Texte intégral
DAÏC AUDOUIT
Bonjour Madame.
EMMANUELLE WARGON
Bonjour.
DAÏC AUYDOUIT
Merci d'être avec nous, on va évidemment évoquer le projet de loi climat, mais avant deux questions d'actualité, tout d'abord le plan grand froid qui a été déclenché à Paris et en petite couronne, ça se traduit comment concrètement en termes de d'hébergement d'urgence ?
EMMANUELLE WARGON
Concrètement ça veut dire que j'ai demandé aux préfets il y a deux jours d'ouvrir encore des places supplémentaires pour accueillir les personnes qui sont à la rue. Très concrètement en Ile-de-France c'est 450 places qui ont été ouvertes dans les trois derniers jours, ce sont des gymnases ou je pense à l'accueil au Carreau du Temple dans Paris qui était juste un accueil de jour qui devient un accueil 24 heures sur 24. Donc au-delà de toutes les places que nous avons déjà ouvertes et nous hébergeons chaque nuit 200 000 personnes, donc c'est considérable, on continue à ouvrir des places supplémentaires et puis on renforce les maraudes pour être sûr que tous les personnes à la rue qui sont identifiées, on peut leur proposer une solution.
DAÏC AUYDOUIT
Dans le cadre du plan grand froid, c'est combien le nombre d'hébergement supplémentaires ?
EMMANUELLE WARGON
Alors c'est par département donc on n'a pas encore de chiffres consolidés, mais ce qui est vrai en Ile-de-France est vrai dans le nord, est vrai en Bretagne, est vrai partout où il fait froid.
DAÏC AUYDOUIT
Et il y a des conditions d'urgence spécifique étant donné l'épidémie ou est-ce que l'urgence est que mettre tout le monde à l'abri et on ne respecte pas forcément tout le temps…
EMMANUELLE WARGON
Si, si, si on respecte, il y a des protocoles sanitaires pour les centres d'hébergement avec les gestes barrières, des lits qui sont plus isolés que d'habitude et puis quand on a des personnes qu'on héberge qui ont une suspicion, bien sûr on les tests et si elles sont testées positifs, il y a des centres spécialisés dans lesquels on accueille des personnes malades du Covid qui sont sous surveillance le temps que la maladie se déroule.
DAÏC AUYDOUIT
Autre sujet d'émotion, régulièrement autour des squats, ça arrive dans l'actualité, en ce moment du côté de Toulouse, il a Roland 88 ans, sa maison est squattée. Il y a une manifestation, on va le voir dans les images hier de soutien, il y a eu une petite tension avec les de personnes qui squattaient, qu'est-ce que vous pouvez faire pour Roland ?
EMMANUELLE WARGON
D'abord moi évidemment je soutiens Roland dans le besoin qu'il a, ce monsieur, ce retraité de récupérer sa maison le plus vite possible, dans toutes ces questions de squat de domicile, je suis vraiment à côté du propriétaire, c'est normal. Et dans un certain nombre de dossiers signalés, on a été capable d'agir. Par ailleurs nous avons changé la loi parce que la situation de ce retraité, elle est liée à une décision de justice qui a été rendue en septembre dernier, décision qu'il n'a pas contestée et qui lui permettra de récupérer son logement, mais seulement à la fin de la trêve hivernale.
DAÏC AUYDOUIT
Qui a été prolongée jusqu'au…
EMMANUELLE WARGON
Qui a été prolongée par ailleurs pour des raisons de sécurité sanitaire dans cette période de crise. Donc là ce cas est vraiment particulier, on est en contact avec les services de la préfecture avec la famille pour voir comment les aider. Mais depuis on a amélioré la protection des propriétaires et je dis aux propriétaires qui sont dans une situation de ce type, maintenant c'est plus simple et plus rapide, il suffit d'aller porter plainte à la police, ça s'applique résidences principales et résidences secondaires, il n'y a plus de délai de 48 heures après lequel on ne peut plus rien faire et on n'a pas forcément besoin d'attendre la fin de la trêve hivernale.
DAÏC AUYDOUIT
On va passer maintenant au projet de loi climat de façon générale à la hauteur des enjeux, pour Nicolas HULOT, le compte n'y est pas, pour des ONG, un projet de loi au rabais pour Greenpeace, vous allez me dire, c'est normal, c'est des opposants. Je vais juste vous lire l'avis du Conseil économique social et environnemental, les nombreuses mesures du projet de loi en général pertinentes restent souvent très limitées, différées ou soumises à des conditions telles que leur mise en oeuvre à terme rapproché est incertaine. En gros le CESE, il vous dit que ce n'est pas très efficace et que vous faites que de la com, qu'est-ce que vous répondez ?
