Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Sarah EL HAIRY, bonjour.
SARAH EL HAIRY
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Secrétaire d'Etat à la Jeunesse et l'Engagement. La jeunesse a été marquée par une triste actualité ces derniers jours, deux adolescents morts dans des rixes en Essonne, des drames liés à ce qu'on appelle le phénomène des bandes. Que peut faire un ministère comme le vôtre ?
SARAH EL HAIRY
Ce qui est certain c'est que le phénomène des bandes aujourd'hui n'est pas nouveau, ça va faire 50 ans que ça existe et que des jeunes sont dans ces rixes comme on appelle. Par contre ce qui est nouveau, c'est l'arrivée des réseaux sociaux et donc de la facilité d'organisation de ces rixes, voire l'utilisation des outils cryptés, des messageries cryptées qui permettent un peu moins d'identifier plus vite la rixe. Aujourd'hui notre engagement, c'est évidement d'accompagner les territoires où il y a ces bandes pour les sécuriser, et c'est pour ça que Gérald DARMANIN, ministre de l'Intérieur s'est rendu tout de suite sur place et a renforcé les forces de sécurité, mais également de faire une sorte de cordon sanitaire autour de ces enfants parce que ce sont des enfants et aujourd'hui ces bandes vont jusqu'à la mort, c'est pour ça que c'est quand même un mort de 14 ans, c'est un enfant.
CHRISTOPHE BARBIER
Et le cordon sanitaire, c'est surveiller les réseaux sociaux, c'est aider les enseignants, c'est permettre des interventions rapides ?
SARAH EL HAIRY
C'est les trois choses à la fois. C'est évidement des interventions rapides. C'est évidemment accompagner et éduquer les enfants sur l'utilisation des réseaux sociaux et la nécessité de ne pas aller sur ces outils cryptés, mais surtout j'ai envie de dire, le plus important, c'est de leur créer un dénominateur commun. Aujourd'hui quand tu vas dans une bande, tu vas chercher une communauté, tu vas chercher quelque chose que tu ne trouves pas ailleurs, que tu ne trouves pas dans ta famille ou que tu ne trouves dans ton collectif. Aujourd'hui notre promesse, aujourd'hui notre engagement c'est que ce dénominateur ce soit la France, la République, autre chose et certainement pas un effet de bande.
CHRISTOPHE BARBIER
Et ça, ça peut être le service national universel, on va en reparler. Un mot sur le grand désarroi qui frappe la jeunesse pendant cette pandémie, est-ce qu'à votre poste vous avez une vision claire des dégâts psychologiques qui sont en train d'être causé par les confinements, les cours hachés, la scolarité perturbée ?
SARAH EL HAIRY
Vous savez Monsieur BARBIER, ça va faire 11 mois maintenant que notre jeunesse, elle vit entre le confinement, le couvre-feu, en tout cas elle vit avec cette pandémie. Les conséquences, elles sont multiples, elles sont économiques, elles sont sociales, elles sont sociétales, elles sont morales et même sur la question morale aujourd'hui toutes les jeunesses ne sont pas armées de la même manière face à ça. Très concrètement vous avez une jeunesse qui est aujourd'hui en alternance ou travaille et celle-là elle garde quand même ce lien où elle peut continuer à aller dans l'entreprise une fois par semaine, deux fois par semaine ou une semaine sur deux. Vous avez une jeunesse qui aujourd'hui est jeune parent et qui est plutôt dans, comment j'accompagne mon enfant dans cette crise sanitaire ? Par contre il y a une jeunesse étudiante, universitaire pour le coup qui celle-là vit huit heures neuf heures, dès fois plus de cours derrière un ordinateur sept jours sur sept, c'est pour celle-là qu'on a accéléré sur les protocoles à l'université. C'est pour celle-là qu'on est revenu sur les repas quasiment en présentiel dans les restaurants universitaires, mais ce qui permet de casser, de fracturer et même de remettre de l'élan pour cette jeunesse, c'est aujourd'hui les nouveautés qu'on propose pour rompre l'isolement. Concrètement monsieur BARBIER, c'est l'engagement par le service Civic, c'est plus de solidarité intragénérationnelle, ça veut dire entre jeunes, entre eux. Moi j'ai vu à Rouen, à Bordeaux des jeunes s'engager dans l'AGORAé, c'est les épiceries solidaires des universitaires. J'ai vu à Saint-Marcellin des jeunes qui vont aller s'engager et travailler dans co-working parce que les collectivités ouvrent des espaces de co-working pour faire du co-learning, c'est-à-dire apprendre ensemble même dans un lieu qui n'est pas l'université. Mais la réponse elle doit être rompre l'isolement pour retrouver de l'énergie, du moral, leur donner le cap, c'est-à-dire que notre pays il n'est pas à genou Monsieur BARBIER, notre pays, il tient, il tient dans cette crise sanitaire mais surtout il tiendra économiquement derrière.
