Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Les deux tiers des Français sont restés à la maison hier ; votre parti a subi un fort revers électoral. Et toutes les régions ont réélu leur président ou leur présidente sortant, ça veut dire que le clivage droite/gauche, que vous vouliez dépasser, vient de se venger ?
GABRIEL ATTAL
Ça veut dire d'abord que le second tour a confirmé le premier tour s'agissant de la très faible participation, ça doit nous interpeller, je pense, interpeller toutes les formations politiques, et nous amener à réfléchir pour l'avenir.
MARC FAUVELLE
Une fois qu'on a dit ça, on fait quoi ?
GABRIEL ATTAL
Et puis, la seconde chose, je vais y revenir dans un instant, c'est que, effectivement dans un contexte de très faible participation, mécaniquement, les sortants ont été reconduits partout, c'est une élection de statu quo, en fait, c'est la même carte que celle qu'on a connue en 2015, et les sortants, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont été réélus. Et les partis, qu'ils soient de droite ou de gauche, n'ont pas fait des très bons scores dans les régions qu'ils ne dirigeaient pas, donc, voilà, à partir de là, il y a évidemment une déception pour la majorité présidentielle, on aurait souhaité faire des meilleurs résultats, c'est évident, mais on sera présent dans un certain nombre de conseils régionaux avec des élus de la majorité présidentielle qui pourront aussi construire pour l'avenir. Et puis, une satisfaction, c'est qu'à nouveau, le Rassemblement national recule, et que comme aux municipales, le Rassemblement national fait de moins bons scores qu'aux élections précédentes…
MARC FAUVELLE
Grâce à l'abstention ou à cause.
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi, ce que je vous dis en tout cas, c'est que depuis 2017, c'est le sens de notre action que de faire reculer le Rassemblement national, en répondant, en essayant de répondre aux fractures qu'on constate dans notre pays, c'était aussi le sens de notre action dans cette campagne régionale, où depuis le début, on a toujours été très clair sur le fait qu'on voulait empêcher le Rassemblement national de gagner une région, où on a fait un certain nombre de choix pour y parvenir, je pense notamment à la région sud, ou, très tôt, on a constitué une alliance avec Renaud MUSELIER pour empêcher le Rassemblement national, qui était donné gagnant par beaucoup de sondages, il y a encore quelques semaines de cette région, et donc c'est quand même une satisfaction pour nous. Et encore une fois, aux municipales, c'était pareil, il y a eu moins de voix pour le Rassemblement national qu'aux précédentes municipales d'avant.
SALHIA BRAKHLIA
Vous parlez de satisfaction ce matin, mais François BAYROU parle d'un coup de semonce très important pour la majorité, les Français n'ont probablement pas perçu le cap qu'ils avaient reconnu au moment de l'élection présidentielle, dit-il, que va faire le président maintenant ?
GABRIEL ATTAL
Je pense que sur la participation, il y a une conjonction de facteurs, pour revenir à ce qu'on disait à l'instant, il y a le fait qu'on constate depuis maintenant un certain nombre d'années une faible participation pour ces élections locales, qu'elles soient régionales ou départementales, ça me semble assez structurel, je pense qu'il y a un enjeu aussi de connaissance, de conscience du rôle de ces collectivités et de l'impact du vote finalement sur les 6 années suivantes et des choix qui vont être faits ensuite par les exécutifs régionaux ou départementaux. Et puis, il faut dire que depuis plus d'un an, on a vécu une crise sanitaire dans notre pays et que, probablement, une grande partie des Français n'avait pas la tête à ces élections, il n'y a pas eu de vraie campagne, comme on en connaît d'habitude, et ça a probablement eu un impact aussi, et donc effectivement, ça doit nous faire réfléchir pour l'avenir.
MARC FAUVELLE
Mais pour reprendre la question de Salhia, que va annoncer ou que va dire Emmanuel MACRON, est-ce que la seule réponse aujourd'hui de l'exécutif, c'est, au vu des éléments que vous avez rappelés à l'instant, Gabriel ATTAL, "circulez, y a rien à voir" ?
GABRIEL ATTAL
Mais ce n'est pas ce qu'on dit, c'est des élections locales, et ça, c'est une réalité, les élections régionales et départementales sont des élections locales…
MARC FAUVELLE
Donc il ne se passera rien ?
