Texte intégral
Q - On commence par la crise sanitaire, Jean-Baptiste Lemoyne, et le confinement à Dunkerque qui est donc prolongé pour trois week-ends supplémentaires, alors qu'il n'est pas envisagé en Ile-de-France a dit Jérôme Salomon, bien que la situation sanitaire soit aussi tendue, en Ile-de-France. Où est la logique du Gouvernement ?
R - Vous savez, ce sont des approches très territoriales. On met en place en Ile-de-France d'autres types de mesures. Effectivement, il y a une tension hospitalière importante, mais il y a un fonctionnement qui se fait aussi en harmonie avec les systèmes hospitaliers dans l'Ouest de la France, avec transfert de certains patients. Encore une fois ce qu'on voit, c'est que le couvre-feu, il faut le respecter, naturellement, il faut tout respecter et je veux rendre hommage aux Français parce qu'ils font leurs meilleurs efforts. On leur a demandé de tenir encore quatre à six semaines, jusqu'à la mi-avril parce qu'à la mi-avril, c'est vrai qu'il y a cet objectif des 10 millions de vaccinés et, à ce moment-là, je crois que l'on peut envisager la vie différemment parce que, on le voit, les plus fragiles, les plus âgés seront protégés.
Q - On va en reparler mais est-ce que juste ce sont des contraintes économiques ? C'est l'économie qui pousse le Gouvernement à ne pas reconfiner l'Ile-de-France plus que le sanitaire ?
R - Non. Vous savez, il n'y a pas l'économie devant tout. Il y a avant tout la protection des vies et, encore une fois, je crois que l'on fait tous le maximum, tout le monde se retrousse les manches. Regardez le coup d'accélérateur à la vaccination, partout sur le territoire, en Ile-de-France comme ailleurs. Des doses supplémentaires ont été envoyées également dans le Pas-de-Calais naturellement la semaine dernière pour faire face à la situation. Donc c'est un ensemble d'instruments, d'outils, une palette sur laquelle on agit pour avoir les meilleurs résultats. Il faut encore tenir quelque temps mais...
Q - Tenir quelque temps, Monsieur le Ministre, c'est vrai que le président de la République a parlé de quatre à six semaines. Beaucoup de scientifiques sont très dubitatifs sur cet optimisme qui repose aussi sur la vaccination. Est-ce que vous êtes certain que le Gouvernement pourra tenir le rythme de vaccination qu'il s'est imposé ?
R - Mais bien sûr. Je veux dire, on a établi un planning par rapport aux livraisons de doses, etc. Et puis ce que l'on voit, c'est que surtout notre stratégie qui est basée sur d'abord les plus âgés, les plus fragiles, elle fonctionne. Regardez les courbes épidémiques sur les plus de 80 ans qui ont été en priorité vaccinés : on est sur une décroissance des hospitalisations, de la présence en réanimation, etc. Moins de clusters dans les EHPAD ; donc, tout cela produit des effets ; et puis, au fur et à mesure, on élargit les publics cibles. C'est pour cela qu'à un moment, on évoquait la mi-avril comme étant un peu un moment pivot où on allait pouvoir travailler aussi à un certain nombre de réouvertures d'activité. En tous les cas le Président de la République et le Premier ministre nous ont demandé d'y travailler. Donc, moi, la semaine prochaine je réunirai d'ailleurs au cours de trois réunions avec mon collègue Alain Griset, notamment, et Elisabeth Borne, les acteurs de l'hôtellerie et de la restauration, de l'événementiel, etc... pour travailler à ces conditions de reprise, ces modalités de reprise. Il faut aussi se projeter.
Q - A quoi vous pensez pour imaginer une réouverture progressive ?
R - Une réouverture progressive, cela peut se faire déjà en identifiant les lieux par catégorie. Il y a des lieux dans lesquels on sait que la capacité de diffusion du virus est moindre, tout ce qui est, naturellement, en plein air. Il y en a pour lesquels cela sera un peu plus fort, tout ce qui est intérieur. Donc, il faut aussi travailler au regard de cela.
