Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci d'être avec nous ce matin sur le plateau de LCI, évidemment bravo à tous et toutes les terminales qui ont réussi le Bac, c'est un cru exceptionnel cette année, premier Bac Blanquer, on va en parler mais, le présent d'abord. C'est la quatrième vague, elle se précise, des signaux d'alerte se multiplient a dit Gabriel ATTAL, hier le porte-parole du gouvernement, et des décisions sont attendues sur la vaccination. Alain FISCHER, le Monsieur vaccin du gouvernement, le redemande ce matin dans les colonnes du « Monde », il souhaite que la vaccination ait lieu dans les collèges et les lycées à la rentrée, on rappelle que les 12-18 ans sont éligibles à la vaccination, est-ce que vous êtes toujours réticent, vous ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour l'instant notre grande priorité c'est que les 12-18 ans soient vaccinés pendant les vacances, et d'ailleurs on a lancé une grande campagne avant les vacances pour inciter à cela, avec d'ailleurs des premières vagues qui ont commencé à se réaliser, et tout au long des vacances, avec les autorités de santé, on organise le fait qu'il y ait des lieux pour se faire vacciner dans les endroits où sont les adolescents, donc la première des priorités c'est que ça se passe pendant les vacances, ne serait-ce que pour que les choses soient prêtes au moment même de la rentrée. Ensuite, sur les modalités de vaccination des 12-18 ans après la rentrée, tout est sur la table pour le faire, ça peut se passer parfois en milieu scolaire, mais pas forcément, l'essentiel est d'être pragmatique en regardant la meilleure façon de faire sur le terrain.
ELIZABETH MARTICHOUX
« Je peux comprendre ces craintes » dit-il, parce que vous avez un dialogue j'imagine…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça a été de toute façon une piste dans un document du ministère de la Santé, donc c'est sur la table, « je peux comprendre ces craintes, mais en travaillant de façon collective on peut y arriver, j'ai bon espoir, on verra si j'avais raison », lui dit que c'est un enjeu important en termes de, évidemment de santé publique, pour atteindre l'immunité collective il estime que…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, mais il n'y a aucun doute…
ELIZABETH MARTICHOUX
Que ce soit fait, et vous, vous dites on va essayer de l'éviter ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non, non, attendez, il y a deux sujets complètement différents là. Le fait de vacciner les 12-18 ans, bien entendu il faut le faire, et on est complètement d'accord avec Alain FISCHER…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais lui il parle de le faire dans les écoles.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais je ne crois qu'il ne faut pas se focaliser…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, dans les lycées et les collèges !
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais on est vraiment sur un point, après, pratique, la question c'est de savoir qu'est-ce qu'il y a le plus efficace, si c'est ça qui est plus efficace, c'est ce que l'on fera, mais il y a aussi d'autres façons de faire qui peuvent être plus efficaces.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, qu'est-ce qui vous fait hésiter dans le fond ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est que quand vous faites ça vous désorganisez un peu le système, ça veut dire moins de cours pour les élèves, ça veut dire mobiliser toute une série de choses. vous savez, l'Education nationale, tout au long de l'année qui vient de passer, elle n'a pas eu peur de se mobiliser, c'est le moins qu'on puisse dire, on a réussi quelque chose qu'aucun pays comparable n'a fait, c'est-à-dire ouvrir les écoles, pour le faire on a reposé sur la mobilisation de tous, les chefs d'établissement, les professeurs, les personnels de médecine scolaire, les infirmières, etc., bref, toute l'Education nationale a été totalement mobilisée, donc ma réticence elle n'est pas dans le fait de s'engager…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, elle est dans le fait de perturber la rentrée par….