GABRIEL ATTAL
Les Français, c'est-à-dire un Français sur trois, qui se sont déplacés pour aller voter, ils sont allés voter en répondant à une question, est-ce que le président de région sortant a eu un bilan suffisamment bon pour que vous votiez pour lui ou non, ceux qui ont répondu oui ont voté pour lui ou elle et ceux qui ont répondu non, ont voté pour des partis…
MARC FAUVELLE
Si ce n'était que local, il n'y aurait pas eu 13 ministres candidats…
GABRIEL ATTAL
Ont voté pour des partis qui étaient représentés dans les Conseils régionaux, ce qui n'était pas notre cas, et encore une fois, il y a des ministres qui se sont présentés dans cette élection locale, on ne peut pas nous reprocher depuis début de ce quinquennat d'avoir des ministres qui n'ont pas de mandats locaux, et quand des ministres veulent se frotter à un mandat local, veulent se frotter à une élection locale, leur reprocher, leur reprocher aussi. Donc on décorrèle les deux, maintenant…
SALHIA BRAKHLIA
Les ministres dont vous faites partie n'ont pas brillé à ces élections locales, est-ce qu'il n'y a pas des leçons à en tirer politiquement, est-ce que, par exemple, l'équipe gouvernementale qui est en poste aujourd'hui restera la même jusqu'à la fin du quinquennat ?
GABRIEL ATTAL
Mais, je vais vous dire, c'est deux sujets différents. Si la question que vous posez, c'est : est-ce qu'il y a un impact du score des élections régionales pour les ministres qui étaient candidats sur des listes, sur leur présence au gouvernement, il n'y a jamais eu d'impact tiré, quelles que soient les majorités depuis des années, d'un score à une élection locale sur la présence gouvernementale…
MARC FAUVELLE
Et sur la deuxième question ?
GABRIEL ATTAL
Et sur la deuxième question, ce n'est pas à moi de vous répondre, je veux dire, c'est le président de la République, le Premier ministre qui disent quelle doit être l'équipe gouvernementale, ensuite, vous demandiez si le président de la République allait s'exprimer, etc, d'abord, le président de la République, il se déplace chaque semaine sur le terrain et répond aux questions des journalistes, aujourd'hui, il sera à Douai notamment, sur la question industrielle, sur la question de la création d'emplois dans notre pays, pour parler d'une usine qui va s'installer dans la région. Et la deuxième chose, c'est que, indépendamment des élections régionales et départementales, on voit bien que notre pays est à un tournant, on a eu une crise sanitaire très dure, dont on est en train de sortir, je l'espère, durablement, grâce à la vaccination. On a encore des difficultés économiques. Il reconstruire le pays et relancer son économie, et donc évidemment que le pays étant à un tournant, le président de la République s'exprimera sur le cap qui va nous amener dans les dix prochains mois jusqu'à l'élection présidentielle…
MARC FAUVELLE
A l'occasion du 14 juillet ou avant ?
GABRIEL ATTAL
Ça, je n'ai pas de date à vous communiquer.
MARC FAUVELLE
Mais il s'exprimera avant les départs en vacances, pour dire ça, on peut partir jusqu'à tard au mois de juillet…
GABRIEL ATTAL
Dans le courant du mois de juillet, évidemment.
SALHIA BRAKHLIA
On parlait du changement de cap nécessaire, du moins, François BAYROU le réclame, parce que les Français ne l'ont pas perçu, est-ce qu'il y a un changement de cap nécessaire aussi au sein de votre formation politique chez En Marche ; En Marche n'a pas brillé, je le redis encore une fois, pendant ces élections, est-ce que c'est le bon parti, est-ce que..., en l'état actuel, pour faire une campagne présidentielle ?
GABRIEL ATTAL
Mais alors, encore une fois, c'est très dur de vous implanter localement quand vous êtes un nouveau parti politique, aux dernières élections régionales, En Marche n'existait pas, c'est la première fois qu'on présente des candidats à une élection régionale, ça prend du temps, et c'est d'autant plus dur quand vous avez ce contexte, encore une fois, où une majorité de Français n'avait pas la tête à ces élections et ne s'est pas déplacée.
SALHIA BRAKHLIA
Mais quand vous voyez ce résultat, vous ne dites pas : il faut bouger les choses, il faut changer les choses ?
GABRIEL ATTAL
Ça se fait progressivement, une élection présidentielle…
MARC FAUVELLE
Mais une campagne présidentielle, il faut des militants, il faut des affiches, il faut…
GABRIEL ATTAL
Oui…
MARC FAUVELLE
Il faut un ancrage de terrain, la campagne, elle est dans dix mois, enfin, elle est même avant, puisqu'elle, nous semble-t-il, en tout cas, un peu commencé, ça ne vous inquiète pas, la faiblesse de l'ancrage aujourd'hui d'En Marche à l'approche de l'élection présidentielle ?