EMMANUELLE WARGON
Évidemment que je ne suis pas d'accord du tout parce que ce projet de loi c'est un projet de transformation qui va nous permettre de changer nos comportements à tous, parce que c'est vraiment l'écologie dans le quotidien. C'est vrai pour les transports, c'est vrai pour la rénovation, le logement dont j'ai la responsabilité. Et notre point de départ c'est, pas de changement, pas de normes nouvelles sans accompagnement parce qu'on voit bien que quand on pose des contraintes il faut aussi qu'on apporte les solutions aux contraintes.
DAÏC AUYDOUIT
Donc ça c'est la réponse un petit peu au mouvement des gilets jaunes puisqu'on le rappelle, ce projet de loi il est issu de la Convention citoyenne sur le climat qui avait été mis en place pour répondre aux gilets jaune qui s'étaient opposés à l'augmentation de la taxe carbone. Donc l'idée c'est de prendre des mesures qui soient acceptées par l'opinion et donc elles ne sont forcément pas assez radicales.
EMMANUELLE WARGON
L'idée, c'est de prendre des mesures qu'on va appliquer, parce que quand on prend des très grands objectifs ambitieux voire même avec des obligations théoriques, 5 ans après, 10 ans après, on n'y est pas et e on est obligé de revoir à la baisse nos objectifs ambitieux parce qu'on s'est donner un objectif mais pas les moyens de l'atteindre. Cette loi, elle est autour de comment on fait pour atteindre nos objectifs ? Sur la rénovation, on est ambitieux.
DAÏC AUYDOUIT
On va y revenir mais juste…
EMMANUELLE WARGON
Non mais juste je le dis parce que d'abord on va interdire la location des passoires thermiques, on n'est jamais allé aussi loin.
DAÏC AUYDOUIT
Mais encore sur la philosophie globale du texte, on est toujours dans la politique des petits pas que reprochait Nicolas HULOT quand il est parti de gouvernement.
EMMANUELLE WARGON
Non, non on est au-delà de ça, on est dans une transformation profonde du modèle de consommation…
DAÏC AUYDOUIT
Ce n'est pas les bottes de sept lieux du Petit Poucet quand même.
EMMANUELLE WARGON
C'est ambitieux. Et d'ailleurs on le verra dans la discussion parlementaire, il y a des mesures qui ne seront pas si faciles que ça à faire adopter par les parlementaires et à faire adopter par les Français parce qu'on repousse les limites assez loin.
DAÏC AUYDOUIT
Quelle mesure par exemple ?
EMMANUELLE WARGON
Je ne sais pas, par exemple je pense à l'interdiction, à la suppression des vols intérieurs quand il y a une alternative avec le train, pour l ‘instant c'est à deux heures et demi.
DAÏC AUYDOUIT
La convention citoyenne, elle voulait quatre heures.
EMMANUELLE WARGON
Oui mais deux heures et demie, ça fait déjà une différence importante pour certains aéroports.
DAIC AUDOUIT
Même pour vous, ça c'est difficilement acceptable…
EMMANUELLE WARGON
En tout cas, des élus locaux, à la limite assez légitimement, disent : "Moi je ne comprends pas pourquoi je n'ai plus de liaison directe en avion avec Paris, ça va être un désavantage pour mon territoire", donc ça ne sera pas si facile.
DAIC AUDOUIT
Alors, on va évoquer votre domaine, vous vouliez en parler. En effet, le logement, et dans ce projet de loi il y a en effet l'interdiction des passoires énergétiques de la location, ces passoires énergétiques en 2028, c'est une image passoires énergétiques, concrètement c'est quoi ? Quelle est la norme ? Ce n'est pas tant de bâtiments que ça en fait.
EMMANUELLE WARGON
Alors, une passoire énergétique c'est en gros un bâtiment, quand vous le chauffez, vous chauffez plus l'extérieur que l'intérieur.
DAIC AUDOUIT
Et donc c'est les lettres de critères F et G.
