Interview de Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, à Sud Radio le 28 juillet 2021, sur l'instauration d'un passe sanitaire et la vaccination notamment des personnes handicapées.

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Intervenant(s) : 
  • Sophie Cluzel - Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées

Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

BENJAMIN GLAISE
Bonjour à vous Sophie CLUZEL.

SOPHIE CLUZEL
Bonjour.

BENJAMIN GLAISE
Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. C'est vrai, beaucoup de sujets à développer avec vous bien sûr sur cette situation sanitaire, les mesures qui ont été mises en place. Déjà pour commencer, un mot sur les propos d'Elisabeth BORNE hier, la ministre du Travail qui a indiqué qu'un salarié pourra bien être licencié s'il ne produit pas de pass sanitaire. C'est totalement contraire au compromis qui avait été trouvé du côté des parlementaires. Est-ce que votre collègue a parlé trop vite ou est-ce que finalement c'est l'orientation qui est prise par le Gouvernement ?

SOPHIE CLUZEL
Non, ce n'est pas une orientation, c'est juste un constat qu'on retombe dans le droit commun. C'est tout. C'est-à-dire que du coup, le droit commun va pouvoir s'appliquer mais tout ce que l'on veut, c'est surtout qui que l'on n'en soit pas arrivé à ces limites. On ne veut pas en arriver à ces limites. Ce que l'on veut surtout, c'est que le pass sanitaire puisse s'appliquer, que la vaccination poursuit son chemin qui est très encourageant parce qu'on a vraiment un rythme de vaccination qui nous permet de, peut-être, atteindre nos objectifs : 50 millions de vaccinés fin août et donc, du coup, le pass sanitaire s'accordera. Mais sur les licenciements, il faut être très clair : il y a une procédure très importante à respecter d'entretien et puis, surtout, on a laissé du délai pour les salariés pour pouvoir se vacciner. Donc voilà, on fait tout pour ne pas en arriver là mais après on retombe dans le droit commun tout simplement des possibles licenciements. C'est ça qu'elle a voulu expliquer.

BENJAMIN GLAISE
C'est une de rappel en fait de sa part.

SOPHIE CLUZEL
Oui exactement, exactement.

BENJAMIN GLAISE
Quand on regarde les chiffres, en Europe on observe que l'épidémie recule, commence à reculer dans 8 pays. Alors on peut citer notamment le Royaume-Uni, le Danemark, les Pays-Bas, l'Espagne aussi. Est-ce qu'on n'est pas à contre-courant en France en renforçant justement, que ce soient les mesures de freinage, en instaurant ce pass sanitaire ?

SOPHIE CLUZEL
Non, je ne pense pas. Au contraire. C'est parce que il nous faut accélérer la vaccination et que ça donne de l'espoir justement sur ce geste si important de se protéger soi-même et de protéger les autres, donc c'est plutôt encourageant sur le fait qu'il nous faut accélérer, au contraire, toutes les mesures de freinage, la vaccination, le pass sanitaire, rappeler le port du masque surtout qui revient, et je pense que c'est salutaire. Mais vous savez, les Français ont l'habitude donc je pense que ce petit sursaut de freinage qu'il nous faut vraiment maintenir va être fait pour le bien commun de tous, encore une fois.

BENJAMIN GLAISE
"Vaccinez-vous pour la France", c'est l'appel qu'a lancé Emmanuel MACRON depuis la Polynésie. Vacciner, c'est vraiment le mot d'ordre du gouvernement. Pourtant, on le voit, la mobilisation qui est en hausse le week-end dernier contre eh bien le vaccin obligatoire la vaccination obligatoire contre le pas sanitaire on le sent qu'il y a il y a beaucoup de personnes quand même qui ont des inquiétudes ont Touquet est-ce que vous pensez pouvoir eh bien les rassurer et finalement les convaincre, Sophie CLUZEL ?

SOPHIE CLUZEL
Ils ont des inquiétudes, c'est légitime, mais mettons en exergue les chiffres. 100 000 qui manifestent et puis 500 000 qui vont se faire vacciner.

BENJAMIN GLAISE
161 000 selon la police pour le week-end dernier, en hausse. Mais pour vous, c'est une minorité en fait.

