Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour à tous. Bonjour Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin. Le président a tapé fort hier, ne pas être vacciné, à l'évidence, va rendre la vie beaucoup plus compliquée, la vie quotidienne, beaucoup de mesures annoncées hier vont être organisées par le ministère du Travail. Vous êtes ministre du Travail, c'est aussi chez vous que se négocie la réforme des retraites, la réforme de l'assurance-chômage, il en était question hier, dans l'allocution du président, on va en parler. Mais encore une fois, merci d'être avec nous. On attend notamment vos précisions sur la vaccination obligatoire concernant évidemment les sanctions. Un chiffre déjà nous frappe ce matin, 926.000 Français se sont inscrits sur Doctolib depuis qu'Emmanuel MACRON a prononcé son allocution. La menace fonctionne ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, c'est une bonne nouvelle, peut-être que les Français avaient un peu la tête ailleurs avec les vacances, mais je pense que le message du président, il a été clair, on a réussi à sortir de la troisième vague grâce aux efforts de tous, et là, avec le variant Delta, on a une menace effectivement de reprise de l'épidémie avec un nombre de cas quotidiens qui a de nouveau augmenté, et on a une arme, c'est la vaccination, il faut que tous les Français se fassent vacciner.
ELIZABETH MARTICHOUX
Certains pourraient se dire, si Emmanuel MACRON l'avait annoncé plus tôt, ça aurait peut-être été moins brutal.
ELISABETH BORNE
Ecoutez, je pense que les messages sur l'importance de la vaccination, ils sont passés depuis maintenant des mois, aujourd'hui, on voit qu'il y avait un ralentissement dans la vaccination, on a un message très fort qui a été passé par le président de la République, l'objectif, c'est vraiment que tous les Français se fassent vacciner, vous savez qu'on est à près de 36 millions de Français qui ont eu une première dose, eh bien, tous ceux qui ne l'ont pas doivent profiter de cette période pour se faire vacciner.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, ce qui va le plus changer la vie quotidienne, je le disais tout à l'heure, c'est quand même le pass sanitaire, dès mercredi prochain, cinémas, lieux de loisirs, par exemple, pour aller voir un film, entrer dans un parc d'attractions, un musée, il faudra présenter un test négatif ou un certificat de vaccination, la première dose ne suffit pas. Les salariés sont aussi concernés, a-t-il dit, à partir du 21 juillet ?
ELISABETH BORNE
Non, les salariés seront concernés après le vote de la loi, qui sera présentée la semaine prochaine en Conseil des ministres. Donc ça veut dire que ça s'appliquera à eux, une fois que la loi sera promulguée, donc début août.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, donc un salarié de cinéma qui aujourd'hui n'est pas vacciné a maintenant trois semaines pour le faire, à partir de début août, et la promulgation de la loi, s'il n'est pas vacciné, son patron lui dira : tu ne peux plus venir travailler ?
ELISABETH BORNE
Alors, il a effectivement quelques semaines pour se faire vacciner, il faut qu'il ne tarde pas à se faire vacciner…
ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, non, parce qu'il y a trois semaines d'écart…
ELISABETH BORNE
Ensuite, effectivement, pour avoir son pass sanitaire, et vous aurez compris que, effectivement, après le vote de la loi, ce pass sanitaire, il s'appliquera aux clients, aux usagers, mais aussi aux salariés, donc il faudra, soit, avoir un test PCR négatif, soit avoir été vacciné. Donc moi, j'invite tous les salariés à se faire vacciner. Mais vous savez, ce pass sanitaire, l'idée, c'est de : ne pas devoir refermer tous ces établissements, donc je pense que c'est dans l'intérêt de tout le monde qu'on ait une autre façon de gérer l'épidémie, dans laquelle tous ceux qui sont vaccinés, eh bien, peuvent continuer à aller au cinéma, peuvent continuer à aller au restaurant, par contre, ceux qui ne le sont pas ont fait leur choix, et ils ne pourront pas continuer à y aller. Et je pense que pour toutes les professions qui sont concernées, c'est aussi une bonne nouvelle qu'on ne soit pas en train de repartir dans un nouveau risque de fermetures, mais qu'on ait cette nouvelle modalité, qui est de fonctionner avec un pass sanitaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c'est sur les enjeux, beaucoup, beaucoup de questions quand même sur l'application, et puis, c'est ça qui est important. Deuxième couche du pass sanitaire, dans les trains, les avions, les bus, sur les longs trajets, les restaurants, les bars, les centres commerciaux, début août, 1er août, là aussi, on attend la promulgation, ça peut être…
ELISABETH BORNE
Ça sera dans les premiers jours d'août, ça dépend du calendrier de vote de la loi, et puis, de promulgation de cette loi.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, évidemment, les patrons de restaurants, de bars se posent des questions ce matin, ce seront eux qui devront vérifier le pass sanitaire des clients, un par un à l'entrée de leurs établissements ?
