourse au bout d'un an, et on a cinq ans pour étaler le remboursement de son prêt garanti par l'Etat. Vous avez maintenant deux droits, la possibilité de ne rien rembourser avant deux ans, c'est-à-dire avant 2022, au printemps 2022. Mais c'est vrai que la durée totale reste de six ans, c'était 1+5, ça peut devenir 2+4. Quel est le problème que rencontre Laurent, et beaucoup, beaucoup d'autres PME, c'est que, évidemment, du coup, les échéances sur quatre ans vont être plus lourdes chaque mois…
YVES CALVI
Bien sûr, elles se densifient…
BRUNO LE MAIRE
… Elles vont se densifier. Donc nous allons regarder, je l'ai dit, je vous le confirme, au cas par cas, parce qu'il ne s'agit pas de rouvrir tous les prêts garantis par l'Etat, il y en a beaucoup, donc ce serait compliqué, mais au cas par cas, pour des secteurs qui sont vraiment très, très touchés par la crise, je pense à l'industrie aéronautique, je pense à l'hôtellerie, cafés et restauration, si on pouvait avoir un étalement plus long, et je suis en négociation avec la Commission européenne pour demander que sur certains PGE, dans certains secteurs très touchés, comme le HCR ou l'aéronautique, on puisse avoir un étalement plus long que les six ans.
YVES CALVI
Donc ce sont des dossiers qui vont être surveillés et parfois appuyés, je vous ai compris…
BRUNO LE MAIRE
Et parfois appuyés, au cas par cas, il faut simplement que j'ai l'autorisation de la Commission européenne de passer d'un étalement de six ans à un étalement de sept ans par exemple.
YVES CALVI
Merci Laurent. On donne la parole à Gildas, qui nous appelle des Hautes-Alpes, il est propriétaire gérant de chambres d'hôtes. Bonjour Gildas.
GILDAS
Oui, bonjour Monsieur le Ministre. Donc je vais essayer d'aller au plus vite, j'ai un écho en même temps, pas évident. Donc ma question, elle est toute simple, j'entendais ce matin que vous faisiez des contrôles à partir de 30.000 euros, bravo, moi, j'ai fait une demande le 20, mais je ne suis pas à 30.000 euros, je suis à 5.000 euros seulement, désolé, je n'ai toujours rien au 1er février, on ne peut pas gérer comme ça, c'est impossible, moi, je trouve aujourd'hui le couteau sous la gorge, avec les fournisseurs, etc., etc., tout ce qu'il y a à payer. De plus, gros bug sur les systèmes informatiques, encore aujourd'hui, ce matin, ils mettaient sur la messagerie sécurisée, et c'est impossible, impossible, ça sature, aujourd'hui, on vous dit le 15 janvier, pour faire les demandes, après, c'est le 10 février, après, c'est le 10 décembre, on ne sait jamais quand faire les demandes, et quand l'argent va arriver.
YVES CALVI
Bruno LE MAIRE vous répond.
BRUNO LE MAIRE
Alors Gildas, nous sommes en train d'améliorer cela, les retours que vous nous faites sont un certain nombre, nous sommes en train d'améliorer la gestion du fonds de solidarité, j'ai demandé à la direction générale des Finances publiques, qui a fait un travail – je tiens à le dire – absolument exceptionnel depuis mars de renforcer ses effectifs, de renforcer le traitement des fonds de solidarité, je veux juste bien faire comprendre que quand on ouvre la possibilité de se déclarer le 15 janvier, pour le fonds de solidarité, on a chaque jour plus de 100.000 dossiers qui arrivent, je veux juste faire comprendre aussi, Gildas l'a rappelé, qu'à partir du moment où ce n'est plus 1.500 euros, mais que ça va jusqu'à 200.000, dès 30.000 euros, on fait un contrôle, donc ça alourdit forcément la procédure. Là, ce qui vient de se passer sur…
YVES CALVI
Il est à 5.000 Gildas…
BRUNO LE MAIRE
Oui, oui, je sais bien, mais ce qui vient de se passer sur les grands centres commerciaux, ça veut dire 27.000 commerces en plus qui vont être éligibles au fonds de solidarité. Donc la tâche est considérable, ma responsabilité, c'est de faire en sorte que ça aille très vite, Gildas, vous avez raison, nous allons améliorer les choses.
YVES CALVI
Est-ce qu'on ne peut pas ouvrir des horaires plus importants, notamment pour avoir des réponses avec des personnes physiques, vous le comprenez ?
BRUNO LE MAIRE
On a embauché…
YVES CALVI
Sans tomber sur l'enfer des répondeurs…
BRUNO LE MAIRE
On a, pour garantir les contrôles dont j'ai parlé tout à l'heure à Alba VENTURA, la direction générale des Finances publiques vient d'embaucher 50 personnes supplémentaires, elle va embaucher 250 supplémentaires, ça va alléger le travail des autres pour qu'ils puissent se concentrer sur le fonds de solidarité, et accélérer le traitement des dossiers. Gildas, je veux juste vous dire que nous avons parfaitement conscience que pour vous, pour des dizaines de milliers d'autres restaurateurs, patrons de bar, directeurs d'hôtel, de salles de sport, de salles événementielles, ou de salles de spectacles, c'est une question de vie ou de mort, d'avoir rapidement l'indemnisation, je peux vous dire, nous en avons conscience, nous allons accélérer le traitement des dossiers.
