Entretien de M. Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, avec LCP le 10 Février 2021 sur l'Union européenne et les vaccins contre le coronavirus.

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Média : LCP Assemblée nationale

Texte intégral

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R - Non, il faut démêler les sujets.

Q - Déjà, on va reprendre, point par point. La présidente de la Commission européenne a suivi le mandat que les 27 lui ont donné. Est-ce aussi un peu notre responsabilité ?

R - La responsabilité est toujours collective mais, parce qu'il faut être honnête et le plus précis possible, je veux que l'on identifie ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ou moins bien.

Moi, je crois, je défends, bec et ongles, et je crois dur comme fer à ce cadre européen, pas par idéologie, ou pas par illusion, mais parce que tout ce qui se passe aujourd'hui, et les difficultés sont essentiellement des difficultés de production, nous allons y revenir, elles ne seraient pas réglées par le fait de recourir à des procédures nationales. Il ne faut pas se tromper de débat.

Q - Certains pays le font, vous le savez, y compris au sein de l'Union européenne, certains pays le font. Ont-ils droit de le faire ? La Hongrie, par exemple, commande de son côté à la Russie du Spoutnik.

R - Un pays, la Hongrie. Soyons précis, on dit que par exemple, le Royaume-Uni a bénéficié du Brexit, il est " libéré du cadre de l'Union européenne " disent les détracteurs du cadre européen. Le Royaume-Uni a donné sa première autorisation au vaccin Pfizer-BioNTech, quelques jours, on ne parle pas de trois mois, quelques jours avant l'Union européenne, au mois de décembre, il a choisi une procédure nationale que l'on peut choisir, on est libre de choisir, en France ou en Allemagne, une procédure nationale qui était aussi une procédure d'urgence ; autrement dit, moi je l'assume de le dire ainsi, plus de risques, moins de précautions que nous.

Q - Pardonnez-moi de vous interrompre : on peut le faire, cela veut dire que si la France décidait de commander solo, elle ne serait pas empêchée ?

R - Il y a deux choses différentes.

Q - Je veux bien comprendre ce point.

R - Tout à fait, il y a l'autorisation sanitaire et scientifique, il y a un cadre européen, on recourt à une Agence européenne des médicaments qui donne une autorisation pour les 27 pays de l'Union européenne, c'est plus rapide que si vous aviez 27 autorisations. Mais si un pays choisit de demander à son autorité scientifique nationale de donner une autorisation dans son coin, il peut le faire.

Q - Et c'est ce qu'a fait la Hongrie ?

R - Non, ce n'est pas ce qu'a fait la Hongrie, c'est ce qu'avait fait le Royaume-Uni à l'époque de l'avant-Brexit, avant le 31 décembre 2020. C'est quand même important parce qu'ils avaient dit que " c'était grâce au Brexit ", or, le Brexit n'était pas intervenu.

Q - Mais pourquoi la Hongrie, par exemple, n'est-elle pas sanctionnée ?

R - Cela, c'est l'autorisation scientifique. Après, vous avez les commandes de doses, qui sont un sujet industriel. Pour les commandes de doses, la Hongrie a décidé dans son coin, c'est vrai, de commander des vaccins russes et chinois. Du coup, elle demande à son autorité scientifique elle-même de donner une autorisation.

Q - Elle l'obtient.

R - Elle l'obtient, mais elle l'a fait de manière, là aussi, urgente, et, à un moment, il faut quand même être honnête : la Hongrie bénéficie du cadre européen des vaccins et elle va commander, en plus, des vaccins.

Q - Le beurre et l'argent du beurre. Et nous alors, pourquoi ne le ferait-on pas ? Ne croyez-vous pas qu'il y a urgence également ?

R - Bien sûr qu'il y a urgence également, mais il faut le faire dans les conditions de sécurité. Pour le vaccin russe, on n'a pas fait de mauvaise politique, on n'a pas dit qu'il était exclu d'Europe, le Président de la République l'a dit la semaine dernière, la Chancelière allemande, Mme Merkel, l'a dit, la semaine dernière, dans les mêmes termes : si le vaccin russe candidate à l'Agence européenne des médicaments, il peut le faire, il va peut-être le faire, il sera examiné comme tous les autres, avec les mêmes critères scientifiques, pas plus pas moins. Et donc, il pourrait être disponible aussi en Europe. Nous n'avons pas de position politique qui exclurait un vaccin russe ou même un vaccin chinois, on a des critères strictement sanitaires.

