Interview de M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des transports, à LCI le 12 avril 2021, sur le dépistage de la variante brésilienne du Covid-19, l'écologie, les aéroclubs et la calendrier électoral.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Jean-Baptiste DJEBBARI.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Bonjour à vous.

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous buviez un petit café, pour ceux qui ont vu votre geste à l'antenne, vous êtes donc ministre chargé des Transports. Avant de parler des transports, on va parler des fêtes, vous avez vu, les fêtes se multiplient, il y en a un peu partout, alors il y a les fameuses histoires de restaurants clandestins, un commentaire d'ailleurs sur Brice HORTEFEUX, ancien ministre, et puis Alain DUHAMEL, journaliste, hop ! chopés à déjeuner, qu'est-ce que ça vous inspire ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, moi je suis la chronique des événements sur le sujet, moi ça m'inspire deux choses. Ça m'inspire que, dans ce moment particulier, évidemment l'exemplarité des politiques, de ceux qui ont des responsabilités, publiques ou médiatiques, est importante, et ça m'inspire aussi qu'on arrive à faire de ces informations, l'information principale pendant des jours et des jours, et ça révèle quelque chose de la société du spectacle dans laquelle nous sommes.

JEAN-MICHEL APHATIE
Peut-être parce qu'on cherche, je parle des médias puisque… peut-être parce qu'on cherche aussi à voir qui respecte les règles, qui ne les respecte pas, est-ce qu'il faut les respecter.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, par exemple en ayant dit qu'un membre du gouvernement était dans ces dîners, il y a maintenant une semaine, ce qui était factuellement faux, je pense qu'une partie des Français, qui n'aiment pas les politiques, qui n'aiment pas la politique, retiendra qu'un membre du gouvernement et des journalistes, de concert, tiennent des dîners clandestins dans Paris. Voyez, ça aura marqué, ça aura entaché, ça contribue au discrédit "de l'élite."

JEAN-MICHEL APHATIE
Catégorique ce matin, Jean-Baptiste DJEBBARI, il n'y a pas de membre de l'actuel gouvernement qui a fait des déjeuners ou des dîners clandestins ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je suis catégorique pour moi-même, et je crois que le gouvernement s'est exprimé, l'ensemble des ministres…

JEAN-MICHEL APHATIE
Très bien.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, non, mais écoutez…

JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous avez raison, déjà être catégorique pour vous-même c'est déjà beaucoup.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, mais je crois vraiment qu'aucun membre du gouvernement prendrait le risque, alors qu'on connaît la situation qu'on a actuellement, qu'on vit actuellement, que c'est difficile pour tout le monde, commettrait le risque de se retrouver dans un dîner comme ça.

JEAN-MICHEL APHATIE
Je vous parlais des fêtes clandestines, parce qu'on les a beaucoup évoquées ce matin sur LCI, parce que ras-le-bol quoi, parce que beaucoup de gens en ont ras-le-bol.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Parce que lassitude, parce que lassitude, et donc ça renvoie à tout le sujet de continuer à résister ensemble quelques temps, de continuer à progresser sur la vaccination, d'espérer qu'avec les beaux jours, la vaccination, les traitements, les choses redeviennent comme avant. Mais oui, c'est dur, enfin moi je le vois dans mon environnement proche, de toutes conditions sociales confondues, c'est évidemment très très dur, les Français en ont marre. Ça n'excuse rien de ceux qui transigent avec les règles et qui finalement affaiblissent l'effort collectif, mais dire que la lassitude est une réalité, oui, bien sûr.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ministre des transports, donc nous nous interrogions ce matin sur LCI, pourquoi gardons-nous en France, à Roissy, des lignes aériennes, quatre par jour je crois, ouvertes avec le Brésil, le Brésil est le pays du monde où la pandémie a mal été contrôlée, il y aurait aujourd'hui, le chiffre n'a pas grand sens mais, 92 variants, certains réputés potentiellement très dangereux, 92 ou 94, on n'en sait rien, mais le manque de contrôle crée un vrai problème sanitaire, pourquoi garde-t-on des lignes aériennes ouvertes avec ce pays ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors d'abord, enfin moi je veux rétablir un peu les faits. Nous avions avant la pandémie environ 50 000 personnes qui arrivaient par semaine à Roissy, aujourd'hui c'est…