GABRIEL ATTAL
D'abord, une campagne présidentielle, ça n'est pas une campagne locale, premièrement, ensuite, je vais vous dire, si vous regardez de manière mathématique, claire, on aborde ces élections présidentielles avec plus d'élus locaux qu'on en avait en 2017 aux dernières élections présidentielles, on n'en avait pas…
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas difficile, il n'y en avait pas…
GABRIEL ATTAL
Eh bien, oui, il n'y en avait pas. Enfin, on en a eu 10 000 qui ont été élus aux élections municipales, là, aux élections régionales, départementales, on a plusieurs centaines de candidats de la majorité présidentielle qui sont élus dans les exécutifs, dans les Conseils régionaux et dans les Conseils départementaux. Et donc, on se construit progressivement en formation politique locale, encore une fois, je ne vous dis pas que c'est une satisfaction pour nous ces résultats, évidemment qu'on aurait souhaité faire mieux, mais ça se fait progressivement, et encore une fois, dans le contexte qu'on connaît, contexte aussi où, il faut le dire, la majorité présidentielle, depuis plusieurs semaines, depuis plusieurs mois, elle n‘est pas principalement en campagne électorale, elle gère la crise sanitaire, et la crise et économique, donc c'est certain que nous, contrairement aux oppositions, on a moins de temps à consacrer aux campagnes électorales pour ces élections locales qu'à la gestion des grandes problématiques du pays, que ce soit la crise sanitaire ou la crise économique…
MARC FAUVELLE
Pour en revenir à l'abstention, Gabriel ATTAL, est-ce que vous allez prendre des mesures pour faciliter le vote, quelles qu'elles soient ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, écoutez, moi, on s'est engagé en 2017 avec Emmanuel MACRON derrière cette idée-là, avec des propositions qui avaient été faites pour moderniser la manière de voter en France…
SALHIA BRAKHLIA
Mais qui n'ont pas été mises en œuvre, exemple, la proportionnelle, c'était une promesse du président de la République, elle n'est toujours pas mise en œuvre ?
MARC FAUVELLE
Oui, eh bien, le vote par correspondance, Gérald DARMANIN n'en veut pas.
GABRIEL ATTAL
Alors, je vais vous répondre à ces deux points, sur la question de la proportionnelle, on a présenté une réforme institutionnelle en 2018 qui a été bloquée par les oppositions, il y avait la proportionnelle dedans, maintenant…
SALHIA BRAKHLIA
Il y a quelques mois, c'est revenu sur la table, et la majorité a dit non.
GABRIEL ATTAL
Moi, je vais vous dire, je suis favorable à l'introduction d'une dose de proportionnelle, maintenant, je ne suis pas certain qu'on puisse lier le sujet avec l'abstention constatée à ces élections, puisque, précisément, les élections régionales sont des élections à la proportionnelle, et on ne peut pas considérer qu'il y a eu une très forte participation. Sur le deuxième point, sur la modernisation du vote de scrutin, du mode de scrutin, on s'est engagé en 2017 autour de cette idée-là, alors vous dites, on ne l'a pas mis en œuvre, on a commencé à le mettre en œuvre, puisqu'il y a quelques semaines, il y a eu les élections consulaires, c'est-à-dire que les Français de l'étranger ont élu leurs représentants, et pour la première fois, ils l'ont fait via un vote électronique, c'est nous qui l'avons mis en place, ça a bien fonctionné, il n'y a pas eu de contestation du résultat lié au mode de scrutin. Moi, je pense que c'est des pistes qu'il faut regarder pour l'avenir…
SALHIA BRAKHLIA
Gérald DARMANIN dit non pour les élections intermédiaires, parce qu'il y a un risque de fraude.
GABRIEL ATTAL
Non, mais il y a, depuis toujours, on va dire, une frilosité de certains services administratifs, et notamment du ministère de l'Intérieur…
SALHIA BRAKHLIA
C'est le ministre de l'Intérieur, là…
GABRIEL ATTAL
Mais, moi je pense qu'il faut qu'il y ait une discussion politique autour de ce sujet-là, y compris avec d'autres formations politiques pour réfléchir au moyen de moderniser le mode de scrutin, maintenant, je vais vous dire, je ne pense pas qu'on puisse lier l'abstention à ces élections uniquement à la manière de voter, je ne sais pas si, s'il y avait une autre manière de voter, un vote électronique, s'il y aurait eu beaucoup plus de participations, je pense qu'il y a aussi un enjeu sur... et là, ça relève aussi des présidents, et des présidents de régions et de départements, sur le fait de communiquer sur les compétences, sur ce que font leurs collectivités, sur ce que font…
MARC FAUVELLE
... Réussir à distribuer la propagande électorale…
GABRIEL ATTAL
De leurs collectivités. Enfin, mais je veux dire, il y a une multitude de facteurs qu'il nous faut regarder.
