Interview de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à France Bleu Alsace le 24 septembre 2021, sur le salaire des enseignants, le lycée franco-allemand et les masques à l'école.

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Texte intégral

ANTOINE BALANDRA
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.

ANTOINE BALANDRA
Merci d'être avec nous ce matin sur France Bleu Alsace. Vous serez tout à l'heure au lycée franco-allemand Vauban à Strasbourg, qui propose un enseignement bilingue, en français donc et en allemand. Est-ce que ce type d'établissement, Jean-Michel BLANQUER, bilingue, peut être un modèle pour ce que vous souhaitez développer en France ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Totalement. C'est vraiment depuis le début, un élément que je considère comme un modèle, à telle enseigne d'ailleurs que dans la loi pour l'école de la confiance de 2019n j'ai mis ce modèle dans la loin de sorte que le lycée franco-allemand de Strasbourg a servi d'exemple pour de nouveaux projets, et par exemple aujourd'hui vous avez à Marseille, un projet du même ordre, qui verra le jour d'ici 2 ans environ, et qui est sur ce même modèle. Donc nous aurons en France dans les années à venir, de plus en plus d'établissements qui ressemblent au lycée franco-allemand de Strasbourg, mais c'est le lycée franco-afghan qui est un peu le point de référence.

ANTOINE BALANDRA
Jean-Michel BLANQUER, hier avait lieu la première journée de mobilisation depuis la rentrée dans l'éducation, pour demander notamment de meilleurs salaires. On parlait justement de franco-allemand à l'instant, un enseignant français gagne en moyenne, je précise, en moyenne 50 % de ce que touche un prof allemand. Est-ce qu'il ne faut pas aller beaucoup plus loin que les revalorisations, que les primes annoncées ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Nous nous sommes engagés dans une revalorisation très forte, puisque le Grenelle de l'Education pose une vision pluriannuelle, qui nous a permis déjà de faire des augmentations assez substantielles en 2021 et plus importantes encore en 2022. Et alors nous avons commencé par les plus jeunes professeurs, c'est comme ça qu'on a une augmentation quand même en moins de 2 ans de 169 € par mois, donc on est passé de 1 700 € net quand on commence, à 1 869, et donc nous sommes sur la route de 2 000 € par mois, c'est l'objectif qu'on peut avoir d'ici à 2 ou 3 ans, et bien entendu cela concerne aussi les milliers de carrières, et ultérieurement les fins de carrières.

ANTOINE BALANDRA
Mais on reste assez loin de ce qui se fait par exemple en Allemagne.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, avec la perspective qu'on a dressée, on s'approche, on s'approchera du niveau allemand. Alors, après, il faut comparer ce qui est comparable, ce n'est pas tout à fait les mêmes statuts, tout à fait les mêmes… Toute une série d'obligations ne sont pas les mêmes, quand on compare avec l'Allemagne, mais néanmoins c'est un objectif fondamental que de mieux payer les professeurs. Je pense que je suis le ministre de l'Education qui l'a dit le plus et qui en plus est en train de le faire le plus. Rappelons d'ailleurs qu'hier il est fait référence au mouvement d'hier, il y a eu 5 % de grévistes environ, donc ça dit à quel point je pense que les professeurs ont entendu le fait que oui nous nous sommes engagés sur cette route, oui il y a un sujet, et oui il faut le résoudre, mais pas avec de la démagogie, avec des choses concrètes, et c'est ce qu'on a commencé à faire.