JEAN-MICHEL APHATIE
Du Brésil.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Du Brésil, bien sûr, du Brésil, aujourd'hui c'est 50 par jour. Ils viennent après avoir eu un test PCR négatif, ils ont parfois un test antigénique à l'arrivée, et ils doivent justifier d'un motif impérieux. Pourquoi on a gardé ces lignes ? Parce que c'est imposé par le droit. Vous savez que le Conseil d'État nous a dit que les ressortissants français, et les résidents en France, au nom de la liberté de circulation, devaient pouvoir continuer à venir, raison pour laquelle - et ça n'a pas été fait par exemple au Portugal ou dans d'autres pays – raison pour laquelle nous avons encore renforcé le protocole sanitaire et gardé quelques lignes, mais encore une fois, je le dis, c'est 50 personnes par jour qui rentrent sur le territoire français au moyen d'un protocole sanitaire…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, parce qu'ils sont Français… au moyen d'un protocole sanitaire, vous avez raison, ça veut dire qu'aucun Brésilien, par exemple, n'entre sur le territoire français aujourd'hui ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ça veut dire que le Brésilien qui rentre il a un motif impérieux, il a un test PCR négatif et il a possiblement un test antigénique à l'arrivée, donc il est contrôlé sur le plan sanitaire, donc pour les motifs impérieux, professionnels impérieux, mais qui sont quand même très très restreints, cela est encore possible, mais sinon, encore une fois, des volumes très restreints.

JEAN-MICHEL APHATIE
S'il n'y a pas de test PCR négatif, au départ, de Rio ou de Sao Paulo, il ne prend pas l'avion ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, alors je vois vers là où vous m'emmenez, je pense, sur la fraude des tests peut-être, mais, non, s'il n'a pas un test PCR négatif, et un motif impérieux, présentés à l'embarquement, il ne prend pas l'avion. Alors après tout le sujet, il y a eu des reportages ce week-end…

JEAN-MICHEL APHATIE
Bien sûr, oui, sur le trafic qui peut exister.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Les fraudes aux tests, c'est tout l'enjeu de ce qu'on est en train de mettre en place avec le pass sanitaire, le Travel Pass, d'avoir des documents qui sont infalsifiables, parce qu'effectivement prolifère, sur Internet notamment, des gens qui, de façon totalement irresponsable, vendent ce type de documents pour quelques euros.

JEAN-MICHEL APHATIE
Si les choses sont contrôlées, comme vous le dites, on peut imaginer que l'impact sur la transmission du virus est faible.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Là les chiffres qu'on avait, je les regardais cette nuit, c'est que la souche brésilienne, je crois pour le mois de mars, c'est 0,1% des souches détectées en France. Alors, ça ne veut pas dire du tout qu'il faut relâcher l'effort, mais je crois que pour l'instant, effectivement…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, bien sûr, il faut être vigilant.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On avait une crainte, à un moment, que le variant anglais, et le variant brésilien, prennent beaucoup de place par rapport au variant historique que nous connaissions, je constate que pour l'instant ce n'est pas possible, mais il faut évidemment rester extraordinairement vigilant, sur les protocoles sanitaires notamment en provenance du Brésil.

JEAN-MICHEL APHATIE
D'autant qu'il y a certains variants visiblement, au Brésil, qui inquiétant beaucoup les scientifiques, mais pour l'instant ils n'ont pas encore…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Sur ce sujet des variants, brésilien et autres, sera un vrai vrai sujet pour les mois qui viennent, puisque les vaccins qui sont conçus aujourd'hui devront pouvoir couvrir d'autres variants, je crois comprendre que biologiquement les variants, en tout cas les virus, cherchent toujours à évoluer pour finalement durer, donc ça sera un vrai enjeu que de continuer à maîtriser leur prolifération.