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le porte-parole du gouvernement Gabriel ATTAL. Emmanuel MACRON retrouve ce matin Xavier BERTRAND à Douai à l'usine RENAULT, Xavier BERTRAND qui a été largement réélu à la tête des Hauts-de-France, il a pris la parole en premier hier soir, on l'écoute.
XAVIER BERTRAND, PRESIDENT (DIVERS DROITE) REELU DE LA REGION HAUTS-DE-FRANCE
Les Hauts-de-France m'ont fait l'honneur de m'accorder à nouveau leur confiance. Le Front national a été arrêté. Ce résultat me donne la force d'aller à la rencontre de tous les Français. Ma priorité ce sont les classes moyennes et les catégories populaires. Tournons la page, tournons la page et laissons respirer les Français.
SALHIA BRAKHLIA
"Maintenant la présidentielle est un match à trois" dit-il dans "Les Echos" ce matin, comprenez un match BERTRAND-LE PEN-MACRON, ça va être un adversaire redoutable Xavier BERTRAND ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi j'ai compris hier soir que le match à trois c'était surtout BERTRAND-PECRESSE-WAUQUIEZ, si j'ai bien compris les commentaires et les discours des uns et des autres au soir de cette élection. Moi je vais vous dire, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de triomphalisme et j'ai entendu assez peu de propos sur les sujets qu'on a évoqués à l'instant et notamment l'abstention massive, voilà, je pense que ça devrait préoccuper tout le monde, y compris ceux qui ont été réélus, je ne crois pas que qui que ce soit puisse sabrer le champagne après cette élection où, encore une fois, très peu de Français se sont rendus aux urnes et où…
SALHIA BRAKHLIA
C'est-à-dire quoi, leur victoire est moins légitime parce qu'il n'y a pas eu beaucoup de participation ?
GABRIEL ATTAL
Non, je ne dis pas ça. Quand on est élu on est de toute façon légitime et pour le coup j'ai entendu certains responsables politiques de l'opposition, et notamment du Rassemblement national hier, contester la légitimité des présidents sortants élus, et moi je ne le ferai jamais parce qu'on ne peut pas d'un côté déplorer qu'il y ait un lien difficile entre les Français et les élus et en même temps remettre en cause la légitimité de ceux qui sont élus, ils sont élus. Maintenant, les présidents de région sortants qui ont été réélus l'ont été en général avec autour de 15% des inscrits, 15% des électeurs de ces régions, donc voilà. Je pense qu'ils sont élus, et je vais dire ils ont évidemment tout à fait vocation à s'en réjouir, mais je m'étonne d'un certain triomphalisme que j'ai entendu.
SALHIA BRAKHLIA
A chaque fois ils ont parlé d'abstention, que ce soit Valérie PECRESSE, Laurent WAUQUIEZ ou Xavier BERTRAND…
MARC FAUVELLE
Xavier BERTRAND a même lancé un appel à la France qui ne vote plus.
GABRIEL ATTAL
Enfin, on a entendu assez peu de préoccupation autour de ce sujet-là, voilà, après vous m'interrogez sur Monsieur BERTRAND, je l'ai entendu effectivement parler de ces sujets de classes moyennes, de rupture avec les services publics, voilà. Xavier BERTRAND il a été élu député pour la première fois, je crois, il y a 20 ans, il a occupé des fonctions ministérielles, il a participé à des gouvernements qui ont coupé les budgets pour la police, coupé les budgets pour l'hôpital public, qui ont augmenté les impôts…
MARC FAUVELLE
Il n'y avait Gérald DARMANIN aussi dans ces gouvernements-là ?
GABRIEL ATTAL
Gérald DARMANIN, non, je ne crois pas qu'il était dans des gouvernements à l'époque…
SALHIA BRAKHLIA
Il était dans la majorité…
GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas qu'il ait beaucoup fait, à l'époque, pour répondre à ces problématiques-là, maintenant, s'il a un projet à proposer, tant mieux, on l'écoutera et puis on y répondra.
