Déclaration de Mme Elisabeth Moreno, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, sur l'élimination de la violence, la réalisation de l'égalité des sexes et l'autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles, le 18 mars 2021.

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Circonstance : Visioconférence dans le cadre de la 65ème commission de la condition de la femme (CSW/ONU), le 18 mars 2021

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Chers Collègues,


Voici maintenant un an que nous sommes touchés par la crise sanitaire. La crise la plus grave de notre génération et dont les conséquences peinent encore à être mesurées.

Tandis que s'aggravent les pressions économiques et sociales sous toutes leurs formes, les violences faites aux femmes et aux filles explosent. Elles payent un lourd tribut à ce que M. le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, a dénoncé comme étant la pandémie de l'ombre.

Les femmes et les filles ont été affectées de manière disproportionnée par la COVID-19 et ses conséquences multiples mais elles seront aussi le moteur de la relance. Dans ce contexte, le thème choisi pour la 65e Commission de la condition de la femme est particulièrement pertinent. Pour atteindre l'égalité des sexes, les mesures prises pour éradiquer les violences doivent être menées de concert avec celles qui garantissent aux femmes une place à part entière dans la prise de décision.

C'est l'engagement que nous avons pris en France, depuis le début du quinquennat du Président de la République Emmanuel Macron et c'est aussi celui que nous portons sur la scène internationale dans le cadre de notre diplomatie féministe. Depuis trois ans, nous faisons la promotion d'un féminisme universel contre toutes les formes de relativisme, de discrimination ou de violence. La défense des droits des femmes est un vecteur essentiel de l'équilibre économique et social, facteur de paix et de développement durable dans le monde. Nous devons veiller à ce que les organisations de la société civile et les défenseurs des droits humains puissent pleinement jouer leur rôle de vigie des droits des femmes.

Il est impératif que nous tirions des leçons de cette pandémie. Afin que ces leçons ne soient pas vaines, inscrivons définitivement l'égalité entre les femmes et les hommes au coeur de notre projet de société.

Dans la vie publique, les décisions doivent être prises en tenant compte des femmes, et en leur donnant la possibilité d'y prendre pleinement part.

Dans la sphère privée, les femmes doivent avoir une entière liberté de choix. Liberté sur leur projet de vie et sur leur intégrité physique. Chaque femme doit avant tout avoir la maitrise de son corps. En France, nous nous efforçons d'en faire un droit inaliénable et effectif, a fortiori pendant la pandémie. En Europe, nous sommes aux côtés de celles qui combattent pour ce droit. Dans le monde, nous entérinons cet engagement à travers la coalition d'action des droits à la santé sexuels et reproductifs dont nous sommes champions dans le cadre du Forum Génération Egalité.

Nous ne pourrions pas porter dans les instances internationales ce que nous ne pouvons assumer dans notre politique intérieure. Depuis le début de son mandat en 2017, le Président de la République française a fait de l'égalité entre les femmes et les hommes, la grande cause de son quinquennat. En 2018, à la 73e Assemblée générale de l'ONU, il a porté cette ambition à une autre échelle en la promouvant comme une "grande cause mondiale". Dès lors, la France répond présente à l'appel des femmes, à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières. Elle lutte pour que l'égalité soit intégrée dans toutes les problématiques : développement durable, paix et sécurité, défense et promotion des droits fondamentaux, enjeux climatiques et économiques. Elle promeut la pleine mise en oeuvre de la résolution 1325 et de l'agenda "Femmes, paix et sécurité" du Conseil de Sécurité des Nations Unies, afin que les femmes et leurs droits soient au coeur des processus de paix.

Heureusement nous ne sommes pas seuls. Vous êtes toutes et tous actrices et acteurs de ce nouvel ordre mondial, dont le Forum Génération Egalité marque une étape clé.

Ce Forum (FGE) est le plus grand rassemblement féministe mondial depuis 25 ans. Sa gouvernance associe de manière inédite aux travaux des chefs d'Etats et de gouvernement près de 5.000 représentants de la société civile internationale, les défenseurs des droits, les organisations internationales, les grandes entreprises et les mouvements de jeunesse.

Le projet de société que nous promouvons, où les femmes seront en capacité de décider pour elles-mêmes et libres de toute violence ne peut pas se fonder que sur des discours. Il nous faut agir au plus vite pour soutenir toutes les femmes. Le Forum Génération Egalité sera organisé par la France, ONU Femmes et le Mexique, d'abord à Mexico puis à Paris du 30 juin au 2 juillet prochains. Il sera l'occasion de réaffirmer nos priorités par l'adoption d'un ensemble d'engagements et d'actions ambitieux, tournés vers l'avenir, assortis d'un financement spécifique, dans le cadre des six coalitions d'action qui constituent les axes indispensables à l'autonomisation réelle des femmes.

L'égalité entre les femmes et les hommes dépasse la diplomatie : c'est le pilier de notre société. Tous nos efforts sont attendus pour le consolider.

Je vous remercie.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2021