Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et voilà, la rencontre entre Jacqueline GOURAULT et Brigitte DEVESA, puisque je vous le disais, Jacqueline GOURAULT, elle connaît bien ce groupe Union centriste…
JACQUELINE GOURAULT
Absolument !
ORIANE MANCINI
… auquel vous venez d'adhérer, puisqu'elle en a été membre pendant des années. Elle y reviendra peut-être d'ailleurs, Jacqueline GOURAULT, dans ce groupe Union centriste.
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien c'est possible.
ORIANE MANCINI
C'est possible. En attendant, Jacqueline GOURAULT, vous êtes ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Merci beaucoup d'être notre invitée politique ce matin.
JACQUELINE GOURAULT
Merci.
ORIANE MANCINI
On est ensemble pendant 20 minutes, pour une interview en partenariat avec la Presse quotidienne régionale. Bonjour Stéphane VERNAY.
STEPHANE VERNAY
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Stéphane, qui dirige le bureau parisien du journal Ouest France. On va parler de vos dossiers, évidemment, Jacqueline GOURAULT, ils sont nombreux, mais d'abord Emmanuel MACRON va donc prendre la parole ce soir à 20h00, il est attendu par les Français alors que les cas de Covid remontent dans le pays. Est-ce que ce sera un discours de remobilisation autour des gestes barrières, d'appel à la vaccination, puisqu'on ne voit qu'elle patine un peu ? Ou est-ce qu'il faut s'attendre à des annonces de la part du chef de l'Etat ?
JACQUELINE GOURAULT
Bien sûr, ça sera d'abord une intervention sur la mobilisation nécessaire par rapport effectivement au taux d'incidence qui remonte dans de plus de 60 départements, et un rappel donc qu'il faille, qu'il faut pardon, c'est un jeu de mots que je suis en train de faire, un rappel qu'il faut faire des rappels, excusez-moi, car elle notamment…
ORIANE MANCINI
Gabriel ATTAL fait le même.
JACQUELINE GOURAULT
Ah bon, eh bien voilà. C'est la nécessité évidemment d'avoir cette 3e dose pour les plus de 70 ans, en priorité, mais aussi pour les autres générations, car on sait que cette protection est nécessaire, le rappel aussi des gestes barrières, il faut continuer à faire ce que nous faisons depuis des mois, porter le masque, ne pas avoir trop d'échanges tactiles avec les gens, utiliser du gel, etc., c'est très important. Alors peut-être, pour préciser les choses, il n'y a pas pour l'instant et nous espérons que nous l'éviterons, de crise hospitalière. Le nombre de personnes hospitalisées est autour de 1 000, ce qui est faible par rapport à d'autres pays, et le taux d'incidence est aussi très inférieur à ce que connaît l'Allemagne ou l'Angleterre, et naturellement cela est dû à la couverture vaccinale qui a été beaucoup plus importante en France.
STEPHANE VERNAY
Est-ce que, à votre connaissance, le chef de l'Etat évoquera d'autres sujets, par exemple sur des réformes, sur la fin du quinquennat ou… ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien je n'ai pas connaissance des autres sujets que pourrait aborder le président de la République.
STEPHANE VERNAY
Mais, vous pensez qu'il devrait le faire à ce stade-là de… ?
JACQUELINE GOURAULT
Je pense que la priorité pour le président de la République, c'est naturellement la crise sanitaire. Vous savez, chaque semaine nous avons bien sûr un Conseil des ministres, et chaque semaine le président de la République commence par faire le point sur la crise sanitaire, que ce soit dans les périodes où la crise était très forte ou même actuellement, dans une période où la crise est beaucoup moins forte, où il y a bien sûr encore des risques, mais c'est chaque semaine.
ORIANE MANCINI
Et qu'est-ce qu'il vous dit alors ces dernières semaines ? Est-ce qu'il y a une inquiétude quand même de la part du chef de l'Etat ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien, oui, bien sûr, enfin une inquiétude c'est peut-être, c'est un rappel de la nécessité d'être vigilant. C'est ça la permanence de sa position.