MARC FAUVELLE
La crise sanitaire, Gabriel ATTAL. Un peu partout, on le voit dans plusieurs pays autour de nous, y compris des pays d'ailleurs où on a beaucoup vacciné, on redoute une nouvelle vague liée au variant Delta du virus, est-ce que vous la redoutez vous aussi, est-ce qu'elle vous inquiète ?
GABRIEL ATTAL
Evidemment, on est préoccupé, on voit bien que la situation en France s'est très nettement améliorée, on a aujourd'hui un taux d'incidence au niveau national qui est autour de 20, un taux de positivité qui est sous les 1% et un taux de reproduction du virus qui est très faible aussi, et ça on le doit aux efforts qui ont été consentis par les Français, et on le doit au développement de la vaccination, les Français massivement se sont fait vacciner.
MARC FAUVELLE
Qui patine aujourd'hui, la vaccination, vous voyez le nombre de primo-injections qui est en chute libre ces dernières semaines, si ça continue comme ça encore pendant quelques semaines plus personne ne se fera vacciner puisqu'il y a un délai de trois semaines minimum entre les deux doses, avant l'été, est-ce que ça aussi vous le redoutez ?
GABRIEL ATTAL
C'est pour ça qu'on a donné de la souplesse.
MARC FAUVELLE
Pour l'instant ça ne marche pas.
GABRIEL ATTAL
En tout cas, je vais vous dire, on a un nombre important de personnes qui ont été vaccinées, forcément, plus vous approchez de la fin, plus la pente est raide, et ceux qui n'ont pas été se faire vacciner il faut plus d'efforts pour les convaincre, c'est certain, que ce soit des personnes très à risque, très isolées, très âgées, et là il y a tout un travail, que je veux saluer, qui est fait entre l'Assurance maladie, les collectivités locales, pour aller chercher ces personnes pour les convaincre de se faire vacciner, pour les aider parfois à se faire vacciner parce que matériellement elles ne peuvent pas forcément se déplacer, et puis après il y a d'autres personnes, notamment chez les jeunes, qu'il faut convaincre, et évidemment qu'on va continuer à chercher à les convaincre. Mais donc, on a cette situation qui s'est améliorée au niveau national, mais il y a effectivement une préoccupation s'agissant du variant Delta. Qu'est-ce qu'on voit au Royaume-Uni, qu'est-ce qu'on voit en Israël, qu'est-ce qu'on voit à Moscou ? On voit une reprise de l'épidémie qui est liée à ce variant Delta, il faut bien comprendre que ce variant est énormément plus contagieux que le variant historique. Je vous donne un peu les ordres de grandeur, qui ont été communiqués par les autorités sanitaires internationales, si vous regardez le R initiale, c'est-à-dire le taux de reproduction du virus, si vous enlevez toutes les mesures barrières, la vaccination, etc., je crois que la souche initiale c'était 1,5, ça veut dire qu'une personne contaminée pouvait contaminer en moyenne une personne et demi, que le variant britannique c'était autour de trois ou de quatre, et le variant Delta c'est entre six et sept, donc on voit que la souche en elle-même est beaucoup plus contagieuse que le variant initial et même que le variant britannique, et donc ça demande beaucoup plus d'efforts parce qu'on voit dans un certain nombre de pays qu'il y a cette reprise épidémique.
SALHIA BRAKHLIA
Alors ça veut dire que l'obligation de vaccination n'est pas une option encore pour vous ou alors vous y réfléchissez ?
GABRIEL ATTAL
Non, mais d'abord, ce qu'on voit aujourd'hui c'est qu'il y a encore beaucoup de Français qui veulent se faire vacciner, alors c'est certain qu'il y a moins de primo-injections et que les primo-injections ont tendance à diminuer, mais moi je vais vous dire, je ne pense pas qu'il y ait de fatalité et je pense qu'on va continuer à aller chercher les gens et…
SALHIA BRAKHLIA
Même pour les soignants, pas d'obligation de vaccination, c'est sur la table ?
GABRIEL ATTAL
Il y a un sujet spécifique sur les soignants, Olivier VERAN a eu l'occasion de le dire, où, après l'été, s'il n'y a pas eu d'augmentation nette de la part des soignants et notamment des soignants en EHPAD qui se sont fait vacciner, la question de l'obligation pourra se poser, il faut bien se rendre compte de ce qu'on observe dans un certain nombre d'endroits. Vous prenez les Landes, je crois que c'est à Mont-de-Marsan, on a vu un EHPAD…
MARC FAUVELLE
Vingt-trois personnes contaminées, toutes vaccinées, parce que c'était une personne qui travaillait dans l'EHPAD, qui refusait de se faire vacciner, qui les a contaminées.