YVES CALVI
Merci beaucoup Gildas de nous avoir appelés. On donne la parole maintenant à Gaëlle, qui nous appelle du département du Val d'Oise, où elle est chargée de paie. Bonjour Gaëlle.
GAËLLE
Bonjour Monsieur le Ministre. Bonjour à tous. Alors, moi, ma question va être très simple, j'aimerais savoir pourquoi, effectivement en temps de confinement, beaucoup de sociétés sont en déficit, mais d'autres ont tiré leur épingle du jeu, c'est-à-dire qu'elles ont fait des bénéfices énormes, et aujourd'hui, elles présentent des PSE.
YVES CALVI
Donc votre question, c'est comment lutter contre les effets d'aubaine liés à la crise, c'est bien cela ?
GAËLLE
Non, ce n'est pas ça, c'est pourquoi des sociétés qui font des bénéfices se permettent des PSE ?
YVES CALVI
Alors, Monsieur le Ministre, est-ce que vous observez cela…
BRUNO LE MAIRE
J'ai parlé, je crois, j'étais sur cette antenne déjà, que nous veillerions à ce qu'il n'y ait pas de plans sociaux d'aubaine…
YVES CALVI
Plans sociaux, PSE…
BRUNO LE MAIRE
Et donc nous veillons à ce qu'il n'y ait pas de plans sociaux d'aubaine, ou s'il y a des cas qui peuvent vous choquer, il faut nous les signaler, nous regardons ça très attentivement, dans cette période de crise, je le redis, il y a des entreprises qui ont besoin de se restructurer, chacun peut le comprendre, parce qu'elles ont moins de commandes, elles ont moins de chiffre d'affaires, mais en revanche, ça ne doit pas être une occasion où on en profite pour faire passer des plans sociaux qui ne seraient pas justifiés.
YVES CALVI
Avez-vous observé des abus, Monsieur le Ministre ?
BRUNO LE MAIRE
Très honnêtement…
YVES CALVI
Et peuvent-ils être d'une façon ou d'une autre sanctionnés ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a toujours des abus, et nous sommes là pour sanctionner les abus et faire respecter ce que j'appelle l'ordre public économique. Lorsqu'il y a des abus, ils sont sanctionnés.
ALBA VENTURA
Je voulais relayer l'inquiétude de certains petits patrons, notamment face au dépôt de bilan qui guette en raison du Covid, certains nous disent : pour mes salariés, il y a des aides, mais pas pour moi, même avec un bilan sain, si je dépose le bilan, je n'aurais droit à rien, pas d'indemnisation pour ces gens-là ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord juste pour qu'on voie bien la situation, il y a eu, en 2020, 35.000 faillites, il y en a d'ordinaire 50.000, donc nous avons massivement protégé l'économie française, et la capacité que nous avons eu de protéger les salariés, de protéger les entreprises, de protéger l'économie globalement, elle est saluée par tous. Je veux juste rappeler ça, parce que je vois certains qui noircissent le tableau, oui, c'est dur, mais la puissance publique est derrière les salariés, derrière les entreprises pour les soutenir, il y a eu – je le redis – 35.000 faillites en 2020, il y en avait 50.000 en temps ordinaire. Donc nous avons bien protégé l'économie. Il y a le cas spécifique effectivement d'un certain nombre d'indépendants qui, si jamais l'entreprise ferme, se retrouvent dans une situation qui est très difficile, parce qu'ils n'ont pas accès au chômage, ils n'ont pas accès à un soutien social. Le président de la République nous a demandé de travailler sur un plan indépendant, nous y travaillons avec le ministre des PME, Alain GRISET, nous ferons des propositions au Premier ministre et au président de la République d'ici quelques jours, pour justement protéger le petit patron dont tous les salariés ont été licenciés, qui est indépendant, qui n'a pas droit au chômage, et qui se retrouve sans rien, il faut qu'il ait une solution, nous y travaillons avec Alain GRISET.
ALBA VENTURA
On dit que 2021 sera une année forte en faillites, vous confirmez ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne confirme pas, moi, je ne partage pas ce pessimisme, je sais qu'on est dans un temps qui est très difficile, oui, mais je sais aussi que la capacité de rebond de l'économie française est exceptionnelle, nous, nous avions calculé 11% de récession en 2020, finalement, ça a été 8,3, donc on a réussi à contenir le choc. Dès que vous levez les contraintes sanitaires, l'économie française redémarre très fort, parce que les fondamentaux de l'économie sont bons, donc nous sommes au moment le plus difficile de la crise économique, mais j'ai la conviction profonde qu'avec les vaccins, avec les règles sanitaires, dans la fin de l'année 2021, vous verrez, nous aurons une croissance qui redémarrera fort, et nous éviterons un tsunami de faillites, parce que nos mesures de protection ont été efficaces.
