Texte intégral
Madame la déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, chère Sophie ELIZEON,
Monsieur le directeur général de la santé, cher Jérôme SALOMON,
Madame la directrice générale de Santé Publique France, chère Geneviève CHÊNE,
Mesdames et messieurs, bonjour,
En ce 17 mai, Journée internationale contre l'Homophobie, la Transphobie et la Biphobie, je me réjouis d'être à vos côtés aujourd'hui pour participer au lancement de cette très belle campagne.
Avant toute chose, permettez-moi de faire un peu d'Histoire et de retracer les grandes étapes qui ont jalonné le combat pour la reconnaissance des droits et l'accès à l'égalité réelle des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres dans notre pays.
Je pense que c'est important.
C'est important pour comprendre d'où l'on vient et quel chemin nous avons parcouru en quelques décennies.
Et c'est important pour identifier les progrès que nous avons accomplis et les injustices que nous avons suturées, mais aussi pour voir ce qu'il nous reste à effectuer, ensemble.
Je rappellerais ainsi quelques grandes dates.
En 1982, l'homosexualité est dépénalisée en France.
En 1999, le PACS est ouvert à tous les couples.
À partir des années 2000, l'homophobie et la transphobie tombent sous le coup de la loi.
En 2010, la France est le 1er pays au monde à retirer le transsexualisme des affections psychiatriques.
Il s'agissait là d'une étape nécessaire.
Et puis un an plus tard, en 2013, l'ouverture du mariage et de l'adoption est enfin accordée aux couples de personnes de même sexe.
En 2016 :
- Le parcours de transition des personnes trans est démédicalisé
- Et la DILCRAH – qui lutte contre toutes les discriminations – voit ses missions élargies à la lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT+
Enfin, en 2018, le Gouvernement prend des mesures d'urgence pour faire face à la résurgence des violences LGBTphobes.
Cette généalogie n'est pas exhaustive bien entendu.
Ces avancées nous montrent d'où l'on part – en l'occurrence de très loin ! – et le chemin qui a été parcouru depuis 1982.
La société française s'est considérablement transformée.
De la pénalisation de l'homosexualité, nous sommes passés à la pénalisation de l'homophobie et de la transphobie, à la reconnaissance des droits des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres.
Ces avancées n'ont pas seulement été obtenues, elles ont été conquises. Conquises de haute lutte.
En regardant cette histoire dans le rétroviseur, il s'est agi ni plus ni moins que de consolider notre démocratie, et de la rendre plus juste et plus égalitaire.
De bâtir une société nouvelle, plus humaine et plus inclusive.
Ce combat a conduit notre démocratie à se redéfinir. Il a conduit notre société à évoluer, à progresser, à s'améliorer.
Ce combat nous tous a tirés vers le haut.
Ce combat, c'est celui du pacte républicain.
Car les droits fondamentaux ne se hiérarchisent pas. Et ils ne se divisent pas non plus ; ils s'additionnent.
En d'autres termes, le combat mené pour les droits et l'égalité des personnes LGBT+ fut et demeure un combat éminemment républicain.
C'est un combat :
Pour la liberté
Pour l'égalité
Et pour la fraternité
Permettez-moi, en ce 17 mai, de vous faire part de ma très grande fierté aujourd'hui, à la fonction qui est la mienne, de participer à l'écriture de ce beau combat.
Car ce combat demeure contemporain. Il n'est pas derrière nous.
Les progrès que nous avons réalisés ne doivent pas nous éblouir.
Ils n'abolissent pas les discriminations, ni les préjugés, ni les violences qui subsistent.
En raison de la distorsion entre les droits affichés et les droits vécus au quotidien, les personnes LGBT+ peuvent, encore, trop souvent se sentir à la marge de notre société, voire invisibilisées.
Et l'invisibilisation est la soeur jumelle de l'exclusion.
Cette réalité érode notre pacte républicain.