JEAN-MICHEL BLANQUER
Elle est dans le fait de chercher la chose la plus efficace, pour un objectif que je partage totalement avec Alain FISCHER, qui est évidemment le maximum de 12-18 ans vaccinés, mais, encore une fois, la meilleure des choses, et c'est le message que je veux passer, c'est que les 12-18 ans se vaccinent pendant les vacances d'été.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et l'autre message que vous faites passer au personnel enseignant, aux parents d'élèves, c'est si on peut éviter de désorganiser la rentrée, parce que ce ne sont pas les profs qui vont vacciner, ce serait des infirmiers, des médecins, qui entreraient dans l'école et qui s'installeraient pour…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est ça, mais ça peut être dans le lieu scolaire, ça peut être à l'extérieur, encore une fois c'est un point un peu pratico-pratique, qui à mon avis ne doit pas faire l'objet de grands débats médiatiques, on va y arriver, l'objectif est atteint.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais c'est sensible. A la rentrée est-ce qu'un enseignant, non vacciné, pourrait faire classe ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça peut arriver. Alors pour l'instant on a un bon taux de vaccination des professeurs…
ELIZABETH MARTICHOUX
Combien ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, au moins 70, on pense qu'on est maintenant à 75 % des professeurs qui ont eu une primo-vaccination, et dans nos enquêtes 90 % en affirment l'intention, donc on est typiquement devant un segment de la population qui n'a pas de problème avec le vaccin et va volontairement se faire vacciner.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites ça ne fait pas partie des franges de résistants dans le déclaratif, mais je vous repose la question, est-ce qu'un enseignant non vacciné pourrait faire classe à la rentrée ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, c'est des sujets qui continueront à être sur la table jusqu'à la rentrée, mais ce n'est pas…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça ne vous choquerez pas dans le fond ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, ce n'est pas ma tendance naturelle étant donné que l'immense majorité des professeurs se font vacciner, donc on n'a pas besoin de mettre sur place, sur pied, un système d'obligation comme on a commencé à l'envisager…
ELIZABETH MARTICHOUX
De repérage, non ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, encore une fois, ce genre de question ça se discute en permanence avec les autorités de santé, ce n'est pas des débats que j'ai sur la place publique forcément, ce qui compte c'est l'efficacité, ce n'est pas d'avoir des sous-polémiques sur chaque aspect, l'objectif c'est évidemment que le maximum d'élèves soient vaccinés, et notamment donc les collégiens, les lycéens, et le maximum de professeurs, est-ce que ça passe par le volontariat ou pas, est-ce que ça passe par tel lieu de vaccination ou pas, après ça c'est des modalités pratiques, nous ce qu'on recherche c'est d'abord le pragmatisme et l'efficacité.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ce qu'on recherche c'est que, enfin plus il y aura de jeunes vaccinés, plus il y aura d'enseignants vaccinés, plus l'école pourra fonctionner normalement…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est ce que je dis, bien sûr.
ELIZABETH MARTICHOUX
Comme c'est l'objectif…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est ce que je dis. Encore une fois l'objectif c'est vraiment ce que vous venez de dire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce qu'on peut aussi se demander…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non, mais l'objectif c'est ce que je viens de dire, mais, après, les modalités, ce n'est jamais quelque chose de simple, et donc nous travaillons en permanence pour atteindre ces objectifs, et donc je préfère ne pas schématiser ce débat.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, vous ne voulez pas brusquer, et les enseignants, les parents d'élèves, les élèves, par des déclarations péremptoires sur, il faut, il faut, c'est quand même un peu ça….
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est quand même cette méthode qui nous a réussi cette année, si vous permettez, et c'est précisément parce qu'on est dans un travail, je dirais fin, de terrain, et non pas dans des déclarations péremptoires, qu'on a réussi certaines choses.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais c'est vrai que, compte tenu de la dramatisation, en tout cas de la situation tout simplement, factuelle, en termes de santé publique, de circulation épidémique, il va falloir apporter des réponses avant la rentrée à ces questions.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais c'est ce qu'on fait, encore une fois c'est ce qu'on fait. Vous avez, la semaine prochaine, la publication de notre protocole sanitaire 2021-2022, qui comportera, comme pour l'année dernière, différents scénarios en fonction de du degré de circulation du virus, et vous aurez, de la même façon, une doctrine vaccin, etc., mais ça ne sert à rien de faire début juillet des déclarations péremptoires, pour une situation de début septembre qui n'est encore pas définie.