Et puis les professionnels sont très engagés avec des protocoles sanitaires très sérieux, très rigoureux. Il y a aussi tout ce travail qui se fait avec Cédric O, le secrétaire d'Etat au numérique, pour enrichir TousAntiCovid, faire en sorte qu'il y ait une traçabilité qui soit encore plus améliorée notamment par exemple dans le secteur de la restauration. Vous vous souvenez que lors des premiers déconfinements, les restaurateurs tenaient des cahiers dans lesquels les gens mettaient leurs coordonnées...
Q - Cédric O, le ministre du numérique, parle d'un... On évoque le pass sanitaire avec un QR Code. Est-ce que vous pouvez concrètement nous expliquer comment cela pourrait fonctionner ? J'arrive au restaurant, j'ai mon application ; qu'est-ce que je fais ?
R - J'ai mon application, je flashe le QR Code du restaurateur. Donc, on sait, grâce à cela, quand je suis entré, quand je suis sorti, et si une personne à un moment se déclare positive, elle active, elle se met sur rouge - pof ! - et puis, les gens qui étaient au même endroit au même moment vont recevoir une alerte. Cela permet derrière de mieux tracer, d'inciter les gens à aller se dépister parce qu'ils étaient là au même endroit au même moment, et puis ainsi, de remonter les chaînes, de lutter contre le virus tout en reprenant une vie plus normale. Parce que c'est vrai, je pense que cela pèse sur tout le monde, ça pèse sur le moral des Français. Je dois dire d'ailleurs que si on regarde les vacances de février, il y a eu globalement, quand même, un certain nombre de départs et je crois que c'est parce que les Français avaient besoin aussi de s'oxygéner, de changer d'air...
Q - On va revenir là-dessus mais est-ce que cela veut dire que le QR Code sera obligatoire pour aller au restaurant quand les restaurants vont rouvrir ?
R - Le QR Code sera obligatoire en termes d'affichage et à ce moment-là, cela permet... Et on demandera aux gens de le scanner et pour ceux qui ne sont pas outillés de matériel, on aura vraisemblablement...
Q - Mais cela veut dire que vous ne pourrez pas rentrer dans le restaurant si vous refusez soit le QR Code, soit de vous noter dans le carnet ?
R - Ecoutez, tout cela, on va continuer à y travailler et avec Cédric O, et avec les professionnels. Mais il y a un moment où la responsabilité, c'est aussi de ne pas être dans une démarche égoïste. On est chacun responsable aussi de la santé des autres. On est dans ce moment où il faut être solidaire, uni et chacun détient une parcelle de la capacité à reprendre.
Q - Donc, plutôt une obligation. Est-ce que ce pass sanitaire aussi, il ne faudra pas rassurer les gens ? Parce que concrètement, je n'ai pas envie que le restaurateur connaisse si j'ai subi un test PCR. Mais il y a quand même une protection des données à apporter.
R - Bien sûr. Mais vous savez, d'ailleurs la France depuis le début, au niveau européen, parce que ce sont des débats que nous avons aussi au niveau européen : la semaine dernière, j'étais avec mes collègues ministres du tourisme au niveau européen ; la France est le pays qui a justement toujours dit avec force qu'il y avait un certain nombre de sujets éthiques, et c'est pour cela d'ailleurs que nous, on se refuse à parler de passeport vaccinal, c'est-à-dire de conditionner le fait d'accéder à certaines activités ou le fait de voyager à l'étranger à l'obligation vaccinale.
Q - Juste, on va revenir sur ce passeport vaccinal, mais juste sur ce QR Code. Ce n'est valable que pour les restaurants ou vous y travaillez aussi pour d'autres lieux touristiques ? Les musées...
Q - Les remontées mécaniques dans les stations ?
R - Roselyne Bachelot y travaille aussi dans le monde de la culture mais encore une fois, ce que je veux dire, c'est qu'on est dans ce processus. Je parle d'un processus où l'on vient de rentrer puisque chacun dans nos secteurs, on va réunir les publics avec lesquels on travaille, je dirais, la semaine prochaine.
Q - Mais ça veut dire que vous envisagez des réouvertures mi-avril ? Si vous vous réunissez la semaine prochaine, c'est pour travailler à des réouvertures dès la mi-avril ?