ORIANE MANCINI
On a reçu plusieurs maires, on en reçoit régulièrement, vous le savez, dans cette émission, qui nous disent : on aimerait bien savoir s'il faut qu'on se prépare à relancer une campagne de 3e dose, nous on a été évidemment très mobilisés pendant la crise sanitaire, on a besoin d'information, est-ce que ce matin vous dites aux maires : mais oui, préparez-vous, il va y avoir une campagne élargie, il va falloir repartir ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, d'abord, on n'est plus dans la même situation, parce qu'on n'a pas autant de gens à vacciner, il y a une protection qui est très importante, et puis on a changé aussi les méthodes de vaccination, on a ouvert davantage par exemple la vaccination chez les pharmaciens, et c'est très facile aujourd'hui, au-delà de Doctolib chez les professionnels de santé que sont les médecins, d'aller chez d'autres professionnels de santé…
ORIANE MANCINI
Ça veut dire que les maires ne seront plus autant mobilisés ?
JACQUELINE GOURAULT
Ah non, je ne dis pas ça, mais je souhaite évidemment, alors il y a encore des centres de vaccination, quand vous passez, vous promenez en France, vous voyez " Centre de vaccination ", ici ou là, mais on n'est pas dans la pression qu'on a connue, mais il se peut parce qu'on ait besoin de faire appel effectivement, à nouveau, à des centres de vaccination plus importants, et dans ce cas comme par le passé, on s'appuiera bien sûr sur les maires qui ont joué un rôle considérable dans la vaccination.
ORIANE MANCINI
Ils vont le savoir quand les maires ?
JACQUELINE GOURAULT
Mais, je crois que le président de la République va s'exprimer ce soir, et on va voir ce qu'il en dit.
STEPHANE VERNAY
On vient de parler des maires, il y a également qui ont écrit au Premier ministre pour leur dire qu'ils ne voulaient pas assumer la hausse des dépenses de RSA liée aux personnels de santé ou aux salariés en fait qui étaient suspendus du fait de leur non vaccination, l'absence de Pass. Qu'est-ce que vous pensez de cette prise de position ?
JACQUELINE GOURAULT
Je pense plusieurs choses. D'abord je pense [cela] étonnant de la part de la gauche, c'est un peu à front renversé, si vous me permettez, de ne pas être dans la solidarité avec les professionnels de santé. C'est un peu surprenant. D'autre part…
ORIANE MANCINI
Pour vous, c'est un manque de solidarité, eux, ils disent " ça va créer une égalité républicaine ", parmi ces personnes suspendues il y a des cadres, qui sont bien payés, ce n'est pas normal qu'ils soient allocataires du RSA.
JACQUELINE GOURAULT
Oui, il y a en France… D'abord, quelle est la situation ? Ces professionnels de santé sont en suspension de contrat, puisqu'il faut être très clair. Mais la loi en France est aussi très claire : toute personne qui ne reçoit aucun salaire, aucune indemnité, rien du tout, a droit effectivement au RSA. Et il est clair que ce n'est pas non plus légion de personnes qui vont aller demander le RSA. Je pense que c'est une affaire qui a été, allez, plus politique de la part des présidents de Conseils généraux, qu'une affaire véritablement de fond.
ORIANE MANCINI
Vous en avez parlé avec eux ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, je n'ai pas eu l'occasion d'en parler, alors qu'hier j'étais dans l'Aude, il y a une présidente du Conseil départemental socialiste, je ne sais plus si elle a signé…
ORIANE MANCINI
Elle ne vous en a pas parlé, en tout cas. Est-ce que vous savez s'ils vont le verser au final, le RSA.
JACQUELINE GOURAULT
Elle ne m'en a pas parlé. Ecoutez, je crois que ce n'est pas un problème majeur, je crois que les professionnels de santé, d'abord, dans la plupart des cas, ont réfléchi, un certain nombre se font vacciner, et ce n'est pas la poignée de ceux qui sont les derniers résistants, qui vont faire basculer le régime du RSA.
STEPHANE VERNAY
Ce n'est pas une façon aussi de relancer le vieux débat sur la non compensation à 100 % des dépenses sociales des départements par l'Etat ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, on peut même, je dirais, être surpris que le département de Seine-Saint-Denis ait signé cette tribune, dans la mesure où nous avons passé un accord de recentralisation du RSA avec le président, un accord qui a donné lieu à des négociations, et un accord signé et qui convient tout à fait à la fois à l'Etat et à monsieur le président de Seine-Saint-Denis. Donc en l'occurrence, si tel était le cas des professionnels de santé de Seine-Saint-Denis, à partir de l'année prochaine ce serait l'Etat qui paierait.