ELIZABETH MARTICHOUX
En tout état de cause, et pour conclure, c'est possible que l'école ne reprenne pas en septembre ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non. Vous le savez, mon grand objectif c'est l'école ouverte, encore une fois c'est ce que la France a réussi, je crois qu'il faut bien mesurer à quel point c'est une situation positive par rapport à ce qu'ont connu les autres pays, on le verra avec le temps, et bien entendu en 2021-2022 ça reste le même objectif, d'autant plus que le vaccin évidemment est une arme supplémentaire et décisive que nous n'avions pas auparavant, donc évidemment que 2021-2022 doit être une année aussi normale que possible, et je suis assez sûr que ce sera plus normal que 2020-21.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, malgré la « normalité » de cette année, 90% des terminales ont eu le Bac du premier coup, comme on dit, 95 % dans la filière générale, « on a demandé de la bienveillance » avez-vous dit, c'est pour ça que le cru est si bon ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y avait le fait que, du fait des circonstances sanitaires nous avons dû annuler des épreuves du mois de mars et les remplacer par du contrôle continu, à partir du moment où vous mettez le contrôle continu, vous haussez la moyenne générale, donc on a 90 % de réussite, c'est moins que l'année dernière, c'est un peu plus que l'année précédente, donc on savait qu'on aurait un taux de réussite fort. Je pense que c'est une année qui a été difficile pour tout le monde, y compris pour les élèves, et effectivement le but n'était pas de piéger les élèves. Ceci étant, on a quand même réussi à ce que le grand oral se tienne, c'était une innovation extrêmement importante, dont je crois chacun des participants, et notamment les élèves ont vu l'intérêt, et donc aujourd'hui je me réjouis pour tous ceux qui l'ont eu, et je souhaite bon courage pour ceux qui sont au rattrapage, puisque 10 % des élèves doivent passer le rattrapage aujourd'hui et demain.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais avec ce taux de réussite, vous connaissez la question, qui revient régulièrement, alors question légitime, ou tarte à la crème, puisque tout le monde a le Bac, ou presque, ce n'est plus vraiment une haie à franchir pour passer dans l'enseignement supérieur, pourquoi ne pas supprimer le Bac ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, ce n'est pas exact de dire ça, d'abord parce que tout le monde ne présente pas le baccalauréat dans une génération, ensuite parce qu'il y a plusieurs baccalauréats, Bac professionnel, Bac technologique, Bac général, avec des sous-ensembles multiples, donc ça fait une variété de chemins pour les élèves, et c'est une bonne chose, ensuite vous avez les mentions qui différencient aussi le niveau que l'on a atteint, et elles disent évidemment quelque chose, donc il n'y a pas uniformément 9 élèves sur 10 qui se retrouvent exactement dans la même situation. Tous ceux qui tiennent des discours un peu généraux sur cette question, je leur recommande de passer le baccalauréat, par exemple de passer le grand oral, comme l'ont fait les élèves, ce n'est pas si simple. Et, après, que beaucoup soient reçus, c'est normal, le but n'est pas de coller ou de piéger une génération, mais le but c'est de les préparer à ce qui va suivre, et c'est le sens du nouveau baccalauréat. Alors, bien sûr, il y a deux événements qui ont convergé, c'est-à-dire que vous avez d'une part la crise sanitaire qui a amené à faire plus de contrôle continu cette année, je rappelle que…
ELIZABETH MARTICHOUX
82 % de la note.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, je me suis battu pour que ce ne soit pas 100 %, souvenez-vous qu'il y a encore un mois je faisais face à 1000 polémiques parce que beaucoup demandaient 100 % de contrôle continu et disaient que ce serait impossible de faire ce que finalement on a fait, aujourd'hui on l'a fait, et on a presque la polémique inverse. Donc, oui, il y a eu plus de contrôle continu cette année, par la force des choses, mais sinon le nouveau baccalauréat n'est pas un baccalauréat où il y a 82 % de contrôle continu, c'est 40 %.
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, le Bac Blanquer, si je puis dire, c'est 40 % et…
JEAN-MICHEL BLANQUER
60 %.
