Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Alain GRISET.
ALAIN GRISET
Bonjour.
PATRICK ROGER
Première étape du déconfinement hier en attendant la date du 19 mai, notamment qui va marquer la réouverture de certains commerces, de terrasses, ensuite les restaurants. Certains pensent quand même rester fermés de peur d'une activité trop restreinte et de perdre de l'argent. Est-ce qu'il y aura toujours un accompagnement ?
ALAIN GRISET
Alors, la réponse est oui. Il y aura un accompagnement, mais il est évident que chacun doit reprendre l'activité, et les restaurateurs qui nous ont beaucoup demandé de rouvrir, je ne vois pas pourquoi certains resteraient fermés.
PATRICK ROGER
Oui, sauf que s'il y a des conditions trop compliquées, trop complexes et qu'ils ne peuvent pas faire le plein, ils se disent : est-ce qu'on doit rouvrir, le 19 mai et ensuite début juin ? Non ?
ALAIN GRISET
D'abord, je continue la concertation avec l'ensemble des branches professionnelles. Cette semaine je vais recevoir une dizaine de branches professionnelles, et cafés hôtels restaurants, ce sont des représentants que je vois très souvent, donc on travaille avec eux sur les conditions de reprise. Mais dans tous les cas de figure, le président de la République l'a dit, le Premier ministre l'a confirmé, Bruno LE MAIRE également, nous continuerons, tant qu'il y a des mesures sanitaires de restrictions, nous continuerons d'accompagner les entreprises.
PATRICK ROGER
Oui, et il y aura ensuite des aides dégressives, c'est ça, sur quels critères alors vous allez décider ?
ALAIN GRISET
Alors, ça, ça fait partie des discussions que nous avons, pour l'instant, tout n'est pas figé. Il y a plusieurs dispositifs envisagés, que ça soit d'ailleurs une partie d'activité partielle, les cotisations sociales, le fonds de solidarité, tout ça ce sont des outils d'abord qui ont montré leur efficacité et que nous faisons, nous adaptons au fur et à mesure des situations.
PATRICK ROGER
Oui, notamment sur le chômage partiel, alors, c'est ce que vous dites aussi précisément, il va être dégressif, parce qu'aujourd'hui c'est 84% à peu près, c'est ça, demain ce sera combien ?
ALAIN GRISET
Non, pour l'instant c'est 84% pour les salariés, et c'est zéro reste à charge pour les employeurs, à partir du moment où il y a une situation de fermeture administrative. Donc Elisabeth BORNE a confirmé qu'au mois de mai on gardera ces mêmes dispositifs, et puis nous travaillons là actuellement pour regarder comment ça va se passer en juin, juillet et au mois d'août.
PATRICK ROGER
Est-ce qu'il y a des secteurs plus que d'autres où c'est difficile de relancer la machine, notamment tout ce qui concerne l'événementiel, le tourisme peut-être ?
ALAIN GRISET
Non, il y a des secteurs dont on sait qu'il va y avoir un délai de latence. L'événementiel est un bon exemple, je les vois cette semaine, où on voit bien qu'à partir du moment où le top départ va être donné, il faudra entre 3 et 6 mois pour organiser les salons, les congrès et qu'il est légitime que pendant cette période de l'Etat accompagne ces entreprises. Vous savez, on part d'un principe très simple et très clair à la fois : depuis le mois de mars 2020, le président de la République a décidé que nous allions accompagner les entreprises. On ne les a pas accompagnées pendant 14 mois, pour les lâcher comme ça d'un seul coup. Donc on va en … (microcoupure son), les accompagner, tant qu'il y aura des restrictions sanitaires.
PATRICK ROGER
Oui, c'est ça. Vous imaginez justement une reprise malgré l'absence de touristes étrangers aussi, dans l'hôtellerie, ou comment vont-ils pouvoir s'adapter ?
ALAIN GRISET
Je pense que là il va y avoir quand même deux cas notoirement différents. Il va y avoir Paris, peut-être une ou deux grandes villes, et puis le reste de la France. Sur Paris, où il y a un fort effet tourisme, il est possible que pendant encore une période, qu'on ne peut pas déterminer, il y ait un manque de clients dans les hôtels. Donc ça fait partie des discussions que nous avons avec les représentants des secteurs, pour savoir comment nous allons les accompagner.
PATRICK ROGER
L'une des autres difficultés pour les commerces qui vont ouvrir le 19 mai, ce sont les stocks, les invendus. Quand et combien les commerçants pourront-ils toucher des aides spécifiques, s'il peut y en avoir ?