JEAN-MICHEL APHATIE
L'activité aérienne est contestée par certains élus en France, la maire de Poitiers, Léonore MONCOND'HUY, a supprimé, il y a de cela trois semaines à peu près, deux subventions à des aéroclubs de sa ville, Poitiers, et vous avez pris, alors vous êtes ministre des Transports, il y a une petite logique avec tout ça, mais vous avez pris la défense de ces personnes qui animent des associations d'aéroclubs, et vous avez dire, alors ça, ça a un peu plus surpris, que vous demanderiez pour elles la légion d'honneur. Alors j'ai plusieurs questions, d'abord, cette demande l'avez-vous faite ou allez-vous la faire ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, alors la réalité est moins savoureuse que celle-ci, mais… d'abord moi je conteste les propos de la maire de Poitiers, je l'ai dit publiquement, ça pour le coup je l'ai dit, j'ai dit…

JEAN-MICHEL APHATIE
Elle a dit qu'il fallait changer le rêve des enfants…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Changer le rêve des enfants, enfin ça renvoi à toute cette fraction de l'écologie, autoritaire, décroissante, et moi je crois que la décroissance c'est vraiment la précarisation sociale pour tous, sans ne rien résoudre du sujet environnemental, donc, honnêtement…

JEAN-MICHEL APHATIE
Pour être honnête, elle a regretté la formulation…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai vu, je crois qu'elle a eu raison de le regretter, c'était une formulation qui était…

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous vous êtes parlé tous les deux ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je serai ravi de discuter avec la maire de Poitiers.

JEAN-MICHEL APHATIE
Je crois que vous n'avez pas son téléphone…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Après, donc la réalité est moins savoureuse, je n'ai pas demandé de légion d'honneur, j'ai été saisi d'une demande de médaille aéronautique, ce n'est pas tout à fait pareil…

JEAN-MICHEL APHATIE
Saisi par qui ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai été saisi par des personnes qui connaissent ces présidents d'aéroclub, notamment des élus du territoire, mais vous savez, des demandes de médaille aéronautique on en reçoit plusieurs dizaines par jour, par semaine plutôt, on en attribue une quarantaine par an, et à chaque fois qu'il y a une petite polémique, évidemment, les défenseurs saisissent des demandes honorifiques, donc j'ai dit que pour cette médaille aéronautique je regarderai effectivement les conditions d'octroi, et ça s'est transformé en "le ministre des Transports veut donner la légion d'honneur", donc j'ai laissé cette polémique, ne pouvant pas l'arrêter de prospérer.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et alors vous avez regardé, pour en finir avec les médailles aéronautiques, dont je découvre un peu l'existence pour tout vous dire…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Vous pouvez postuler si vous avez des faits émérites en la matière.

JEAN-MICHEL APHATIE
Non, je n'ai aucune raison pour cela, donc vous allez les attribuer ces médailles ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
On va regarder, parce qu'en fait il y a un protocole, il y a une procédure très précise, on vérifie le pedigree, les mérites, c'est des médailles qui sont attribuées au mérite des individus, moi je ne connais pas ces présidents…

JEAN-MICHEL APHATIE
Leur mérite respectif, vous allez étudier le dossier. Je vous posais la question, parce qu'en soi on s'en moque un peu, mais c'est pour essayer de déterminer le degré d'affrontement que vous voulez instaurer avec une maire écologiste qui, de votre point de vue peut-être, menace une activité à laquelle vous tenez.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je pense que vous avez raison de préciser sur le plan politique, le sujet ce n'est pas tellement… la maire de Poitiers, vous l'avez dit, a regretté ses propos, je pense que ses propos ils trahissent la pensée d'une frange, encore une fois, de l'écologie politique, la frange la plus décroissante, celle qui n'aime pas trop la technologie, celle qui n'aime pas trop l'industrie, celle qui a choisi…