ANTOINE BALANDRA
Démagogie, c'est ce que vous disiez pour le projet de Anne HIDALGO, maire de Paris, candidate à la présidentielle, de doubler le salaire des profs, pour vous c'est de la démagogie ça.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, ça signifie 50 milliards de plus par an au bas mot, au minimum, c'est-à-dire c'est comme si l'équivalent de plusieurs autres ministères, comme par exemple celui de la dépense, où vous imaginez bien que ça n'est pas possible, donc en fait, c'est un peu prendre les gens pour des incapables de comprendre que c'est impossible. J'essaie d'utiliser des mots aimables, mais si vous voulez, il y a donc une nécessité de sérieux, de faire les choses bien, de le faire avec progressivité, donc il faut savoir reconnaître un problème, ce que j'ai fait, ensuite le travailler, parce que ça n'est pas si simple à bien des points de vue, mais nous au moins nous avons entamé cette remontée nécessaire. De toutes les façons, ce quinquennat de 2017 à 2022, ce sera traduit par celui où il y a eu une plus forte augmentation du salaire des professeurs.

ANTOINE BALANDRA
Des enseignants.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Pas assez, je suis le premier à le penser, mais ça va continuer.

ANTOINE BALANDRA
Un mot sur l'annonce de la semaine, à savoir la fin du masque à l'école dès le 4 octobre, pour les élèves des départements où le taux d'incidence est inférieur à 50. Alors, nous en Alsace on n'en est pas là, dans le Bas-Rhin on s'en approche, à 74 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Est-ce qu'il y aura une marge ? Est-ce qu'il y aura une marge de manoeuvre, autrement dit, est-ce que nous on peut avoir un peu d'espoir quand même ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, à ce délai-là, l'espoir est mince, il faut bien le dire, parce qu'il faudrait passer en dessous 50 d'incidence d'ici même, enfin, 4 jours, en amont, du lundi 4 octobre, donc ça me parait compliqué, mais par contre évidemment la mesure s'appliquera au département, à partir du moment où il sera passé depuis plus de 5 jours en-dessous du taux d'incidence de 50. Donc c'est quand même une perspective forte, parce que la tendance est bonne en Alsace aussi en ce moment, donc à mon avis on ne va pas y arriver pour le 4 octobre, même si évidemment j'en serais très heureux, mais j'espère que c'est partie remise pour dans pas très longtemps.

ANTOINE BALANDRA
Une dernière question, Jean-Michel BLANQUER, le Conseil scientifique a dit dans un avis, qu'il ne fallait pas, selon lui, fermer les classes, quand un seul cas de Covid est détecté. Est-ce que vous allez en tenir compte ?

JEAN-MICHEL BLANQUER
Je tiens toujours compte de l'avis du Conseil scientifique, il y en a eu beaucoup, dans le passé il y en a eu pour, on va dire un peu l'inverse, sur le fait de fermer une classe à partir d'un élève. Je pense que c'est bien d'avoir des règles les plus stabilisées possible, même si j'essaie de les faire évoluer en fonction de la crise sanitaire. Je pense que là on a réussi la rentrée scolaire aussi sous l'angle sanitaire, au sens où on a bien sûr quelques classes fermées, à peu près 0,5 % maintenant, mais c'est le prix à payer pour avoir tout le reste ouvert. Et pour l'instant nous restons sur cette règle. Evidemment, comme tout le monde, je souhaite assouplir les règles, dès que ce sera possible, mais le fait que celles-ci soient un peu strictes, c'était une des conditions pour réussir ce que nous avons pu réussir tout au long de l'année dernière, c'est-à-dire maintenir l'école française ouverte et je pense qu'en Alsace, on a plus la possibilité de comparer avec les voisins, on sait à quel point ce que la France a pu faire était plutôt réussi par rapport à ce qui s'est passé dans d'autres pays.

ANTOINE BALANDRA
Merci.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense qu'il faut maintenir ce cap, et l'école ouverte c'est un enjeu essentiel. Et aujourd'hui, ce que je voulais souligner, c'est l'importance de l'Europe, je voulais quand même vous le dire, au travers de la Conférence régionale sur l'avenir de l'Europe, et puis c'est en visitant les établissements, dire à quel point la question de l'apprentissage des langues, je pense notamment la langue du voisin, est très importante.

ANTOINE BALANDRA
Merci. Merci Jean-Michel BLANQUER, ministère de l'Education nationale, d'avoir été avec nous ce matin.

JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 septembre 2021