Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Amélie de MONTCHALIN.
AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.
PATRICK ROGER
Comment peut-on envisager de fermer les écoles sans avoir décidé de ce que l'on fera pour les assistantes maternelles qui permettent encore à certains parents de faire garder leurs enfants ? Où en est-on ce matin ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors on en est dans un travail précis, efficace, de bon sens. Notre meilleur protocole, c'est le bon sens. Donc vous voyez, hier j'ai rencontré les représentants des collectivités ; dans quelques minutes, juste après cette émission, je rencontre les organisations syndicales et chacun d'entre nous avons aujourd'hui une boussole : nous assurer que les règles seront claires, seront lisibles. On se donne 24 heures pour les concerter et nous assurer que les choses donc seront applicables et comprises. Aujourd'hui, on n'est pas du tout dans la même situation qu'il y a un an. On connaît le virus, on a le vaccin qui arrive, on sait aussi qu'il y a des choses qui ne sont pas dangereuses en soi et donc on est là pour vraiment freiner efficacement le virus. On n'est pas là pour enfermer les Français par principe.
PATRICK ROGER
On est d'accord mais la boussole est un peu déboussolée, si je puis me permettre, c'est-à-dire que l'aiguille tourne. Sur les assistantes maternelles, hier il y a eu un premier communiqué de Matignon, il y a eu du rétropédalage par la suite donc les choses ne sont pas... S'il y a du bon sens, là pour l'instant il n'était pas trouvé encore.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce sujet sera clarifié comme tous les autres sujets dans la journée. Moi je peux vous parler de la Fonction publique.
PATRICK ROGER
Bien sûr, bien sûr. Mais vous êtes au gouvernement aussi donc...
AMELIE DE MONTCHALIN
Les choses vont être très claires et on est en train de travailler sur un protocole de bon sens. Notamment qu'on a des enfants, on essaie de regarder les situations au cas par cas. Soit vous êtes en congés : les choses sont claires. Soit vous pouvez télétravailler dans de bonnes conditions : vous télétravaillez parce qu'on sait que c'est très efficace contre le virus. Soit vous ne pouvez pas travailler et vous devez garder vos enfants : alors vous êtes en autorisation spéciale d'absence. Et puis on va être des gens pragmatiques : on sait bien que quand vous avez des enfants en bas âge, vous ne pouvez pas en même temps travailler et gardez vos enfants. Donc là, on va faire aussi du cas par cas et on va regarder très précisément, avec un protocole qui est en train d'être précisé et que je vais concerter avec les organisations syndicales, comment nous pouvons éviter de demander aux gens de faire des choses impossibles, c'est-à-dire de garder leurs enfants et de télétravailler quand évidemment les circonstances ne s'y prêtent pas, quand les enfants sont jeunes, quand vous n'avez pas de conjoint ou une famille pour vous aider etc, etc.
PATRICK ROGER
Amélie de MONTCHALIN, les écoles vont quand même rester ouvertes, certaines, pour un certain nombre d'enfants comme ça, de personnes qui doivent travailler ? Le personnel hospitalier, les policiers et certains fonctionnaires aussi.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mon combat en tant que ministre de la Fonction publique, c'est que là aussi plus jamais nous ayons un service public à l'arrêt. Plus jamais nous n'ayons de guichets fermés. Parfois les guichets se font par téléphone mais, bref, il faut que les Français puissent avoir des services publics à leurs côtés. Evidemment les soignants qui sont en première ligne, évidemment les forces de l'ordre. Nous avons un certain nombre de professions qui sont essentielles à la continuité collective, de la vie dans cette période difficile, et donc là aussi un certain nombre de parents - comme ils avaient pu déjà le connaître aussi l'année dernière - auront la possibilité de faire garder leurs enfants dans de bonnes conditions parce qu'on a vraiment besoin d'eux et qu'il faut qu'on soit à leurs côtés.
