Texte intégral
Monsieur le Président du Conseil de sécurité,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Je tiens tout d'abord à remercier le Royaume-Uni d'avoir organisé cette réunion. Je remercie également le Secrétaire général, ainsi qu'Henrietta Fore, Seth Berkeley et Jagan Chapagain pour leurs présentations.
L'adoption le 1er juillet 2020 de la résolution 2532 à l'initiative de la France et de la Tunisie avait marqué un moment important de notre mobilisation contre la pandémie de COVID-19. Nous devons poursuivre nos efforts.
A cet égard, je voudrais rappeler que la cessation des hostilités est une condition indispensable pour lutter efficacement contre la pandémie. En dépit de certains progrès, nous l'avons vu, la situation reste très instable dans de nombreux pays.
Je tiens à saluer le travail remarquable des casques bleus dans des conditions extrêmement difficiles. Nous devons, plus que jamais, soutenir les opérations de maintien de la paix. Nous devons également réfléchir à la manière de prendre en compte les personnels des opérations de maintien de la paix dans les stratégies de vaccination.
Un accès humanitaire sûr et sans entraves est également nécessaire pour faciliter le déroulement des campagnes de vaccination contre la COVID-19. La pandémie s'est accompagnée d'une hausse des attaques contre les personnels humanitaires et médicaux, ce qui est inacceptable. Les auteurs de ces crimes devront répondre de leurs actes devant la justice.
La réunion d'aujourd'hui doit être aussi l'occasion d'évoquer la solidarité internationale dans la lutte mondiale contre la pandémie de COVID-19. Elle est une condition sine qua non d'une réponse efficace à la crise.
Pour la France, la vaccination contre la COVID-19 doit être considérée comme un bien public mondial, afin d'assurer un accès équitable et universel au vaccin, comme la communauté internationale l'a affirmé lors de la dernière Assemblée mondiale de la santé.
Le soutien au multilatéralisme en santé est essentiel pour l'emporter face la pandémie. Nous devons réaffirmer le rôle central de l'OMS, seule organisation universelle en santé, dans la gestion de la crise. Nous devons aussi apporter notre plein soutien à l'initiative ACT-A, dont la France a été à l'origine, avec l'OMS et la Commission européenne, afin de favoriser le développement, la production et l'accès équitable et universel aux outils de lutte contre la COVID-19. C'est pourquoi nous soutenons l'initiative britannique d'une résolution du Conseil de sécurité.
L'accès mondial au vaccin sera un test pour un nouveau multilatéralisme réunissant à la fois les Etats et les entreprises. Nous devons encourager les partenariats de production entre entreprises pour relever dès que possible le défi des pénuries de vaccins.
Nous devons aussi garantir que les vaccins soient sûrs et efficaces, validés par des autorités de régulation compétentes et reconnues, dont le processus de pré-qualification est garant de l'efficacité et de l'innocuité des produits. L'OMS joue ce rôle, là où de nombreux Etats ne disposent pas de l'expertise nécessaire.
La facilité COVAX est mobilisée pour répondre aux besoins. Cette facilité placée au sein d'ACT-A est pilotée par Gavi, l'Alliance du vaccin, en collaboration avec l'OMS. Soutenue depuis sa création par la France et l'Union européenne, la facilité COVAX a sécurisé, pour 2021, l'accès de 92 pays à bas revenu et à revenu intermédiaire à 1,7 milliard de doses, sur un total de 2,3 milliards de doses pour 191 pays. Ce mécanisme permettra de garantir une allocation équitable de vaccins sûrs qui seront administrés selon les recommandations de l'OMS. Il est essentiel que l'accès au vaccin se fasse sur la base d'un cadre légitime défini par l'OMS, et non selon la loi du plus fort.
C'est pourquoi l'Union européenne soutient COVAX et y contribue à hauteur de 853 millions d'euros. Cette question de solidarité et d'accès équitable et universel est au coeur de la charte pour l'accès équitable aux produits de santé COVID-19 que la France promeut et qui a été adoptée par les membres du conseil d'ACT-A le 9 février dernier.
La facilité COVAX prend aussi en compte les difficultés des zones de conflits avec la sécurisation de doses dans le cadre d'une réserve humanitaire.
La France souhaite aussi renforcer la solidarité internationale dans l'accès au vaccin contre la COVID-19 à travers la mise en place d'un mécanisme communautaire de dons de doses, aux côtés de ses partenaires de l'Union européenne.
Enfin, nous devons accroître nos efforts pour renforcer les systèmes de santé dans les Etats les plus fragiles, en particulier en Afrique. Sans systèmes de santé résilients qui permettent de maintenir et améliorer l'accès effectif à des services de santé de qualité, nous ne pourrons pas combattre le virus. La France est mobilisée notamment au travers de l'aide bilatérale en santé qu'elle apporte aux pays africains touchés par la pandémie.
Plus que jamais, nous devons soutenir le système multilatéral, en premier lieu les Nations unies, afin que la réponse mondiale à la crise sanitaire se fasse sur la base des valeurs qui sont au coeur du système international : solidarité internationale, coopération et responsabilité.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2021