Je veux dire une chose : ce qu'a dit la présidente de la Commission, je crois que c'est très important. D'abord, il y a peu d'endroits au monde, même dans les grandes démocraties, où l'on serait capable de faire un mea culpa sur quelques moins en direct.

Q - S'excuser, c'est reconnaître que l'on n'a pas forcément bien fait, vous le reconnaissez avec elle, d'une certaine façon ?

R - Qu'il y a des retards, oui.

Q - Pas seulement. Que dans la commande les choses ont été difficiles sur le prix, sur les obligations de résultats...

R - Il faut être précis sur ce point. Il y a un sujet sur lequel il y a eu un décrochage européen qui ne date pas d'hier, qui est un décrochage de plusieurs années, et même de plusieurs décennies, c'est notre recul dans l'industrie pharmaceutique. Nous avons sans doute, il faut le dire, y compris récemment mais cela date de plus longtemps encore, sous investi dans les capacités d'investissements, dans les capacités de recherches, nous n'avons pas comme les Etats-Unis, une agence européenne qui a des moyens financiers importants en matière de recherches médicales. Aux Etats-Unis, cela s'appelle la Barda, et qui aurait été capable de financer massivement les laboratoires dans la dernière phase de recherches, pour accélérer le développement du vaccin.

Q - Mais nous avons des recherches et des chercheurs européens, BioNTech est allemand. Vous comprenez par exemple, qu'il y ait des Allemands qui ne comprennent pas pourquoi les Américains ont des doses, alors que le vaccin a leur nationalité ?

R - D'abord, ce n'est pas exact. Le vaccin Pfizer, il est arrivé un peu plus en avance aux Etats-Unis. Mais l'endroit du monde où on a commandé le plus de doses de vaccins Pfizer, c'est l'Union européenne, et hier, nous avons signé un nouveau contrat avec Pfizer-BioNTech, qui nous permettra d'avoir, au total, 600 millions de doses pour l'Union européenne, BioNTech-Pfizer. C'est aujourd'hui le vaccin avec lequel on vaccine le plus les Français et les Allemands.

Q - Donc, on va monter en puissance pour rattraper ce retard ?

R - Evidemment. D'ailleurs BioNTech, qui est la startup qui a développé ce vaccin ARN messager, c'est une startup européenne, allemande, mais qui a été financée aussi par l'Union européenne. Sans l'Union européenne et cet investissement-là, nous n'aurions pas le vaccin à ARN messager. Donc, il faut aussi remettre les choses à leur juste place.

Q - Donc, on a la recherche mais on n'a pas les investissements qui vont avec.

R - Je pense à un point sur lequel on n'a pas été assez bons, pas assez forts, pas assez rapides, c'est l'investissement dans le développement du vaccin. Ça c'est clair, et il faut compenser cette carence européenne. Cela n'aurait pas été plus facile au niveau national. Qu'est-ce qui se serait passé si on avait fait au niveau national ? Chacun aurait négocié avec les laboratoires séparément. On aurait payé plus cher, pourquoi pas...

Q - C'est vrai que cette question-là, elle est difficilement entendable, le prix. Les Israéliens ont payé au prix fort. On dépense des milliards et des milliards pour soutenir l'économie. Pourquoi, au fond, on n'a pas payé, nous aussi, au prix fort, le Pfizer par exemple, au niveau européen ? On aurait pu négocier des obligations de résultat dans les contrats, pour ne pas avoir à se mettre dans la file d'attente des retards.

R - Non, je voudrais préciser, ce n'est pas cela qu'il se passe. D'abord, comparons avec la totalité de la situation, la totalité de l'image. En Israël, j'insiste sur ce point, c'est un petit pays qui a un avantage parce qu'il a négocié d'un coup un contrat, il demande en fait peu de doses au total pour sa population...

Q - Mais il paye au prix fort.

