Interview de Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, à RFI le 1er avril 2021, sur la situation des élèves handicapés dans les établissements médico-sociaux à la suite des annonces du président de la République.

Prononcé le 1er avril 2021

Intervenant(s) : 
  • Sophie Cluzel - Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

FREDERIC RIVIERE
Bonjour Sophie CLUZEL.

SOPHIE CLUZEL
Bonjour Frédéric RIVIERE

FREDERIC RIVIERE
Les décisions annoncées hier par Emmanuel MACRON pour lutter contre la détérioration de la situation sanitaire ne sont-elles pas finalement des demi-mesures qui ne vont satisfaire personne, notamment pas les médecins de l'AP-HP, qui réclamaient un nouveau confinement dur, et finalement, ne pas mettre un coup d'arrêt brutal à la propagation de l'épidémie ?

SOPHIE CLUZEL
Je pense que ces mesures sont totalement proportionnées au risque actuel, les écoles, collèges et lycées donc seront fermés à partir de mardi. Pour autant, je tiens aussi à rassurer les familles d'enfants handicapés, tous les établissements médico-sociaux pour enfants restent ouverts, parce que les règles sanitaires sont extrêmement strictes déjà, et que les personnels qui accompagnent ces enfants ont accès à la vaccination comme tous les soignants, au sens large du terme.

FREDERIC RIVIERE
Oui, puisque vous abordez le sujet des élèves handicapés, vous le dites, il n'y aura aucun changement, quelle que soit la forme du handicap dont souffrent ces élèves ?

SOPHIE CLUZEL
Dans les établissements médico-sociaux, parce que les enfants handicapés qui sont à l'école…

FREDERIC RIVIERE
Alors, qu'en sera-t-il dans l'enseignement, on va dire, général ?

SOPHIE CLUZEL
Comme les autres élèves, c'est-à-dire qu'ils auront du distanciel, et ça, les parents ont déjà des cours adaptés, il y aura le distanciel sur la première semaine, il y aura les deux semaines de vacances, et puis, alors, après, la reprise alternée pour les collèges et lycées de la même façon que les autres élèves qui sont en milieu scolaire ordinaire.

FREDERIC RIVIERE
La non-fermeture des écoles a été présentée par le gouvernement comme une position exemplaire, que la France était à peu près la seule à avoir tenu en Europe. Est-ce que cette position justement n'a pas été maintenue finalement au-delà du raisonnable sur un plan sanitaire ?

SOPHIE CLUZEL
Moi, je pense vraiment qu'il était très important de pouvoir maintenir justement notre système scolaire, on l'a bien vu pendant le premier confinement, une fermeture peut avoir des impacts importants, nous avons réussi à la différer, nous avons tenu bon, il en va justement d'éviter des pertes d'acquis pour les enfants de la République. Et là, aujourd'hui, il s'agit d'une semaine en distanciel, deux semaines de vacances scolaires, qui sont regroupées, et puis, une semaine qui va reprendre progressivement. Je pense que c'est vraiment… on a minimisé des risques possibles justement de pertes d'acquis éducatives de façon très importante dans notre pays, on peut s'en féliciter.

FREDERIC RIVIERE
Depuis un peu plus d'un an qu'a commencé cette crise sanitaire, toutes les mesures qui ont été prises ont été prolongées, est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'il en aille de même pour la fermeture des écoles ?

SOPHIE CLUZEL
Alors, je pense que le président de la République a tracé un chemin, un chemin extrêmement clair, je vous rappelle que, aujourd'hui…

FREDERIC RIVIERE
Oui, mais la réalité a parfois obligé à dévier.

SOPHIE CLUZEL
Oui, oui, mais, depuis, nous avons la vaccination, Monsieur, qui s'accélère, et le chemin de vaccination a été tracé aussi de façon accélérée. Donc bien sûr que nous essayons, de toutes parts, ces mesures de freinage, l'accélération de la vaccination, et surtout, moi, je sais compter sur les Français et leur responsabilité ; il en va vraiment que tout le monde joue le jeu, tout le monde, pour changer la donne, et c'est ce que nous sommes en train de faire, donc nous avons ce chemin tracé, nous avons la vaccination qui s'accélère, nous avons vraiment aussi des tests qui sont présents partout donc, et des Français extrêmement responsables, parce que tout le monde a envie qu'on s'en sorte.

FREDERIC RIVIERE
En annonçant par exemple la réouverture des terrasses pour les restaurants, les bars à la mi-mai, le président de la République ne prend pas le risque que la réalité de l'épidémie ne le permette pas ?

SOPHIE CLUZEL
Ecoutez, je pense que les Français ont aussi besoin d'avoir cette lumière au bout du couloir, au bout du tunnel, ce chemin un peu d'optimisme, ce chemin, il est tracé, tenons bon tous ensemble pour qu'on puisse le maintenir. Le président de la République a présenté des perspectives, et c'est ça dont les Français ont besoin, des perspectives pour pouvoir se projeter, pour pouvoir se préparer, et c'est ça qu'on a voulu faire justement avec ces mesures. Mais encore une fois, il en va vraiment de la responsabilisation de tout un chacun, et ça, c'est vraiment important, si on veut vraiment que cette mesure fonctionne et qu'on puisse en effet avoir ce cheminement vers la réouverture, vers une vie qui sera adaptée, puisque le port du masque, les mesures sanitaires, la distanciation seront toujours là, encore pendant quelque temps.