JEAN-MICHEL APHATIE
En même temps la technologie ne fait pas que du bien, elle pollue aussi !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais moi, vous savez…

JEAN-MICHEL APHATIE
Le progrès n'est pas…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'assume d'être technophile, mais pas technolâtre, tout ce qui est techniquement possible n'est pas forcément politiquement, sociétalement, philosophiquement souhaitable, et donc il faut regarder, mais je constate qu'il y a des incohérences. Voyez, je lisais une tribune ce matin, de chercheurs montpelliérains, qui disent ne plus vouloir prendre l'avion pour des motifs environnementaux, et donc vouloir faire de la visioconférence, d'abord moi je leur dis ne plus prendre l'avion, puisqu'ils ne veulent pas prendre l'avion, mais j'essaie de me projeter à 10 ans. Vous savez qu'aujourd'hui l'aviation c'est 2,5% des émissions de gaz à effet de serre, le numérique c'est déjà 3%, et le numérique dans 10 ans c'est plus de 20%, donc moi je veux savoir ce que feront ces personnes quand ils ne prendront plus l'avion et quand ils ne feront plus de visio au motif que le numérique aura une part prépondérante dans les émissions de gaz à effet de serre. Voyez, c'est cette incohérence avec laquelle on a à composer politiquement, et moi je préfère, pour le coup, la technologie, sans être technolâtre, sans être béat, en tout cas l'approche technologique, scientifique, qui consiste à dire qu'on va diminuer encore le poids de l'impact environnemental de l'aérien et qu'on a totalement… on est crédible pour le dire, on a AIRBUS, on a SAFRAN, on a THALES, on a des écoles d'ingénieurs absolument incroyables en France, on a quasiment inventé l'aviation, petit cocorico…

JEAN-MICHEL APHATIE
Carrément.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Carrément, en tout cas on y a très largement contribué, donc on est crédible, voyez, on est peut-être moins crédible pour dire qu'on va diminuer l'empreinte du numérique dans le monde.

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous vivez l'écologie politique comme une menace pour le secteur aérien ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je vis cette écologie politique décroissante, non pas comme une menace, mais comme une illusion, et donc… tout le monde est écologique aujourd'hui, et il faut rendre hommage à ceux qui ont eu l'intuition, dans les années 60, 70, qu'effectivement le grand sujet du siècle c'était l'empreinte de l'activité humaine sur nos ressources, il faut rendre hommage à ces gens-là, et aujourd'hui vous avez une frange d'écolos politiques, décroissants, qui veulent, qui ont une approche radicale de l'écologie politique et qui, je crois, il faut contester, et dont je crois, il faut pointer les incohérences, c'est ce que moi je fais, sans ne rien remettre en cause évidemment de notre engagement environnemental.

JEAN-MICHEL APHATIE
Votre ministre de tutelle, alors je ne sais pas si vous vivez sous tutelle, peut-être pas mais…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, je ne crois pas que…

JEAN-MICHEL APHATIE
Elle s'appelle Barbara POMPILI, elle est ministre de la Transition écologique, et votre ministère est rattaché au sien, mais il y a une hiérarchie gouvernementale, c'est comme ça, alors elle a dit la semaine dernière, elle ne voulait pas vous faire plaisir visiblement, peut-être qu'elle n'était pas tout à fait au courant des choses, mais elle a dit, je la cite, "les décorations républicaines n'ont pas vocation à être attribuées dans le cadre des polémiques politiques." Une bonne copine.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
D'abord je m'entends très bien avec Barbara POMPILI, qui est une bonne copine, comme vous le dites, et qui a réagi à la polémique, donc je lui ai dit la polémique n'était pas la réalité des faits, et elle a réagi à la polémique, et il se trouve que quand elle a dit ces mots j'étais avec elle, donc on a pu en discuter. Donc tout va bien entre Barbara POMPILI et moi si…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, bien sûr, enfin c'est, comment dirais-je… il y a des contradictions politiques entre vous, mais on ne les étale pas sur la place publique, et quand ça ressort comme ça il vaut mieux se parler pour éviter que…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je ne suis même pas sûr qu'il y ait beaucoup de contradictions politiques entre nous en vérité.

