Texte intégral
M. Clément Beaune : "Ce sera l'un des points que nous allons évoquer aujourd'hui à ce Conseil européen, les questions d'Etat de droit, notamment sur la Pologne et la Hongrie, avec une très forte préoccupation française et de plusieurs de nos partenaires. J'aurai l'occasion d'en parler avec mon homologue hongroise et avec les commissaires européens. Plusieurs pays ont exprimé, notamment le Benelux, et l'Allemagne avec nous ces derniers jours, leur très forte inquiétude parce que nous avons une loi hongroise nouvelle qui a été votée il y a quelques jours et qui crée manifestement une discrimination envers une orientation sexuelle, envers l'homosexualité, qu'elle assimile à une forme de menace ou de propagande. On ne peut pas accepter ce discours, on ne peut pas accepter cette atteinte aux valeurs. Donc nous aurons l'occasion d'en discuter avec la Hongrie d'abord bien sûr et avec nos partenaires pour rappeler notre très grande fermeté. Je l'ai toujours été à l'égard de la Pologne dans d'autres cas et la France a toujours été extrêmement claire sur sa défense de l'Etat de droit et les valeurs d'égalité qui sont dans nos traités, qui ne sont pas un choix politique ou une ingérence dans la politique nationale. C'est un choix européen qu'on a fait ensemble et qu'on ne peut pas piétiner, qu'on ne peut pas remettre en cause. Donc fermeté, discussion avec la Hongrie et je crois que nos partenaires européens, la Commission européenne et le Parlement européen, partagent cette très forte préoccupation.
Nous évoquerons aussi la préparation du Conseil européen qui se tient en fin de semaine et qui parlera de coordination sanitaire toujours. Les choses s'améliorent partout heureusement en Europe mais nous sommes encore vigilants. Puis nous aurons dans quelques jours, dès la semaine prochaine, notre pass sanitaire européen qui sera enfin en vigueur. C'est une très grande avancée qu'il faut souligner.
Beaucoup de questions internationales aussi que nous préparerons en vue du Conseil européen sur notre stratégie à l'égard de la Russie, notre position à l'égard de la Turquie où nous voyons quelques signaux positifs dont il faut prendre acte mais en restant vigilants et fermes également.
Puis nous discuterons les questions d'élargissement, des relations avec la Suisse mais bien sûr c'est l'Etat de droit aujourd'hui qui sera le point le plus important de nos débats.
Q - Sur l'Etat de droit, qu'est-ce que vous attendez de la Commission européenne ?
M. Clément Beaune : Pour l'instant c'est l'étape préliminaire, j'espère encore dans le dialogue, avec une pression politique. On est ferme sur nos valeurs dans la discussion avec la Hongrie, moi je ne romps jamais le fil du dialogue. C'est pour ça que j'ai demandé à avoir cet échange avec la ministre hongroise présente aujourd'hui.
Et puis pour la Commission européenne et pour les institutions européennes en général, il y a des outils qui peuvent aller d'une recommandation à des procédures juridiques devant la cour de justice. C'est trop tôt pour le dire mais on a été très clair sur ce point : toutes les options sont ouvertes quand il y a des atteintes graves à des valeurs aussi fondamentales et donc j'aurai l'occasion de le dire très explicitement comme je l'ai fait à chaque fois avec la Pologne dans d'autres cas, aujourd'hui avec la Hongrie et puis de continuer nos procédures, nos pressions et éventuellement les procédures juridiques si la situation perdurait.
Q - Vous verrez la ministre dans un cadre bilatéral ?
M. Clément Beaune : Je verrai la ministre en bilatéral absolument, en fin de matinée et en marge de ce Conseil ainsi que plusieurs homologues qui ont exprimé une très forte préoccupation sur la question de l'Etat de droit. C'est le cas de nos collègues belges, néerlandais, luxembourgeois, allemands pour marquer notre unité.
Avec mon collègue allemand nous nous exprimerons de concert, France et Allemagne, même déclaration tout à l'heure quand nous parlerons de l'Etat de droit.
Et puis les pays du Benelux ont fait une déclaration conjointe il y a quelques jours dans le même sens que mon expression publique, pour manifester cette préoccupation. Je soutiens complètement cette déclaration et j'aurai l'occasion au nom de la France de m'y associer dès ce matin.
Q - L'UEFA vient de refuser l'initiative du maire de Munich d'illuminer le stade aux couleurs du drapeau arc-en-ciel à l'occasion du match, est ce que vous pensez que c'est une bonne décision ?
M. Clément Beaune : Je regrette cette décision parce que je crois que cela aurait été un symbole très fort. L'UEFA argue de règles internes que je peux comprendre, pas de message politique. Là, je crois qu'on est au-delà d'un message politique. C'est un message de valeurs profondes. Ce n'est pas une option partisane. Donc je regrette cette décision.
Je note néanmoins que l'UEFA a indiqué, je crois ce matin même, qu'elle était prête à autoriser l'illumination des stades en Allemagne et ailleurs. Nous y réfléchissons aussi en France avec la ministre des Sports pour manifester cet attachement européen pendant l'euro à nos valeurs essentielles. Donc je regrette cette décision mais il y a des options qui sont ouvertes pour avoir cette expression symbolique très forte et on ne renoncera pas à ce combat dans le cadre de nos compétitions sportives ou au-delà. En ce moment, quand on accueille en plus une compétition sportive européenne aussi importante, aussi populaire, comme le fait la Hongrie parmi d'autres pays dans cet euro, et bien on doit encore plus manifester l'attachement, l'exemplarité dans la défense de nos valeurs.
Q - Donc la France pourrait illuminer des stades ?
M. Clément Beaune : on regarde cela avec la ministre des Sports dans les heures qui viennent. Nous aurons l'occasion d'en reparler".
Source https://ue.delegfrance.org, le 25 juin 2021