ELISABETH BORNE
Alors, c'est bien à eux de vérifier le pass sanitaire, comme c'est le cas pour les organisateurs de grands événements aujourd'hui, vous savez, ce n'est pas compliqué, peut-être qu'il faudra effectivement de la pédagogie pour expliquer comment ça marche, mais il y a des applications qui vous permettent de contrôler le pass sanitaire, donc c'est quelque chose de simple.
ELIZABETH MARTICHOUX
Sur une terrasse bondée, ça se passe comment ?
ELISABETH BORNE
Alors, de toute façon, sur une terrasse…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez imaginé ce cas de figure ?
ELISABETH BORNE
Je pense qu'il faut aussi s'assurer qu'on respecte les distances qui existent toujours. Et effectivement, il appartiendra au restaurateur de vérifier que les clients ont bien le pass sanitaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, prenons un cas de figure, deux jeunes filles vont s'asseoir à une terrasse, il y en a beaucoup des terrasses, il y en a beaucoup plus qu'avant d'ailleurs, et puis, c'est l'été, le serveur, avant de passer la commande, il devra faire, d'une certaine façon, la police du pass sanitaire, demander le passe-sanitaire à la jeune fille ? C'est ça la vie, c'est que quand on va s‘installer à la terrasse, on ne passe pas par…
ELISABETH BORNE
Je comprends bien, enfin, comme aujourd'hui, les organisateurs de grands événements doivent vérifier qu'il y a un pass sanitaire, mais je vous dis, enfin, il faut que chacun comprenne qu'on n'a pas le choix, on a un variant qui est plus contagieux, trois fois plus contagieux que le virus initial qui circule, on voit les conséquences chez nos voisins, au Royaume-Uni, au Portugal, en Catalogne. On veut absolument éviter de devoir refermer une partie de notre économie, ça suppose qu'on trouve une façon de fonctionner…
ELIZABETH MARTICHOUX
On comprend bien, vous leur dites : si vous ne voulez pas fermer, comme vous l'avez subi pendant des mois, pendant le confinement, il faut vous organiser, vous allez les recevoir ou pas ?
ELISABETH BORNE
Alors, Bruno LE MAIRE a eu des échanges avec les professions qui vont être concernées par l'extension du pass sanitaire, je pense que dans le principe, ils comprennent que l'alternative, c'est refaire comme avant, et donc fermer un certain nombre d'activités économiques ou appliquer un pass sanitaire, et permettre de continuer à fonctionner…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous leur dites : ça, c'est un principe de réalité, on a pris une décision, maintenant, c'est à vous de vous organiser…
ELISABETH BORNE
Evidemment, on va être à leurs côtés pour les aider à s'organiser, pour bien faire connaître les modalités de contrôle de ces pass sanitaires, et c'est quelque chose de simple, ça se fait avec une application qui est disponible sur Internet ; donc voilà, il faut sans doute de la pédagogie pour que chacun ait bien connaissance de la façon dont ça se contrôle…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et alors, ce sera contrôlé comment ? Comment vous allez contrôler le fait que les employeurs respectent ou pas ces nouvelles règles ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, là, pour le coup, on demande effectivement aux responsables des établissements qui sont soumis à un pass sanitaire de vérifier que les clients, et à partir du mois d'août, les salariés, ont bien un pass sanitaire, c'est leur responsabilité, et ensuite, la police, les forces de l'ordre contrôleront que ces règles... enfin, que le responsable de l'établissement…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce sont les forces de l'ordre…
ELISABETH BORNE
Oui, oui, absolument…
ELIZABETH MARTICHOUX
Qui vont vérifier que ça se passe, qui vont aller voir si les clients…
ELISABETH BORNE
Qui vont vérifier que le responsable d'établissement contrôle bien que ses clients ont un pass sanitaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ils craignent de devoir se priver de clients, il y a des clients qui, alors, on l'entendait hier soir, on verra si ça évolue dans leur esprit, mais il y a des jeunes qui disaient : eh bien, moi, tant pis, je n'irai plus au bar, je n'irai plus au restaurant.