ALAIN GRISET
Pour l'instant, j'ai déjà annoncé une décision qui va être opérationnelle dès le mois de mai, pour ceux qui ont moins de 50 salariés, nous allons payer au mois de mai, de façon automatique, sans qu'il y ait de formalités à faire, 80 % du fonds de solidarité touché au mois de novembre. Ceux qui ont touché au fonds de solidarité 10 000 €, pourront toucher 8 000 € automatiquement au mois de mai. Et puis après il y a ceux qui ont des entreprises plus importantes, plusieurs magasins, et les stocks entreront dans le dispositif frais fixes.
PATRICK ROGER
Il y a un paradoxe à l'occasion de cette réouverture, c'est vrai dans les hôtels cafés restaurants, mais également dans d'autres secteurs, on l'aborde ce matin, c'est la question effectivement de l'emploi. Pourquoi, est-ce que c'est un mal français, on a un manque de personnel, des entreprises ont du mal à recruter ?
ALAIN GRISET
Je pense qu'on peut dire qu'il y a un peu une spécificité française. Avant même la crise sanitaire, je me souviens qu'en février 2020 les employeurs disaient déjà qu'il y avait une difficulté de recrutement. Et ce mal français consiste à dire que même en activité pleine, beaucoup de pays identiques au nôtre, sont autour de 2,5, 3% de chômeurs. Nous, on a du mal de descendre en dessous de 6%. Voilà, il y a un chômage structurel français très lourd, qu'il faut absolument qu'on arrive à résoudre.
PATRICK ROGER
Mais qu'est-ce qui n'est pas adapté alors dans notre système ?
ALAIN GRISET
Je crois qu'il y a deux différences majeures. D'abord, un, je pense qu'on a souvent une inadéquation entre l'offre et la demande. Il y a des besoins d'entreprise et ça ne correspond pas toujours avec les compétences ou l'envie des gens qui cherchent du travail. Après, derrière, c'est vrai qu'on a un système globalement assez protecteur, qui fait que quelques fois il peut avoir des choix qui aboutissent au fait qu'on ne trouve pas les salariés.
PATRICK ROGER
Oui, que certains préfèrent garder en fait les aides plutôt que d'aller travailler, c'est-ce que vous dites ?
ALAIN GRISET
C'est marginal, sûrement, en tout cas ce qu'on constate, c'est qu'il y a en tout cas aujourd'hui une difficulté qui d'ailleurs commence à apparaître là maintenant, on est quand même dans une période de crise profonde en termes d'emploi, les secteurs qui fonctionnent… par exemple le bâtiment, le bâtiment qui fonctionne correctement nous dit très régulièrement qu'il a déjà des difficultés d'embauche. L'hôtellerie-restauration, nous avions une réunion hier avec leurs représentants, nous disent leur inquiétude, au moment de l'ouverture, de ne pas retrouver suffisamment de personnes pour permettre une ouverture totale. Donc voilà, en tout cas il y a ce sujet, qui est un vrai sujet d'ailleurs, c'est pour ça qu'Elisabeth BORNE a beaucoup travaillé depuis plusieurs semaines sur le sujet, avec Pôle emploi, pour voir avec Pôle emploi de quelle manière proposer à ceux qui recherchent du travail, du travail dans ces secteurs, avec aussi des moyens financiers considérables en termes de formation, pour adapter ces personnes qui sont quelquefois à la recherche d'emploi, dans des secteurs dans lesquels ils n'avaient pas travaillé précédemment, donc l'Etat est mobilisé pour accompagner les branches qui auront besoin de salariés.
PATRICK ROGER
Il y a un secteur aussi qui se sent laissé pour compte de la reprise, puisqu'on a évoqué des réouvertures à venir, c'est celui des discothèques. Pas de date possible, qu'est-ce qu'il est prévu pour ce secteur ?
ALAIN GRISET
Les discothèques je les vois demain, je les ai vues depuis que je suis ministre, au mois de juillet, très régulièrement. D'abord, dès me mois de juillet on a mis en place des dispositifs d'accompagnement qui étaient un peu spécifiques aux discothèques, c'est vraiment un secteur qui a fermé depuis maintenant 14 mois, vraiment fermé depuis 14 mois, et sur lequel pour l'instant il n'y a pas de perspectives. Donc on les a beaucoup accompagnés, on va continuer de les accompagner, je leur ai d'ailleurs dit il y a quelques semaines que je vais regarder avec eux si on doit mettre en place un plan spécifique d'accompagnement. Et puis nous allons regarder de quelle manière éventuellement on peut avec eux travailler sur des protocoles, sur des processus…
PATRICK ROGER
C'est-à-dire qu'il y a un espoir de réouverture pour certains alors ?
ALAIN GRISET
Pour l'instant, je n'ai pas de date possible et leur donner, mais, enfin je ne pense pas qu'on puisse jamais leur dire qu'un jour ils vont rouvrir. Bon, on ne va pas dire à ces gens « écoutez, c'est fini, terminé pour vous, il n'y aura jamais d'ouverture ».