R - Je ne vais pas vous donner de borne exacte puisque, là aussi, cela fait partie des sujets qui vont être mis au débat, à la concertation. Comment les acteurs, eux, voient-ils les dates de reprise ? Il y aura sûrement différentes phases. Souvenez-vous, on avait commencé par ce qui était en plein air, il y a un an.
Q - Excusez-moi, Monsieur Lemoyne, mais j'imagine que les professionnels, ils vont vous demander quand même, plus ou moins, une date. Est-ce que par exemple pour les vacances de Pâques, on se fixe cette date pour essayer d'avoir des protocoles dans chaque secteur ?
R - Ce qui est sûr, c'est que justement les professionnels, et le Premier ministre réunissait le secteur hôtellerie-restauration - j'étais à ses côtés, vendredi dernier -nous a dit : on a besoin d'un délai de prévenance de deux à trois semaines. Donc c'est pour cela qu'on fait ces travaux maintenant pour pouvoir donner de la visibilité, vous le voyez, d'ici la fin du mois de mars, en vue de se préparer sur des dates pour le mois d'avril.
Q - Cela veut dire que votre objectif, ce sont les vacances de Pâques ?
R - Les vacances de Pâques, elles commencent tout début avril ; donc, il faut regarder dans le détail.
Q - Vous ne dites pas encore aux Français ce matin : réservez vos vacances de Pâques, il y aura des allègements ? Ou vous leur dites ça ?
R - Attendez, regardez. Au mois de février, les Français ont pu partir en vacances, et donc, a fortiori j'espère que la situation à Pâques sera encore meilleure que celle que nous avons connue. Vous savez, même si un certain nombre de lieux demeurent fermés - et on fait tout pour que ce soit le plus temporaire possible -, les Français ont besoin de s'oxygéner, ils ont besoin de prendre un bol d'air, et donc, naturellement, il y a cette capacité à se déplacer. Il n'y a pas de limitation dans les déplacements nationaux.
Q - Est-ce que vous envisagez d'expérimenter d'ores et déjà des réouvertures dans les départements où le virus circule moins ? Dans l'Ouest de la France ? Est-ce qu'au mois de mars vous pourriez expérimenter dans certains départements des réouvertures de lieux ?
R - Alors la notion d'expérimentation, elle renvoie plutôt à autre chose. Je pense que si on parle d'ouverture, il faut plutôt parler sur l'ensemble du territoire national. En revanche, les expérimentations, elles ont du sens sur des secteurs qui ont été longtemps fermés, pour lesquels il y a besoin de mettre en place des protocoles et les acteurs y ont travaillé. Regardez, dans le monde de la culture, des festivals, des concerts, il n'y en a pas eu depuis très longtemps. Dans le monde de l'événementiel, c'est pareil, et j'ai eu des propositions qui m'ont été faites par les professionnels pour pouvoir expérimenter, par exemple, un congrès professionnel, une foire, etc... Tout cela mérite des expérimentations, effectivement, pour avoir... y compris les autorités sanitaires qui peuvent vérifier quel est l'impact de la tenue de l'événement en termes épidémiologiques...
Q - Dans le domaine du tourisme justement, au-delà des congrès, est-ce qu'il y a des choses qui pourraient être expérimentées ?
R - C'est une part très importante parce que le tourisme d'affaires, c'est précisément ce qui manque à Paris et à l'Ile-de-France depuis un an. C'est un moteur puissant et c'est ce qui explique aussi qu'en matière de tourisme, il y a des régions qui ont connu des bons résultats, lors de la saison d'été dernier, qui ont connu de bons résultats, y compris en février ; tout le littoral atlantique a eu de très belles réservations, de Biarritz à la Bretagne, et puis après la Normandie. Mais pour autant, il y a des territoires pour lesquels cela a été très dur et moi j'ai vraiment une pensée pour les hôteliers, les restaurateurs parisiens parce que, eux, ils ont été privés d'une clientèle internationale qui vient par ces salons, par ces congrès. Et c'est pour cela que, vous voyez, c'est un grand pan du secteur...
Q - Et c'est pour cela que Valérie Pécresse dit qu'il faut travailler à un carnet sanitaire. Et elle, elle n'exclut pas la question de la vaccination. Est-ce que vous travaillez avec elle sur ce sujet ? Comment faire revenir les touristes étrangers ? Comment faire revenir la clientèle d'affaires en Ile-de-France ?