ELISABETH BORNE
Ecoutez, je pense que l'écrasante majorité des Français a envie de pouvoir continuer à aller au restaurant, à aller dans les bars, et moi, je n'ai pas de doute que pour l'essentiel, les Français comprennent ces règles.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'avez pas de doute, on verra, le gouvernement va saisir le Conseil d'Etat aujourd'hui, c'est bordé, il n'y a pas de risque que les sages estiment que ça censure les libertés individuelles ?
ELISABETH BORNE
Vous savez, quand on est amené à fermer des restaurants, à fermer des commerces, à fermer des activités culturelles, je pense que c'est une très forte atteinte aux libertés, et donc le choix qu'on a aujourd'hui, c'est grâce au pass sanitaire de pouvoir continuer cette activité, alors, ça suppose évidemment que chacun se saisisse de cette arme qui existe, qui est le vaccin, et donc, c'est bien l'objectif.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, alors deuxième levier, et pas des moindres, c'est précisément la vaccination obligatoire, qui est imposée aux soignants, aux non-soignants de tous les établissements de soins, plus ceux qui travaillent à domicile, plus les pompiers, plus les ambulanciers, je n'ai oublié personne, là ?
ELISABETH BORNE
Non, c'est bien ça, enfin, vous aurez compris que le principe, c'est de dire qu'on a des personnes vulnérables, des personnes âgées, des personnes handicapées, des personnes qui sont malades dans les hôpitaux, c'est évidemment très important que ces lieux, le virus n'y rentre pas, et donc que tous ceux qui y travaillent, effectivement, soient vaccinés.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, il reste à ces professionnels non-vaccinés, aux professionnels non-vaccinés deux mois et deux jours d'ailleurs, pour se faire vacciner. Sinon, votre de la Santé, Olivier VERAN, a dit sur LCI, a eu des mots assez forts, même forts hier : ils ne pourront plus travailler, ils ne seront plus payés à partir du 15 septembre, est-ce que vous confirmez ?
ELISABETH BORNE
Alors, je vous confirme qu'on va prévoir dans la loi, vous savez que quand on a une obligation de vaccination, il y a des sanctions qui sont prévues par le code du travail, on va prévoir une disposition particulière pour permettre une sorte de suspension du contrat de travail, puisque la personne n'est pas en situation d'exercer son métier si elle n'a pas été vaccinée, donc on va prévoir effectivement dans ce projet de loi une suspension du contrat de travail.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, c'est une suspension, ça n'est pas la fin du contrat de travail ?
ELISABETH BORNE
C'est une suspension…
ELIZABETH MARTICHOUX
On va dire, c'est une première étape, une suspension qui peut durer combien de temps ?
ELISABETH BORNE
Absolument, alors, c'est une première étape, on va le préciser dans le projet de loi, mais l'idée, c'est que ça permette aux salariés, aux professionnels de remplir ses obligations vaccinales…
ELIZABETH MARTICHOUX
Bien sûr, mais suspension du contrat de travail…
ELISABETH BORNE
C'est de l'ordre d'un mois, d'un mois ou six semaines pour permettre d'avoir répondu à son obligation de vaccination.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc suspension du contrat de travail, donc on n'est plus payé effectivement, et on ne vient plus travailler…
ELISABETH BORNE
C'est ça…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pendant au minimum un mois, et si on ne rentre pas, si on ne se fait pas vacciner, parce que c'est ça l'enjeu, qu'est-ce qui se passe après ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, là, vous rentrez dans la procédure normale de sanction qui est prévue quand on ne répond pas à son obligation de vaccination, c'est-à-dire, c'est une mise à pied qui est de quelques jours, puis, ça peut aller jusqu'au licenciement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quelle est la différence entre une suspension du contrat de travail et une mise à pied ?