ORIANE MANCINI
On va parler des maires, puisque le Congrès des maires a lieu la semaine prochaine, évidemment c'est le rendez-vous annuel des maires de France. Parmi les demandes des maires, ça concerne la crise sanitaire, c'est être compensé à 100 % du coût de cette crise sanitaire pour les communes. Vous allez dire oui ?
JACQUELINE GOURAULT
Les choses ont été très claires dès le départ, et quand vous dites « les maires demandent », bon, peut-être…
ORIANE MANCINI
C'est par la voix de François BAROIN, qui était ici la semaine dernière…
JACQUELINE GOURAULT
Oui, c'est ce que j'allais vous dire…
ORIANE MANCINI
.. c'est le président de l'Association des maires de France…
JACQUELINE GOURAULT
C'est l'Association des maires de France et François BAROIN.
ORIANE MANCINI
…(mots inaudibles) la même chose pour vous ?
JACQUELINE GOURAULT
Moi, je suis le ministre qui va beaucoup sur le terrain. Je sais ce dont les maires me parlent, et ce dont ils ne parlent jamais. Alors, certes peut-être parce que je ne suis pas ministre de la Santé, ils n'abordent pas ce sujet, mais enfin ce n'est pas quelque chose qu'ils me réclament en permanence, car en effet, d'abord les maires considèrent qu'ils ont fait leur devoir républicain, tout simplement, en organisant les centres de vaccination.
ORIANE MANCINI
Alors, François BAROIN ne dit pas le contraire, il dit que la facture est de l'ordre de 5 à 6 milliards et que, au moment du quoi qu'il en coûte, il trouverait ça normal que les maires soient compensés à 100%.
JACQUELINE GOURAULT
Les maires sont compensés, il y a un accord qui a été comment dire, une décision, je ne veux pas dire accord, une décision qui a été prise par le ministère de la Santé, c'est d'indemniser les communes sur les surcoûts. Parce que de quoi s'agit-il ? Il s'agit souvent de prêter une salle, il s'agit peut-être de construire des espèces de barnums, et puis surtout de mettre du personnel. Et quand le personnel travaille à la mairie, il est naturellement payé, et s'il est dans un centre de vaccination c'est la mairie qui continue à le payer. Par contre, s'il y a des permanences le week-end ou des heures supplémentaires, c'est l'Etat qui prend en charge.
ORIANE MANCINI
Donc il n'y aura pas de mesures supplémentaires sur cette question, que ce qui est déjà fait.
JACQUELINE GOURAULT
Ecoutez, aujourd'hui je rappelle aussi que nous avons remboursé la moitié de la consommation… de ce qui a été fait pour les masques, du port du masque, l'État a compensé les collectivités territoriales.
STEPHANE VERNAY
A propos du Congrès des maires la semaine prochaine, est-ce que vous savez si le chef de l'Etat prononcera un discours à la fin du Congrès comme les années précédentes, et vous-même, est-ce que vous vous y rendrez ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, bien sûr j'irai au Congrès des maires, parce que c'est, comment dire, ma mission, et j'aurais sur la partie espace où sont rassemblés tous les exposants, le ministère aura un stand important avec l'Agence nationale de cohésion des territoires, et avec la Direction générale des collectivités locales. Nous aurons un grand stand, et nous ferons des échanges, nous avons des thématiques qui sont organisées et nous accueillerons les maires. Par contre je n'ai pas été invitée cette année, à participer à une table ronde au Congrès.
STEPHANE VERNAY
C'est normal ça ou ça peut encore arriver ?
JACQUELINE GOURAULT
Ecoutez, je ne sais pas si c'est normal ou si ça n'est pas normal, mais effectivement c'est un peu surprenant…
STEPHANE VERNAY
C'est tard, là, la semaine prochaine.
JACQUELINE GOURAULT
… que la ministre en charge des Collectivités territoriales, ne soit pas invitée à participer à un débat, mais bon, ce qui est important c'est que je sais qu'il y a…
ORIANE MANCINI
Comment vous l'expliquez ?
STEPHANE VERNAY
Oui, comment vous l'interprétez ?
JACQUELINE GOURAULT
Je ne sais pas. Je sais qu'il y a des débats qui vont avoir lieu sur les contrats de relance et de transition écologique, tout ce qui dépend de mon ministère, j'en suis fort heureuse, mais on ne m'a pas demandé d'y participer.
ORIANE MANCINI
Mais, le chef de l'Etat ira conclure ce congrès ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, bien sûr.