R - En matière de tourisme, on travaille main dans la main avec les territoires, avec les régions. Atout France est le bras armé en matière de promotion touristique de la France, nous travaillons aussi pour des campagnes de promotion ensemble avec les régions, avec les territoires. J'étais moi-même, la semaine dernière, en déplacement - virtuel, hélas - auprès des professionnels du tourisme de la région Centre Val-de-Loire. Cette région avec tout ce patrimoine fantastique, ses châteaux de la Loire, le zoo de Beauval, etc... Et donc, oui, ce travail se fait avec les régions...
Q - Mais sur la question du vaccin, pour le moment vous dites : le passeport vaccinal, ce n'est pas d'actualité parce qu'on ne peut pas se faire vacciner. Mais est-ce que d'ici les vacances d'été...
R - On se fait vacciner.
Q - Mais tout le monde ne peut pas se faire vacciner.
R - Mais ce que je veux dire, c'est que cela pose aussi une question...
Q - Est-ce que d'ici les vacances d'été pour faire revenir les touristes et les touristes étrangers, il faudra poser la question de ce passeport vaccinal ? Est-ce que là-dessus vous allez y travailler ?
R - Alors, je peux vous dire, les réflexions qu'on a eues avec les collègues ministres du tourisme dans l'Union européenne, c'est plutôt de se dire finalement : qu'est-ce qui garantit qu'une personne voyage dans de bonnes conditions sanitaires et n'est pas en position de contaminer ou de transmettre le virus ? Cela peut être éventuellement le vaccin. Je dis " éventuellement " parce que les études scientifiques sont en train d'arriver sur quel est le lien entre la vaccination et la non-transmission du virus ? Il y a une étude écossaise qui est arrivée, il y a quelques jours, semblant aller dans ce sens, mais il y a besoin d'étayer une vérité scientifique de ce point de vue-là. Mais ce qui reste l'élément le plus sûr, c'est la production d'un test PCR négatif.
Et c'est pourquoi il n'y a pas besoin d'instaurer un passeport vaccinal en fait. Il peut y avoir une application, quelque chose, un outil qui facilite les mobilités, qui permette de s'assurer que soit vous êtes vacciné, soit vous avez votre test PCR négatif - éventuellement l'historique des tests PCR -. Et ainsi, cela permet de remettre de la fluidité dans les déplacements. Aussi je parle d'applications numériques parce que pour l'instant, on a les tests PCR souvent sur du papier. Il peut y avoir aussi de la fraude documentaire, il y a eu le démantèlement de certaines filières. Et donc, c'est pour cela que cela met de la sécurité sanitaire dans l'ensemble de la chaîne.
Q - En fait vous, vous souhaitez aligner le passeport vaccinal avec le pass sanitaire, ce qui regroupe deux réalités différentes.
R - Deux réalités différentes.
Q - On est bien d'accord. Avec l'idée d'associer dans le passeport vaccinal au même titre que dans le pass sanitaire vaccination ou test PCR.
R - Mais le terme de passeport vaccinal, moi je ne l'aime pas. Je le dis parce que la notion de passeport laisse entendre que vous pouvez ou vous ne pouvez pas voyager. Et donc, c'est pour cela que...
Q - Mais c'est déjà le cas. C'est soumis à des conditions sanitaires.
R - Il faut plus évoquer effectivement une application numérique, etc...
Q - À l'échelle de l'Union européenne ?
R - De toute façon, beaucoup sont en train d'y réfléchir. Pas que dans l'Union européenne, partout dans le monde. Donc, à un moment, d'ailleurs, il faudra travailler à une interopérabilité. Je précise d'ailleurs que certaines compagnies aériennes ont d'ores et déjà mis en place des pilotes. Par exemple, Air France expérimente sur les Antilles un dispositif travaillé avec International SOS, afin de dématérialiser la production de ce test PCR. Donc, cela montre que, je crois, les techniciens sont au travail et à un moment, il faudra arriver à rendre tout cela interopérable, naturellement, qu'il n'y ait pas 36.000 applications.
