Texte intégral
DAMIEN THEVENOT
Pour l'instant, c'est l'heure des « 4 Vérités ». Bonjour Anne.
ANNE BOURSE
Bonjour Damien.
DAMIEN THEVENOT
Ce matin, vous avez invité Roxana MARACINEANU.
ANNE BOURSE
Oui, Roxana MARACINEANU, ministre déléguée aux Sports et ancienne championne de natation.
-Jingle-
ANNE BOURSE
Bonjour Roxana MARACINEANU, merci d'être avec nous ce matin. Vous avez été, en 1998, championne du monde de natation 200 m dos, puis en 2000 médaillée d'argent aux JO de Sydney. Est-ce qu'il y a toujours pour vous, l'ancienne championne que vous êtes, une émotion particulière, là, en ce moment, à quelques heures de l'ouverture des JO de Tokyo ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, une émotion, une angoisse aussi un petit peu, parce qu'à l'approche de cette compétition, que l'on prépare pendant des années, et là nos athlètes l'attendent depuis 5 ans maintenant, cette compétition, c'est vrai que l'on est toujours un peu émoussé à l'approche du début de la cérémonie d'ouverture, qui aura lieu tout-à-l'heure. C'est un moment important, ça va durer 15 jours, et vu la période que l'on vient de vivre, je crois que les athlètes sont plus motivés que jamais.
ANNE BOURSE
Ça reste un moment particulier, une cérémonie d'ouverture ? C'est vraiment le coup d'envoi, ça veut dire que mentalement, même, on s'inscrit, ça y est, dans les JO, on y est ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, même si on ne peut pas y participer tous, parce que c'est vrai que ceux qui démarrent la compétition vont se préserver de ce moment qui est quand même un peu fatigant, même si là il n'y aura pas de public dans les tribunes, donc on se dépensera un petit peu moins en termes d'énergie, on ne peut pas s'empêcher de la suivre à la télévision, parce que c'est le moment, c'est le top départ de cette quinzaine.
ANNE BOURSE
Vous le disiez, il n'y a pas de public, ce sont des Jo à huis-clos, c'est évidemment inédit et jamais vu, est-ce que ça veut dire que pour les athlètes ça va être encore plus fort mentalement ?
ROXANA MARACINEANU
Ça dépend. Je pense que, selon les habitudes que l'on a, si on a l'habitude que la famille nous soutienne, si on sait se servir du public, ça peut être pénalisant, maintenant tout le monde va être à égalité, il n'y aura pas de Japonais, comme on l'a craint à un moment, seulement un public japonais, pour que justement les adversaires japonais soient favorisés par rapport aux autres. Et puis finalement tous les à-côtés qu'il faut savoir maîtriser dans une telle compétition, eh bien ils seront peut-être moins importants, ils le sont aujourd'hui pour d'autres raisons, tous ces tests, toutes ces incertitudes par rapport même à la participation, à la compétition dans quelques jours, parce qu'encore une fois, si on est testé positif, eh bien on sort, on ne pourra pas s'aligner dans quelques jours pour son tour de chauffe. Mais tout ça il faut le maîtriser, mais peut-être que les à-côtés, qui parfois déstabilisent, comme les grands écrans, justement, beaucoup de monde, toute cette attente autour de soi, eh bien peut-être qu'elle sera minimisée du fait…
ANNE BOURSE
Il y a des sportifs, vous le disiez, pour qui c'est important…
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr.
ANNE BOURSE
On pense par exemple à Teddy RINER, qui aux JO…
ROXANA MARACINEANU
Je l'ai entendu aussi hier soir.
ANNE BOURSE
Voilà, qui cherche toujours le regard de sa famille, de ses proches. Là, pour lui par exemple, évidemment c'est un manque.
ROXANA MARACINEANU
C'est vrai, ça peut être pénalisant, mais voilà, l'imprévu, c'est l'ami de l'athlète, de toute façon, ce qu'on doit toujours maîtriser c'est tous les à-côtés de la compétition pour arriver à rester vraiment concentré sur ce qu'on a à faire, et peut-être, voilà, ça nous rapproche un peu plus de ce qu'on fait à l'entraînement, de toutes ces compétitions qu'on a vécues aussi pendant ces derniers mois, on a quand même pris l'habitude, les athlètes ont pris l'habitude de vivre leur concours, leurs compétitions, sans public, je pense que voilà, ils ne vont pas trop être pénalisés.
ANNE BOURSE
Vous parliez des tests quotidiens, si un sportif est positif il est exclu. Là aussi ça joue sur l'ambiance dans la délégation française ? Quels retours vous avez sur cette pression supplémentaire ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, depuis 15 mois ils sont habitués, puisqu'ils ont commencé à se tester très vite pour pouvoir continuer à s'entraîner, mais c'est vrai que plus ça avançait, plus il y avait des contraintes de la part du Comité d'organisation et le gouvernement japonais a vraiment proposé ces Jeux en se protégeant au maximum, en protégeant sa population, et donc oui les sportifs sont un peu, sont inquiets de savoir s'ils vont pouvoir participer à leurs épreuves et s'ils ne vont pas mettre en péril aussi leurs amis, leurs collègues, avec qui ils sont en contact quand même quotidiennement et qui pourraient être considérés cas contact.
ANNE BOURSE
Est-ce que ce sont d'ores et déjà des jeux sans âme où la fête est gâchée ?
ROXANA MARACINEANU
Je ne pense pas, parce que le monde entier suivra ces Jeux, parce qu'ils sauront nous faire vibrer, rêver, et puis le monde entier a besoin aussi de toute cette émotion que nos athlètes pourront partager avec nous. Donc on a tous envie de savoir si…
ANNE BOURSE
Pour vous, la ferveur sera la même autour de ces Jeux, même si sur place ce ne sera évidemment pas la même chose ?