CHRISTOPHE BARBIER
On a mis en place aussi le chèque psy pou ces jeunes étudiants.
SARAH EL HAIRY
Tout à fait.
CHRISTOPHE BARBIER
Ça fait un mois, est-ce que vous avez déjà un bilan, combien y ont eu recours ?
SARAH EL HAIRY
Aujourd'hui je n'ai pas le chiffre de combien y ont eu recours, par contre le chèque psy vient répondre à cette jeunesse qui a un besoin médical d'accompagnement parce qu'on peut lutter contre l'isolement avec de l'écoute. J'ai eu beaucoup d'associations, je suis allée voir (inaudible) d'ailleurs une super association parisienne qui écoute, c'est des jeunes qui écoutent d'autres jeunes, donc en fait ils comprennent leur quotidien et ça permet de ne pas se sentir seul. Par contre sur le chèque psy, c'est vraiment comment un jeune n'aura jamais un frein pour entrer dans notre pays d'accès au psy, pourquoi ? Parce que ça coûte cher monsieur BARBIER. Ça coûte cher et donc aujourd'hui le président de la République a voulu quelque chose de très simple, un jeune va au CROUS ou peut télécharger, parce que ça aussi beaucoup de jeunes ne le savent pas, il peut télécharger une liste de médecins qui sont conventionnés d'une certaine manière, ces médecins généraux vont donner l'ordonnance pour aller voir des psys sans avancer aucun frais et donc du coup, ça permet d'accompagner médicalement par des professionnels les conséquences psychologiques de la Covid.
CHRISTOPHE BARBIER
Le service national universel continue sa croissance, alors est-ce que vous pouvez tenir la promesse de sa généralisation à tout le territoire et l'objectif 2021 qui était de 150.000 jeunes en SNU ?
SARAH EL HAIRY
L'objectif 2021 monsieur BARBIER est de 25.000 jeunes, 25.000 jeunes cette année en service national universel. Plus que jamais nous en avons besoin, on a parlé des rixes ce matin, aujourd'hui notre jeunesse elle ne se croise plus monsieur BARNIER, elle a besoin d'un temps collectif, d'un temps commun, où quel que soit ton territoire, que tu sois d'Aurillac ou du 7ème arrondissement, de Nantes chez moi ou que tu sois du coup de l'Isère ou de l'Essonne, que tu puisses à un moment ou un autre voir des jeunes qui sont différents de toi, les comprendre, créer un sentiment d'unité. Et ce service national universel, il a cette vocation là parce que concrètement c'est quoi, il y a plein de gens monsieur BARBIER qui ne savent pas ce que c'est, c'est quinze jours de séjours de cohésion encadrés par des militaires, par des corps en uniforme, des enseignants et le monde associatif donc des éducateurs, ce qu'on appelle des éducateurs spécialisés ou des animateurs. Pendant quinze jours, ils sont ensemble les jeunes, ils ont entre 15 et 17 ans, et puis quinze jours d'engagement, d'engagement dans les corps en uniforme ou dans les associations pour la planète, pour les collectivités. D'ailleurs tout à l'heure je vais à Orléans pour aller voir des jeunes en SNU chez les pompiers. Ces deux temps-là monsieur BARBIER, ils permettent d'unir et de renforcer la République dans une période où elle est divisée, où elle est fracturée, de créer un souvenir commun et donc comment je fais pour atteindre les 25.000 jeunes ? Eh bien aujourd'hui nous sommes en pleine campagne de recrutement, d'ailleurs toutes les personnes qui souhaitent regarder d'aller sur SNU.GOUV.FR, c'est le site du gouvernement qui permet de s'inscrire et il y a un point monsieur BARBIER que beaucoup de gens ne savent pas, ça ne coûte pas un euro aux familles, pas un euro parce que c'est la solidarité nationale, c'est un engagement fort du président de la République, c'est 63 millions d'investis mais pas un euro aux familles parce que ce ne sera jamais un élément qui exclura.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'il ne serait pas, pour ces jeunes, nécessaire, est-ce qu'ils ne le méritent pas, qu'on les vaccine en priorité ? Les jeunes ne sont pas en priorité dans la liste des vaccins, mais ceux-là vont se réunir, travailler ensemble, se dévouer, ils mériteraient peut-être d'être vaccinés.