R - On ne sait pas exactement combien il a payé, il a sans doute payé plus cher que nous, mais ce n'est pas tellement le sujet. On aurait été prêt à payer plus cher si cela avait été plus rapide. Mais ce n'est pas cela le sujet. Le sujet c'est la production, le rythme de production en Europe. C'est pour cela que je parlais des investissements industriels qui, dans la durée, ont été insuffisants en Europe. On rattrape aujourd'hui à marche forcée, et c'est déjà un exploit de pouvoir augmenter si vite nos capacités de production en Europe. Israël a fait un choix, il faut quand même dire aux Français et aux Européens toute l'information : ils ont décidé de faire un deal avec Pfizer. Ils payent peut-être plus cher, mais à la limite ce n'est pas le sujet central, pour avoir des doses rapidement et en donnant leurs données médicales de la population vaccinée au laboratoire Pfizer.

Q - Vous pensez qu'on n'était pas prêt à cela, nous, en France ?

R - Je ne pense pas qu'en France, ou en Allemagne, en Europe, les citoyens...

Q - Et vous-même ? Vous seriez prêt, vous-même, à porter cela ?

R - Non, parce que je pense que la protection des données, les précautions médicales que l'on prend, c'est important. Quand vous regardez le Royaume-Uni, oui, ils vont plus vite, effectivement. Mais, ils ont fait des choix, ils ont mis tous les curseurs au maximum du risque scientifique et sanitaire. Nous, notre autorité de santé nous dit sur le vaccin AstraZeneca, et c'est la même recommandation en Allemagne : il ne vaut mieux pas l'utiliser pour les personnes de plus de 65 ans. Il y a un débat scientifique manifestement...

Q - Oui, l'OMS dit le contraire aujourd'hui.

R - D'accord, mais imagine-t-on que le ministre de la santé irait sur les plateaux en disant : La Haute autorité de santé, française, indépendante, nous a dit "ce n'était pas raisonnable de le faire pour les personnes de plus de 65 ans ", on le fait quand même pour aller plus vite, je pense que tout le monde aurait dit que ce n'est pas prudent. Donc, il faut regarder l'ensemble de la situation. Et j'insiste là-dessus, il y a des problèmes, disons-le, de production et de livraison ; nous accélérons, nous aurons quatre sites de production français qui seront mobilisés dès la fin du mois de février, mais ce n'est pas le sujet du cadre européen, j'insiste là-dessus.

Q - Très bien. Mais justement, on veut savoir si on va avoir des sites, on nous promet des usines, pour l'instant on ne sait pas si c'est vraiment produire le vaccin non flaconné, s'il y a une montée en puissance sur le calendrier. Avant de parler de la production, revenons sur les contrats. Vous avez entendu Yannick Jadot. Il y a 80.000 morts en France, il y a des citoyens qui s'impatientent, et plus de retard on a avec les vaccins, moins de vies on sauve. Cela, c'est une réalité. Donc, ces contrats, est-ce qu'on va pouvoir les voir ? Est-ce qu'au fond, quand Yannick Jadot et les eurodéputés verts demandent d'envoyer, comme le dit Yannick Jadot, la présidente de la Commission européenne devant la Cour de justice européenne, il a raison ?

R - Non, c'est grotesque. Vous parlez des morts et des gens qui attendent le vaccin avec impatience, vous, moi, tout le monde, et est-ce que franchement, ce qu'ils attendent c'est que l'on fasse un recours devant la Cour de justice ? Cela va sauver quelles vies ? Aucune. Donc, c'est de la polémique de plateaux de télévision et ce n'est pas le job que doit faire M. Jadot en tant que député européen...

Q - Pour avoir la transparence sur les contrats ?

R - La transparence sur les contrats, c'est très important. C'est la France qui l'a demandée. Si aujourd'hui, M. Jadot devrait le savoir en tant que député européen, et plutôt que d'en parler et de faire des recours qui mettront deux ans, au mieux, il ferait mieux d'aller lire les contrats, les députés européens ont accès, dans une salle de lecture, il y a des secrets industriels, c'est normal, à protéger, y compris pour nos députés européens...

Q - Mais ces députés répondent que toutes les données sensibles sont biffées ?

R - Alors, je dis deux choses. D'abord, on a franchi cette étape. Les contrats sont disponibles, trois déjà, à la lecture des députés européens avec un certain nombre d'informations, peut-être trop...

Q - Peut-être pas assez ?