ROXANA MARACINEANU
On l'a vu sur les autres grands événements sportifs retransmis, que ce soit à l'Euro de football, que ce soit le Tour de France, les téléspectateurs ont été là. Et puis nos athlètes, pour eux c'est tellement important de se sentir soutenus dans cette compétition encore une fois qui est rare, et puis c'est à 3 ans des Jeux olympiques et paralympiques en France, donc je pense qu'ils vont vraiment tout donner…
ANNE BOURSE
Il fallait les maintenir ces JO de Tokyo, quoi qu'il arrive là ? Ils ont déjà été reportés d'un an.
ROXANA MARACINEANU
Ah oui, pour eux c'était vraiment indispensable qu'ils se tiennent, et encore une fois pour nous aussi en tant que Français qui accueillerons la prochaine édition des Jeux, c'est très important d'avoir cette première expérience, et puis pour nos champions, de les garder motivés encore 3 ans, c'est ça un peu notre chance finalement avec ce déplacement des Jeux d'un an, c'est qu'il ne reste que 3 ans avant nos Jeux, et on a envie que nos champions soient encore là à Paris.
ANNE BOURSE
Justement, vous y serez, vous, à Tokyo, du 1er au 8 août, jusqu'à la cérémonie de clôture. Est-ce que dans la passation et la préparation pour 2024, le fait que les JO de Tokyo ne se passent pas « normalement », est-ce que là c'est un manque aussi dans l'expérience pour Paris ? Le retour d'expérience sera forcément différent.
ROXANA MARACINEANU
Nous on a placé ces Jeux sous la bannière de la transmission entre les champions expérimentés, ceux qui ont l'habitude et qui nous rapporteront des médailles d'or, j'en suis sûre, et puis les plus jeunes qui font leur première expérience dans ces Jeux, que ce soit une bonne ou une mauvaise expérience, ce sera toujours ça de pris, avoir fait des Jeux avant ceux de Paris, c'est déjà avoir gagné beaucoup d'années d'expérience. Et puis, oui, moi je suis sûre que ça va bien se passer pour nos Françaises et nos Français, on a des bonnes chances de médailles, on aimerait revenir avec une quarantaine de médailles, on a eu la dernière fois…
ANNE BOURSE
42 à Rio, c'est faire au moins aussi bien.
ROXANA MARACINEANU
Voilà, vu les conditions, une quarantaine de médailles ce serait bien. Sur le papier, on peut y arriver, un quart des médailles c'était des médailles d'or, et c'est ça qu'on veut renforcer aussi, c'est pour ça qu'on a renforcé aussi les primes aux médailles, on a augmenté les primes pour que…
ANNE BOURSE
65 000 €, c'est ça, pour une médaille d'or.
ROXANA MARACINEANU
Voilà.
ANNE BOURSE
Ça compte, ça, pour un sportif, cette prime, lorsqu'évidemment il gagne ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, ça compte, parce qu'ils ne sont pas tous professionnels, ils n'ont pas tous des contrats de salariés avec leurs structures de clubs, nous on les aide beaucoup, l'Etat, par les aides personnalisées, mais voilà, au moment des Jeux c'est aussi une motivation de savoir qu'on peut rattraper un petit peu les moyens.
ANNE BOURSE
Dans quels sports, vous, vous misez personnellement pour les médailles, on parle évidemment du judo, beaucoup, athlétisme, décathlon ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, alors dans la première semaine, c'est surtout judo, VTT, BMX, boxe. Et puis dans la deuxième semaine, nous avons tous les sports pluridisciplinaires comme le pentathlon, le triathlon et puis le décathlon avec Kevin MAYER en athlétisme, qui a des chances de revenir avec des médailles. On sera là pour les soutenir nos athlètes, avec Jean-Michel BLANQUER, le Président qui va être présent, le Premier ministre qui sera là aussi pour la passation, à la fin, de la flamme.
ANNE BOURSE
Alors, les JO c'est aussi une affaire d'argent. Le budget des JO de Tokyo a doublé, il est à 15 milliards à peu près, d'euros. Le budget des JO 2024 est estimé pour l'instant un 7 milliards. Pourquoi est-ce que Paris serait bon élève et ne verrait pas non plus son budget exploser ? Tout le monde nous dit « Non non non, on va être dans les clous ». Pourquoi Paris serait bon élève ?
ROXANA MARACINEANU
Oui, on a un budget pour les JO de Paris, de la France, de 8 milliards d'euros, avec seulement un milliard qui pèsera sur le contribuable, parce que nous avons déjà tous les équipements qui sont déjà existantes, qui sont construits, seulement une piscine olympique à construire, et puis tous les autres équipements, la majeure partie sera construite pour l'héritage, ce sont des piscines…
ANNE BOURSE
Des choses qui resteront.
ROXANA MARACINEANU
Voilà, des stades qui resteront après, et c'est surtout pour que les délégations puissent être accueillies en France, pour s'entraîner, mais les structures des Jeux seront soit des structures temporaires qui coûtent évidemment moins cher, ou uniquement cette piscine qui se rajoutera à de l'équipement déjà existant.
ANNE BOURSE
Merci beaucoup Roxana MARACINEANU, et donc bonne cérémonie d'ouverture. Damien, c'est à suivre sur France 2 à partir de 12h35.
DAMIEN THEVENOT
Mais tout est à suivre sur France Télévisions. Merci beaucoup, merci à tous les deux.
ROXANA MARACINEANU
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 juillet 2021