SARAH EL HAIRY
Vous savez, monsieur BARBIER, l'esprit et la volonté, le cap que l'on a pris sur la politique vaccinale, a toujours été le même : d'abord, on vaccine ceux qui en meurent, et aujourd'hui il y a encore des morts de la Covid dans notre pays. Ensuite, évidemment, ceux qui protègent, et donc c'est les soignants, c'est ceux qui sont en toute première ligne évidemment les jeunes seront vaccinés, au moment où ça sera leur tour, c'est-à-dire au plus tard à l'été, et c'est l'espoir, il n'y a même pas quelques mois monsieur BARBIER, on n'imaginait même pas avoir un vaccin, et c'était la discussion générale dans notre pays. Aujourd'hui nous l'avons, aujourd'hui ils en meurent mois, mais ça c'est le plan, d'abord ceux qui en meurent, et ensuite petit à petit tout le pays jusqu'à l'été.
CHRISTOPHE BARBIER
Les épreuves de spécialité au baccalauréat ont été remplacées par le contrôle continu, là, dans ce printemps. La philo et le grand oral, qui eux sont prévus en juin, on est sûr de pouvoir les tenir ou ?
SARAH EL HAIRY
Vous savez, le plus important c'est que nos jeunes, toute l'énergie qu'ils ont mise dans leur bac, dans la préparation de leur bac, dans leurs examens, soit respectée. Aujourd'hui on tiendra tout ce qu'on pourra, et on s'adapte. Et d'ailleurs l'école, c'est là où c'est la fierté française, n'a… c'est celle qui a le moins fermé dans toute l'Europe. Pourquoi ? Parce qu'on croit que l'éducation, c'est cette arme qui est la plus utile, qui est la plus nécessaire. S'il y a l'essentiel des essentiels, c'est l'école et évidemment les protocoles, et d'ailleurs le corps pédagogique très largement s'est adapté, s'adapte énormément, je suis sûre qu'on trouvera les voies et moyens pour que ça se tienne.
CHRISTOPHE BARBIER
Selon un sondage Odoxa publié par Le Figaro, 69 % des Français considèrent qu'il y a un problème avec l'islamo-gauchisme, (coupure son/ondes brouillées 11 secondes )…
SARAH EL HAIRY
Moi je suis d'abord et avant tout un grand défenseur de la République, d'abord un grand défenseur de la République, d'abord un défenseur du pacte qui est le nôtre, c'est-à-dire la France, ce qui nous unit, les valeurs, la laïcité…
CHRISTOPHE BARBIER
Mais il faut être vigilant sur l'islamo-gauchisme.
SARAH EL HAIRY
Evidemment monsieur BARBIER ! Quand vous voyez que notre pays aujourd'hui, on a des professeurs qui se font décapiter dans la rue, en pleine journée. Quand dans notre pays on a des attaques d'islam radical, de l'intérieur de notre pays et de l'extérieur. Quand on fait une loi de lutte contre les séparatismes, qui a vocation à renforcer les principes républicains, notre vivre ensemble. Quand notre pays se dote de nouveaux outils préfectoraux, de nouveaux outils pour lutter contre aujourd'hui l'islamisme radical sur internet, évidemment qu'on se dote de moyens, et plus que jamais, plus que jamais il faut lutter, lutter contre ce qui nous divise, mais partout, partout, et quand je dis partout, c'est à l'école, c'est à l'université, c'est dans les services publics.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc il est assez légitime de regarder ce qui se dit à l'université et regarder les sujets de recherche.
SARAH EL HAIRY
Mais monsieur BARBIER, évidemment qu'il faut, tout ce qui nous permettra de renforcer ce qui nous unit, tout ce qui permettra de lutter contre ceux, mais ceux qui volontairement, il faut quand même le concevoir, qui volontairement, qui intellectualisent le fait de fracturer notre pays, évidemment qu'on luttera contre eux, évidemment qu'on ira les chercher là où ils sont et qu'on ne les laissera pas tranquilles. Et ça c'est partout monsieur BARBIER, que ce soit dans une entreprise qui a une délégation de service public, que ce soit aujourd'hui dans les associations qui des fois sont dévoyées, parce qu'il y a cette volonté de la part de ceux qui veulent nous fracturer, d'aller nous chercher, d'aller diviser ce qu'on est. On est quoi, on est un pays qui est uni, qui ne regarde pas d'où vous venez, votre origine ou votre religion, sauf que eux, ils veulent…
CHRISTOPHE BARBIER
Des ministres, des élus de la République En Marche ont publié une tribune pour dire : bon, il faut sortir par le haut, il ne faut pas cliver à nouveaux le pays autour de ce thème de l'islamo-gauchisme. Ils sont attaqués ce matin par un autre député la République En Marche, proche de Manuel VALLS, Francis CHOUAT, qui dit : c'est de la bouillie intellectuelle. Il n'y a pas de colonne vertébrale dans la majorité sur ce sujet, il faut lutter plus fort. Vous le comprenez ?