Q - On va parler de la montagne, avant de laisser la parole à Julien sur ce sujet, vous nous avez dit : les vacances de février, cela a bien marché du côté de la côte atlantique, du côté de la Normandie. En montagne, vous avez des chiffres ?
R - En montagne, oui, bien sûr. La situation est différenciée selon les massifs, selon que l'on est en basse, moyenne ou haute altitude. Globalement, cela n'a pas mal fonctionné dans des massifs comme le Jura, les Vosges, les Pyrénées. Mais en revanche dans les Alpes, c'est vrai qu'une destination comme Savoie-Mont-Blanc par exemple a été particulièrement touchée, impactée, les stations de haute altitude. On voit ce différentiel. Les Pyrénées, par exemple, ont perdu 40% à peu près de leur fréquentation. Dans les Alpes, c'est monté plutôt à 50-55%, donc, on voit bien que l'impact est différencié. Maintenant, il y a aussi beaucoup de Français qui sont partis à la montagne et qui, d'ailleurs, ont pratiqué des activités qu'ils ne pratiquaient peut-être pas d'ordinaire, - les activités nordiques ont connu un essor phénoménal -, qui ont redécouvert la montagne différemment et j'espère que cela restera au sens où il y ait une diversification des activités. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on voit aussi que la montagne sans la remontée mécanique et sans le ski alpin, ce n'est pas non plus tout à fait la montagne.
Q - Vous le pointez justement, Monsieur le Ministre, parce que les stations de haute montagne sont clairement calibrées pour le ski alpin, qui sert de locomotive à l'économie, sans cela elles sont perdues, elles sont défaites, c'est un article du Monde qui le notait encore ce matin. Est-ce que dans le plan d'investissement, que vous comptez monter pour le secteur de la montagne, il n'y a pas cette obligation de revoir la stratégie globale de ces stations et de leur dire, finalement, profitons de cette crise pour nous transformer ?
R - Alors, tout à fait, c'est toutes les bonnes questions qu'on va se poser d'ailleurs. Je suis demain à Chamonix, avec Joël Giraud, le secrétaire d'Etat à la ruralité, pour lancer des travaux de concertation...
Q - Et Cédric O, je crois, non ?
R - Alors Cédric O effectivement nous rejoindra puisqu'il y a une dimension, on va inaugurer un pylône aussi. Vous savez qu'on fait beaucoup pour que justement la 4G arrive partout sur le territoire. Et donc, je reviens au plan investissement montagne : on lance les travaux, demain, pendant quatre à six semaines. Le Premier ministre, justement, d'ici fin avril-début mai, pourra présenter après les fruits de cette concertation, et l'idée, vous avez raison, en fait notre politique elle est sur deux pieds. Pied numéro 1 : réparer. Réparer parce que le fait qu'il n'y ait pas de clientèle internationale, que les remontées mécaniques aient été fermées, cela veut dire qu'il y a besoin de soutien immédiat en trésorerie, en aides. Et cela, c'est le fonds de solidarité que l'on a adapté, on a fait en sorte par exemple que les commerces, y compris non seulement dans les stations, mais dans les vallées, puissent être éligibles à ces dispositifs. On est en discussion avec Bruxelles, j'espère, parce que cela n'a que trop tardé...
Q - Oui, pour les régies de remontées mécaniques.
R - ...pour obtenir le feu vert définitif sur notre aide qui vise à compenser à 70% leurs coûts fixes. Cela, c'est le volet " réparer ". Et puis il y a un deuxième pilier, un deuxième pied, c'est préparer. Si on veut rester, de façon générale, numéro 1 en termes d'attractivité internationale de tourisme. Et puis, hélas, on était un peu descendu dans le podium en matière de tourisme de neige puisque l'on s'est fait coiffer sur le poteau par les Autrichiens, il y a déjà quelques années. On a besoin de repartir à l'offensive, effectivement, de penser à l'évolution du secteur. Et je le sais, j'étais au congrès de Domaines Skiables de France, en octobre dernier ; eux-mêmes sont très engagés, réfléchissent à l'avenir. Enfin le président Alex Maulin est très dynamique avec ses troupes pour anticiper. C'est quoi, le tourisme de demain à la montagne ? Et donc, cela va être l'objet de ces quatre à six semaines de travail, on va aller dans chacun des massifs pour y travailler avec les acteurs.