R - Peut-être trop d'informations biffées. Donc, nous l'avons demandé, la France, à la Commission européenne et je le redis, essayons d'aller plus loin dans la transparence. Nous avons demandé, et j'ai écrit, avec mes collègues du gouvernement, à la Commission européenne, dès le mois de décembre, nous avons demandé qu'il y ait une évaluation indépendante de tous les contrats conclus avec les laboratoires : six contrats aujourd'hui signés par l'Union européenne avec l'ensemble des laboratoires.

Q - La transparence, plus loin, cela veut dire quoi ? Qu'on ait les contrats accessibles à tous ?

R - Absolument, accessibles à tous. Mais je vais vous dire, il ne faut pas faire de démagogie. Il faut faire de la vraie transparence. Si je mettais le contrat sur la table avec peut-être des centaines de pages, ni vous, ni moi, ne serions capables de dire si c'est un bon ou un mauvais contrat. D'abord, on ne connaît pas les autres contrats passés avec d'autres pays dans le monde. Il faut comparer, si on veut parler des prix, des délais de livraison. Et puis surtout, un bon prix, on ne sait pas ce que c'est dans l'absolu. Il faut vérifier en fonction de l'investissement...

Q - Mais ce serait peut-être un peu plus démocratique aussi, vu l'ampleur de la crise sanitaire ?

R - Tout à fait. Nous avons demandé, j'ai demandé en particulier, et c'est comme ça que cela a été déclenché, cet accès des députés européens aux contrats. On doit aller plus loin dans la transparence faite aux députés européens. Première chose.

Q - C'est-à-dire précisément ?

R - Cela veut dire que l'on raye moins de choses dans les contrats. Cela, c'est une discussion. Au Parlement européen, Pascal Canfin et d'autres, mènent ce combat. Ils ont obtenu des avancées, par exemple, toutes les livraisons de doses sont maintenant publiées, la France a été le premier pays à le faire. Donc, nous mettons nous-mêmes de la transparence. Nous demandons à l'Union européenne de faire davantage. C'est un beau combat que doivent mener les députés européens de manière efficace et pas polémique.

Deuxième chose, je pense que sur ces contrats, il faut lancer une évaluation indépendante, objective, du type " Cour des comptes " ou " Cour des comptes européenne ", cela existe, pour regarder si l'on a bien défendu nos intérêts de consommateurs et de clients, de citoyens, de personnes protégées sur le plan scientifique et sanitaire, parce que, encore une fois, un contrat, cela s'évalue, c'est compliqué, donc il faut cet exercice démocratique devant les députés européens, et un exercice plus technique, si je puis dire, d'évaluation indépendante. C'est la France qui l'a obtenu et nous souhaitons aller plus loin. Donc, oui, plus de transparence, mais faisons le de manière utile et pas avec un recours devant la Cour de justice qui ne sert à rien.

Q - Sur la production, maintenant, des vaccins, le Président de la République a tapé du poing sur la table, il y a quatre laboratoires qui vont produire, alors, on ne sait pas très bien ce que cela veut dire " produire " : est-ce que c'est simplement enflaconner, est-ce que c'est recevoir la formule, et avoir des palettes dans des usines ? Expliquez-nous, déjà, ce que l'on va produire en France, et à quelle échéance.

R - Alors, je le dis, parce que c'est très important, le sujet concret, si l'on essaie de trouver des solutions pour accélérer, c'est de produire plus vite, et c'est d'augmenter nos capacités de production, et c'est de mobiliser l'ensemble des industriels sur ce point. C'est ce que l'on fait, avec ma collègue Agnès Pannier-Runacher en particulier, c'est ce qu'a fait le Président de la République en réunissant tous les acteurs. Il y a quatre sites de production en France, à partir de début mars, fin février, début mars, qui vont être mobilisés, pour faire ce que l'on appelle les dernières étapes, ces flaconnages, c'est un peu plus que cela, ce n'est pas produire le vaccin directement, mais ce sont les dernières étapes, et cela permet d'accélérer la production des doses, et donc leur livraison, en France et en Europe.

Q - Vous vous souvenez d'Emmanuel Macron qui avait eu, lors du COVAX, ces mots : il faut faire du vaccin un bien commun de l'humanité. L'enflaconnage, on en est loin. Pourquoi ne pas mettre en place un système de licence obligatoire qui permettrait à d'autres usines, d'autres labos, dans le monde entier, de fabriquer du Pfizer ?

R - D'abord, le sujet n'est pas la question de la licence générale, le sujet, c'est la capacité industrielle dans les usines de production. C'est cela que l'on mobilise. Sur ce sujet précis...