ELISABETH BORNE
La mise à pied, c'est dans la procédure de sanction prévue par le code du travail, et ça peut déboucher sur le licenciement, cette forme de suspension du contrat de travail, c'est pour permettre aux salariés de se conformer à son obligation de vaccination.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Donc 15 septembre, s'il n'y a pas d'obligation, suspension, effectivement, plus de paiement, plus de présence sur le lieu de travail, pendant un mois, après quoi, on encourt le licenciement, après une mise à pied…
ELISABETH BORNE
Mais d'ici-là, enfin, je vous assure que l'objectif, c'est évidemment d'abord de la pédagogie…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais bien sûr, bien sûr…
ELISABETH BORNE
C'est évidemment d'abord de faciliter la vaccination pour tous les professionnels qui sont concernés, et je pense vraiment que…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous espérez à ne pas avoir à l'appliquer cette loi ?
ELISABETH BORNE
Bien évidemment, enfin, bien évidemment, vous voyez, je pense qu'on a vraiment impérieuse nécessité que ces professionnels soient vaccinés, beaucoup le sont déjà, ceux qui ne le sont pas encore, eh bien, il faut qu'ils se saisissent maintenant de cette vaccination, qu'ils le fassent au plus vite, et qu'on facilite aussi cette vaccination.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous craignez des tensions sociales, Madame BORNE ?
ELISABETH BORNE
Enfin, je pense que chacun est conscient, enfin, qu'on doit absolument maintenant accélérer la vaccination, vous savez, on a vécu trois épisodes de restrictions très fortes du fait de ce virus, aujourd'hui, on a une arme, qui est le vaccin, il faut qu'on s'en saisisse à plein, pour ne pas réimposer des contraintes à tous les Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous craignez des tensions sociales ?
ELISABETH BORNE
Ça peut évidemment créer des tensions dans les établissements, mais je vous dis, l'objectif, ce n'est pas de sanctionner les professionnels, c'est d'abord de la pédagogie, et puis, il y a effectivement ces possibilités de sanction pour ceux qui ne le comprendraient pas.
ELIZABETH MARTICHOUX
Regardez, il y en a qui ne comprennent pas, le tweet de Michèle RIVASI, députée, enfin, elle comprend très bien, mais elle n'est pas d'accord, Michèle RIVASI, députée Europe Écologie-Les Verts, elle dénonce dans son tweet un apartheid.
ELISABETH BORNE
Oui, enfin, je pense que Michèle RIVASI, elle fait partie des anti-vaccins, donc ça ne me surprend pas plus que ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, il y en a d'autres, Florian PHILIPPOT qui parle de dictature, Philippe de VILLIERS, qui a dénoncé un totalitarisme de retour en France.
ELISABETH BORNE
Oui, je n'ai pas bien compris ce qu'il nous propose, voyez, est ce qu'il nous propose de revenir à la situation qu'on a connue, où on a dû fermer nos restaurants, je pense que les mêmes à l'époque disaient : c'est scandaleux, ne fermez pas les restaurants, nous disaient aussi : c'est scandaleux, vous n'en faites pas assez et on a trop de patients en réanimation, donc il y a ceux qui sont toujours critiques, vous voyez, nous, on essaie d'apporter des solutions.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord ça vous met un peu en colère ?
ELISABETH BORNE
Oui, parce que vous savez, enfin, c'est très facile de critiquer, je pense qu'on est dans une situation où on fait face à un virus, au variant du virus, il faut bien qu'on trouve des réponses, et aujourd'hui, vous avez compris que notre priorité, c'est de permettre à ceux qui se font vacciner de continuer à vivre le plus normalement possible, c'est de permettre aux activités économiques d'avoir une alternative aux restrictions, à la fermeture, et donc, c'est-ce qu'on est en train de faire, et je pense que c'est du bon sens.