SOPHIE CLUZEL
Je pense que c'est une minorité mais moi, je respecte tout à fait les sentiments que peuvent avoir les Français d'inquiétude et c'est normal, nous sommes là pour les rassurer. Moi ce que je dis, c'est que la vaccination c'est la liberté. C'est la liberté de circuler, c'est la liberté de pouvoir aller voir justement dans les EHPAD, dans les maisons médicales, dans les hôpitaux les personnes que nous devons accompagner. En fait, c'est une liberté individuelle qui va travailler sur cette liberté collective, la vaccination, donc c'est très important. Il nous faut se protéger mais protéger les autres. Nous avons encore trop de personnes, plus d'un million, qui ne sont pas vaccinées et qui sont à risque, donc c'est ceux-là qu'il nous faut protéger également en se vaccinant.

BENJAMIN GLAISE
En tout cas déjà un Français sur deux complètement vacciné. Quel est l'objectif à terme du gouvernement ? On parle souvent de la question de pourcentage pour avoir une couverture vaccinale utile et efficace. Est-ce qu'il y déjà un pourcentage qui circule au niveau du gouvernement où on dit : à partir de là, on sera suffisamment efficace ou alors c'est vraiment le plus possible ?

SOPHIE CLUZEL
C'est le plus possible. C'est le plus possible parce que cette fameuse immunité collective, ses pourcentages varient selon les médecins. Moi je ne suis pas scientifique, j'écoute ce qu'ils disent. Moi je dis juste le plus possible et nous développons vraiment cette politique d'aller vers ceux qui sont encore très empêchés ou qui sont mal accompagnés pour justement aller chercher les plus vulnérables aujourd'hui. C'est ça l'important.

BENJAMIN GLAISE
Hier on a vu Olivier VERAN, le ministre de la Santé, vacciner votre collègue Olivia GREGOIRE enceinte de 5 mois. Ça veut dire qu'à présent, on estime qu'il n'y a plus d'inquiétude à avoir pour les femmes enceintes concernant la vaccination, notamment sur le premier trimestre où il y avait une inquiétude ou, en tout cas, une certaine forme de prudence à avoir au départ ?

SOPHIE CLUZEL
Voilà, oui, vous avez raison. La réponse, il faut absolument aller se faire vacciner y compris sur les femmes enceintes, y compris et surtout sur les gens qui ont des pathologies, des comorbodités, qui ont un surpoids très important, qui ont de l'hypertension. Il faut vraiment passer le message : allez vous faire vacciner, c'est la seule façon de vous protéger contre les formes graves et surtout de protéger les autres.

BENJAMIN GLAISE
Olivier VERAN qui a par ailleurs promis des millions de nouveaux créneaux de vaccination dans les jours à venir. Est-ce que c'est possible d'une part, d'autant qu'on arrive dans une période d'été où certains centres, on le voit, de vaccination sont obligés de fermer puisqu'ils manquent de médecins, parce que certains soignants aussi ont besoin aussi de prendre un peu de vacances, de souffler un petit peu. Est-ce que ça va être tenu ?

SOPHIE CLUZEL
Je pense que ça va être tenu, rien qu'à voir à Marseille par exemple il y a eu 100 000 vaccinations pas plus tard qu'hier et je rappelle aussi que vous pouvez aller chez votre pharmacien. Les pharmaciens ont des doses et c'est très facile : c'est en bas de chez vous, vous allez voir votre pharmacien de proximité partout sur les lieux de vacances. Donc nous avons les doses, nous avons les créneaux ouverts, nous avons les pharmaciens, nous avons les médecins aussi. Donc vraiment, c'est beaucoup plus facile de se faire vacciner, il ne faut pas hésiter à y aller.

BENJAMIN GLAISE
On le sait, en tout cas le pass sanitaire sera étendu aux hôpitaux mais Sophie CLUZEL, je le rappelle, vous êtes secrétaire d'État chargée des personnes handicapées. Est-ce qu'il sera nécessaire également ce pass sanitaire pour rendre visite à un proche dans un institut médico-éducatif, dans les foyers ou les hébergements non médicalisés accueillant des personnes en situation de handicap ?