Q - Si l'on faisait des licences obligatoires, on ne pourrait pas fabriquer des choses ?

R - Cela ne changerait pas, parce que l'on mobilise toutes les capacités de production disponibles et on les accroît.

Q - D'accord.

R - Le commissaire européen Thierry Breton, qui s'occupe de l'industrie, français, est en charge d'augmenter les capacités de production...

Q - Ce n'est pas qu'une question de brevet, c'est une question aussi d'adaptation des usines ?

R - C'est très important, effectivement, c'est une question de capacité physique de production. J'ajoute d'ailleurs un point, parce qu'il ne faudrait pas laisser croire des choses fausses, que par rapport à nos prévisions de vaccination que l'on avait annoncées au mois de décembre, on est en avance. Donc, je veux dire que les retards de livraison, ils sont par rapport à des attentes que l'on avait, - la Commission l'a dit ce matin -, qui étaient un peu optimistes. Essayons de les corriger, de les améliorer, mais ce n'est pas un sujet de brevet, en tout cas.

Q - On aura quand même cent millions de doses au premier trimestre, c'est moitié moins que prévu dans les contrats.

R - Pour un vaccin, AstraZeneca, ce sera sans doute moitié moins au premier trimestre, mais nous accélérerons au deuxième trimestre, et donc, il faut être clair avec les gens, et transparent : c'est les mois de février et de mars qui seront les plus difficiles. Et la production sera beaucoup plus forte au deuxième trimestre 2021. Nous nous donnons tous les moyens pour accélérer les capacités de production et de livraison.

Q - Qu'est-ce que vous dites aux plus de 75 ans, qui, février, mars, auraient pu être vaccinés et vont peut-être attendre un vaccin ? Ils le seront ?

R - Ils vont l'être. Nous avons dû décaler quelques milliers de rendez-vous, et je sais que c'est douloureux et désagréable, - je l'ai connu dans ma famille -, décaler quelques rendez-vous. Nous avons essayé de les reprogrammer le plus vite possible. Mais par rapport au rendez-vous qui a été pris, tout est honoré, et nous accélérons, par rapport à ce qui était prévu, au début du mois de décembre. Nous avons prévu un million de personnes vaccinées fin janvier, on a fait 1,5 million en France, et on dépassera la cible de 2,5 millions à la fin du mois de février. Donc, je crois que, bien sûr, nous sommes tous impatients, il y a des personnes âgées dans nos familles qui nous écoutent, encore plus, mais il n'y a pas, j'insiste, de décalage. On n'a pas mis en danger des rendez-vous qui avaient été pris il y a quelques jours difficiles, on a négocié avec AstraZeneca en particulier, pour accélérer. On va cibler des personnes qui n'ont pas plus de 75 ans, ou plus de 65 ans, parce que l'on nous dit que le vaccin AstraZeneca est moins efficace pour ces personnes...

Q - Donc, on reste prudent

R - ...et on utilise les vaccins existant, Pfizer, Moderna, pour les personnes de plus de 75 ans, et on accélère leur livraison.

Q - Un petit mot sur la suite puisque l'on espère une montée en puissance de la stratégie vaccinale. Vous faites partie des quatre ministres autorisés à s'exprimer sur la crise sanitaire. Le scénario d'un reconfinement est derrière nous ? On va y échapper ?

R - D'abord, ce n'est pas pour me défausser, mais chacun doit s'exprimer sur ce qu'il connaît. Moi, je m'occupe du cadre européen de vaccination, donc, je n'aime pas les gens qui s'expriment à tort et à travers sur les questions du confinement. Le ministre de la santé l'a redit hier, il y a une stratégie qui a été définie par le président qui est d'éviter ce reconfinement, en donnant à chacun une part de la solution et de la responsabilité. Nous avons fait déjà tous des efforts difficiles : couvre-feu, ce n'est pas facile, et des activités qui sont restreintes ou fermées, on le voit dans le secteur de la culture. C'est douloureux, c'est difficile, on reste là-dessus, et puis, on regarde, en fonction de la situation. Pour l'instant, elle reste maîtrisée. Je crois qu'il n'y a pas de raison de changer de pied.

Q - Merci, Clément Beaune.

R - Merci à vous.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 février 2021