PATRICK ROGER
Mais cet été, est-ce que pour certains, avec des protocoles, ils pourront rouvrir éventuellement ?
ALAIN GRISET
Non, ce n'est pas quelque chose pour l'instant sur lequel il y a une position qui est arrêtée. D'abord il faut qu'on regard, ici jour après jour, vous savez c'est vraiment pour nous un vrai sujet quotidien, quelle est la façon dans laquelle le virus régresse. Le taux d'incidence, le nombre de personnes en réanimation, et je pense que là on va avoir une quinzaine de jours, trois semaines, jusqu'à la fin du mois de mai, dans laquelle on va voir ou pas si il y a une vraie décrue. S'il y a une vraie décrue on pourra peut-être commencer à regarder si on peut donner une perspective.
PATRICK ROGER
Olivier VERAN s'est voulu assez optimiste hier soir, c'est le message que vous faites passer au sein du gouvernement ?
ALAIN GRISET
Ecoutez, on a une différence fondamentale par rapport à mai 2020, quand même la configuration est totalement différente. On a le vaccin, c'est quand même un élément extrêmement différent, avec une vraie perspective. Il y a quelques semaines, quand je venais vous voir, je disais : il nous faut une petite lumière au bout du tunnel. Elle est là la petite lumière. Nous nous mobilisons maintenant je pense qu'en termes de doses de vaccins les choses s'améliorent, on a plus de 500 000 personnes par jour qui ont vaccinées, je pense qu'on va atteindre comme prévu ce que le Premier ministre a dit, 20 millions le 15 mai, 30 millions au mois de juin, au mois d'août en gros on aura vacciné tous ceux qui voudront bien le faire, et donc on est vraiment dans une perspective de reprise plus sereine.
PATRICK ROGER
Pas question de priorité pour les commerces justement, pour la vaccination, puisqu'ils vont recevoir du personnel, ça n'a pas été envisagé ?
ALAIN GRISET
Non, pour l'instant, pas pour l'instant, on a toujours beaucoup de Français qui sont dans des situations de priorité de santé, qui restent pour nous absolument prioritaires. Le président la semaine dernière a ouvert une nouvelle tranche pour ceux qui ont des difficultés en obésité et autres, on a plus de 2 millions de personnes, donc il faut d'abord qu'on arrive à vacciner tous ceux qui ont des situations sanitaires qui sont plus dangereuses.
PATRICK ROGER
Dernière question avec Alain GRISET, avec Cécile de MENIBUS.
CECILE DE MENIBUS
La plupart des commerçants n'ont pas pu écouler leurs stocks, parce qu'ils sont restés fermés. Est-ce que d'abord les soldes d'été, qui sont prévus du 23 juin au 20 juillet, est-ce que la date est confirmée et est-ce qu'on peut imaginer une troisième période justement pour écouler ces stocks ou un allongement des soldes ?
ALAIN GRISET
Alors, je vais avoir là aussi, l'agenda est particulièrement chargé en ce moment sur tous les sujets, je vais avoir une réunion la semaine prochaine sur la partie soldes, est-ce qu'il y a maintien de la date où est-ce qu'il y a un décalage comme on l'a fait au mois de juillet passé et au mois de janvier ? Pour l'instant les contacts que j'ai, il n'y a pas de demande particulière d'une opération flash en plus. Bon. Donc on va faire une analyse de leur situation, regarder la position des uns et des autres, elle n'est souvent pas totalement identique suivant les représentants du commerce, mais en tout cas je prendrai avec Bruno LE MAIRE une décision dans les 15 jours qui viennent, pour informer ces commerçants et informer le grand public de la date des soldes.
CECILE DE MENIBUS
Mais ça veut dire qu'on pourrait quand même avoir une troisième période, c'est envisageable ?
ALAIN GRISET
Tout est envisageable. Vous savez, le principe des discussions dans ce gouvernement, c'est justement d'écouter, d'échanger et ensuite de prendre des décisions. Il n'y a pas de demandes pour l'instant dans cette direction, je pense qu'il faudra qu'on analyse comment se passe la nouvelle période de soldes, avant d'envisager autre chose.
PATRICK ROGER
Mais elle pourrait être repoussé alors cette période, quoi, non, c'est ça ?
ALAIN GRISET
Elle pourra être repoussée, comme on l'a fait au mois de janvier et au mois de juillet, ça fait partie des échanges que j'aurai avec eux dans quelques jours.
PATRICK ROGER
Merci beaucoup Alain GRISET, ministre délégué en charge des Petites des moyennes entreprises, qui était l'invité de Sud Radio ce matin.
ALAIN GRISET
Merci à vous, bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 mai 2021