SOPHIE CLUZEL
En fait, partout si vous voulez où il y a des personnes vulnérables, le pass sanitaire sera indispensable. Sur les adultes, je parle bien des établissements pour adultes. Ça, c'est très important comme dans les hôpitaux tout comme dans les EHPAD, comme nous préconisons aussi partout là où il y a des services médico-sociaux, partout où il y a des adultes justement qui ont été très bien protégés pendant le premier confinement, pendant la crise. Ce que l'on veut éviter, c'est justement ça donc oui un pass sanitaire, mais c'est déjà le cas. Vous savez, les familles sont extrêmement respectueuses et très attentives donc elles sont majoritairement vaccinées. Donc ça, je n'ai pas de craintes et nous étendons bien sûr l'obligation vaccinale à tous les soignants et tous les paramédicaux qui interviennent justement dans ces établissements, dans les services d'accompagnement à domicile donc ça c'est très important.

BENJAMIN GLAISE
On en est où d'ailleurs de la vaccination, la campagne de vaccination du côté des personnes en situation de handicap, notamment du côté des adultes hébergés dans les maisons d'accueil spécialisées, dans les foyers, les hébergements non médicalisés ?

SOPHIE CLUZEL
Ils sont largement vaccinés, ils ont été prioritaires dès le début, que ce soit dans les foyers ou dans les maisons d'accueil, majoritairement vaccinés sauf vraiment s'il y en a qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas, puisque c'est au volontariat bien sûr, mais presque 90% des personnes sont vaccinées donc pas d'inquiétude sur ce sujet. Les familles aussi extrêmement respectueuses et puis, je veux dire, elles ont bien vu comment ça protégeait extrêmement bien dans les établissements médico-sociaux où on nous avons vraiment tenu bon pendant le confinement. Donc non, pas d'inquiétude à avoir sur ce sujet. Maintenant ce qui nous manque, c'est les personnes isolées, les personnes vulnérables isolées ou handicapées chez elles, seules et c'est pour ça qu'on développe les équipes mobiles. Enormément d'équipes mobiles qui se déplacent.

BENJAMIN GLAISE
Comment vous faites concrètement du coup à ce niveau-là.

SOPHIE CLUZEL
Concrètement avec les associations gestionnaires qui sont du médico-social, on a créé des équipes mobiles. Les agences régionales de santé ont financé ces équipes mobiles pour aller vers tout simplement les personnes très isolées, en lien par exemple avec les mairies, les CCAS, les centres d'action communaux qui les connaissent, et puis ils se déplacent à domicile pour aller vacciner.

BENJAMIN GLAISE
Il y a un point qui pose question du côté de la vaccination obligatoire pour le personnel soignant. Ça concernera aussi les professionnels qui interviennent auprès des particuliers bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie ou de la prestation de compensation du handicap. Dans ce cas-là, les employeurs, ce sont des particuliers. Comment ça se passera au niveau des risques de sanctions potentielles s'il n'y a pas de contrôle du pass sanitaire.

SOPHIE CLUZEL
Ça, c'est un vrai sujet. On en discutait pas plus tard qu'hier justement avec les organisations gestionnaires, notamment tout ce qui est particulier/employeur, comment vérifier, comment être sûr que… Ecoutez, moi là vraiment, je vais vous dire que les soignants sont extrêmement responsables et majoritairement ceux qui vont vers les personnes les plus vulnérables et qu'ils accompagnent depuis le début du confinement sont déjà vaccinés. Après on verra au cas par cas, il faudra le suspendre, trouver un autre service d'accompagnement éventuellement ou un autre accompagnant. On en a discuté hier, on est en train de mettre en place justement les procédures et surtout les organisations. Je suis en contact en visio toutes les semaines avec elles. Nous ferons remonter les alertes pour pouvoir pallier justement à cette déficience d'accompagnement s'il y a besoin.

BENJAMIN GLAISE
Du côté des particuliers du coup, on sera plutôt protégé à ce niveau-là en tout cas.

SOPHIE CLUZEL
Oui, oui, oui tout à fait. On sera surtout accompagnant parce qu'il n'est pas question d'arrêter les soins justement pour ces personnes.