STEPHANE VERNAY
Et le Premier ministre aussi le fera comme habituellement, la veille, ou ?
JACQUELINE GOURAULT
Je pense, je n'ai pas de détails, mais le Premier ministre sera sûrement présent au Congrès.
ORIANE MANCINI
On va parler de la loi décentralisation.
STEPHANE VERNAY
Oui, avec une question toute simple, donc, elle a été étudiée cet été au Sénat, transformée, complétée, elle devait passer à l'Assemblée au mois de septembre, elle est reportée à décembre. Est-ce que ce calendrier sera tenu ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui bien sûr.
STEPHANE VERNAY
Donc elle sera bien examinée à l'Assemblée au moins de décembre.
JACQUELINE GOURAULT
Ah oui, absolument.
ORIANE MANCINI
A partir de quand, du 6 décembre ?
JACQUELINE GOURAULT
Les rapporteurs sont en train de faire les auditions. J'ai des dates pour aller participer aux différentes commissions concernées, et la date précise dans l'hémicycle, c'est le 6 décembre.
STEPHANE VERNAY
D' accord.
ORIANE MANCINI
Stéphane le disait, elle a été modifiée, transformée par le Sénat, est-ce que vous allez conserver tous les apports du Sénat ou est-ce qu'il y a des choses où vous nous dites " ça, on ne gardera pas " ?
STEPHANE VERNAY
Parce qu'elle a beaucoup grossi cette loi, 4D devenue 3DS.
JACQUELINE GOURAULT
Vous savez, ce n'est pas une nouveauté qu'une loi sur les collectivités territoriales grossisse au Sénat. J'ai été…
STEPHANE VERNAY
Enfin là, dans le projet, il y avait quoi, 83 articles…
JACQUELINE GOURAULT
87…
STEPHANE VERNAY
Il y en a plus de 200.
JACQUELINE GOURAULT
Voilà, oui, c'est ça.
STEPHANE VERNAY
Vraiment, elle a pris de l'ampleur.
JACQUELINE GOURAULT
Bon, encore une fois, l'expérience du Sénat que j'ai, je ne m'attendais pas à autre chose. D'abord il y a des choses qui sont effectivement positives, qui ont été rajoutées par le Sénat. Il y a beaucoup de thématiques sur lesquelles il y a eu un débat très intéressant, je pense par exemple au logement, qui était… toute cette partie portée par aussi bien sûr Emmanuelle WARGON, a été très intéressante, très enrichissante. Vous dire que nous allons tous garder, certainement pas, puisqu'il y a des choses sur lesquelles vous le savez bien l'Etat et le gouvernement n'étaient pas favorables, et donc il y a des choses sur lesquelles nous avons, nous allons revenir. Il y a toujours…
ORIANE MANCINI
Notamment sur la question du RSA.
JACQUELINE GOURAULT
Oui, bien sûr, et il y a aussi toujours ce sujet qui fait débat, c'est l'intercommunalité, les compétences de l'intercommunalité et des communes. C'est toujours un débat important…
ORIANE MANCINI
Le Sénat est allé trop loin là-dessus pour vous, il y a une inquiétude, … les intercommunalités, vous allez répondre à cette inquiétude, en ne conservant pas ce qu'a fait le Sénat, du coup ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, et il y a par exemple la DCF qui est très inquiète, enfin je devrais changer le nom, puisque maintenant il s'appelle Intercommunalités de France, je crois. Là j'étais évidemment au…
ORIANE MANCINI
Là, vous étiez invitée au Congrès.
JACQUELINE GOURAULT
J'étais invitée au Congrès. France urbaine, présidée par la maire de Nantes, est aussi… où j'étais aussi, est aussi s'inquiète notamment d'un certain nombre de choses qui fait recul pour l'intercommunalité.
ORIANE MANCINI
Mais vous êtes quand même optimiste sur un accord entre députés et sénateurs, ça veut dire que vous nous dites, " cette loi elle entrera en vigueur avant la fin du quinquennat " ? Là c'est …
JACQUELINE GOURAULT
J'espère beaucoup, d'abord parce qu'il y a plein de points sur lesquels on est d'accord, on insiste toujours sur les points sur lesquels on n'est pas d'accord, mais il y a plein de points sur lesquels on est d'accord. Il y a des choses qui étaient dans les 50 propositions que le Sénat avait faites, qui ont été reprises, pas toutes mais un grand nombre, et puis nous avons des rapporteurs, Françoise GATEL et Mathieu DARNAUD, qui sont des rapporteurs qui connaissent très bien les collectivités locales, et avec qui je dois dire nous avions eu un débat tout à fait constructif au Sénat, c'est la raison pour laquelle aussi la loi a pu continuer son chemin.