GABRIEL ATTAL
Voilà, plusieurs aides-soignants dans l'EHPAD, qui n'étaient pas vaccinés, qui ont été contaminés par le variant Delta, et donc des résidents, qui étaient eux-mêmes vaccinés, qui ont été contaminés, alors heureusement, à ma connaissance, il n'y a pas eu de forme grave parce que le vaccin protège des formes graves, mais donc on voit qu'il y a cette préoccupation, donc s'agissant des soignants Olivier VERAN a été très clair, on va regarder ce qui se passe dans les semaines qui viennent, et à la rentrée, s'il n'y a pas eu de rebond, notamment dans les EHPAD, l'obligation de vaccination pourra se poser.
MARC FAUVELLE
L'Académie de médecine demande qu'on ne rembourse plus les tests de dépistage PCR ou antigéniques lorsqu'ils sont faits par confort, pour assister à un événement ou pour partir en vacances, l'Académie dit « ça devient un frein aujourd'hui à la vaccination parce que les gens multiplient tout simplement les tests plutôt que d'aller se faire vacciner », est-ce que c'est une piste là aussi ?
GABRIEL ATTAL
Je pense que c'est une question qui se posera notamment autour de la rentrée, voilà. Là on voit aujourd'hui que…
SALHIA BRAKHLIA
Sauf que les départs en vacances c'est cet été.
GABRIEL ATTAL
Oui, mais on voit aujourd'hui que pour faire un certain nombre de choses, soit il faut être totalement vacciné, avec un schéma vaccinal complet, soit il faut avoir réalisé un test. Vous avez des personnes qui ont fait leur première dose il y a quelques semaines, ne serait-ce que parce qu'ils n'avaient pas le droit de la faire avant, donc ils ne peuvent pas être totalement vaccinés aujourd'hui, donc si on rendait le test payant aujourd'hui et qu'on les obligeait à payer, je veux dire ils n'y sont pour rien, ils attendent le délai pour avoir leur deuxième dose, mais probablement autour de la rentrée c'est une question qui se posera, je ne fais pas ici d'annonce évidemment, mais la question pourra se poser.
MARC FAUVELLE
On s'interrompt un instant à 8h50 pour le "fil info" avec Mélanie DELAUNEY et on vous retrouve juste après Gabriel ATTAL.
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Gabriel ATTAL, le porte-parole du gouvernement, on parlait à l'instant du risque de reprise de l'épidémie à cause du variant Delta, est-ce que vous pourriez freiner dans certaines régions la levée des restrictions ? Exemple le 30 juin, dans deux jours, la levée des jauges dans les restaurants ?
GABRIEL ATTAL
Vous savez que quand on a annoncé le calendrier de déconfinement ou de levée des restrictions qui avaient été mises en place, on a annoncé un dispositif de freinage, c'est-à-dire qu'on a dit que si observait dans certaines départements une reprise de l'épidémie, ces départements pourraient voir le franchissement des étapes retardées, voilà donc on est dans la logique de ce qu'on a annoncé. Et le Premier ministre qui était dans les Landes avec Olivier VERAN, la semaine dernière a eu l'occasion de dire que si on observait par exemple dans ce département une reprise de l'épidémie, certains allégements de jauge qui n'ont pas encore eu lieu, pourraient effectivement être retardés.
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça va se poser pour les Landes par exemple pour les restaurants ? La question va se poser ?
GABRIEL ATTAL
Enfin ce qu'il a annoncé c'est qu'on mettait en place un plan d'action sur 7 jours, on renforce les tests, on renforce la vaccination et évidement tout le monde fait très attention, on constatera au bout de 7 jours ce qu'il en est et on prendra des décisions le cas échéant. Il me semble que, donc les Landes c'est le seul département de métropole qui est repassé au-dessus des 50 du taux d'incidence, qui est le seuil d'alerte, je crois que depuis quelques jours il y a une forme de stabilité à la hausse, ils sont aujourd'hui autour de 54, donc on regarde très attentivement avec beaucoup de vigilance la situation dans ce département, mais évidemment partout en France. Et effectivement si on observe une reprise de l'épidémie importante dans un département, ça peut nous amener à retarder un certain nombre d'allégement de jauge qui n'ont pas encore eu lieu.
MARC FAUVELLE
Et à reconfiner localement ou pas ?
GABRIEL ATTAL
C'est une possibilité qui existe dans le projet de loi, la loi qui a été adoptée de sortie de l'état d'urgence, maintenant aujourd'hui la question ne se pose absolument pas pour aucun département.
