Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à deux questions sur l'Afghanistan, à l'Assemblée nationale le 7 septembre 2021.

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Circonstance : Questions au gouvernement à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Monsieur le Député,

Vous avez raison de souligner les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles nos équipes, l'équipe France, à la fois les diplomates, les policiers et les militaires qui étaient à l'aéroport de Kaboul, mais aussi ceux qui étaient à Abou Dabi, mais aussi le Centre de crise au Quai d'Orsay ont pu, jour et nuit, faire en sorte que ces évacuations puissent se faire, et nous ont permis d'évacuer 2800 personnes en dix jours. Je tiens ici à leur rendre hommage, à saluer leur sang-froid et leur courage. Notre ambassadeur sera reçu d'ailleurs, demain, en huis clos, par la Commission des affaires étrangères.

Sur les questions de fond, nous aurons l'occasion d'en reparler longuement, mais il y a cinq principes, cinq exigences que la communauté internationale, dans toutes ses considérations, que ce soit le Conseil de sécurité par sa Résolution 2593, que ce soit les ministres des affaires étrangères européens qui se sont réunis, vendredi et samedi derniers à Ljubljana sur le sujet, que ce soit le G7, tout le monde concorde à dire qu'il y a cinq exigences à l'égard du pouvoir de fait, ou du pouvoir de force qui est aujourd'hui en place à Kaboul :

1/ permettre la libre circulation sans entrave ;

2/ renoncer à tout lien avec toute organisation terroriste que ce soit ;

3/ faire en sorte que les droits fondamentaux, et en particulier le droit des femmes, leur Histoire, le droit des femmes et des filles en particulier, l'enjeu éducatif soit respecté ;

4/ le fait que l'aide humanitaire soit accessible, et

5/ qu'il y ait un gouvernement de transition qui soit mis en oeuvre.

Sur ces cinq principes, il y a accord ; mais il importe maintenant que le pouvoir en place, le pouvoir de fait, le pouvoir de force dise, par des actes, qu'il correspond à ces engagements.

Pour l'instant, nous n'avons que des paroles, y compris ce matin, et ces paroles ne valent rien pour l'instant.


Monsieur le Député,

Merci de souligner la qualité de l'opération APAGAN que nous avons menée avec Mme la ministre des armées, qui a permis les résultats que j'ai indiqués tout à l'heure.

Il y a encore des centaines et des centaines d'Afghanes et d'Afghans, plus quelques ressortissants français, dont il nous faut assurer la protection, qui n'ont pas pu être exfiltrés en raison du départ accéléré des forces américaines, et suite, en particulier, aux attentats.

Je voudrais d'ailleurs rappeler ici devant la représentation nationale qu'il ne faut pas se leurrer, le risque Daech à Kaboul est toujours présent. Et donc, l'important, maintenant, c'est de faire en sorte que les résolutions du Conseil de sécurité, la Résolution 2593, à laquelle nous avons beaucoup contribué, puisse effectivement se mettre en place.

Cela veut dire sécurité et sûreté : sûreté technique, parce qu'il faut faire fonctionner un aéroport, et sécurité environnementale pour que les personnes que nous voulons exfiltrer d'Afghanistan ou qui l'ont demandé puissent le faire sans risque.

Et c'est ce sur quoi nous travaillons actuellement. Pas uniquement nous. Nous le faisons dans une bonne coordination européenne, mais aussi en relation avec les Etats-Unis d'Amérique.

Pour cela, il y a désormais un interlocuteur qui a été désigné par les autorités en place, les autorités de fait, c'est le Qatar, qui va prendre vraisemblablement la gestion technique de cet aéroport. Et nous devons travailler avec le Qatar pour permettre l'évacuation de nos ressortissants et des Afghanes ou Afghans qui veulent sortir. Il faut bien travailler avec ceux qui vont nous autoriser à sortir.

C'est ce que nous faisons, et j'irai moi-même dans ce pays, dans quelque temps, pour m'assurer qu'on pourra bien mettre en oeuvre et la sûreté et la sécurité des personnes qui voudraient revenir en France ou dans d'autres pays, puisque nous sommes en coordination avec les Européens. Voilà quelle est la situation.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 septembre 2021