ORIANE MANCINI
Un dernier mot sur cette loi. Au début du quinquennat, Emmanuel MACRON il avait parlé d'une grande loi de décentralisation, là vous le dites vous-même, ce n'est pas une grande loi décentralisation, c'est plutôt une loi technique. Est-ce que ça une grande loi décentralisation elle doit voir le toujours dans le prochain quinquennat, pour vous, ou est-ce que ce n'est pas possible de faire ça ?
JACQUELINE GOURAULT
Alors, on va, je vais un petit peu vous reprendre. Au début du quinquennat, le président de la République n'avait pas annoncé de grande loi décentralisation…
ORIANE MANCINI
Il avait annoncé …
Brouhaha
JACQUELINE GOURAULT
Nous étions sur la ligne qu'il n'y aurait pas de grande loi sur les collectivités territoriales, dans la mesure où les élus réclamaient cela, parce qu'il y avait eu beaucoup beaucoup de lois dans les années précédentes…
STEPHANE VERNAY
La loi NOTRe en 2015.
JACQUELINE GOURAULT
La loi MAPTAM, la loi NOTRe, le redécoupage des régions, le changement d'élection sur les cantons. Il y avait eu beaucoup beaucoup de changements.
ORIANE MANCINI
Oui, mais il n'y avait pas de big bang, mais là vous…
Brouhaha
JACQUELINE GOURAULT
Non mais ils ne réclamaient même pas, ils demandaient, arrêtez, pas de grande loi sur le territorial. Puis, comme vous le savez, il y a eu le phénomène contestataire, j'allais dire, des Gilets jaunes, qui a fait que, après que le président de la République ait fait le Grand débat, il a pensé nécessaire effectivement qu'on revienne sur un certain nombre de choses, et il a parlé effectivement, à ce moment-là, d'une loi de décentralisation. Et tout le travail que j'ai fait de concertation, j'ai vu au moins 2 000 élus sur la France entière, nous a enrichi le texte aussi de ce souhait de simplification, de déconcentration et de différenciation, c'est-à-dire de respect des territoires qui est importante.
ORIANE MANCINI
On va parler du temps de travail des fonctionnaires.
STEPHANE VERNAY
Autre sujet, oui. La loi sur la Fonction publique de 2019, en fait impose aux communes de passer aux 35 heures de travail hebdomadaires, à partir du 1er janvier 2022, or il existe tout un système de dérogations, qui fait qu'en moyenne les agents territoriaux dans les communes sont plutôt en moyenne à 32 heures et non à 35. Vous avez plupart des villes qui se sont adaptées et qui se préparent à passer aux 35 heures réelles pour leurs agents, sauf quelques-unes, dont la ville de Paris. Qu'est-ce que vous vous pouvez faire pour finalement contraindre ces collectivités à appliquer la loi ?
JACQUELINE GOURAULT
Eh bien, il faut appliquer la loi, parce que la loi, le texte de 2019 dit que…
STEPHANE VERNAY
Au 1er janvier 2022.
JACQUELINE GOURAULT
Voilà, au 1er janvier 2022 pour les communes et les intercommunalités, et 2023 pour les départements et les régions, doivent appliquer la loi. Et donc ils doivent appliquer la loi et…
ORIANE MANCINI
Et qu'est-ce que vous faites si ce n'est pas le cas, puisque vous voyez qu'il y a des communes qui trouvent des systèmes dérogatoires, avec des jours de congés, encore une fois la ville de Paris…
STEPHANE VERNAY
La journée du maire, la journée du carnaval…
JACQUELINE GOURAULT
Oui, mais ça, tout ça on connaît ça depuis longtemps, moi il y avait la journée des jonquilles en Loir-et-Cher à l'époque, je me souviens, au printemps.
ORIANE MANCINI
Est-ce que vous pouvez leur imposer ? Quelles seront les sanctions, si jamais ils ne respectent pas la loi au 1er janvier 2022 ?
JACQUELINE GOURAULT
Ecoutez, il y a une loi, et j'espère que les élus sont assez responsables pour l'appliquer, surtout quand il y a contestation, que ça passe au tribunal administratif, qu'on lui donne tort. Donc je pense que les maires vont comprendre que c'est une question d'équité également par rapport à l'ensemble des citoyens français et des travailleurs français.