FREDERIC RIVIERE
Mais quand vous dites qu'il en va de la responsabilité de chacun, ça veut dire que vous considérez ou on considère au gouvernement que les Français ont peut-être parfois manqué un peu, justement, de responsabilité ou de vigilance ?

SOPHIE CLUZEL
Non, pas du tout, vous savez, moi, je travaille beaucoup, beaucoup sur le terrain, je circule dans tout le respect des gestes sanitaire, et je peux vous dire qu'au contraire, les Français ont envie comme tout un chacun que ça aille vite et qu'on puisse s'en sortir, et ils ont été extrêmement responsables, en tout cas, moi, je salue le travail de toutes les associations, des familles qui ont tenu bon, qui tiennent bon, et qui, sans arrêt, et les personnes elles-mêmes, et notamment les personnes en situation de handicap, où on disait qu'elles ne seraient pas capables de respecter les gestes sanitaires, elles sont exemplaires. Donc non, pas du tout, mais il en va de cette dernière ligne droite absolument, où il nous faut accélérer ensemble, tous ensemble, pour tenir bon.

FREDERIC RIVIERE
Le président de la République a-t-il pris ses décisions en fonction des recommandations du Conseil scientifique ou s'est-il forgé seul son avis, puisqu'il paraît qu'il a acquis de très hautes connaissances en épidémiologie ?

SOPHIE CLUZEL
Vous savez, tout le monde parle beaucoup sur des plateaux télé, le président de la République, il tient sa route, il a ses conseils, il a le Conseil scientifique, certes, mais aussi, il a un gouvernement autour de lui, il a un Premier ministre, avec qui on échange régulièrement, on a des Conseils de ministres. Et ne vous inquiétez pas pour ça, je veux dire, les évaluations, elles sont constantes, les évaluations. Il suit les chiffres, nous suivons tous les chiffres régulièrement. Nous avons des indicateurs qui nous permettent justement de prendre des décisions, heureusement.

FREDERIC RIVIERE
En aucun cas, on se dit au gouvernement qu'on aurait peut-être stoppé la progression de l'épidémie plus efficacement en prenant ces mesures plutôt fin janvier par exemple, puisque c'est le moment qui est considéré comme critique ?

SOPHIE CLUZEL
Vous savez, je crois qu'il faut arrêter de regarder dans le rétroviseur en permanence, là, maintenant, il faut qu'on se retrousse les manches tous ensemble pour réussir justement cette dernière mesure de freinage, pour pouvoir se sortir de ce tunnel enfin, donc arrêtons, si vous voulez, sans arrêt de regarder derrière, travaillons ensemble, accompagnons les familles, accompagnons les entreprises, accompagnons ceux qui souffrent vraiment, notamment tous ceux qui avec ces mesures de freinage vont être impactés, les petits commerces, les commerces, et le gouvernement, il est à cette tâche-là, de pouvoir justement s'assurer qu'il n'y ait pas de rupture de droits, proroger les droits, travailler vraiment sur l'accompagnement, on n'est pas en train de regarder dans le rétroviseur en permanence.

FREDERIC RIVIERE
Le Parlement sera consulté aujourd'hui, l'Assemblée et le Sénat, mais beaucoup de responsables de la majorité disent depuis déjà des semaines, des mois même, que la gouvernance de cette crise est beaucoup trop pyramidale, qu'ils devraient être associés à la réflexion chaque fois que des décisions importantes doivent être prises, est-ce que vous entendez cette critique ?

SOPHIE CLUZEL
Ecoutez, moi, je les entends, je les entends autour de nous, mais pour autant, j'entends aussi que souvent, on nous reproche de ne pas prendre de décisions ou de les prendre trop vite ou de les prendre pas assez. Donc je pense que, aujourd'hui, le président de la République a annoncé des décisions, elles vont être présentées aujourd'hui à l'Assemblée, au Sénat, et puis, il y aura un vote, et les gens pourront débattre, donc il y a un débat qui est ouvert de toute façon.

FREDERIC RIVIERE
Oui, mais qui portera sur des mesures déjà décidées ?

SOPHIE CLUZEL
Peut-être, mais le débat sera là, il sera présent, donc c'est bien ça, et on nous demande de prendre des décisions rapidement, vous venez de me dire : on ne les a peut-être pas prises assez vite, là, on les a prises assez… rapidement, maintenant, on nous reproche de ne pas les prendre, vous voyez, je pense qu'on est aujourd'hui tous ensemble, il faut qu'on cesse les polémiques et qu'on avance pour sortir de cette crise. Je pense que c'est là où les Français nous attendent et pas sur des débats stériles de dire : il aurait fallu dire ça, il aurait fallu dire ça, non, le président a acté vraiment des mesures de freinage, et maintenant, il faut qu'on les mette en place de façon sereine tous ensemble pour s'en sortir.

FREDERIC RIVIERE
Merci Sophie CLUZEL, merci, bonne journée.

SOPHIE CLUZEL
Au revoir.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2021