EMMANUELLE WARGON
Voilà. Il y a un une étiquette énergétique, un diagnostic, et ce sont les lettres F et G. Ça correspond à un petit peu moins de 5 millions de logements en France, 4,8 millions de logements. Dont à peu près 1,8 million qui sont loués, qui sont sur le marché locatif. Et nous disons, et ça non plus ça ne sera pas si facile à faire adopter, nous disons : à partir de 2028 on ne pourra plus mettre en location une passoire thermique. Et les propriétaires, certains propriétaires sont inquiets, certains réseaux d'agences immobilières sont inquiets, en nous disant…
DAIC AUDOUIT
Il y en a qui sont honnêtes, qui ne sont pas cyniques…
EMMANUELLE WARGON
… "Vous allez sortir du marché des logements".
DAIC AUDOUIT
… et qui disent : "Mais moi je n'ai pas les moyens. Vous allez m'obliger à le faire, mais je n'ai pas les moyens de rénover".
EMMANUELLE WARGON
Donc vous voyez que ça c'est une mesure ambitieuse, c'est une mesure qui est significative sur un stock de logements important. Moi mon objectif ça n'est pas de sortir des logements du marché, mon objectif c'est qu'entre maintenant et 2028, ces logements aient été rénovés. Ça veut dire qu'il faut accompagner les propriétaires, donc nous avons ouvert les aides existantes aux propriétaires bailleurs, jusqu'à présent elles n'étaient ouvertes qu'aux propriétaires occupants. Ça s'appelle MaPrimeRenov, qui marche très bien. Nous avons mis beaucoup plus d'argent grâce au Plan de relance sur ces aides, donc elles sont maintenant significatives, on peut aller jusqu'à 20, 25 000 €, donc c'est vraiment significatif.
DAIC AUDOUIT
Mais la Convention citoyenne voulait que ça soit…
EMMANUELLE WARGON
Et l'objectif ça va être de rénover toutes ces passoires entre maintenant et 2028.
DAIC AUDOUIT
Mais la Convention citoyenne aurait souhaité que ça soit beaucoup plus élargi, qu'il y ait d'autres lettres qui soient concernées, et que ce soit beaucoup plus contraignant pour les propriétaires, donc là encore vous allez dans le sens de la convention citoyenne, mais pas au même degré.
EMMANUELLE WARGON
Mais pas vraiment en fait, parce que beaucoup plus élargie, ça veut dire se donner des jalons supplémentaires au-delà de 2028. Peut-être que la discussion parlementaire portera là-dessus, mais moi je me méfie des très grandes trajectoires à très long terme, où on dit ce que l'on va faire en 2035, en 2042. Passons déjà l'étape de 2028, c'est une étape importante. Après, F et G c'est beaucoup de logements, 5 millions de logements c'est beaucoup, et nous n'avons pas fait porter d'obligations sur les propriétaires occupants, considérant que quelqu'un qui est dans sa propre maison, a sa propre incitation à faire des travaux et qu'aller le sanctionner pour l'occupation de sa maison, en fait la première sanction c'est de payer des factures extrêmement élevées et que la question elle est plutôt dans l'accompagnement. Donc je crois qu'on a vraiment repris l'esprit de la Convention, c'est une mesure ambitieuse, qui je vous le dis, ne sera pas à 100 % consensuelle, et si on réussit cette étape-là on aura fait des économies très significatives en gaz à effet de serre.
DAIC AUDOUIT
Vous parliez que vous regardiez les calendriers proches, il y en a un qui a été établi hier, c'est les élections régionales qui ont été confirmées au mois de juin. Est-ce que vous serez candidate aux élections régionales en Ile-de-France ?
EMMANUELLE WARGON
Je serai candidate dans le Val-de-Marne, avec notre chef de file Laurent SAINT-MARTIN, je serai candidate dans mon département, pour porter nos couleurs dans mon département.
DAIC AUDOUIT
C'est une élection compliquée quand même, pour En Marche, en 30 secondes, ces régionales ?
EMMANUELLE WARGON
Toutes les élections sont compliquées, et là on est dans un contexte de crise qui fait que pour l'instant personne n'est focalisé sur la campagne des régionales, on est tous focalisés sur nos sujets, parce que ce sont des sujets importants, la crise Covid, le logement, tous les sujets d'actualité.
DAIC AUDOUIT
Merci beaucoup Madame, bonne journée à vous.
EMMANUELLE WARGON
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 février 2021