Q - Un petit mot sur les aides, parce que les plus touchés et les moins aidés, ce sont les saisonniers. Seuls 30.000 d'entre eux, soit environ un quart des saisonniers de montagne, ont pu être embauchés et avoir accès donc au chômage partiel. Qu'est-ce que vous allez faire pour eux, très concrètement ?
R - Alors, les saisonniers, on a dit dès le début, au mois de décembre - Elisabeth Borne l'avait dit - ceux qui seront embauchés justement pourront bénéficier du chômage partiel, c'est un filet de sécurité important...
Q - Ils n'ont pas tous été embauchés, c'est bien cela le problème.
R - Et la question s'était déjà posée pour les saisonniers de l'été. Et notamment j'ai en tête la situation de Lourdes. Et donc nous avons mis en place une sorte de filet de sécurité. Alors, c'est vrai que ce n'est pas Byzance, mais ce filet de sécurité, de 900 euros, pour tenir, parce que certains, sinon, se retrouvaient avec quasiment rien. Et donc, ce dispositif est là pour répondre à ces situations.
Q - Ok, et à combien estimez-vous en fait aujourd'hui les aides qui ont déjà été apportées au secteur de la montagne ? On a parlé du chiffre de quatre milliards ?
R - Alors ça, c'était début février. On est aujourd'hui presque à la mi-mars, donc le compteur a continué à tourner. Jean-Luc Boch, le président de l'ANMSM, évoquait un manque à gagner de cinq milliards. Je pense que ce manque à gagner doit être couvert en réalité, parce que depuis les fonds vont continuer à être décaissés, bien sûr.
Q - Dernière question, Julien, sur les couples binationaux.
Q - Oui, il y a beaucoup d'histoires d'amour qui sont perturbées et bousculées par la crise sanitaire, et notamment celles des couples binationaux qui sont privés de se voir, depuis un an. Qu'est-ce que vous allez concrètement faire pour eux ?
R - Alors, ce qu'on a mis en place, c'était au mois d'août dernier, c'était une dérogation pour permettre de se retrouver lorsque l'on était ni mariés, ni pacsés. Et dès lors qu'on pouvait montrer que cette relation existait, qu'on avait ce partenaire de coeur dont on était séparé, nos consulats ont délivré 2.500 laissez-passer dérogatoires permettant à autant de couples de se retrouver. C'est 80% des dossiers qui ont été acceptés. Maintenant, vous savez, depuis...
Q - Vous êtes à l'arrêt à l'heure actuelle.
R - Voilà, depuis le 29 janvier nous vivons tous sous le régime des motifs impérieux, qui limitent la mobilité internationale...
Q - Et ce n'est pas un motif impérieux ?
R - Et donc, le dispositif a été suspendu. S'agissant par exemple des Français établis hors de France, je travaille à l'assouplissement de ces motifs impérieux pour des raisons familiales, et naturellement j'ai toujours en tête la situation de ces couples pour lesquels, je sais, ce n'est pas facile. Et c'est pourquoi j'ai demandé à nos consulats de continuer à instruire les dossiers qu'ils recevaient pour que, dès que l'on pourra lever un certain nombre de contraintes à la mobilité, ils n'aient pas à attendre x semaines avant de pouvoir retrouver leur compagnon, leur ami...
Q - Mais quel horizon vous leur donnez ? Excusez-moi, parce que là, en fait, vous nous dites... Quand, cela peut être quoi, dans quatre à six semaines, plusieurs mois ? C'est quoi ?
R - Ecoutez, je ne veux pas créer de faux espoirs, faire de fausses promesses. Donc je ne peux pas donner de date aujourd'hui. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne les oublie pas, on fait ce travail aussi concernant les Français établis hors de France, et j'espère qu'on pourra les inscrire, aussi, dans cette dynamique où progressivement on desserre l'étau et on permet la reprise des mobilités internationales.
Q - Vous nous dites qu'une fois que la reprise des mobilités sera là, il n'y aura pas de délai administratif, cela se fera rapidement.
R - Voilà, exactement.
Q - Merci beaucoup, merci, Jean-Baptiste Lemoyne.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mars 2021