BENJAMIN GLAISE
Avant de laisser la parole à Judith BELLER pour une dernière question, on attend aujourd'hui les chiffres officiels de la fréquentation des salles de cinéma après leur première semaine de pass sanitaire. Ça s'annonce plutôt difficile, plutôt dur vous faites la moue et vous avez raison effectivement. On a vu par ailleurs qu'à Moscou, une centaine de restaurants ont fermé leurs portes en trois semaines de pass sanitaire faute de clients parce qu'il y avait de moins en moins de clients à cause de ça. Est-ce que vous avez peur que ce pass sanitaire fragilise d'une certaine façon l'économie qui est déjà en difficulté ?

SOPHIE CLUZEL
Je pense que ce qui fragiliserait complètement l'économie, c'est l'obligation de fermeture et c'est le confinement, et c'est tout ce que l'on ne veut pas éviter. Donc l'État est là, à leurs côtés, nous ferons les comptes de toute façon. On a toujours été là depuis le début de la crise, je tiens à le rappeler, vraiment massivement en soutien financier, donc pas d'inquiétude à avoir. Peut-être que ça va se tasser, ça va reprendre, c'est le démarrage. Ce n'est pas le cas dans les musées. J'ai entendu justement le responsable du musée Soulages qui disait qu'il était beaucoup moins touché. Pourquoi ? Parce qu'il y a une circulation, parce qu'on avance et qu'on circule et qu'il y a possibilité d'aménager beaucoup plus facilement la circulation. Pour les cinémas et les théâtres, ma collègue Roselyne BACHELOT est à leurs côtés en permanence et nous verrons. Mais encore une fois, attendons de voir fin août et c'est ce que disent d'ailleurs les exploitants de salles, attendons de voir fin août. Et puis surtout, faisons-nous vacciner rapidement pour pouvoir aller au cinéma tranquillement justement.

BENJAMIN GLAISE
Sophie CLUZEL, le mot de la fin, la dernière question pour Judith BELLER.

JUDITH BELLER
Oui. Il ne faut pas non plus oublier qu'on est en plein milieu des vacances d'été, Sophie CLUZEL. Vous avez annoncé au début du mois lors du comité interministériel du handicap vouloir poursuivre votre plan national de déploiement des solutions de répit, en renforçant notamment les séjours de vacances aidants aidés.

SOPHIE CLUZEL
Oui.

JUDITH BELLER
Qu'est-ce que vous prévoyez exactement ? Est-ce que beaucoup de personnes peuvent profiter aujourd'hui de ce dispositif ?

SOPHIE CLUZEL
Bien sûr. Des vacances, des vacances adaptées, des vacances mixtes, des vacances avec les familles. On a beaucoup de solutions de vacances adaptées justement qui sont mises en place par les associations. On fait le point régulièrement ; pour l'instant il n'y a pas du tout d'annulations, ça se passe bien. On a eu un énorme travail d'anticipation justement. D'ailleurs je tiens à saluer les accompagnants, les animateurs qui massivement ont été se faire vacciner pour pouvoir accompagner en toute sérénité et pour l'instant ça se passe très bien. Tout est ouvert dans les conditions sanitaires et je salue aussi les organisateurs parce qu'ils savent faire, ils savent accompagner et c'est indispensable pour les familles d'avoir ce temps de répit. Parfois elles partent avec leurs enfants, parfois sans leurs enfants.

JUDITH BELLER
Et ça leur permet du coup d'avoir des vacances forcément aussi sans leurs enfants.

SOPHIE CLUZEL
C'est très variable. Il y a toutes les solutions. Elles sont extrêmement bien encadrées et je leur souhaite de très belles vacances vraiment à tous ces enfants et ces adultes.

JUDITH BELLER
S'ils sont à l'écoute, je pense qui vous entendent. Merci beaucoup.

BENJAMIN GLAISE
Sophie CLUZEL, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, merci d'avoir été avec nous pour répondre à nos questions sur Sud Radio.

SOPHIE CLUZEL
Merci.

BENJAMIN GLAISE
Je vous souhaite une bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 juillet 2021