JEAN-MICHEL APHATIE
C'est vrai ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, non, je pense que Barbara POMPILI c'est une écologiste, pragmatique, concrète, qui, elle le dit comme ça, cherche à faire entrer l'écologie du quotidien dans la vie des Français, je crois qu'elle a raison.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et quand François BAYROU dit "on a besoin du nucléaire", elle, elle dit "non, on peut s'en passer."

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Alors ça pour le coup c'est une appréciation scientifique un peu différente.

JEAN-MICHEL APHATIE
De quel côté êtes-vous ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi je pense, c'est dans une dynamique qu'il faut dire tout ça. On est en train de faire, par exemple, un grand plan pour l'hydrogène, je pense qu'on peut vraiment devenir des leaders mondiaux, pour le coup, de l'hydrogène bas carbone, bas carbone ça veut dire avoir des sources, une production électrique, non carbonée, ou décarbonée, le nucléaire en fait partie, donc peut-être qu'effectivement, avec le nucléaire, on est en capacité de gagner 10, 15 ans, les 10, 15 ans qui feront qu'on arrivera à reconstituer une politique de puissance, donc là moi…

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes un homme de synthèse.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, un homme d'industrie, et pas de synthèse, moi je pense qu'il faut regarder les intérêts de la France. On a beaucoup oublié, perdu cette habitude, de faire du "hard power" en France, on a beaucoup mené des politiques de "soft power", de… l'énergie, les transports, ce sont des politiques de puissance, c'est de l'industrie en France, c'est du… international, c'est des contrats à l'étranger, qui permettent aussi de rester fort et de faire prévaloir nos valeurs. Vous savez, c'est la phrase de DE GAULLE qui disait…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, il en a dit beaucoup !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Il en a dit beaucoup, mais celle-là elle était intéressante particulièrement, il a dit "une politique ne vaut que par ses moyens, à la fin c'est le rapport de force qui tranche et non l'argumentation", ça on l'a un peu oublié en France ces derniers temps, donc pour être fort il faut développer des politiques de puissance, c'est vrai dans l'industrie, c'est vrai évidemment…

JEAN-MICHEL APHATIE
On peut parler de politique ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Je crois que c'est de la politique la puissance de…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, c'est de la politique, mais de la politique chimique un peu.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Faisons un peu de politique gazeuse alors.

JEAN-MICHEL APHATIE
Régionales en juin, oui ou non ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi je suis plutôt pour.

JEAN-MICHEL APHATIE
…Ça vous intéresse tout ça. Vous êtes plutôt pour, d'accord.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Pour si c'est possible.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ça c'est sûr, si ce n'est pas possible il ne faut pas le faire. Donc vous êtes pour…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, plutôt pour, mais si les conditions sont réunies, autrement dit, les conditions sanitaires, mais les conditions pratiques. Vous savez qu'aujourd'hui le Conseil scientifique a émis un avis et il a posé un certain nombre de modalités pour que le scrutin se détermine, ou se fasse…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, se fasse, mais il est plutôt pour le Conseil… plutôt pour, disons qu'il n'a pas dit non et que c'est le gouvernement qui doit trancher.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Il n'a pas dit non, il a dit "si vous devez le faire, le gouvernement tranchera, et si vous le faites tenir, les scrutins doivent se dérouler de telle ou telle manière", donc moi je ne trouve pas idiot, dans la mesure où les scrutins sont très largement organisés par les maires sur le terrain…

JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, de consulter les maires.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
De consulter, pour savoir si vraiment…