ELIZABETH MARTICHOUX
Marine LE PEN a elle tweeté d'abord sur le défaut ou en tout cas, voilà, le recul grave des libertés individuelles, la déconstruction de l'Etat, la liquidation de notre système de protection sociale, la feuille d'Emmanuel MACRON est claire, elle dénonce une déconstruction qu'elle voit dans la volonté d'Emmanuel MACRON de continuer les réformes.
ELISABETH BORNE
Je ne vois pas très bien de quoi elle parle, parce que je pense que le président, voyez, a parlé d'avoir un plan pour former encore davantage des demandeurs d'emploi de longue durée, pour qu'ils puissent retrouver du travail, d'un revenu d'engagement pour les jeunes, pour amplifier l'action qu'on mène depuis un an avec le plan « 1 jeune 1 solution », qui a permis à 2 millions de jeunes d'être accompagnés pour trouver un emploi, un apprentissage, un accompagnement ou une formation. Donc, enfin, comme déconstruction du modèle social, vous voyez, on ne voit pas bien de quoi elle parle, moi, ce que je peux vous dire, c'est que ça fait depuis le début de la crise qu'on protège massivement les Français, avec de l'activité partielle, avec des mesures exceptionnelles pour les jeunes, avec une formation des demandeurs d'emploi à un niveau qu'on n'a jamais connu ; donc on va continuer à protéger les Français…
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle parle peut-être de la réforme de l'assurance-chômage, elle sera pleinement appliquée le 1er octobre, pleinement appliquée a dit Emmanuel MACRON, le nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence censuré par le Conseil d'Etat, il sera mis en oeuvre à cette date ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, on doit devenir devant le Conseil d'Etat, vous savez que cette réforme, elle s'applique depuis le 1er juillet pour la plupart de ces mesures et qu'on doit revenir devant le Conseil d'Etat effectivement sur ce nouveau mode de calcul de l'allocation chômage, qui est un mode de calcul plus juste, qui évite les effets pervers…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas ce que disent les syndicats, puisqu'ils l'ont dénoncé…
ELISABETH BORNE
Oui, moi, j'entends bien, mais enfin, j'assume totalement que ce mode de calcul, il est plus juste, il évite des effets pervers qui enferment des centaines de milliers de salariés dans la précarité, et dans lequel l'allocation demain pourra être plus basse, pour ceux qui gagnent plus au chômage que quand ils travaillent, donc je pense que c'est là aussi du bon sens…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous le corrigez ou pas, vous l'avez corrigé ou simplement, vous revenez devant le Conseil d'Etat ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, on va revenir devant le Conseil d'Etat qui se posait des questions sur la conjoncture économique entre temps, on a battu tous les records d'embauches au mois de mai, on a une baisse de 135.000 demandeurs d'emploi, on a des prévisions très optimistes de l'INSEE, de la BANQUE DE FRANCE, de l'Union européenne, donc je pense qu'on fait tout pour protéger notre économie et pour qu'elle reparte, et on pourra présenter ces éléments au Conseil d'Etat pour une mise en oeuvre de la réforme au 1er octobre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c'est ferme. C'est une date que vous nous dites ferme si le Conseil d'État effectivement considère que le contexte est cette fois favorable, il faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard, c'est le mantra présidentiel sur la réforme des retraites, sur le système des retraites qu'il faut réformer, il demande au gouvernement d'organiser un débat à la rentrée, c'est vous qui allez l'organiser, ça va se passer comment, quel est l'objectif ?
ELISABETH BORNE
Alors, je vous confirme que le président de la République, il a redit que l'objectif, c'est un système plus juste, plus lisible, sortir des 42 régimes auxquels personne ne comprend rien, qui sont totalement inadaptés…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c'est la fin des régimes spéciaux ?