PATRICK ROGER
Amélie de MONTCHALIN, du coup pendant ce confinement/reconfinement – on l'appelle comme on veut - quels sont les services publics qui vont pouvoir rester ouverts ou qui devront rester ouverts et quels seront les horaires ? Les horaires vont être modifiés ou pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Tous les services publics - tous les services publics - vont continuer à pouvoir apporter leurs services aux Français. Les Caisses d'allocations familiales, la Caisse d'Assurance maladie, évidemment Pôle emploi, évidemment LA POSTE. Bref, je réunirai dès la semaine prochaine tous les patrons de tous les réseaux de services publics pour nous assurer que nous avons bien mis tout en place, que ce soit parfois par téléphone, par rendez-vous mais qu'évidemment toute personne en situation difficile, en situation sociale difficile en particulier, puisse avoir un point de contact pour pouvoir faire ses demandes et être accompagnée. On fait une chose très innovante : depuis quelques mois, l'assurance vieillesse appelle directement les personnes retraitées isolées ou avec des petites retraites. Plutôt que d'attendre que ces personnes soient en difficulté, on va vers elles, on les appelle, on prend de leurs nouvelles. On fait la même chose avec les allocations familiales notamment pour les familles monoparentales. Pour s'assurer qu'un certain nombre d'aides ont bien été déclenchées et qu'elles sont accompagnées. Donc c'est aussi un nouveau service public qui est en train d'être déployé, on l'a fait à l'automne, ç'a très bien marché et donc on continue d'être dans cette logique-là.
PATRICK ROGER
Et sur la vaccination, je sais qu'il y a un petit imbroglio qui n'a pas l'air d'être simple à résoudre. C'est qu'on avait dit est-ce qu'il faut mettre un numéro vert pour pouvoir avoir des renseignements ; finalement il n'y en a pas parce qu'on dit qu'il serait probablement embouteillé. Vous en êtes où de la réflexion à ce niveau-là ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vaccination, les choses-là aussi sont très simples. Le président de la République l'a dit : toutes les personnes de plus de 75 ans qui n'ont pas encore été vaccinées doivent avoir une espèce de coupe-file, soit par téléphone soit auprès de leur médecin, pour nous assurer que dans les tout prochains jours, toutes les personnes qui le souhaitent aient pu être vaccinées. Par ailleurs ce que vous me dites, c'est que oui, les Français demandent des informations...
PATRICK ROGER
Oui, c'est ça. Pour l'instant, ils sont perdus.
AMELIE DE MONTCHALIN
Sans qu'on puisse multiplier les canaux d'information, que cette information soit toujours la même parce qu'ils veulent aussi de la clarté. Et aujourd'hui vous voyez que les communes, les collectivités locales, un certain nombre de pharmaciens aujourd'hui sont, au fond, les meilleurs canaux d'information. Ils sont en proximité. Ce sont des gens dans lesquels nous avons confiance.
PATRICK ROGER
Oui, non mais attendez, attendez ! Amélie de MONTCHALIN, non, non, non. Je ne peux vous laisser dire ça parce qu'en fait, les pharmaciens n'ont pas tous ces informations. Certains font de la vaccination, d'autres n'en font pas. Les médecins généralistes, certains ont des informations, d'autres n'ont pas les doses et ne le savent pas...
AMELIE DE MONTCHALIN
Notre mission...
PATRICK ROGER
Donc la population - pardon mais, attendez - la population, elle est perdue. Elle va sur Internet et elle n'a pas non plus toutes les informations.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je vais couper court tout de suite à tout esprit de polémique.
PATRICK ROGER
Oui, mais ce n'est pas de la polémique !
AMELIE DE MONTCHALIN
Le président a été très clair. Dans son discours, il a posé un certain nombre de date, d'âge, de délai. Toutes les personnes qui sont impliquées dans la vaccination, du fait de ce discours, du fait des engagements, du fait des doses qui arrivent, de nos mobilisation générales - et je pense que c'est à saluer, beaucoup d'agents publics sont totalement mobilisés sur la vaccination - on a 1 700 centres vaccinaux, on a aujourd'hui des pharmaciens, des médecins généralistes. Dans les toutes prochaines heures...
PATRICK ROGER
Non mais sur les informations, pour savoir si on peut avoir des rendez-vous, où est-ce qu'on peut aller se vacciner ? Parce qu'on va sur Doctolib, mais sur Doctolib, même chose : parfois c'est un un peu compliqué.
AMELIE DE MONTCHALIN
Sante.fr est le site de référence qui permet à chacun d'avoir les informations. Nous avons évidemment des numéros de téléphone et je tiens à saluer - et je pense que c'est très important - moi ma vision du service public, ce n'est pas seulement de faire des choses lointaines. C'est que dans les collectivités locales, dans les mairies, dans tous les aspects de proximité de nos vies, nous avons beaucoup de praticiens, beaucoup de professionnels qui ont aujourd'hui le cadre clair, et la bonne nouvelle c'est que les doses arrivent. La clé de la vaccination aujourd'hui...
PATRICK ROGER
Ce sont les doses.