JEAN-MICHEL APHATIE
Mais on avait déjà consulté l'Association des maires qui a dit "oui, il faut le faire", maintenant on consulte les maires peut-être parce qu'on pense que l'Association des maires n'a pas donné la bonne réponse, on n'a pas l'impression que le gouvernement est très franc du collier dans cette histoire !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, non, mais…

JEAN-MICHEL APHATIE
Pas le gouvernement, mais disons le président de la République et le Premier ministre.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi je vois très bien les choses se dérouler ainsi, c'est-à-dire que, je pense que tout le monde a envie que les élections, parce que c'est important démocratiquement, se fassent, on a aussi envie qu'il y ait un consensus politique et on ne voudrait pas se retrouver…

JEAN-MICHEL APHATIE
…ça n'existe jamais, il faut prendre une décision quoi !

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Oui, mais un consensus ce n'est pas l'unanimité, c'est un consensus, donc si la très grande, si la majorité des élus sont, un, disposés à le faire, et deux, ont les moyens techniques, de terrain, de l'organiser, je crois que les élections se tiendront, en tout cas moi je l'espère.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et Gérard LARCHER disait hier soir sur LCI que si le gouvernement décidait de ne pas faire les élections en juin il saisirait le Conseil constitutionnel.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
J'ai vu ça, c'est son droit.

JEAN-MICHEL APHATIE
C'est son droit et le Conseil constitutionnel, je ne sais pas ce qu'il aura à dire, mais…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Jugera.

JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà, on verra ce qu'il dira. Est-ce que vous avez lu le livre d'Edouard PHILIPPE et Gilles BOYER "Impressions et lignes claires" ? Moi j'adore le titre.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non… le titre est un bon titre, mais je ne l'ai pas lu…

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'avez pas envie de le lire.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Si, si, je le lirai, je le lirai, je lis tous les livres…

JEAN-MICHEL APHATIE
C'était un bon Premier ministre Edouard PHILIPPE ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Ecoutez, moi je le connaissais d'avant, je le trouvais bon député à l'époque, j'ai eu l'honneur de servir dans son gouvernement, avec des rapports toujours simples, toujours courtois, toujours avec beaucoup d'attention, beaucoup d'intelligence, moi j'appréciais…

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous auriez voulu…

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Non, ce n'est pas ma décision – j'ai apprécié le moment passé avec lui, je l'ai revu récemment au Havre, on se parle régulièrement pour les sujets portuaires, qui sont dans mon portefeuille, donc nous avons des rapports très cordiaux et amicaux.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous regrettez qu'il… il ne dit pas vraiment "j'aimerai qu'Emmanuel MACRON fasse un deuxième mandat, et s'il fait un deuxième mandat, ou s'il a envie d'en faire un, je le soutiendrai", ça a du mal à sortir, vous le regrettez ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Moi je constate qu'il a envie de peser sur le plan des idées, et il a raison, il a eu une expérience éminente dans un moment compliqué, après, vous savez, les commentaires, les paris, les analyses politiques, je laisse à ceux qui sont experts le soin de les faire.

JEAN-MICHEL APHATIE
Non, les experts se trompent souvent, ça vous le savez.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
C'est pour ça que je ne ferai pas une mauvaise analyse et…

JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous, vous souhaitez un deuxième mandat d'Emmanuel MACRON ?

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Mais moi je l'ai dit depuis longtemps, donc je souhaite un deuxième mandat d'Emmanuel MACRON, je crois que nous avons finalement engagé beaucoup de transformations et subi beaucoup de crises, en tout cas été conduits à mener et à gérer beaucoup de crises, donc s'il le souhaite, et s'il est en capacité, et s'il se présente, et si, et si, je le soutiendrai évidemment.

JEAN-MICHEL APHATIE
Merci Jean-Baptiste DJEBBARI d'avoir accepté l'invitation de LCI.

JEAN-BAPTISTE DJEBBARI
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 avril 2021