STEPHANE VERNAY
Sur l'allusion au tribunal administratif, c'est précisément pour la ville de Paris ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui.
STEPHANE VERNAY
C'est à ça que vous faites référence.
JACQUELINE GOURAULT
Absolument.
STEPHANE VERNAY
Qui emploie 50 000 agents territoriaux, c'est quand même considérable.
JACQUELINE GOURAULT
C'est considérable, mais enfin écoutez, la maire de Paris qui est par ailleurs candidate à l'élection présidentielle, je ne vois pas comment elle ne peut pas faire appliquer la loi.
STEPHANE VERNAY
Là, elle dit qu'elle n'a pas le temps, que c'est trop court pour…
JACQUELINE GOURAULT
Ah ben oui, mais ce n'est pas… Il y a longtemps que, 2019 c'est il y a 2 ans, on le sait depuis longtemps.
ORIANE MANCINI
La baisse du nombre de fonctionnaires, puisque vous entendez, ça revient un peu dans le débat, notamment pour le Congrès des Républicains, il y a certains candidats qui proposent de baisser le nombre de fonctionnaires, c'est aussi une proposition d'Emmanuel MACRON, ça, de baisser le nombre de fonctionnaires, et notamment le nombre de fonctionnaires territoriaux. Il avait promis 70 000 fonctionnaires territoriaux en moins, ça n'a pas été tenu, il le reconnaît, tout le monde le reconnait dans la majorité. Est-ce que pour vous il y a trop de fonctionnaires dans ce pays, est-ce que lors du prochain quinquennat il faut baisser le nombre de fonctionnaires ? Est-ce que ça sera un engagement du quinquennat ?
JACQUELINE GOURAULT
Moi je ne suis pas de celles qui réclament à cor et à cri en permanence moins de fonctionnaires, parce que les Français, quand vous leur dites " il faut moins de fonctionnaires ", un certain nombre disent oui. Et puis après, quand vous leur dites, enfin quand vous entendez " il faut plus de personnel dans les hôpitaux, il ne faut pas fermer des classes, etc. etc. ", donc je veux dire la, comment dire le caractère " supprimons les fonctionnaires ", dans un pays où l'Etat a toujours joué un rôle très important, alors après il faut savoir où ils sont les fonctionnaires, et ce n'est certainement pas sur le terrain qu'il faut supprimer les fonctionnaires, et certainement pas au plus près des citoyens, c'est-à-dire dans les départements, puisque c'est au fond la structure de proximité. Et on le voit par exemple, puisqu'on parle des maires et que je suis ministre des Collectivités territoriales, les maires déplorent la diminution des fonctionnaires sur le terrain, dans certains services, je pense par exemple les services techniques qui accompagnent souvent les maires dans leurs projets, et c'est une réalité. Et le Premier ministre, et le Premier ministre précédent l'avait fait également, a une politique de plutôt de remettre des fonctionnaires sur le terrain. Alors après, qu'au niveau central, dans les ministères, il y ait un peu de grain à moudre, ça c'est fort possible.
ORIANE MANCINI
Une dernière question Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Une question politique pour terminer. On aimerait avoir des nouvelles de la Maison commune qui devrait voir le jour fin novembre. Alors, ce sera quel modèle ? Une grande et belle villa tout confort ou une auberge espagnole ?
JACQUELINE GOURAULT
Ah, écoutez, je pense que ce sera en tout cas une maison dans laquelle l'esprit de concorde, de pluralisme aussi, de respect des histoires de chacun d'entre nous, sera prédominant, et en tout cas un esprit d'union, un esprit de, comment dire, républicain, et qui permettra de préparer l'avenir et sûrement quand il l'aura décidé, de soutenir le président de la République à l'élection présidentielle.
ORIANE MANCINI
Elle sera lancée le 28 novembre ? Le 28 novembre, vous nous confirmez cette date ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, je ne vous confirme rien du tout.
STEPHANE VERNAY
François BAYROU avait dit avant Noël.
JACQUELINE GOURAULT
Ce sera je crois avant Noël.
STEPHANE VERNAY
Avant Noël. Bon.
ORIANE MANCINI
Mais pas le 28 novembre, on a compris. Merci Jacqueline GOURAULT.
JACQUELINE GOURAULT
Merci.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'avoir été notre invitée ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 novembre 2021