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est que nous allons donc accélérer cette vaccination. Mais nous l'accélérons pourquoi ? Parce que les usines produisent plus, qu'elles produisent bientôt en France et que donc nous allons, dans les tout prochains jours, être capables de vacciner 300 000 personnes, 400 000 personnes par jour. Et c'est comme ça qu'on va réussir cette bataille collective qui nous donne l'espoir de se dire qu'on fait un dernier effort collectif, en responsabilité, mais que nous voyons les étapes prochaines.
PATRICK ROGER
Amélie de. MONTCHALIN, sur le télétravail dans la Fonction publique. Le chef de l'Etat a dit cette semaine qu'il fallait du télétravail dans la plupart des cas. On en est où des chiffres précisément ce matin et ce que vous envisagez pour les semaines qui viennent ?
AMELIE DE MONTCHALIN
57 % des agents de l'Etat ont télétravaillé la semaine dernière, quand ils n'étaient pas enseignants ou forces de l'ordre. Je vous rappelle que quand je suis venue à votre micro il y a quelques semaines, on était à 40 %. Donc c'est un travail et une mobilisation collective dans tout le pays. Dans les administrations centrales à Paris, on est à plus de 75 % des agents de l'Etat qui télétravaillent. Mon enjeu maintenant, c'est que tout le monde télétravaille le maximum en jours. Pas seulement deux ou trois jours, plutôt quatre ou cinq. Aujourd'hui la moitié du télétravail qui est fait dans les administrations centrales est fait quatre ou cinq jours. C'est ça notre combat : c'est que pendant les trois-quatre prochaines semaines on continue de progresser. Alors on a fait beaucoup de travail d'accompagnement, d'équipement, de formation. Que chaque équipe, chaque service, chaque bureau ait des outils. Aujourd'hui vous savez, il y a plus de 200 000 agents qui ont reçu un ordinateur portable dans les neuf derniers mois. Donc c'est une mobilisation générale, ça fonctionne. Maintenant il faut qu'on soit au taquet de nos capacités, notamment sur le nombre de jours et donc nous y travaillons ensemble. Avec beaucoup de confiance aussi parce que c'est souvent une question de confiance dans les équipes et c'est là qu'il faut que la culture change.
PATRICK ROGER
Donc un jour par semaine au bureau, c'est ça ?
AMELIE DE MONTCHALIN
On permet à toute personne qui le souhaite de pouvoir revenir. Si certaines personnes font cinq jours à la maison, et c'est évidemment possible, et d'ailleurs...
PATRICK ROGER
Et est-ce qu'elles peuvent s'éloigner au-delà des 10 kilomètres aussi de leur domicile ? Aller à la campagne et télétravailler ? Je sais que dans certaines administrations, on ne le permet pas.
AMELIE DE MONTCHALIN
Aujourd'hui les règles là aussi vont être précisées. Ce qui compte pour moi, c'est la continuité du service public. C'est que les personnes soient dans des conditions qui leur permettent d'assurer cette continuité. Evidemment pour certaines personnes, quand il y a des astreintes, quand il y a des urgences, les choses sont à clarifier. Tout ça, vous voyez, on le concerte. Parce que la bonne manière de faire, c'est le bon sens. Si on édicte des règles qui tombent de nulle part et que personne ne peut ensuite appliquer, ça ne sert à rien. Moi ma méthode, vous voyez, c'est de faire les choses avec chacun des ministères, avec chacune des organisations syndicales et assurer deux choses. 1/ On freine le virus ; et 2/ que la continuité des services publics est maintenue.
PATRICK ROGER
Oui. Ce week-end, il va y avoir de la souplesse sur les déplacements ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Le président de la République l'a dit. Les uns et les autres peuvent ce week-end jusqu'à lundi, s'organiser. Ensuite il y aura aussi de la tolérance si vous avez des enjeux de garde d'enfants. Si vous devez déposer des enfants chez l'un ou l'autre qui peut s'occuper et vous aider dans cette période. Mais notre but à nouveau, ce n'est pas de prendre des règles qui tombent du ciel, c'est de nous assurer que c'est efficace. Ce qui est efficace, c'est que nous puissions certes aller dehors nous aérer, mais que nous soyons très vigilants pour notamment les réunions de famille. Ce week-end, je pense que c'est un week-end de Pâques et il faut qu'on soit tous extrêmement vigilants comme on l'a été à Noël pour éviter de se rassembler et de se contaminer.
PATRICK ROGER
Oui. Dites-moi, hier ç'a été quand même très tendu du côté de l'Assemblée nationale et au Sénat. Comment vous comprenez le boycott d'une partie d'ailleurs de l'opposition ?