L'égalité ne doit pas être un ailleurs pour certains ou certaines d'entre nous, ni un lieu d'utopie.
Elle doit au contraire constituer un fondement concret de notre destin commun et de notre vie quotidienne, pour toutes et pour tous.
Mais soyons lucides : les LGBTphobies restent ancrées dans notre pays.
- 55% des personnes LGBT+ ont subi des actes LGBTphobes au cours de leur vie
- Les personnes homosexuelles et bisexuelles ont un risque de suicide en moyenne quatre fois plus élevé par rapport à l'ensemble de la population française. Et les personnes trans sept fois plus
- Et enfin, 1 590 victimes d'actes homophobes ou transphobes ont été recensées par le ministère de l'Intérieur en 2020
Si ces chiffres sont en baisse par rapport à 2019, nous ne pouvons pas nous en satisfaire.
Car derrière ces statistiques, ce sont des vies humaines qui sont en jeu, qui sont blessées, qui sont meurtries et qui s'achèvent parfois à jamais.
Et cette situation n'est pas acceptable en France en 2021.
Comme je l'ai dit précédemment, le combat en faveur de la reconnaissance des droits et de l'égalité des personnes LGBT+ a renforcé notre démocratie.
Il l'a rendue plus juste et plus humaine.
C'est la volonté de tisser les fils d'une société plus inclusive et plus protectrice qui a guidé l'esprit de la campagne que nous vous présentons ce matin et qui anime la volonté du Gouvernement.
Volonté qui irrigue le Plan national d'actions pour l'égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ pour les années 2020 à 2023 que j'ai lancé le 14 octobre dernier.
Un plan qui a été élaboré de manière interministérielle avec la DILCRAH afin de renforcer la coordination et la cohérence de l'action publique ainsi qu'avec l'aide des associations LGBT+, chevilles ouvrières indispensables sur le terrain.
Avec en ligne de mire un objectif : faire des personnes LGBT+ des citoyennes et des citoyens à part entière dans notre pays.
Reconnaître les droits des personnes LGBT+ :
C'est désinvisibiliser
C'est reconnaître l'existence
C'est rétablir l'égalité
Et c'est aussi protéger
Ce Plan s'organise autour de 42 actions et plus de 150 mesures concrètes.
Et la première d'entre elles consiste justement en la réalisation de campagnes gouvernementales de communication grand public contre la haine et les discriminations anti-LGBT+.
Si elles se manifestent d'abord à l'école ou au travail, les discriminations envers les personnes LGBT+ ont des répercussions parfois durables sur la santé mentale ou physique.
Par ailleurs, 18% des personnes LGBT+ affirment avoir subi une discrimination dans leur accès à la santé dans les douze derniers mois.
Un chiffre qui se hisse à 36% pour les personnes transgenres.
En d'autres termes, ce combat qui nous réunit ce matin revêt des enjeux de dignité humaine bien entendu et, par ricochet, de santé publique.
Je tiens donc à remercier chaleureusement :
- Les équipes de Santé Publique France, et plus particulièrement l'unité santé sexuelle de la direction de la prévention et de la promotion de la santé
- Ainsi que celles de la DILCRAH, fortement mobilisées
Ce travail de synergie a donné lieu à une campagne de grande ampleur qui, j'en ai l'intime conviction, participera à déconstruire les stéréotypes.
Avec Olivier VERAN ainsi qu'avec l'ensemble de mes collègues, nous sommes résolument déterminés à enrayer les discriminations, partout.
Conformément à l'engagement du Président de la République, nous avons lancé une plateforme de lutte contre les discriminations le 12 février que nous avons confié au Défenseur des droits, ainsi qu'une consultation citoyenne sur le sujet, afin de tout faire pour les enrayer.
Ces deux actions concrètes concernent évidemment les personnes LGBT+ et les enjeux liés à l'accès aux soins.
« Face à l'intolérance, à nous de faire la différence ».
Je vous remercie.
Source https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr, le 25 mai 2021