ELIZABETH MARTICHOUX
60 %. Un mot quand même, rapide, mais s'il y a un enjeu quand même d'harmonisation de l'évaluation, avoir 18 dans un grand lycée parisien, ou de province, et puis dans d'autres lycées très différents, on se dit ça n'a pas la même valeur, est-ce que ça ne renforce pas la différence de niveau ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, cette réforme elle fait ce que j'ai fait sur plusieurs sujets, c'est-à-dire prendre les problèmes à bras-le-corps, des problèmes qui en réalité préexistaient, mais étaient sous le tapis, et que maintenant on traite pour de vrai. Qu'est-ce que je veux dire par là ? c'est qu'avant la réforme, dans les années précédentes, et chacun le sait, en réalité le contrôle continu ça comptait de façon décisive puisque vous étiez admis dans l'enseignement supérieur, quand vous étiez dans une filière sélective, c'est-à-dire pratiquement un étudiant sur deux, vers janvier, février ou mars, sur la base de vos notes de bulletins, et donc le problème que vous venez d'évoquer il existait, il existe depuis très longtemps, c'est-à-dire on se dit « oui, il a telle note, mais, il ou elle vient de tel lycée », donc il y avait ce problème-là. Ce qu'on est en train de faire actuellement c'est une véritable régénérescence du Bac parce que, d'une part, on continue à avoir 60 % de contrôle général, d'autre part nous voulons hausser le niveau, parce que les élèves ne viennent pas sur des couloirs standardisés, ce qu'on appelait « les séries », mais parce qu'ils ont choisi des enseignements de spécialité qu'ils aiment, et donc on leur demande d'approfondir davantage, donc d'avoir un niveau plus fort, le grand oral a permis de tester ça, de voir cela, et puis en troisième lieu ce que nous faisons avec cette réforme, c'est justement obliger les établissements à avoir une politique d'évaluation qui soit beaucoup plus objectivée, et c'est ce qui va se passer au cours des prochaines années, par exemple on pourra comparer les notes qu'un établissement a en contrôle continu et ce qu'obtiennent ses élèves en contrôle général, et donc on pourra mieux harmoniser en disant « attendez, là vous sur-notez », ou « là vous sous-notez. »
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y aura de la pondération.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Donc on prend à bras-le-corps un sujet qui était sous le tapis, donc il y avait des choses qui étaient en quelque sorte masquées, c'est-à-dire l'hétérogénéité des notations d'une part, et puis le fait qu'en réalité ces notes de contrôle continu elles étaient décisives pour l'avenir de l'élève, aujourd'hui on met ça à ciel ouvert et on dit il y a 40 % de ces notes qui comptent pour le Bac, le reste c'est 60 % de contrôle général, et le 40 % il va être beaucoup mieux harmonisé dans les temps qui viennent. Donc c'est un effet de vérité et de responsabilité.
ELIZABETH MARTICHOUX
Première vraie version du Bac Blanquer normalement, si tout se passe bien, si on n'est pas rattrapé par le Covid, ce sera en 2022. Quelques questions d'actualité. Selon une enquête fouillée de « Paris-Match » ZEMMOUR, Eric ZEMMOUR se prépare à être candidat, qu'est-ce que ça dit, qu'est-ce que ça changerait, ou qu'est-ce que ça dit du débat public à quelques mois de la présidentielle ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous sommes une démocratie, et c'est très sain qu'il y ait des candidatures, des candidatures à la candidature, qu'elles soient diverses, qu'elles ne viennent pas forcément des partis politiques, mais aussi du monde, de la société civile comme on dit, donc je trouve ça sain qu'on parle de candidature diverses et variées.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas un sujet ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce n'est pas un sujet, non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Un non-événement.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est un non-événement, en tout cas il faut souhaiter que la démocratie soit ouverte et permette toutes sortes de choses.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'irez pas plus loin sur ce sujet, non ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mila, c'est un sujet important, 4 à 6 mois de prison avec sursis pour 11 de ses 13 harceleurs sur les réseaux sociaux, beaucoup se demandent si c'est exemplaire, si ce sera dissuasif, quel est votre avis, et conclusion, est-ce que la justice a joué son rôle à plein dans cette affaire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, bien sûr je ne vais pas commenter la décision en tant que telle, c'est-à-dire les peines qui ont été encourues, mais ce qui est sûr c'est que nous étions nombreux à souhaiter que ce soit quelque chose qui soit ferme, qui soit quelque chose d'exemplaire, c'est pourquoi ce procès a quelque chose quand même de très important, pour Mila elle-même, et son cas, pour dissuader ceux qui s'adonnent à ce harcèlement en meute, qui est un scandale. Mais d'autre part, sur le cyber-harcèlement en tant que tel, qui est un fléau, dont sont victimes de très nombreuses personnes, et en particulier d'ailleurs nos élèves, nous voulons lutter contre le cyber-harcèlement, on voit que la loi, que nous avons votée il y a 2 ans, est une loi qui permet donc d'avoir maintenant une base juridique pour attaquer ceux qui s'adonnent au cyber-harcèlement, et donc c'est une étape importante, même s'il faudra sans doute aller plus loin, notamment dans notre relation avec les réseaux sociaux, pour mettre fin à ce scandale de notre époque, qui est…