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est insupportable, c'est navrant, c'est paresseux et c'est irresponsable. Parce que quand on est l'opposition, quand on a entre les mains un bulletin de vote, quand les Français vous ont fait confiance - que vous soyez majorité ou opposition - pour moi vous avez une responsabilité. J'ai été députée : c'est de voter. Si vous êtes contre, et il y a peut-être des gens qui sont contre, qu'ils l'assument. Qu'ils disent qu'ils votent contre. S'ils nous soutiennent, qu'ils votent pour.
PATRICK ROGER
Mais ils disent : en ce 1er avril, c'était une farce ; de toute manière le vote ne servait à rien quasiment puisque les mesures avaient été prises et la majorité allait les voter.
AMELIE DE MONTCHALIN
Si les gens sont contre, c'était le moment de le dire. Manifestement ils ont choisi de ne rien dire. S'ils avaient des propositions à faire concrètes, constructives, qui nous permettent par exemple dans les moments où nous sommes de clarifier les règles, d'aller plus loin c'était le moment de le dire. Ils ne l'ont pas fait. C'est facile, vous savez, d'être d'opposition et de dire : au fond, vous décidez trop lentement puis là vous décidez trop vite. Vous auriez dû agir avant mais finalement...
PATRICK ROGER
C'est ce qu'a dit Jean CASTEX hier. Il est comment Jean CASTEX en ce moment ? En visioconférence il paraît, avec vous les ministres, l'autre jour qu'il a tapé un peu du poing sur la table comme il l'a fait à l'Assemblée. Il veut se faire respecter ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais attendez, on est dans une période difficile pour notre pays. Nous devons être des hommes politiques responsables. Responsables, ça veut dire qu'on donne tous les éléments à l'ensemble des Français tous les jours. Les choses sont partagées. A part les complotistes, tout est transparent. Donc qu'on n'aille pas nous dire ensuite qu'on cacherait les éléments. Toutes les semaines nous consultons l'opposition. Toutes les semaines nous avons des réunions. Certains comme monsieur MELENCHON les snobe. C'est son droit, mais qu'il n'aille pas ensuite nous expliquer qu'il n'est pas au courant. Donc moi je tiens à vous dire, c'est paresseux de considérer qu'on peut arriver à la tribune de l'Assemblée et puis finalement rester dans le " y'a qu'à, faut qu'on, vous auriez dû, nous on sait comment il faut faire " et puis c'est tout le temps de juger après coup. C'est très facile de juger après coup.
PATRICK ROGER
« Paresseux » ils vous répondront je pense. Dernière question avec Cécile de MENIBUS, Amélie de MONTCHALIN.
CECILE DE MENIBUS
Oui. Edouard PHILIPPE a quitté Matignon avec un bon capital de sympathie qui dure visiblement. Il s'est confié là au Point en disant qu'il aimait être aux manettes. Est-ce que ça peut être un concurrent solide pour les présidentielles de 2022 ?
AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord son livre, je crois, est un témoignage très fort de ce que nous avons vécu avec lui au gouvernement, avec le président de la République dans cette période extrêmement particulière qui était cette entrée d'une certaine manière en guerre contre un ennemi invisible. Comment on prend des décisions, comment on prend ses responsabilités, quand est-ce qu'il faut prendre des risques aussi, parce qu'il faut assumer de dire la vérité. Et donc je crois que c'est d'abord l'apport qu'il a dans ce débat d'une grande voix, de ce qu'est l'art de gouverner. Ensuite dans ce qu'il est, dans ce qu'il écrit, dans ce qu'il a dit rien je crois ne fait obstacle à l'idée qu'il continue d'être un soutien au projet du président et à ce que nous menons ensemble pour le pays.
CECILE DE MENIBUS
Non. Après il peut avoir une ambition personnelle qui monte.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce que je vois, c'est que rien ne fait obstacle à cette fidélité, à cette loyauté, au travail qu'on a mené ensemble. Il a permis de faire énormément de réformes. Donc on est aujourd'hui dans une période où on a besoin aussi je crois de remettre de la perspective pour les Français, de ce que ça veut dire justement - j'y reviens - d'être des hommes politiques responsables.
PATRICK ROGER
Merci Amélie de MONTCHALIN, ministre de la Transformation de la Fonction publiques.
AMELIE DE MONTCHALIN
Merci beaucoup.
PATRICK ROGER
Vous avez rendez-vous dans quelques minutes avec les syndicats justement. Merci d'être passée ce matin au micro Sud Radio.
AMELIE DE MONTCHALIN
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 avril 2021