SALHIA BRAKHLIA
Une question sur l'isolement des malades, parce qu'avec cette reprise du variant Delta qui risque de se propager sur le territoire, est-ce que le gouvernement va contraindre les malades à s'isoler s'ils ne respectent pas les recommandations de l'Assurance maladie ?
GABRIEL ATTAL
Alors aujourd'hui vous savez qu'on peut contraindre des personnes à s'isoler notamment quand elles viennent de l'étranger et de pays qui sont particulièrement à risques.
SALHIA BRAKHLIA
Oui mais là je parle des Français qui sont sur le territoire.
GABRIEL ATTAL
Enfin c'est la première chose qu'on a faite et il y a une liste de pays dite zone rouge, on a ajouté un certain nombre de pays notamment la Russie. Ensuite je vais vous dire, aujourd'hui on a un nombre de cas qui a énormément diminué, je crois qui est au-dessous des 2000 en moyenne, ça nous permet quoi ? Ça nous permet pour chaque cas d'avoir une vraie politique de tester, tracer, isoler et donc d'avoir un vrai échange avec l'Assurance maladie et de pouvoir vraiment informer les personnes en leur demandant de s'isoler.
SALHIA BRAKHLIA
Et si elles ne respectent pas les règles, isolement contraint.
GABRIEL ATTAL
Aujourd'hui la législation ne le permet pas, mais ce que je suis en train de vous dire, c'est qu'on est beaucoup plus efficace sur le tester, tracer, isoler dès lors qu'on a moins de cas. Et non seulement on peut quand une personne est contaminée identifier les personnes contacts de cette personne pour pouvoir les prévenir, mais on peut aussi remonter la chaîne de contamination pour essayer d'identifier la personne qui a contaminé ce malade. Et donc on est beaucoup plus efficace sur ce sujet-là.
MARC FAUVELLE
Que dites-vous Gabriel ATTAL aux parents qui se disent je ne vais pas faire vacciner mon adolescent maintenant parce que c'est compliqué, parce qu'on n'est pas bien sûr de pouvoir trouver une deuxième dose pendant l'été et je vais attendre la rentrée ?
GABRIEL ATTAL
Je leur dis de ne pas attendre et qu'on a donné beaucoup de souplesses cet été pour donner la possibilité de faire la deuxième dose. Moi j'ai entendu c'est vrai…
MARC FAUVELLE
Ca a beaucoup changé cette règle ces derniers mois et tout le monde…
GABRIEL ATTAL
Moi j'ai entendu beaucoup de Français c'est vrai qui disaient, en fait si je fais ma première dose maintenant, est-ce que la deuxième dose ne va pas tomber pendant que je suis en vacances.
MARC FAUVELLE
Est-ce que quand on prend le premier rendez-vous par exemple sur Doctolib, le deuxième est au même endroit, on peut l'annuler.
GABRIEL ATTAL
On a donné effectivement de la souplesse, la possibilité d'annuler, de prendre un autre rendez-vous là où on sera sur son lieu de vacances. On renforce le nombre de doses dans les centres qui sont dans des zones, on va dire touristiques pendant les vacances, pour qu'il y ait davantage de doses dans ces centres. On a donné de la souplesse sur le délai entre les deux doses pour qu'on puisse entre guillemets gérer son deuxième rendez-vous en fonction de ce qui nos arrange, en fonction des vacances donc on a donné toutes ces souplesses là. Donc il ne faut pas attendre, parce qu'encore une fois le variant Delta, il n'a peur que d'une chose, c'est du vaccin et donc il faut continuer à se faire vacciner.
MARC FAUVELLE
Vous ne craignez pas qu'il y ait dans les semaines ou les mois qui viennent des tensions de plus en plus fortes entre les personnes vaccinées qui diraient moi j'ai fait le job et les Français qui refusent pour diverses raisons et les vaccinés pourraient dire, nous on en a marre ?
GABRIEL ATTAL
Oui bien sûr.
MARC FAUVELLE
Il y a ça, vous connaissez ça autour de vous ?