ELISABETH BORNE
Totalement inadaptés, alors que beaucoup de Français ont plusieurs métiers tout au long de leur vie professionnelle, et puis, en effet, il faudra travailler plus longtemps parce que l'espérance de vie recule, c'est une bonne nouvelle
ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc reculer l'âge légal de la retraite…
ELISABETH BORNE
Et donc reculer l'âge en tenant compte des différents métiers, ça a été dit par le président de la République, et le président de la République, nous a demandé, avec le Premier ministre, d'organiser des concertations sur l'ensemble de ces sujets…
ELIZABETH MARTICHOUX
Avec les syndicats ?
ELISABETH BORNE
Avec les organisations patronales et syndicales à la rentrée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça veut dire que, en septembre, au ministère du Travail ou à Matignon, seront réunis les syndicats pour plancher sur deux aspects de la réforme des retraites, la fin des régimes spéciaux et l'âge légal de départ.
ELISABETH BORNE
Eh bien, pour discuter à la fois de la réforme de notre régime de retraite pour avoir quelque chose de plus lisible, de plus juste…
ELIZABETH MARTICHOUX
On oublie le système à points ? Il n'en sera pas question dans cette feuille de route ?
ELISABETH BORNE
Enfin, c'est une modalité, le système à points, qui n'a pas forcément convaincu, par contre, qu'il faille avoir un système qui arrête de pénaliser les carrières hachées, les personnes qui sont en temps partiel subi, ça reste un objectif, et puis, on a effectivement la question de travailler plus longtemps, on a aussi des enjeux sur le travail des seniors, et donc tous ces points pourront faire l'objet…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais Madame BORNE, mais quel est l'objectif de cette concertation, vous allez où avec cette concertation ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, l'objectif de cette concertation, c'est d'échanger sur les différents aspects d'une réforme des retraites qui doit viser un système plus juste…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais c'est une aimable conversation, comme ça, ça aboutit à quoi ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, ça peut aboutir, enfin, ça dépendra de l'évolution de la situation sanitaire puisque le président de la République a dit qu'on ne pouvait pas engager cette réforme tant que l'épidémie n'était pas sous contrôle et que la reprise n'était pas assurée, mais en tout cas, on a beaucoup de sujets à discuter, vous avez compris qu'on a les mêmes objectifs, mais qu'on a bien compris qu'il faut trouver un autre chemin, eh bien, c'est-ce qu'on va chercher avec les partenaires sociaux.
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, parce qu'on se demande si finalement, vous n'allez pas organiser des discussions avec les partenaires sociaux, pour entretenir la volonté réformatrice affrichée d'Emmanuel MACRON, mais que, en tout état de cause, tant que la reprise n'est pas vraiment pleinement là et que l'épidémie n'est pas totalement vaincue il ne sera pas question de passer à l'acte, donc c'est quoi, c'est pour la galerie ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, vous savez, on a eu beaucoup de discussions depuis des mois et depuis même un an avec les partenaires sociaux qui ont débouché sur des choses très concrètes, la réforme de l'assurance chômage, des dispositifs pour mieux protéger les Français, par exemple, un dispositif de reconversion des salariés, de transition collective, donc notre objectif, c'est évidemment d'avoir des discussions pour déboucher sur des mesures concrètes pour les Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, avant la présidentielle ?
ELISABETH BORNE
Eh bien, ça dépendra de la situation sanitaire et de la reprise économique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous pensez que ça peut être avant la présidentielle, j'entendais, et c'est ma dernière question, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, hier, du MEDEF qui dit évidemment en filigrane, on le comprend bien, que ce sera après la présidentielle…
ELISABETH BORNE
Ce que souhaite le président de la République, c'est que les prochains mois soient des mois utiles, il a eu l'occasion de le dire aux partenaires sociaux, donc il y a de nombreux sujets qui méritent des discussions, et c'est ce qu'on fera dès la rentrée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Discuter, discuter, ce sera donc votre tâche d'organiser ça au ministère du Travail avec Jean CASTEX, à Matignon. Merci Elisabeth BORNE d'avoir été ce matin sur LCI.
source : Service d'information du Gouvernement, le 23 juillet 2021