ELIZABETH MARTICHOUX
Plus loin ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Qui est l'insulte sous couvert d'anonymat, l'insulte sur Internet, le fait de se mettre à plusieurs sur quelqu'un dans le monde virtuel, mais qui a des conséquences aussi graves que dans le monde réel, la preuve, l'affaire Samuel PATY, où on passe du virtuel au réel très directement et d'une manière très grave. Donc, si vous voulez, ce développement de la haine, ce développement du harcèlement, dans le monde technologique qui est le nôtre aujourd'hui, n'est pas quelque chose d'acceptable, il est normal de se donner des outils juridiques et techniques contre cela, donc c'est une étape plutôt positive dans ce sens, il faut maintenant aller plus loin.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il faut aller plus loin, pour un prochain quinquennat, ça peut être un sujet…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, et puis pas seulement pour la France, c'est un sujet mondial, donc c'est pour ça que j'ai d'ailleurs pris des initiatives en la matière au travers de l'UNESCO, au travers de l'Union européenne, pour qu'on réussisse à aller plus loin pour le cyber-harcèlement en matière scolaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous la suivez, l'Education nationale la suit encore, vous avez des contacts avec elle, forcément…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, oui, oui, c'est tout à fait normal.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il est très jeune, très mûre, mais très jeune.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, elle a besoin de soutien et elle sait que nous sommes là pour tout besoin qu'elle peut avoir en matière de scolarisation.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous la suivez, elle est suivie par quelqu'un ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Elle est suivie, bien sûr, elle a des interlocuteurs, mais c'est des sujets sur lesquels je ne m'exprime pas avec détails.
ELIZABETH MARTICHOUX
Hommage aujourd'hui à un centenaire, Jean-Michel Blanquer, il est né le 8 juillet 2021 (sic), Edgar MORIN, philosophe sociologue, ancien résistant, penseur de la complexité, amoureux de la vie, vous le connaissez bien, il y aura un hommage ce soir à l'Elysée je crois, un discours, Emmanuel MACRON va prononcer un discours ? Oui ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous le connaissez, quelle leçon vous retenez de sa vie ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est un grand témoin du XXe siècle, et du début du XXIème siècle, c'est quand même… d'ailleurs aujourd'hui je signale que nous fêtons, le même jour, les 400 ans de Jean de LA FONTAINE, qui est né le 8 juillet 1621, et les 100 ans d'Edgar MORIN né le 8 juillet 1921, c'est significatif…
ELIZABETH MARTICHOUX
…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, je pense que dans les deux cas…
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui fait la synthèse.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Dans les deux cas c'est des moralistes, d'une certaine façon, Edgar MORIN, tous ceux qui le suivent sur Twitter, peuvent le voir, il fait des petites maximes tous les jours, ou très fréquemment, et puis Edgar MORIN c'est un grand témoin du siècle, c'est non seulement un intellectuel majeur, mais c'est aussi quelqu'un qui s'est engagé, notamment un grand résistant, c'est quelqu'un qui était dans le bureau d'HITLER au lendemain de… enfin au mois de mai 45, dans l'armée française qui était en Allemagne à ce moment-là, c'est quelqu'un qui vraiment a été témoin de 1000 choses, contemporain de SARTRE, de CAMUS, donc parler avec Edgar MORIN c'est parler avec le siècle, et aujourd'hui je suis très heureux de l'entourer parce que c'est un homme de bien, avec qui j'ai d'ailleurs souvent du débat, parce que là aussi c'est quelqu'un qui est très libre d'esprit.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous lui souhaitez bon anniversaire.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je lui souhaiterai, en votre nom, bon anniversaire oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Votre nom. Merci beaucoup. Dans un quart d'heure vous recevrez un plan d'action pour lutter contre les violences sexuelles intrafamiliales sur les enfants, comment l'école peut jouer son rôle à plein, c'est pour ça d'ailleurs que vous dû retarder un peu pour être avec nous ce matin, vous serez avec Adrien TAQUET, merci beaucoup…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2021