GABRIEL ATTAL
Je pense qu'on en connaît tous autour de nous, voilà je pense que quand des Français font l'effort d'aller se faire vacciner, ce qui n'est pas par ailleurs un effort colossal, même si moi je comprends et j'entends que certains peuvent avoir une appréhension au départ, c'est vrai que si on voit une reprise de l'épidémie qui est liée au fait qu'il y a un certain nombre qui ne sont pas vaccinées, oui je peux comprendre que ça crée des interrogations, voire de la frustration, voire de la colère. Mais encore une fois, moi ce que je constate, c'est qu'on revient de loin sur la vaccination, il faut se souvenir de ce qu'on nous disait, des sondages quand on a lancé la campagne de vaccination. On nous disait que majoritairement les Français ne voulaient se faire vacciner. Qu'est-ce qu'on constate aujourd'hui que l'intention vaccinale, l'intention d'aller se faire vacciner n'a jamais été aussi haute dans les sondages. Voilà il y a eu tout un travail qui a été fait, il y a un travail de confiance qui a été fait, on le doit notamment à nos professionnels de santé, à nos élus sur le terrain qui vont chercher les Français, qui arrivent à convaincre les Français et donc il faut aussi regarder ça. Il y a des questions qui se posent évidement, mais il faut aussi regarder d'où on vient et le fait qu'on a beaucoup progressé sur ce sujet de la vaccination.
SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, le Conseil d'État a suspendu l'entrée en vigueur de la réforme de l'Assurance chômage qui devait entrer en vigueur dans trois jours, le 1er juillet notamment à cause des nouvelles règles de calcul du montant de l'allocation, jusqu'à quand les règles actuelles vont être appliquées ?
GABRIEL ATTAL
Non alors le Conseil d'État diffère l'entrée en vigueur de la réforme à cause de ce qu'ils appellent les incertitudes…
SALHIA BRAKHLIA
Diffère, suspend.
GABRIEL ATTAL
A cause de ce qu'ils appellent les incertitudes sur la situation économique. En gros ils disent, on n'y voit pas suffisamment clair sur la situation économique dans les mois à venir pour que la réforme de l'Assurance chômage rentrer en vigueur tout de suite. C'était une décision assez étonnante pour le coup, parce que la réalité, c'est que le brouillard économique se dissipe, qu'on observe une reprise importante en France, qu'il y a des créations d'emplois en France, d'ailleurs un des objets de la visite du président de la République ce matin, mais vous avez aujourd'hui autour de 215 000 emplois vacants.
MARC FAUVELLE
Jusqu'à quand les règles actuelles vont continuer à s'appliquer ?
GABRIEL ATTAL
Nous, on souhaite que la réforme de l'Assurance chômage puisse rentrer rapidement en vigueur, dans les prochains mois. En tout état de cause c'est Elisabeth BORNE qui l'a dit, évidement avant la fin de l'année, mais dans les prochains mois et donc on va répondre au Conseil d'État et leur donner les éléments dont on dispose qui nous permettent de dire qu'il y a une reprise économique en France, qu'il y a des créations d'emplois. On cherche 120 000 personnes dans l'hôtellerie, tourisme, restauration, on cherche 70 000 personnes dans le tourisme, on cherche des personnes dans l'industrie, dans l'agriculture.
SALHIA BRAKHLIA
Et en attendant vous n'allez rien retoucher à cette réforme.
GABRIEL ATTAL
On respecte évidement la décision du Conseil d'État, il y a un certain nombre de mesures…
MARC FAUVELLE
Qui ne s'est pas encore prononcé sur le fond, on n'est pas à l'abri d'une censure.
GABRIEL ATTAL
Oui mais c'est important de le dire, c'est-à-dire que dans la décision et dans le fait qu'on diffère l'entrée en vigueur de la réforme, je veux dire, il n'y a aucune raison de droit qui est invoquée. Il ne donne pas raison entre guillemets aux motifs qui ont été avancés par les organisations syndicales, en tout cas c'est-à-dire c'est une suspension de l'entrée en vigueur du fait de ce qu'ils appellent l'incertitude sur la situation économique, voilà. Et nous ce qu'on dit, c'est que le brouillard se dissipe, qu'il y a une reprise économique en France et que cette réforme, elle est importante notamment pour lutter contre un phénomène qui est un phénomène qui précarise beaucoup de salariés, qui est celui de contrats courts. On est les champions d'Europe en France des contrats courts avec des CDD qui parfois durent, deux, trois ou quatre jours, on en fait énormément plus qu'en Allemagne. Et donc il faut lutter contre ce phénomène aussi qui précarise aussi les salariés. On l'a vu pendant la période de pandémie quand vous avez un salarié qui enchaine les petits contrats de quelques jours et que vous avez une pandémie qui survient, il se retrouve en grande difficulté, il n'est pas forcément accompagné, c'est pour ça qu'on a mis en place des aides spécifiques pendant cette crise pour accompagner ces salariés.
MARC FAUVELLE
Merci Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Merci.
MARC FAUVELLE
Et bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 juin 2021