SARAH EL HAIRY
Il y a une lutte, celle qui protège et qui défend la République, celle qui défend la France dans son unité. Cette lutte elle est réelle et elle unit toute la majorité, quel que soit le lieu, que vous soyez à l'Assemblée nationale, que vous soyez au gouvernement, que vous soyez du MoDem ou que vous soyez de la République En Marche. Pour une raison toute simple, monsieur BARBIER, c'est l'essentiel qui est attaqué. Par contre, là où cette lutte est nécessaire, et elle doit être collective, ce n'est ni une lutte de droite, ni une lutte de gauche. Quand c'est notre pays, quand c'est l'histoire même de ce qui nous fonde, qui est attaqué, vous pensez vraiment qu'il est temps de faire du timoré ou du mijaurée ? Quand aujourd'hui des hommes politiques dans notre pays, qui ont été aux responsabilités, je pense à des gens comme Jean-Luc MELENCHON, qui ont été des grands laïcs, des grands défenseurs de la République, à une époque où il tenait des motions au parti socialiste, aujourd'hui s'acoquinent, mettent de la tiédeur dans leurs propos, aujourd'hui ne sont pas à la hauteur. Et quand je dis qu'aujourd'hui il y a des gens qui souhaitent, il faut le nommer, c'est l'islamisme radical, qui à l'intérieur mais aussi à l'extérieur nous attaquent, je comprends cette vivacité, je comprends ce panache, parce qu'évidemment on le porte et parce que c'est un combat, et celui-là vous me trouverez toujours présente pour le mener, celui-là il faut continuer à le tenir, quel que soit le lieu, quel que soit l'endroit.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous aviez vous-même diligenté une enquête sur la fédération des centres sociaux, après des incidents qui avaient marqué une visite à Poitiers auprès de jeunes, est-ce que vous avez eu les résultats de cette enquête ?
SARAH EL HAIRY
Ecoutez, cette enquête elle est sur sa conclusion, elle sera évidemment dans quelques semaines rendue, expliquée et évidemment mise en lumière. Mais l'élément essentiel, et je crois que c'est le premier et c'est la promesse des la République qui est la nôtre, c'est un cordon sanitaire autour de nos enfants. Rien, aucune énergie ne sera vaine si c'est pour protéger les enfants, en renforçant les outils des enseignants, en renforçant le contrôle dans les associations qui accueillent nos propres enfants, mais aussi à l'extérieur, en accompagnant les parents. Parce que le pire, monsieur BARBIER, c'est que nos enfants, ils n'entendent pas les mêmes choses quand ils sont à l'école, dans l'association, qu'elle soit sportive ou culturelle, ou quand ils rentrent à la maison.
CHRISTOPHE BARBIER
Vous êtes du MoDem, le candidat MACRON avait promis la proportionnelle. Est-ce qu'il faut l'instaurer malgré le peu de temps qui reste d'ici les législatives de l'an prochain ?
SARAH EL HAIRY
Ça ne va pas vous étonner monsieur BARBIER, moi je suis effectivement au Mouvement démocrate, et avec François BAYROU, dès 2017, nous avons évidemment dans cette alliance avec, dans le pacte présidentiel, porté la proposition de la proportionnelle. Mais pourquoi ? Parce que notre pays a besoin de confiance, parce qu'aujourd'hui nous avons besoin de plus de représentativité dans nos institutions, mais la proportionnelle aujourd'hui est le projet du président de la République, c'est ce que nous avons porté aux législatives, c'est ce que nous avons porté avec lui. Aujourd'hui c'est une des voix, un des moyens pour avoir une démocratie vivante et riche, monsieur BARBIER.
CHRISTOPHE BARBIER
Sarah EL HAIRY, merci et bonne journée à Orléans.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2021