YVES CALVI
Hervé, bonjour. Le ministre de l'Economie.
HERVE
Oui, bonjour Monsieur le Ministre. Hervé, restaurateur à Dieppe. J'ai 8 salariés, je voulais d'abord vous remercier pour les efforts effectués, notamment pour les subventions que vous distribuez, sans lesquelles nous n'existerions plus. Comme beaucoup d'autres restaurateurs, je bénéficie de l'aide du fonds de solidarité, au premier confinement, 1.500 euros par mois, ce qui était largement insuffisant puisque j'ai des charges fixes qui s'élèvent à environ 13, 14.000 euros par mois, sans prendre de salaire. Deuxième confinement, beaucoup mieux, puisque nous pouvons accéder à 10.000 euros par mois, je fais à peu près, enfin, environ 50.000 euros de chiffre d'affaires par mois, donc voilà, ma subvention tourne autour de 10.000 euros par mois. Ma question est la suivante, en fait, est-ce que vous pensez adapter les subventions au cas par cas, à chaque restaurant ou à chaque entreprise pour éviter, comme moi, actuellement, de perdre 3 à 4.000 euros par mois en fait ?
YVES CALVI
Bon, on vous demande de la couture…
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais la réponse est oui, et ça explique aussi, en réponse toujours à Gildas, pourquoi ça prend un peu plus de temps, c'est que, c'est comme dans la couture, le sur-mesure prend un peu plus de temps que le prêt-à-porter. Donc ça explique quelques retards qu'il puisse y avoir ici ou là. Dans votre cas, Hervé, vous êtes restaurateur à Dieppe, vous avez des charges de 13 à 14.000 euros par mois, vous avez la possibilité, soit, d'avoir l'accès au fonds de solidarité à 10.000 euros par mois, soit de prendre l'option d'indemnisation à 20% du chiffre d'affaires dans une limite de 200.000 euros par mois. Et je vous rappelle, Hervé, vous pouvez cumuler ça avec deux choses qui sont très importantes, vous pouvez faire du click and collect, et nous ne nous comptons le produit du click and collect dans le chiffre d'affaires, donc c'est pour vous. Et en deuxième lieu, nous avons une couverture des charges fixes à hauteur d'un million d'euros, donc ça vous permet, dès lors que vous avez un chiffre d'affaires plus important, on va regarder si on peut le faire évoluer, vous pouvez avoir aussi une prise en compte de vos charges fixes. Vous, en l'espèce, je vais être tout à fait précis, comme vous avez 50.000 euros de chiffre d'affaires, si j'ai bien compris, vous n'êtes pas éligible à ce dispositif sur les charges fixes, mais pour tous ceux qui nous écoutent et qui ont un chiffre d'affaires plus élevé, ils ont aussi accès à la prise en charge de 70% de leurs charges fixes.
YVES CALVI
Merci Hervé de nous avoir appelés. Le dernier intervenant sera ce matin Philippe, il est directeur d'usine, il nous appelle de la Moselle. Philippe, vous êtes le dernier, je suis désolé, je vous bouscule un peu, si on peut… posez, là, votre question au ministre de façon brève.
PHILIPPE
Oui, bonjour Yves. Bonjour Monsieur le Ministre, moi, c'est une question de souveraineté économique et sanitaire européenne, y a-t-il des restrictions, voire des actions en cours pour rapatrier en Europe, à moyen terme, des industries stratégies, et en particulier, tout ce qui concerne la santé, et une partie de l'économie, de l'industrie en particulier ?
BRUNO LE MAIRE
La réponse est oui, Philippe, c'est un sujet majeur, nous nous sommes engagés avec le président de la République à accélérer ces relocalisations, nous mettons beaucoup d'argent là-dessus, dans le cadre du plan de relance, et je vais vous dire, ça marche très bien. Nous avons eu des centaines de dossiers d'usines qui disent : écoutez, moi, je suis prêt à faire revenir telle ou telle production, simplement, il faut que vous m'aidiez à ouvrir une ligne de production, nous l'avons fait, nous avons beaucoup de demandes de PME ou d'entreprises de taille intermédiaire, industrielles, ça prouve qu'il y a une vraie attente ; ensuite, il faut le faire dans des secteurs qui sont effectivement stratégiques, où il y a création de valeurs, la santé, les principes actifs de médicaments en font évidemment partie.
YVES CALVI
Merci beaucoup Monsieur le Ministre en tout cas d'avoir répondu à nos auditeurs. Toutes nos excuses pour ceux qui n'auront pas pu passer, vous étiez nombreux à nous avoir appelés. Je rappelle ce chiffre que vous nous avez cité, il y a quelques instants, en année normale, on dénombre 50.000 faillites dans notre pays, et en 2020, avec le soutien de l'Etat, nous avez-vous dit, 35.000 faillites ont eu lieu. Nous sommes bien d'accord ?
BRUNO LE MAIRE
Nous sommes bien d'accord.
YVES CALVI
Bonne journée. Bon travail. Merci d'être venu sur RTL
source : Service d'information du Gouvernement, le 9 février 2021